La Palestine au Cinéma, festival
Du 26 août au 1ᵉʳ septembre 2024, l'association Formons un monde solidaire organisait le Festival La Palestine au Cinéma entre Nice et Valbonne. Concrètement, il s'agissait notamment de visionner sept films, à savoir
- 200 mètres (VOST) - 26 août
- Where the Olive Trees Weep (VOST) - 27 août
- Le Char et l'Olivier - 28 août
- Salt Of The Sea (VOST) - 29 août
- The Teacher (VOST) - 30 août
- Tantura (VOST) - 31 août
- Israelism (VOST) - 1er septembre
Je n'ai pu assister qu'à deux projections, mais quels films !
Le Char et l'Olivier - Une autre histoire de la Palestine est un documentaire (Roland Nurier, 2019) dans lequel, outre des rappels historiques en voix off, on peut entendre des experts du Moyen-Orient, dont
- Alain Gresch et Dominique Vidal, deux anciens du Monde diplomatique,
- Denis Sieffert, journaliste, ancien directeur de Politis,
- Elias Sanbar, historien et écrivain, ambassadeur de Palestine auprès de l'UNESCO,
- Leïla Shahid, ancienne Déléguée Générale de l'Autorité Palestinienne en France puis ambassadrice de la Palestine auprès de l'UE,
- Gilles Devers, avocat en Droit International, mandaté par la Palestine pour le dépôt de plainte auprès de la CPI,
- Mustafa Muhammad, Palestinien de Jérusalem, urbaniste,
- Michel Warschawski, journaliste israélien, coprésident de l'AIC à Jérusalem (Centre d'Information Alternative),
- Pierre Stambul, porte-parole de l'UJFP, Union Juive Française pour la Paix
- Sarah Katz, militante de l'UJFP et de ISM, International Solidarity Movement,
- Jean Ziegler, écrivain sociologie suisse, vice-président du Comité consultatif du conseil des Droits de l'Homme des Nations Unies,
- Rania Madi , juriste palestinienne, Déléguée auprès de l'ONU pour les réfugiés,
- Vera Baboun, Maire de Bethléem de 2012 à 2017,
- Amir Hassan, Palestinien de Gaza,
- Richard Falk, Professeur de Droit International, Rapporteur spécial de l'ONU sur la situation des Droits de l'Homme dans les territoires occupés.
Le synopsis d'Unifrance dit ceci : "L'histoire de la Palestine, de son origine à aujourd'hui, loin de ce que les médias appellent le conflit israélo-palestinien. Experts internationaux, historiens, diplomates des Nations Unies, juristes en Droit International mais aussi, témoignages de simples citoyens... Un éclairage primordial basé sur des éléments factuels incontestables, pour se débarrasser des clichés et idées reçues !". Le dossier de presse précise que "le film montre la situation telle qu'elle est vécue par les Palestiniens et s'appuie sur le Droit International qui soutient cette position. Cette vision est rarement présentée et défendue dans les médias".
De ce documentaire, intelligent autant qu'émouvant, je retiens deux points nouveaux pour moi, même si j'avais déjà intégré le premier, inconsciemment, dans mes réflexions.
C'est l'excellent Elias Sanbar, si je me souviens bien, qui formule avec grande clarté une idée que je ne savais dire aussi simplement. Cette idée, c'est que, après la Shoa qui fut un mal absolu — tout le monde en convient, à part les nazillons et autres fascistes —, l'existence même de l'État d'Israël ne peut être comprise que comme un bien absolu. D'où — là, je prolonge ce qu'a dit Elias Sanbar — le droit que s'octroie cet État de ne jamais respecter les sentences du Droit international et de la communauté des Nations...
Le second point concerne l'histoire. Je ne savais pas que des propositions explicites de paix avaient été très officiellement formulées en 1947 par le Haut Comité Arabe. Cette proposition préconisait une Palestine unifiée dans laquelle vivraient à égalité de droits Arabes musulmans, Arabes chrétiens et Juifs... proposition non entendue par les grandes puissances ! Ce point est important parce qu'il laisse comprendre que la paix absolue était la requête fondamentale des Palestiniens, que la cohabitation pacifique entre Israéliens et Palestiniens était, du point de vue de ces derniers, un désir profond. Les grandes puissances n'ayant pas entendu ce désir de cohabitation dans la paix, les Israéliens ont eu toute latitude pour lancer son opération d'annexion du territoire et d'expulsion des Palestiniens, opération encore en cours et toujours hors des obligations du Droit international.
The Teacher, par contre, est une fiction (Farah Nabulsi, 2023). La réalisatrice est palestino-britannique, nommée aux Oscars et récompensée aux BAFTA (défense des droits de l'homme). Elle est la fille de Palestiniens qui ont eu la chance de s'installer dans la Grande-Bretagne des années 1970, contrairement aux millions de personnes qui restent apatrides dans les camps de réfugiés... Elle n'a de cesse de dénoncer les injustices dont les Palestiniens de Palestine sont victimes, Oceans of Injustice. En 2017, elle poste cet appel : "Il faut y aller pour vraiment comprendre les océans d'injustice qui perdurent depuis si longtemps. Mais si vous ne pouvez pas y aller, laissez ce petit film de 10 minutes vous emmener dans un voyage métaphorique. PARTAGEZ ! PARTAGEZ ! PARTAGER!". Le "petit film" est là...
Mais revenons à The Teacher. Au début, on nous précise que la fiction est construite à partir de faits et d'événements réels. À la fin de la projection, quand la lumière des plafonniers de la salle de projection surgit, le souvenir de cette précision nous fait froid dans le dos. Le synopsis pourrait se suffire de "Un enseignant palestinien s'efforce de concilier son engagement risqué dans la résistance politique avec le soutien affectif qu'il apporte à l'un de ses élèves et la possibilité d'une nouvelle relation avec la bénévole d'une ONG internationale installée dans l'établissement scolaire où il enseigne." Car je n'en dis pas davantage. Il faut voir ce film qui, je l'espère, passera bientôt dans les salles obscures françaises (il a été déjà projeté en Europe scandinave, en Hollande, aux USA, au Canada, à Chypre, en Serbie...). Espérons que le Sionisme inconditionnel des autorités françaises et de la plupart des médias qui fabriquent l'opinion dominante ne censureront pas ce film remarquable.