Lucie
TANGUY me prie de communiquer
à propos du dernier ouvrage
auquel
elle a collaboré – ce que je fais.
G.Brucy,
P.Caillaud, E.Quenson et L.Tanguy, Former pour réformer.
Retour sur la formation permanente (1945-2004), éditions
La Découverte (coll. Recherches), oct.2007, 272p.
La
formation tout au long de la vie est devenue un mot d’ordre
mobilisateur de la politique économique et sociale européenne.
En France, elle fait l’objet d’une loi qui la consacre comme un
droit individuel des salariés. Elle est présentée
comme une conquête sociale et un bien universel, dont seuls
l’accès et les modes de réalisation feraient
problème. Cet ouvrage s’attache à déconstruire
ce mythe.
À
partir de perspectives historiques, juridiques et sociologiques, ses
auteurs montrent comment elle fut promue, dès les années
1950, par des élites réformatrices œuvrant dans
différents lieux de la société, comme un
instrument de modernisation de la France pour accroître la
productivité, pacifier les relations de travail au sein des
entreprises, et favoriser l’intégration politique. Conçue
à l’origine comme une obligation nationale relevant de
l’autorité de l’État, la formation professionnelle
continue est progressivement entrée dans le champ des
relations professionnelles et a transformé les syndicats en
« partenaires sociaux ».
Les
représentations dont la formation continue est l’objet ont
occulté la pérennité de faits inhérents à
sa construction originelle : elle n’est pas la voie de la « seconde
chance », susceptible de réparer les inégalités
scolaires, ni celle de la « promotion sociale ».
Initialement pensée par Jacques Delors comme la « clef
de voûte d’une politique contractuelle », parce qu’elle
était « un domaine de convergence possible entre le
patronat et les syndicats », la formation tout au long de
la vie est aujourd’hui associée à
l’institutionnalisation du « dialogue social »
dans la loi de 2004, laissant voir la continuité des réformes
impulsées trois décennies plus tôt.
[présentation
éditeur]
Introduction, par Guy Brucy - Modernisation et
injonction productiviste - La mise en scène politique de la formation -
Mobilité professionnelle et promotion sociale - Moderniser avec et
contre l’école - Références bibliographiques
1. La fabrication d’un bien universel, par Lucie Tanguy
- Des conditions économiques et politiques favorables (1950-1960) -
L’oeuvre d’élites réformatrices -Des institutions de médiation - Des directeurs du personnel de grandes entreprises - Des experts de la planification - Une génération - La mise en place d’outils et de dispositifs pédagogiques pérennes - Définir
la formation en termes de compétences - Mettre en relation la formation
avec l’emploi - Inventer et diffuser une doctrine pédagogique - De l’éducation à la formation, des réformes transversales à la société - Autres mots, autres politiques - Compétences et certifications - Une offre de formation individualisée - Renversement et refonte ? - Références bibliographiques
2. Entre autonomie et intégration, la formation syndicale à l’université (1955-1980), par Lucie Tanguy - Associer les syndicats à la modernisation de la France (1950) - La création des instituts du travail - Un train de réformes sociales du travail - Un mouvement pour une démocratie politique et sociale - Des universitaires missionnaires de la cause syndicale - Des
universitaires atypiques - Des directeurs influents - Un recrutement
fondé sur la militance - Des ouvriers reconnaissants mais sans
révérence - Une pédagogie hybride relevant d’une double autorité -La pédagogie n’est pas neutre - Une activité collective - Instituts du travail et écoles syndicales, des rapports ambivalents -Conclusion - Références bibliographiques
3. La formation au travail : une affaire de cadres (1945-1970), par Guy Brucy - Définir la formation des militants : un combat sémantique et politique - CFTC et CGT-FO : former des militants pour négocier - CGT : former des combattants de la lutte des classes - Les syndicats face aux promoteurs de la formation en entreprise - Perfectionnement
volontaire et promotion ouvrière - Des divergences majeures : la
productivité et le modèle américain - Promotion ouvrière et compromis
social-démocrate : le projet de la CGT-FO - Le tournant des années 1960 : les cadres prennent l’initiative - La
formation des cadres : un enjeu décisif pour les multinationales - La
nouvelle donne syndicale - Les cadres, précurseurs de la loi de 1971 - Conclusion - Références bibliographiques
4. Informer pour faire adhérer (1971-1976), par Emmanuel Quenson - D’une campagne pour la productivité à l’information économique - Un objet de controverses - Des prosélytes de la communication -Convertir les salariés à la formation - Un dispositif de propagande - Animer par un réseau - Un « antagonisme limité » entre les syndicats - Le Centre INFFO : un lieu d’expertise - Des actions dirigées vers les chômeurs - De l’expérimentation à l’institutionnalisation - Conclusion - Références bibliographiques
5. La construction d’un droit de la formation professionnelle des adultes (1959-2004), par Pascal Caillaud - Les fluctuations des premiers textes (1959-1971) - Des notions aux contours juridiques incertains - De la coordination étatique à la politique contractuelle - Un système juridique fondé sur le droit du travail (1971-2004) - Quel
statut pour la personne en formation ? - Négocier et représenter : la
compétence des organisations de salariés et d’employeurs - Entre morcellisation et individualisation du droit de la formation - «
La formation professionnelle tout au long de la vie » : quelle
signification juridique ? - De la branche professionnelle à la région -
L’individualisation de l’accès à la formation - Conclusion - Références bibliographiques
6. Un passé impensé : l'action de l’Éducation nationale (1920-1970), par Guy Brucy - Perfectionner les salariés en cours du soir - Former, certifier, promouvoir - Le diplôme de l’excellence ouvrière - L’action de la Direction de l’enseignement technique - La
mise en ordre scolaire - Enseignants et employeurs : des espaces de
connivences - Des politiques volontaristes d’établissement - Réalités et limites de la formation - Le
coût humain de la formation Initiative des salariés et déni de
reconnaissance des diplômes - Le grand renversement (début des années
1960) - Conclusion - Références bibliographiques
7. De la négociation entre interlocuteurs sociaux au dialogue social entre partenaires, par Lucie Tanguy
- Une construction mythifiée du droit à la formation - Un paritarisme
sans parité - La formation : un laboratoire d’expérimentations sociales
et politiques - Références bibliographiques.