lecture estivale
Je m'étais mis du pain sur la planche à lire pour ces estivales vacances. Comme tous les ans. Après avoir lu l'intéressant livre de Nicolas Moinet sur l'intelligence économique (CNRS 2011), m'étais venue l'idée d'enchaîner avec deux autres gros ouvrages sur le même thème afin de reédiger une "note de lecture" fouillée pour mes petits copains documentalistes-veilleurs. J'avais aussi sur mon disque dur un projet de livre d'un ami enseignant-chercheur qui touche à l'indexation, aux métadonnées, aux tags, etc., projet que je lui avais proposé de relire... Bref, moi qui suis veilleur et amateur de thésaurus, je m'étais concocté un plan sur mesure.
Mais les années se suivent et ne se ressemblent pas fatalement ! Je n'ai rien lu de tout ça. Peut-être n'avais-je pas mesuré la fatigue d'une année bien remplie ? Ou tout simplement le désir de décrocher le plus possible afin de profiter à plein du pays de Saintonge où j'ai commencé mes vacances chez des amis, de la belle ville de Prague où je les ai poursuivies, du Languedoc lodévois puis du pays nîmois où je les ai achévées en famille.
J'ai préféré à tous ces savants travaux un bouquin plaisant, L'Histoire de france pour ceux qui n'aiment pas ça, de Catherine Dufour. J'ai toujours éprouvé un penchant pour les œuvres un chouilla iconoclastes. Le projet de Catherine Dufour est de traverser l'histoire comme on navigue sur une grande rivière, celle du temps de l'histoire, avec coups de jumelles voire pieds à terre rapides pour contempler plus à l'aise quelques segments de la dure réalité de l'histoire de France. Le voyage démarre à Clovis (VIème siècle) et se termine à la fin du XIXème siècle. Voyage bien agréable et parfois drôlatique. À lire Catherine Dufour, nous prend l'envie de retourner à notre Mallet et Isaac poussiéreux pour l'annoter voire le corriger...
Car il ne s'agit pas d'une oeuvre de fiction farfelue. L'auteure a pris soin de proposer son travail à la relecture d'un historien, archiviste-paléographe, conservateur au département des Manuscrits de la BNF. Bon d'accord, ce souci n'empêchera pas quelques erreurs ou approximations [par exemple, le souci de "classer les plantes, les animaux, les maladies et même, les savoirs" (sic, p.257) ne date pas des Lumières !] ! Cet ouvrage est très instructif. Par exemple, on comprend que les épidémies de peste noire ont été aggravées pour de papales raisons : une bulle de 1233 faisait des chats noirs des créatures du Diable, avant qu'"un autre pape exige qu'on persécute les chats" un siècle plus tard (p.90). En fait qu'il se fût agi de peste noire médiévale ou qu'il s'agisse du VIH contemporain, la papauté a éternellement eu intérêt à se la coincer, la bulle. Je parle bien sûr de l'intérêt de l'humanité.