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BRICH59
27 février 2024

Pauvreté : fatalité ou choix politique ?

Un plan de lutte contre la pauvreté a été présenté par le gouvernement le 18 septembre dernier, dont les résultats se font encore attendre. Ce mois-ci, la Fondation Abbé Pierre a alerté une nouvelle fois sur l’augmentation de la pauvreté en France, avec pour facteur principal la crise du logement. Ça s'écoute ici.

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22 février 2024

Paroles d'assureur !

Malgré leurs engagements climatiques, les assureurs AXA et SCOR soutiennent le gaz de schiste américain.

​​Les deux géants français de l’assurance multiplient les engagements pour lutter contre le dérèglement climatique. Pourtant, AXA et SCOR couvrent plusieurs terminaux de gaz naturel liquéfié aux États-Unis, alimentés par l’industrie ultra-polluante du gaz de schiste, comme le révèlent des contrats confidentiels obtenus par Disclose, en partenariat avec Rainforest Action Network, Public Citizen et Reclaim Finance.

Le compte rendu d'enquête de Disclose est ici.


 

20 février 2024

Hayek & Bolloré, un édito du 19 février 2024

CaptureEn ces temps où le trouble nous assaille trop souvent, je suis avide d'information politique et sociale, je lis tout ce que je peux lire, de Médiapart à L'Opinion. C'est dans ce quotidien - qui se définit lui-même comme "libéral" et aborde les sujets politiques, économiques et internationaux - que j'ai lu hier un éditorial qui me trouble, mais me trouble vraiment !

C'est en page 3 de l'édition de ce 19 février 2024, en colonne droite (que je présente ci-dessous sur deux colonnes).

20240219L'OpinionVoilà un journaliste qui parvient à plaider la cause de l'empire audiovisuel de Monsieur Bolloré, sans citer une seule fois le nom de quoi que ce soit de cet empire, pourtant tentaculaire et omniprésent sur la scène médiatique tous modes de communication de masse confondus. Il ne faut pas être grand clerc pour observer "comment Vincent Bolloré construit un empire médiatique par la force et l’argent" [1]. Les interpellations judiciaires de cet empire, notamment sur son versant télévisuel, sont pléthore - ce qui justifie à soi seul la décision de justice du Conseil d'État [2] qui réclame "pluralisme et indépendance de l’information" et demande que les télévisions garantissent "dans l'ensemble de leur programmation, la diversité des courants de pensée et d'opinion" etc.
Il n'est pas question pour moi, simple petit électeur vieillissant, d'entrer dans cette problématique ici. Je voudrais juste partager avec vous, cher lecteur et chère lectrice, ma lecture rapide et tout réactive de l'édito d'hier.

Parce qu'il y va fort, l'éditorialiste ! Non seulement il oublie d'avouer pour qui il roule en écrivant cet article, mais il rameute de drôles de faits historiques, dont celui-ci : l'État serait "l'institution qui, du fait de sa puissance exorbitante, a le plus menacé [la liberté] au XXe siècle, jusque dans la torture et la collaboration chez nous, le totalitarisme et l'extermination ailleurs". Ouvrons les livres d'histoire et prosternons-nous devant la science historienne de notre éditorialiste !
Mais, l'État Pétain - qui promut en son temps censure, totalitarisme et extermination - n'est-il pas celui-là même qu'un autre éditorialiste qui fut un habitué des studios et salles de presse Bolloré évoquait avec douceur et empathie, refusant de reconnaître les crimes contre l'humanité commis par cet État-là ? La torture dont parle notre éditorialiste doit être celle-ci ... ou bien une autre, celle commise de façon industrielle par l'extrême droite française entre 1954 et 1962 en territoire africain (ce que revendiquaient de nombreuses personnalités de l'extrême droite), et je ne parle pas des mésactions de la droite gouvernementale du 17 octobre 1961 ni celles du 8 février 1962... Bref, de quel État parlons-nous ?

Poursuivant sa démonstration, notre journaliste affirme que, si l'État "a été l'instrument des pires horreurs de notre histoire", "le marché", lui, n'est pas coupable. Mieux, "les progrès du droit [3] ont cherché à le contenir [le marché] plutôt qu'à lui permettre de s'étendre". Ah ! le "marché" ! J'avais oublié que le grand patronat, des deux côtés du Rhin, avait pris garde de ne pas se compromettre avec le totalitarisme et le collaborationnisme au milieu du XXe siècle ! Je vais devoir retourner à mes bouquins d'histoire de l'économie européenne du XXe siècle !

En fait, le droit de régulation de l'État devrait se cantonner à la sphère publique [4], parce que c'est lui le patron. Sale patron, non ? Sorte de patron castrateur de liberté d'expression et, qui plus est, qui finance tout ça avec l'argent du pauvre petit Français contribuable etc. Il y a vraiment de quoi ruer dans les brancards et sortir son petit Hayek, promoteur de l'ordolibéralisme : Hayek approche la libre concurrence comme une "procédure de découverte" de l’information. Selon notre journaliste et notre économiste ordolibéral, l'information ne serait qu'une marchandise et il faut laisser aux vendeurs d'information toute liberté pour augmenter leur activité économique... Sauf que ce n'est pas tout à fait ça ! L'économiste autrichien, Nobel de l'économie en 1974 et auteur notamment de Droit, législation et liberté [5], introduit bien une théorie de l'information au coeur de l'analyse économique. Sa thèse est que le monde économique, le marché, est radicalement incertain et complexe et que l’information n'y est donc que partielle et fragmentée. Ce qui permet à Hayek de s'écarter du modèle macroéconomique en cours qui veut que l'action économique soit le résultat d'un calcul tout rationnel. En fait, Hayek ne prône pas l'irrationnel mais un "rationalisme limité". De ce marché en roue libre (liberté de poursuivre ses intérêts privés), ordre social spontané [6] donc juste, l'homo œconomicus ne connaît en fait pas grand chose. Ses seuls repères un peu structurés pour agir, ce sont les informations concernant la rareté relative des biens, c'est-à-dire les prix. Ici, marquons une pause pour remarquer que, selon l'économiste, toute intervention de l'État ne peut que brouiller l'information (sur le fonctionnement économique). Quand Hayek parle de la concurrence comme "procédure de découverte" de l'information, il s'agit juste de cela (ce qui n'est déjà pas rien !) ; il n'évoque sûrement pas l'information médiatique en général - qui est le sujet de notre éditorialiste qui donc nous abuse quand il appelle son petit Hayek à la rescousse. Non seulement abus mais erreur caractérisée : pour Hayek, la bonne et claire information (économique) pure de toute intervention étatique est ce qui permet au marché de prospérer librement - ce que notre journaliste semble traduire en cette sentencieuse sentence : "C'est par le marché que l'information libre prospère, non par l'État". Curieux renversement, non ?
Restons-en là et donnons la conclusion de ce billet sur l'édito en question : c'est une analyse qui ne regorge que de slogans et où les arguments sont fallacieux sinon carrément trompeurs ! Bref, de la propagande ! Et une défense pro Bolloreo (voire pro domo si notre éditorialiste considère que l'ordolibéralisme est une grande maison commune), une défense qui se cache derrière ce qui se présente comme une analyse sérieuse et quasi philosophique.
En tous cas, notre éditorialiste ferait bien de relire Hayek urgemment !


[1] Sud-Ouest, le 24/06/2023.

[2] Décision du 13 février 2024.

[3] Mais là, on ne sait pas si notre éditorialiste parle du gouvernement, d'une assemblée d'élus, des magistrats, peut-être a-t-il oublié la séparation des pouvoirs (?).

[4] Par opposition à la sphère privée qui relèverait seule du marché, comme si les médias publics n'étaient jamais comptabilisés dans la globalité du fonctionnement économique ! Ceci dit notre journaliste semble regretter amèrement que ces médias ne soient pas, tels les condamnés de César dévorés par les lions, livrés "au marché au sein duquel la concurrence assure la libre expression de toutes les préférences, par goût ou par intérêt" : ils pourraient alors être dévorés par des Bolloré et la question de l'information serait définitvement réglée !

[5] F. A.von Hayek, Droit, législation et liberté (trad. fr. de Law, Législation and Liberty), 3 vol., coll. Quadrige, P.U.F., Paris, 1973-1979.

[6]. Cet ordre spontané doit tout de même être encadré par des règles générales et impersonnelles, telles que le respect de la propriété, le respect des contarts et des règles de responsabilité, dit Hayek.


 

 

13 février 2024

À chaque fois, on pense avoir atteint le fond de l’inhumanité, mais en réalité nous sommes en train de tomber encore plus bas...

Ce propos est celui de La Cimade, dénonçant les manœuvres européennes de la France pour autoriser la rétention des enfants dès le plus jeune âge. Cela fait en effet plusieurs mois que les autorités françaises font tout, mais en secret, pour qu'il soit possible d'enfermer les mineurs, quel que soit leur âge, dans des centres de rétentions aux frontières de la très libérale Europe. "Cette disposition inscrite dans le Pacte sur la migration et l’asile, qui sera voté au printemps par le Parlement européen, pourrait violer la Convention internationale des droits de l’enfant", affirme Disclose.

L'immigration est décidément la question qui semble autoriser toutes les manipulations fallacieuses du Droit. Au niveau national, on a vu comment l'exécutif a instrumentalisé la Constitution de la République à ses fins politicardes, pendant qu'au niveau européen il prévoit de défoncer le mur juridique qui protège l'enfance.

Le collectif européen de journalistes indépendants Investigate Europe auquel participe Disclose permet de relever plusieurs faits (je cite Disclose pour les quatre points suivants, sans les guillements) :

  1. Le gouvernement français a mené un lobbying acharné auprès de ses partenaires européens pour légaliser la rétention des enfants migrants aux frontières de l’Union européenne (UE). Même les nouveaux-nés, jusqu’ici pris en charge par des services de protection de l’enfance, pourraient être détenus dans les centres accueillant des milliers de migrants, en Grèce ou en Italie.
  2. C’est ce qui ressort des comptes-rendus confidentiels de dix réunions sur le Pacte migration et asile, obtenus par Disclose et son partenaire Investigate Europe. Cet accord, qui a vocation à s’appliquer directement dans les États membres, entre dans sa phase finale demain, mercredi 14 février, au Parlement européen.
  3. La France, alliée notamment aux Pays-Bas, est parvenue à convaincre ses partenaires et la Commission européenne que les enfants exilés représentent "un risque majeur pour la protection de nos frontières". Un argument en contradiction totale avec la position officielle de Gérald Darmanin : en novembre dernier, le ministre de l’intérieur se félicitait que la loi immigration interdise le placement des mineurs en centre de rétention.
  4. Un autre volet du pacte européen porte une atteinte inédite aux droits de l’enfant : dorénavant, les données biométriques des enfants migrants âgés de plus de six ans pourraient être recueillies par les États membres... y compris par des moyens de "coercition", en cas de refus.

L'enfance, porteuse de l'espoir de l'humanité, se voit traitée salement par un État français de droite qui se durcit de plus en plus mais qui aime à coupler efficacité et humanité dans son apporche de la question migratoire et une Union européenne "libérale" qui a ratifié la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant et affirme, dans sa Charte des droits fondamentaux, que les enfants ont droit à la protection et aux soins nécessaires à leur bien-être... L'enfance, porteuse de l'espoir de l'humanité, se voit traitée salement. Pourquoi ?


Source : DISCLOSE (https://disclose.ngo/fr/article/immigration-en-europe-la-france-a-la-manoeuvre-pour-autoriser-la-retention-des-enfants-des-le-plus-jeune-age)


 

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