De quoi la Palestine est-elle le nom ?
Comme l'an dernier, j'ai mis dans mes bagages d'été quelques bouquins à usage professionnels (intelligence économique, veille, etc.), notamment pour en faire une "lecture critique" ou plutôt une présentation pour mes collègues professionnel(le)s de l'information à la rentrée.
Mais comme l'an dernier, j'ai commencé par un autre livre, à usage "personnel", pour le plaisir de lire, pour le plaisir de comprendre. Et j'ai été servi ! Je viens de terminer la lecture de l'essai d'Alain Gresh, De quoi la Palestine est-elle le nom ? Voilà trois ans que l'ouvrage a paru et j'ai enfin décidé de le lire à tête reposée. Je n'ai pas été déçu question compréhension !
Je ne vais pas te présenter l'essai, cher lecteur, tout simplement parce que l'auteur l'a fait lui-même et fort bien et parce que la lecture de son blog Nouvelles d'Orient te permettra de contextualiser comme il faut son projet.
Juste pointer deux idées et une information-clé qui ressortent de la lecture de l'ouvrage.
- Tout d'abord, l'existence même - voire la justification - de l'État d'Israël est dès le début construite sur la pratique d'un colonialisme de confiscation territoriale et d'extermination des autochtones. Alain Gresh resitue la création de cet État dans la perspective du colonialisme occidentale - ce qui permet largement de comprendre les événements actuels.
- Ensuite, il y a une sorte de connivence objective entre l'idéologie des Afrikaners - idéologie qui doit pas mal à l'idéologie nazie - et l'idéologie sioniste. Alain Gresh montre cette connivence avec prudence et clarté. On aura peut-être intérêt à mettre à jour la trame et les fils d'une telle connivence, notamment en faisant le lien avec celle qu'Hannah Ardent a pointé il y a une cinquantaine d'années entre certains Judenräte de l'est de l'Europe et l'appareil hitlérien pendant la shoah.
- Enfin, l'information qu'il ne faut jamais oubliée quoi qu'il arrive : l'État d'Israël ne se plie aux injonctions internationales (ONU) que lorsque cela va dans le sens de sa politique coloniale et personne ne semble trouver à y redire. Comme si la forme politique du peuple qui se veut le seul et l'unique "élu de Dieu" était au dessus de la politique et du droit des hommes...
L'ouvrage se termine (annexe II) sur une magistrale mise au carré de ce cher BHL pour sa chronique du 8 janvier 2009 pour Le Point, "Libérer les palestiniens du Hamas".
Plus sérieux, car pour qui BHL est-il important ? pour personne car on sait pertinemment de quoi il est le nom... : je regrette qu'Alain Gresh n'ait pas inséré le court texte écrit par Gandhi en novembre 1938, Les Juifs en Palestine. Un texte plein de sagesse qui aurait peut-être mérité une petite exégèse...