Mais laissez donc la musique tranquille !
Depuis quelque temps, la métaphore musicale est filée con moto par ces messieurs de l'UMP. Je crois que c'est Raffarin qui a commencé, affublant Fillon du rôle de chef d'orchestre qui jouerait la musique du compositeur Sarkozy. Devedjian, celui qui parle si bien de l'antiUMP lyonnaise, reprend la quenouille : selon l'AFP, Patrick Devedjian a résumé lundi 1er juillet par une métaphore musicale la répartition des rôles au sein de l'exécutif, estimant que "le premier ministre est le chef d'orchestre d'une majorité dont le président est le compositeur". Trois jours avant, c'est Laurent Wauquiez, le porte-parole du gouvernement, qui affirmait sur LCI que Nicolas Sarkozy est "le maestro qui écrit les compositions", "les partitions". "Le Premier ministre doit mettre en musique, veiller au rythme, faire en sorte que tous les musiciens travaillent ensemble de façon harmonieuse. Plus le maestro écrit, plus le Premier ministre, chef d'orchestre, a de travail à accomplir" [AFP].
Ce qui est sûr pour tout ce petit monde, c'est qu'il n'y a qu'un seul patron, il n'y en a qu'un qui donne la cadence de travail (ici je préfère 'cadence' à 'rythme'!). C'est en tous cas ce que disent Raffarin (qui parle d'inspirateur !) et les autres... En fait ici, si c'est le chef Sarkozy qui donne la cadence, alors c'est lui le musicien, flûtiste ou percussionniste, qui marque la cadence pour les rameurs des trières ou des galères !
Je suis convaincu que Sarkozy se pense compositeur, mais se voit aussi chef d’orchestre mais encore instrumentiste, que dis-je poly- instrumentiste...
Depuis quelque temps, la métaphore musicale file un mauvais coton avec ces messieurs de l'UMP. Las ! Ces messieurs ne doivent connaître ni la musique ni la condition musicienne. Ils ne savent pas par exemple que le compositeur n'a pas forcément son mot à dire sur l'interprétation de sa propre musique. Parce qu'en musique, Messieurs, on n'applique pas des ordres, on interprète. Un orchestre n'est pas une troupe de soldats, mais un collectif de souffles et d'âmes que le chef aide à respirer de concert les uns avec les autres et tous individuellement avec l'ensemble - le tout au service d'une option vitale qui fait entendre un souffle unique mais riche de toutes les couleurs individuelles. Et aucun chef, aussi persuasif soit-il, ne saura voler à l'interprète son âme propre ni lui en imposer une autre, fût-elle génialement musicale. Tout cela relève de l'alchimie interpersonnelle dans les alambics et les creusets de l'art humain par excellence.
Mais au fait, il connait quelque chose à la musique, notre Président ? Ce n'est certes pas l'ascendance de Cécilia (dont l’arrière grand-père serait Isaac Albeniz) qui lui communiquera quelque connaissance que ce soit en la matière. En tous cas, le traitement de la métaphore musicale par le pouvoir en place - dont il y aurait encore beaucoup à dire - ne montre pas le contraire !
S'il vous plaît Messieurs, laissez donc la musique tranquille !