Pour avoir déjà enregistré quelques œuvres de musique vocale et chorale (avec l'ensemble vocal dont je fais partie), je sais bien que la technique du montage est indispensable à qui veut produire un enregistrement de qualité : on chante au mieux, on enregistre plusieurs fois, on écoute patiemment, on coupe judicieusement, on raboute esthétiquement... Il est tout de même très rare que ça fonctionne du premier coup, que le premier enregistrement soit le bon ! Surtout quand la musique est complexe (Josquin Desprez, Monteverdi, JS.Bach, etc.). La technique du montage est au service du beau, d'un beau irréel. Au concert, l'immédiate réalité de la relation chanteurs-auditeurs insère irrémédiablement la qualité de la restitution chorale dans l'ambiance d'un spectacle dont les critères de qualité ne se limitent pas au pur musical. Au disque, cela devient irréel : les voix ne sortent plus de corps présents à l'auditeur, mais d'appareils décharnant la musique pour en faire une voix qui sort de nulle part, quelque chose d'irréel. Et la qualité de la restitution chorale prend la première importance que rien ne pourra perturber - si ce n'est l'indéfinie situation de l'auditeur quelque part dans un insoupçonnable lieu équipé d'appareils indéterminés... C'est là qu'intervient l'ingénieur du son (Jean-Marc Laisné pour la plupart des enregistrements de Cœli et Terra et de Métamorphoses sous la direction artistique de Maurice Bourbon), la personne qui répond de la qualité de la restitution sonore et qui doit quasiment intégrer à cette restitution les conditions d'écoute du résultat de son travail, sans pour autant connaître ces conditions... Travail mystérieux, travail éclairant !
En tous cas, ce montage reçoit forcément, pour même exister, l'assentiment du directeur artistique, qui intervient ici au nom des interprètes, des personnes enregistrées. Ce n'est visiblement pas le cas dans la mésaventure du philosophe Michel ONFRAY qui a publié ce samedi 3 mars (à 02h40 GMT!) un billet très intéressant intitulé Le fascisme télévisuel... Je te laisse lire, lecteur assidu !