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BRICH59

20 février 2024

Hayek & Bolloré, un édito du 19 février 2024

CaptureEn ces temps où le trouble nous assaille trop souvent, je suis avide d'information politique et sociale, je lis tout ce que je peux lire, de Médiapart à L'Opinion. C'est dans ce quotidien - qui se définit lui-même comme "libéral" et aborde les sujets politiques, économiques et internationaux - que j'ai lu hier un éditorial qui me trouble, mais me trouble vraiment !

C'est en page 3 de l'édition de ce 19 février 2024, en colonne droite (que je présente ci-dessous sur deux colonnes).

20240219L'OpinionVoilà un journaliste qui parvient à plaider la cause de l'empire audiovisuel de Monsieur Bolloré, sans citer une seule fois le nom de quoi que ce soit de cet empire, pourtant tentaculaire et omniprésent sur la scène médiatique tous modes de communication de masse confondus. Il ne faut pas être grand clerc pour observer "comment Vincent Bolloré construit un empire médiatique par la force et l’argent" [1]. Les interpellations judiciaires de cet empire, notamment sur son versant télévisuel, sont pléthore - ce qui justifie à soi seul la décision de justice du Conseil d'État [2] qui réclame "pluralisme et indépendance de l’information" et demande que les télévisions garantissent "dans l'ensemble de leur programmation, la diversité des courants de pensée et d'opinion" etc.
Il n'est pas question pour moi, simple petit électeur vieillissant, d'entrer dans cette problématique ici. Je voudrais juste partager avec vous, cher lecteur et chère lectrice, ma lecture rapide et tout réactive de l'édito d'hier.

Parce qu'il y va fort, l'éditorialiste ! Non seulement il oublie d'avouer pour qui il roule en écrivant cet article, mais il rameute de drôles de faits historiques, dont celui-ci : l'État serait "l'institution qui, du fait de sa puissance exorbitante, a le plus menacé [la liberté] au XXe siècle, jusque dans la torture et la collaboration chez nous, le totalitarisme et l'extermination ailleurs". Ouvrons les livres d'histoire et prosternons-nous devant la science historienne de notre éditorialiste !
Mais, l'État Pétain - qui promut en son temps censure, totalitarisme et extermination - n'est-il pas celui-là même qu'un autre éditorialiste qui fut un habitué des studios et salles de presse Bolloré évoquait avec douceur et empathie, refusant de reconnaître les crimes contre l'humanité commis par cet État-là ? La torture dont parle notre éditorialiste doit être celle-ci ... ou bien une autre, celle commise de façon industrielle par l'extrême droite française entre 1954 et 1962 en territoire africain (ce que revendiquaient de nombreuses personnalités de l'extrême droite), et je ne parle pas des mésactions de la droite gouvernementale du 17 octobre 1961 ni celles du 8 février 1962... Bref, de quel État parlons-nous ?

Poursuivant sa démonstration, notre journaliste affirme que, si l'État "a été l'instrument des pires horreurs de notre histoire", "le marché", lui, n'est pas coupable. Mieux, "les progrès du droit [3] ont cherché à le contenir [le marché] plutôt qu'à lui permettre de s'étendre". Ah ! le "marché" ! J'avais oublié que le grand patronat, des deux côtés du Rhin, avait pris garde de ne pas se compromettre avec le totalitarisme et le collaborationnisme au milieu du XXe siècle ! Je vais devoir retourner à mes bouquins d'histoire de l'économie européenne du XXe siècle !

En fait, le droit de régulation de l'État devrait se cantonner à la sphère publique [4], parce que c'est lui le patron. Sale patron, non ? Sorte de patron castrateur de liberté d'expression et, qui plus est, qui finance tout ça avec l'argent du pauvre petit Français contribuable etc. Il y a vraiment de quoi ruer dans les brancards et sortir son petit Hayek, promoteur de l'ordolibéralisme : Hayek approche la libre concurrence comme une "procédure de découverte" de l’information. Selon notre journaliste et notre économiste ordolibéral, l'information ne serait qu'une marchandise et il faut laisser aux vendeurs d'information toute liberté pour augmenter leur activité économique... Sauf que ce n'est pas tout à fait ça ! L'économiste autrichien, Nobel de l'économie en 1974 et auteur notamment de Droit, législation et liberté [5], introduit bien une théorie de l'information au coeur de l'analyse économique. Sa thèse est que le monde économique, le marché, est radicalement incertain et complexe et que l’information n'y est donc que partielle et fragmentée. Ce qui permet à Hayek de s'écarter du modèle macroéconomique en cours qui veut que l'action économique soit le résultat d'un calcul tout rationnel. En fait, Hayek ne prône pas l'irrationnel mais un "rationalisme limité". De ce marché en roue libre (liberté de poursuivre ses intérêts privés), ordre social spontané [6] donc juste, l'homo œconomicus ne connaît en fait pas grand chose. Ses seuls repères un peu structurés pour agir, ce sont les informations concernant la rareté relative des biens, c'est-à-dire les prix. Ici, marquons une pause pour remarquer que, selon l'économiste, toute intervention de l'État ne peut que brouiller l'information (sur le fonctionnement économique). Quand Hayek parle de la concurrence comme "procédure de découverte" de l'information, il s'agit juste de cela (ce qui n'est déjà pas rien !) ; il n'évoque sûrement pas l'information médiatique en général - qui est le sujet de notre éditorialiste qui donc nous abuse quand il appelle son petit Hayek à la rescousse. Non seulement abus mais erreur caractérisée : pour Hayek, la bonne et claire information (économique) pure de toute intervention étatique est ce qui permet au marché de prospérer librement - ce que notre journaliste semble traduire en cette sentencieuse sentence : "C'est par le marché que l'information libre prospère, non par l'État". Curieux renversement, non ?
Restons-en là et donnons la conclusion de ce billet sur l'édito en question : c'est une analyse qui ne regorge que de slogans et où les arguments sont fallacieux sinon carrément trompeurs ! Bref, de la propagande ! Et une défense pro Bolloreo (voire pro domo si notre éditorialiste considère que l'ordolibéralisme est une grande maison commune), une défense qui se cache derrière ce qui se présente comme une analyse sérieuse et quasi philosophique.
En tous cas, notre éditorialiste ferait bien de relire Hayek urgemment !


[1] Sud-Ouest, le 24/06/2023.

[2] Décision du 13 février 2024.

[3] Mais là, on ne sait pas si notre éditorialiste parle du gouvernement, d'une assemblée d'élus, des magistrats, peut-être a-t-il oublié la séparation des pouvoirs (?).

[4] Par opposition à la sphère privée qui relèverait seule du marché, comme si les médias publics n'étaient jamais comptabilisés dans la globalité du fonctionnement économique ! Ceci dit notre journaliste semble regretter amèrement que ces médias ne soient pas, tels les condamnés de César dévorés par les lions, livrés "au marché au sein duquel la concurrence assure la libre expression de toutes les préférences, par goût ou par intérêt" : ils pourraient alors être dévorés par des Bolloré et la question de l'information serait définitvement réglée !

[5] F. A.von Hayek, Droit, législation et liberté (trad. fr. de Law, Législation and Liberty), 3 vol., coll. Quadrige, P.U.F., Paris, 1973-1979.

[6]. Cet ordre spontané doit tout de même être encadré par des règles générales et impersonnelles, telles que le respect de la propriété, le respect des contarts et des règles de responsabilité, dit Hayek.


 

 

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13 février 2024

À chaque fois, on pense avoir atteint le fond de l’inhumanité, mais en réalité nous sommes en train de tomber encore plus bas...

Ce propos est celui de La Cimade, dénonçant les manœuvres européennes de la France pour autoriser la rétention des enfants dès le plus jeune âge. Cela fait en effet plusieurs mois que les autorités françaises font tout, mais en secret, pour qu'il soit possible d'enfermer les mineurs, quel que soit leur âge, dans des centres de rétentions aux frontières de la très libérale Europe. "Cette disposition inscrite dans le Pacte sur la migration et l’asile, qui sera voté au printemps par le Parlement européen, pourrait violer la Convention internationale des droits de l’enfant", affirme Disclose.

L'immigration est décidément la question qui semble autoriser toutes les manipulations fallacieuses du Droit. Au niveau national, on a vu comment l'exécutif a instrumentalisé la Constitution de la République à ses fins politicardes, pendant qu'au niveau européen il prévoit de défoncer le mur juridique qui protège l'enfance.

Le collectif européen de journalistes indépendants Investigate Europe auquel participe Disclose permet de relever plusieurs faits (je cite Disclose pour les quatre points suivants, sans les guillements) :

  1. Le gouvernement français a mené un lobbying acharné auprès de ses partenaires européens pour légaliser la rétention des enfants migrants aux frontières de l’Union européenne (UE). Même les nouveaux-nés, jusqu’ici pris en charge par des services de protection de l’enfance, pourraient être détenus dans les centres accueillant des milliers de migrants, en Grèce ou en Italie.
  2. C’est ce qui ressort des comptes-rendus confidentiels de dix réunions sur le Pacte migration et asile, obtenus par Disclose et son partenaire Investigate Europe. Cet accord, qui a vocation à s’appliquer directement dans les États membres, entre dans sa phase finale demain, mercredi 14 février, au Parlement européen.
  3. La France, alliée notamment aux Pays-Bas, est parvenue à convaincre ses partenaires et la Commission européenne que les enfants exilés représentent "un risque majeur pour la protection de nos frontières". Un argument en contradiction totale avec la position officielle de Gérald Darmanin : en novembre dernier, le ministre de l’intérieur se félicitait que la loi immigration interdise le placement des mineurs en centre de rétention.
  4. Un autre volet du pacte européen porte une atteinte inédite aux droits de l’enfant : dorénavant, les données biométriques des enfants migrants âgés de plus de six ans pourraient être recueillies par les États membres... y compris par des moyens de "coercition", en cas de refus.

L'enfance, porteuse de l'espoir de l'humanité, se voit traitée salement par un État français de droite qui se durcit de plus en plus mais qui aime à coupler efficacité et humanité dans son apporche de la question migratoire et une Union européenne "libérale" qui a ratifié la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant et affirme, dans sa Charte des droits fondamentaux, que les enfants ont droit à la protection et aux soins nécessaires à leur bien-être... L'enfance, porteuse de l'espoir de l'humanité, se voit traitée salement. Pourquoi ?


Source : DISCLOSE (https://disclose.ngo/fr/article/immigration-en-europe-la-france-a-la-manoeuvre-pour-autoriser-la-retention-des-enfants-des-le-plus-jeune-age)


 

24 janvier 2024

URGENT : Marche pour le logement (Paris)

Marche pour le logement : « La France n’a jamais été aussi riche et compté autant de sans-abris », titre le dernier message de Basta!.

Chapô : Depuis le 25 décembre, un campement de sans-abris est installé à proximité de l’Assemblée nationale, au pied d’un immeuble de logements vide. Une marche est prévue le jeudi 25 janvier pour en exiger la réquisition, en mesure d’urgence.

Basta[23jan24]La France n’a jamais été aussi riche, n’a jamais engrangé autant de recettes fiscales issues du logement cher (93 milliards en 2022) et n’a jamais compté autant de sans-abris (plus de 330 000), de marchands de sommeil, d’expulsions, de demandeurs de logement HLM (2,4 millions), de logements vacants (3,1 millions), de logements chers, ni produit aussi peu de vrais logements sociaux », dénonce le l’association Droit au logement (Dal).

Depuis le 25 décembre, l’association a installé un abri de fortune à Solférino, dans le très chic 7e arrondissement de Paris, proche du ministère du Logement. Situé sous les fenêtres d’un grand immeuble de logements vacants, le campement accueille depuis un mois des dizaines de personnes sans-abri. Les personnes accueillies sont « des familles prioritaires Dalo (droit au logement opposable). Elles ont fait une demande de logement social et ont un emploi pour la plupart. Certains ont des enfants », précise l’association.

« La réponse immédiate à cette crise du logement, bien moins coûteuse que des hôtels, serait de mobiliser les logements inoccupés, six fois plus nombreux qu’en 1954 selon l’Insee (530 000 en 1954 et 3,1 millions en 2022) et les bureaux vacants (5 millions de m2 en Ile-de-France) » détaille le Dal. L’association exige un hébergement stable et décent jusqu’au relogement, mais aussi l’application de la loi de réquisition pour tous les sans-abris et les victimes de marchands de sommeil.

Indifférence du gouvernement

Depuis un mois, l’association fait face à l’indifférence du gouvernement, « voire même à des politiques qui aggravent la situation », déplore Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole du Dal auprès du site d’informations Le Média qui a couvert l’action « La galette des droits », le 16 janvier.

Deux jours plus tard, les familles du campement de Solférino, se sont rendues successivement sous les fenêtres de la Catherine Vautrin, nouvelle ministre en charge des Solidarités - qui n’a pas donné suite à la demande de délégation - puis à la préfecture de région, qui a en charge l’hébergement d’urgence. Cette dernière les a reçus mais ne leur a pas fait, à ce jour, de proposition d’hébergement.

« Il a été reproché aux 31 ménages de Solférino de ne pas appeler le 115 systématiquement, 115 dont la spécialité est bien d’imposer aux sans-abris des jours et des semaines d’appels quotidiens, souvent sans aucun résultat, ce qui a pour effet, sinon pour objectif de les décourager. Lorsqu’ils ont été hébergés, c’est la remise à la rue après quelques semaines, déplore le Dal dans un communiqué. « Il a aussi été reproché aux familles de vouloir passer devant les autres : Il y a donc une file d’attente pour avoir un hébergement ? Ainsi, même en pleine vague de froid, le nombre de places d’hébergement est très largement insuffisant. »

L’association Droit au logement appelle, le jeudi 25 janvier, à marcher vers la mairie du 7e arrondissement et le ministère du Logement. Le rendez vous est fixé à 12h au camp des sans logis, métro Solférino à Paris.

Les revendications sont nombreuses : réquisition des logements vacants de gros propriétaire, durcissement de la taxe sur les logements vides, aide financière et technique aux petits propriétaires défaillants ou négligents pour réhabiliter leur logement en échange d’un loyer conventionné. « Il faut également produire massivement des logements sociaux, plutôt que des logement spéculatifs, interdire les locations Airbnb en zone tendue, baisser les loyers et réguler le marché immobilier et locatif, devenu inaccessible à une part grandissante de la population » réclame le Dal.

Plus d’infos : www.droitaulogement.org.


SOURCE : Basta!


 

18 janvier 2024

Rendez-vous-y !

Inspirée de propositions d’extrême droite, la loi sur l’immigration a été votée le 19 décembre 2023.

vignette-all-binet-toubon-zeniterDeux rendez-vous à ne pas manquer :

  1. Plus de 200 personnalités appellent à manifester partout en France ce dimanche 21 janvier 2024.
  2. Ce vendredi 19 janvier 2024, un mois après le vote de cette loi, Sophie Binet (CGT), Jacques Toubon (ancien Défenseur des droits), l’écrivaine Alice Zeniter et Edwy Plenel nous disent pourquoi ils en seront (émission en accès libre, dans la série À l’air libre). 
8 décembre 2023

Allumer les bougies !

Vu dans Nice-Matin de ce 8 décembre 2023 :

CaptureLa bonne question : quelle lumière pour les victimes civiles de la violence aveugle d'Israël ?

Ceci dit, des milliers de bougies, il n'y aurait pas assez de place devant le Palais de Justice niçois !


 

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8 décembre 2023

Mais qui donc fait le parallèle entre l’insécurité et l’immigration ?

logo_readerSelon une information lue dans Le Monde (daté du 30 novembre 2023 ), la direction nationale du renseignement territorial (DNRT) a émis une note le 25 novembre concernant les activistes de ce qu'on appelle l'ultradroite suite à l'assassinat perpétré à Crépol le 19 novembre : « Le drame survenu le 19 novembre à Crépol provoque de fortes réactions au sein de la mouvance d’ultradroite, les militants faisant le parallèle entre l’insécurité et l’immigration. »

La bonne question est maintenant de savoir qui, sur l'échiquier politique, a produit ou encourage ce parallèle, cet amalgame entre immigration et insécurité ? Impression que certains "partis de gouvernement" voire des partis partie prenante de ce que la droite appelle "l'arc républicain", impression que ces partis sont les faux nez de ... l'ultradroite, non ?


 

8 décembre 2023

Illégalité des contrôles d’identité opéré par les Sentinelles en Roya

Communiqué commun du 07/12/2023 des Conseils d’Administration d’Emmaüs Roya, de Anafé, du Groupe Accueil et Solidarité (GAS) et de Roya citoyenne


Illégalité des contrôles d’identité opéré par les Sentinelles en Roya

  Mardi 21 novembre 2023, Cédric Herrou, co fondateur et salarié de l’association Emmaüs Roya, livrait sur les réseaux sociaux une vidéo devenue virale. Il y met en lumière une pratique illégale mais dont les habitants de la vallée de la Roya sont pourtant témoins au quotidien : des militaires de l’opération Sentinelle procédant à des contrôles d’identité et à des interpellations de personnes exilées présentes dans la vallée. Ce constat du détournement par le ministère de l’intérieur des personnels des armées pour suppléer les forces de police a suscité beaucoup de réactions d’indignation.

  À notre grand regret, ce n’est pas le cas du nouveau Préfet des Alpes-Maritimes qui, en réponse, a posté sur les réseaux sociaux un court texte dans lequel il reproche à Cédric Herrou “d’organiser la désinformation”.

 Les membres de nos associations jugent la formule grave.

  D’une part, il ne s’agit pas de désinformation. Le travail de terrain et les observations des différentes associations, juristes et avocats spécialisés sur la question depuis de nombreuses années attestent la véracité de ce que montre cette vidéo : Les militaires de l’opération Sentinelle sont utilisés illégalement pour des missions de contrôle et d’interpellation à la frontière franco-italienne. D’autre part, nous considérons que le choix du verbe “organiser” est pervers dans ce qu’il induit ; alors que Cédric Herrou n’est finalement qu’un citoyen, habitant de la vallée Roya, qui réagit spontanément face à l’illégalisme d’État devenu quotidien, que nous sommes nombreux à considérer comme insupportable. Ces propos tenus par un représentant de l’État décrédibilisent au final l’institution plutôt que les actions des militants, les images filmées parlant d’elles-mêmes.

  Ce qui est certain, c’est que cet illégalisme d’État instauré aux frontières est quant à lui organisé, financé, équipé et systématisé par la politique ministérielle engagée ici depuis 2015. Ce que tant de personnes, qu’elles soient citoyennes, militantes associatives, juristes, avocates, élues, hautes fonctionnaires dénoncent continuellement sur la situation à la zone frontière, c’est notamment :

  • Le rétablissement illégal du contrôle aux frontières selon le code frontière Schengen (condamnation en avril 2022 de l’État autrichien pour ce motif par la CJUE) ;Les garanties appliquées aux frontières intérieures terrestres en cas de refus d’entrée pratiquée par l’État français jugée insuffisantes par la CJUE en septembre 2023 ;
  • L’atteinte grave à la liberté fondamentale que constitue le droit d’asile à la frontière franco-italienne pour les personnes exilées (des centaines de condamnations de la Préfecture par le tribunal administratif de Nice) ;
  • Des Obligations de Quitter le Territoire Français (OQTF) délivrées à des mineurs pour les contraindre à retourner en Italie en leur niant tout droit à un recours juridique et ainsi éviter à la fois leur prise en charge par l’Aide Sociale à l’Enfance française et leur non réadmission par l’Italie ; Tout cela en contradiction totale avec la Convention Internationale des Droits de l’Enfant. Le tribunal administratif de Nice a annulé plusieurs de ces OQTF car la procédure « d'appréciation » de la minorité est réalisée hors de tout cadre légal ;
  • L’enfermement de personnes exilées plus de 12 heures dans des conditions indignes au sein de conteneurs servant de lieux de privation de liberté sans cadre légal puisque espaces maquillés en « lieux de répit », ce dont atteste la Contrôleuse Générale des Lieux de Privation de Liberté dans plusieurs rapports, dont le dernier date de septembre 2018.
  • La Cour des Comptes a pointé en septembre 2022 un détournement des forces militaires au travers de l’opération Sentinelle déployées sur des missions qui relèvent de l'intérieur.

Concernant plus particulièrement la vidéo de Cédric Herrou : un militaire n’est pas autorisé par la loi à procéder à la vérification d’identité d’une personne, sauf s’il est encadré par un Officier de Police Judiciaire (conformément aux dispositions du code de procédure pénale).

Depuis la diffusion de la vidéo par notre salarié, de nombreux juristes, avocats et des articles de presse ont confirmé publiquement que les militaires ne sont pas habilités à procéder à des interpellations et encore moins à des contrôles d’identité. Nous saluons d’ailleurs le travail de vérification effectué par le journal Libération dans son article CheckNews du 22 novembre 2023.

Au-delà de ces considérations juridiques et légalistes, nous sommes témoins d'une dérive du pouvoir exécutif ne respectant plus le droit, mettant à défaut les fondamentaux des valeurs républicaines. Des vallées, des territoires ne devraient pas être exclus de la cohésion nationale à des fins politiques. Au-delà de notre position sur la question de la gestion migratoire, nous lançons l'alerte afin que nos concitoyens puissent vivre sur l'ensemble du territoire en jouissant de l'État de droit, sans exception, afin que les habitants puissent vivre et éduquer leurs enfants sans avoir la vision quotidienne de contrôles au faciès dans les gares et les trains ; sans avoir à justifier quotidiennement de leur identité lors de contrôles systématiques ; sans être témoins de violations de droits envers des personnes racisées. L'éducation de la population par l'exemplarité des pouvoirs publics ne devrait pas être à quémander !

Nous laissons à chaque personne lectrice de ce communiqué le soin de vérifier ces informations et de juger ensuite qui organise l’illégalisme et la désinformation quotidiennement afin d’accomplir des directives gouvernementales absurdes, inhumaines et inefficaces.

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CAFFIM - Coordination des Actions à la Frontière Franco-Italienne pour les personnes Migrantes
Projet intégré à la CAFI - Coordination d'Actions inter-acteurs aux Frontières Intérieures, piloté par Amnesty International France, La Cimade, Médecins du Monde, Médecins sans frontières et le Secours Catholique-Caritas France.
La CAFI a pour but de faire respecter les droits fondamentaux des personnes migrantes aux frontières intérieures.


 

3 décembre 2023

Quelque chose de putride dans l'atmosphère...

Dans mon précédent message, j'évoquais le harcèlement des tribunaux par l'État dans sa définition policière. Exemple dans les Alpes-Maritimes, précisément à Nice : "alors que le tribunal administratif a censuré cinq arrêtés successifs interdisant les manifestations 'pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens', le préfet des Alpes-Maritimes persiste et signe chaque semaine un nouveau texte"* - nouveau texte qui reprend cependant toujours les mêmes arguments**. Pourquoi, d'une part, un tel archarnement à interdire l'expression, à empêcher la liberté d'expression des voix pacifiques et pacifistes ? Pourquoi, d'autre part, un tel harcèlement du Tribunal administratif ?

Interrogé au cours de l'émission de France3-Côte d'Azur "Dimanche en politique" du 3 décembre 2023, le représentant de l’État indique que "ces manifestations ne sont pas des manifestations pour la paix, ce sont des manifestations anti-Israéliennes, antisionistes (...) elles entretiennent une sorte d’antisémitisme d’atmosphère"*. Cette "justification" donc ne convainc pas la Justice. De fait, elle est truffée d'approximations fallacieuses et de rapprochements plus que douteux.

TOUT D'ABORD, UNE CERTAINE HÉMIPLÉGIE INFORMATIONNELLE.
L'un des "considérant" de l'arrêté retoqué met en avant "le risque sérieux que les affrontements entre palestiniens et forces de sécurité israéliennes se transportent sur le territoire national". Le "considérent" précédent propose une analyse de la situation en Palestine dans ces termes : "le contexte de vives tensions au Moyen-Orient en raison des attaques terroristes perpétrées par le Hamas à l'encontre de citoyens israéliens le samedi 7 octobre 2023 ; que ces attaques, particulièrement barbares, se sont traduites par des assassinats, des exécutions sommaires, des actes de torture et des prises d'otages, que ce soit à l'égard de militaires ou de civils, y compris vulnérables comme des femmes, des enfants ou des personnes âgées ; que tel a été le cas notamment à l'occasion du festival de musique électronique Tribe of Nova au cours duquel 260 festivaliers ont été tués ; que ces atrocités ont suscité un vif émoi à l'échelle nationale et internationale, en particulier au sein de la communauté juive ; que depuis, le Hamas a menacé Israël d'exécuter ses otages pour toute action de représailles menée par Israël".

On notera aisément l'hémiplégie informationnelle du représentant de l’État qui passe sous silence les violences commises autrefois, naguère et aujourd'hui par l’État d'Israël à l'encontre du peuple Palestinien. Je n'en retiens que deux, les plus flagrantes : vengeance quasi aveugle et de toute façon disproportionnée qui tuent des milliers de civils Palestiniens (l’État d'Israël affirme viser les terroristes du Hamas mais ne semblent pas voir les "dégâts collatéraux"), mais aussi violences commises et assassinats perpétrés en Cisjordanie à l'encontre des Palestiniens qui vivent encerclés par des colons Israéliens vindicatifs et appuyés par l'armée de l’État d'Israël (ces colons revendiquent la terre ancestrale des Palestiniens et sont prêts à tuer pour ça, en toute impunité locale), violences qui ne sont pas nouvelles, mais significativement augmentées depuis le 7 octobre, comme si les colons armés voyaient dans le drame du terrorisme du 7 octobre une raison de massacrer les Palestiniens quels qu'ils soient pour voler le peu de terres que l’État d'Israël leur a laissé de ce côté-là de la Palestine.

ENSUITE LA GLOBALISATION OUTRANCIÈRE.
Malgré ce que prétend le représentant maralpin de l’État, défendre le droit du peuple Palestinen à ne pas mourir sous les bombes aveugles ne revient pas à soutenir les terroristes du Hamas. Le raisonnement de l'État*** est ici le suivant : il existe des Palestiniens qui commettent des actes terroristes, donc tous les Palestiniens sont des terroristes. Procès d'intention : on fait comme si tous les Palestiniens étaient membres du Hamas. Même type de raisonnement que "parce que quelques ministres de la République ont été ou sont passibles de condamnation par la Justice, tous les ministres le sont". Ou bien c'est comme si on pouvait affirmer que tous les Préfets de la République violent l’article 371-1 du Code civil, parce que l'un d'entre eux semble avoir promu une méthode aujourd'hui appelée "deux claques et au lit !"****.  Bref, je n'insiste pas. Sauf pour prolonger la réflexion dans une autre direction.

Cette globalisation outrancière et fallacieuse est celle-là même qui fonctionne quand on confond antisémitisme et antisionisme : on soupçonne les citoyens d'antisémitisme lorsqu'ils ne sont pas d'accord avec la politique menée par le Gouvernement israélien actuel. On omet juste de voir que de nombreux Juifs sont antisionistes (encore l'hémiplégie informationnelle). Mais revenons au raisonnement qui fonde la confusion entre antisionisme et antisémitisme : tout Israélien est juif, OR le Gouvernement israélien est israélien DONC critiquer le Gouvernement israélien revient à critiquer les Juifs en tant que tels - ce qui est de l'antisémitisme. J'ose trois remarques :

  1. dire que "tout Israélien est juif" est faux, car il y a des Israéliens non-juifs (près de 18% des Israéliens sont de confession musulmanne, essentiellement sunnite) ;
  2. dire que "critiquer le Gouvernement israélien revient à critiquer les Juifs en tant que tels" est absurde par le seul fait qu'il y a de très très nombreux Juifs Israéliens qui s'opposent politiquement à Benyamin Netanyahou et sa cohorte d'extrême droite ;
  3. ce qu'on critique haut et fort dans les pratiques du Gouvernement israélien actuel consiste 1) dans la théocratisation du régime politique version religieux suprémacistes juifs ultra-orthodoxes et 2) dans la poursuite du projet sioniste historique (Theodor Herzl à l'extrême fin du XIXème siècle) version actualisée par ces colons armés dont je parlais plus haut. On avouera qu'il y a de l'alternative possible à ces deux idéologies, y compris au sein du peuple israélien.

Résultat des courses, confondre antisémitisme et antisionisme est absurde du point de vue du raisonnement et surtout anti-démocratique dans la mesure où cette confusion repose sur l'invisibilisation de l'opposition israélienne démocratique. Et c'est bien là l'un des problèmes majeurs d'Israël : Israël semble sortir doucement mais sûrement de la démocratie pour entrer clairement dans la théocratie. À ce rythme-là, Israël est en passe de rejoindre le club des théocraties, aux côtés de l'Iran, l'Afghanistan, l'Arabie saoudite, la Cité du Vatican... Je laisse aux dénégateurs de réalité politique la responsabilité de prétendre qu'"Israël est la seule démocratie au Moyen-Orient"*****. Il y a 22 ans, l'universitaire américain Alan Dershowitz écrivait : "Seule véritable démocratie au Moyen-Orient, Israël est aussi le seul pays de la région où la liberté d’expression est pratiquement illimitée. En Israël, qu’on soit juif, musulman ou chrétien, chacun peut critiquer le gouvernement israélien et ses dirigeants. Dans tout autre État du Proche-Orient ou musulman, un citoyen ne peut le faire sans craindre d’être emprisonné ou mis à mort."****** Mais que voit-on aujourd'hui, vingt-deux années après ? La démocratie y est mise à mal, ne serait-ce que par cette toujours vivace "relégation civique" dont sont victimes trop d'Israéliens non juifs et trop de Palestiniens (il paraît qu'il ne faut pas dire "apartheid" !) - c'est le prix de la théocratie rampante à peine voilée. Et dire cela ne signifie pas qu'on "délivre un brevet de résistance démocratique 'politiquement correct' [au Hamas ou au Hezbollah]"*******. Ici l'opposition frontale bien/mal, humain/animal etc. ne saurait fonctionner sans tordre le cou à la raison. Ce binaire n'a jamais raison. Il fonctionne juste pour l'informatique et ses algorithmes (oui/non, 0/1), ou alors pour les contes pour enfants à la Walt Disney (bons/méchants). Israël, on peut très bien ne pas accepter sa politique, notamment dans sa dimension des Droits humains et dans son évolution institutionnelle, sans pour autant vouloir que ce pays disparaître. La nuance existe, en pensée comme en couleur !
Bref la confusion entre antisémitisme et l'antisionisme est une monstruosité (rationnellement et historiquement) endossée par trop de pays, trop de gouvernements. J'avoue ne pas comprendre pourquoi. Elle permet un laisser-faire titanesque, par exemple en conduite de politique étrangère et en termes de respect/non-respect du Droit international. Elle permet aussi aux hémiplégiques, en France et ailleurs, de parler d'"antisémitisme d’atmosphère", anathème brumeux s'il en est qui clôt toute discussion avant même qu'elle ne commence. "L'antisémitisme d'atmosphère, ou comment certains détestent les juifs sans le savoir", titrait le mois dernier un édito de L'Express********. On baigne dans le procès d'intention voire d'inquisition : "tu ne sais pas ce que tu as au fond de toi, mais moi je sais ce qui t'anime" est à peu près ce qu'on disait aux "sorcières" avant de les immoler sur le bûcher...
Laissons donc tomber l'atmosphère, qui, pour finir, ne sert en France qu'à discréditer l'autre en politique intérieure. Une chose, par contre, est de l'ordre du fait : l'asymétrie entre la Palestine et Israël, David et Goliath mais inversé et contrarié : le petit reste le vaincu, le dominé perpétuel, malgré le Droit international et avec l'assentiment des Nations.


* Nice-Matin, le 2 décembre 2023 (https://france3-regions.francetvinfo.fr/provence-alpes-cote-d-azur/alpes-maritimes/nice/interdictions-des-manifestations-pro-palestiniennes-le-prefet-des-alpes-maritimes-assume-une-posture-tres-ferme-2882591.html)
** Cf. https://www.alpes-maritimes.gouv.fr/contenu/telechargement/48745/381015/file/Recueil%20special%20264.2023.pdf.
*** L'initiative ne revient pas, au fond, aux Préfet, mais bien au Gouvernement : cf. le télégramme adressé le 12 octobre 2023 par le ministre de l’Intérieur aux préfets pour interdire les manifestations et rassemblements en soutien au peuple palestinien - interdiction retoquée par le Conseil d'État.
**** Cf. https://www.google.com/search?q=deux+claques+et+au+lit+pr%C3%A9fet.
***** Titre d'un chapitre de Israël et ses paradoxes. Idées reçues sur un pays qui attise les passions de Denis Charbit (Le Cavalier Bleu éditions, 20182)
****** Alan Dershowitz, « Désinvestir ou conquérir », Forward, 31 mai 2002
******* Charbit 2018, p.28.
******** https://www.lexpress.fr/idees-et-debats/lantisemitisme-datmosphere-ou-comment-certains-detestent-les-juifs-sans-le-savoir-DERPBBX6YRASDEU3IK7XPR7TUI/.


27 novembre 2023

Les violences policières, condition des personnes exilées

Nous ne sommes là ni sur le registre des faits divers (aussi dramatiques soient-ils) - faits divers recouverts, ensevelis, enterrés sous les commentaires infinis plus ou moins spécieux voire carrément fallacieux - ni sur celui de la dénégation gouvernementale systématique. Ce sont des "faits" (sur cette notion de "fait", lire absolument le dernier ouvrage publié par Géraldine Muhlmann*) : les violences policières existent. Pas juste un fait ("la violence policière existe"), mais des faits délivrés sous forme de récits, de témoignages directs, de signalements documentés, autant de "données" compilées par le Collectif Accès au Droit, créé en début de cette année, "association qui milite pour l’accès au droit des personnes qui en sont exclues".

"Nul n'est censé ignorer la Loi" proclame un adage fameux sinon fumeux dans la mesure où il repose sur une fiction juridique. Peut-être faudrait-il préférer un autre adage : nul n'est censé ne pas avoir accès au Droit. Nombreuses sont les associations citoyennes qui approchent les "personnes exclues" pour donner corps à cet adage-là. Et, de fait, les personnes exilées sont trop souvent, dans notre beau pays des Droits de l'Homme, comme déchues de leur humanité, de ce qu'elles ont en commun avec moi, avec toi, avec vous, avec nous, avec nous tous...

Nul n'est censé ne pas avoir accès au Droit, donc. Un adage qui devient un impératif catégorique (comme aurait pu dire Kant) quand on constate que le Droit est bafoué par l'État lui-même, dont le chef, le président de la République, doit veiller au respect de la Constitution qui fonde l'État en Droit. Le chef de l'État assure, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics... Bref, la constitution affirme que le président de la République incarne l’autorité de l’État. Mais cette incarnation prend assez souvent le visage de ce qu'on appelle "les forces de l'ordre" - ces dernières étant composées de l'ensemble des agents chargés de faire régner l'"ordre public" et de "faire appliquer la loi". Une République bienveillante ne devrait donc pas supporter que des personnes, sur son territoire, n'aient pas accès au Droit, voire soient victimes d'un rejet hors de la sphère juridique. Une République cohérente ne devrait pas supporter que les forces de l'ordre pratiquent continûment des violations du Droit, à plus forte raison à l'encontre des personnes en situation de fragilité existentielle extrême.

C'est pourtant ce qu'on observe depuis de trop nombreuses années. Du haut de mes 69 ans, ma mémoire est intacte de l'indigne assaut de l'église Saint-Bernard de la Chapelle, dans le quartier de la Goutte-d'Or le 23 août 1996. Le tollé avait été général dans la population, à la mesure de la brutalité, de la sauvagerie des "forces de l'ordre" dirigées par un certain Jean-Louis Debré (qui présida ensuite la représentation nationale puis le Conseil Constitutionnel [!]) : portes de l'église brisées à la hache, etc. pour déloger quelque deux cents Africains sans papiers (hommes, femmes et enfants) hébergés là par la prêtrise humaine trop humaine de Saint-Bernard depuis quelques semaines (depuis la fin du mois de juin).

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Qui a oublié la brutalité des "forces de l'ordre" sur la place de la République en novembre 2020 ? "Il y a 3 ans, les violences quotidiennes que vivent les personnes exilées à Paris ont été mises au grand jour lors de l'évacuation brutale d'un campement de 500 tentes place de la République, entraînant des condamnations au plus haut niveau de l'État" (p.2). C'était le 23 novembre 2020 et, comme pour fêter ce triste anniversaire, le Collectif Accès au Droit publie, le 23 novembre 2023, un rapport d'enquête : La condition des personnes exilées à Paris. 8 années de violences policières et institutionnelles. 2015-2023. Le collectif "mène un travail d'observation des expulsions et des violences policières commises à l'encontre des personnes exilées à Paris et dans sa proche périphérie, avec la triste conviction que l'approche des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris va accélérer ces pratiques et ce nettoyage social de l'espace public" (p.2). Je te passe, attentif lecteur, le détail statistique de tous ces méfaits, tout est dans le rapport. Pour le Collectif, "ces violences constituent [...] la condition des personnes exilées à Paris. On ne peut les comprendre que dans leur dimension systémique, dans un continuum de violences institutionnelles qui entrave l'accès à leurs droits les plus fondamentaux. [...] Les condamnations des collectifs citoyens, des associations, de chercheur-ses ou encore d'institutions sont unanimes. Pourtant, la situation continue de se dégrader, et la seule réponse apportée est une logique sécuritaire et un tri des vulnérabilités, qui en définit des bonnes et des mauvaises, des légitimes et des illégitimes, dans le plus grand mépris des principes humanitaires et de l’inconditionnalité de l’aide. Pire encore, elle se double d’entraves et d'attaques qui visent le travail des habitant-es, des collectifs et des associations. Nous avons ainsi recensé de multiples témoignages de contrôles, d'amendes contre ces dernier-es, jusqu’au récent arrêté anti-distributions alimentaires (octobre 2023) que la justice a fini par suspendre" (p.4).

On touche là du doigt les manifestations du conflit entre fonction d'"ordre" et fonction de justice - antagonismes qui laissent penser que les "forces de l'ordre" adoptent une politique du harcèlement. Les juges des Tribunaux Administratifs, par exemple, ont beau casser les arrêtés préfectoraux, l'État dans sa définition policière émet comme par routine les mêmes interdictions. Ce faisant, les forces de l'ordre harcèlent non seulement les victimes des interdictions, mais aussi les tribunaux qui auraient bien d'autres chats à fouetter (les "forces de l'ordre" ne se plaignent-elles pas des lenteurs de "la justice" ?).

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À un autre niveau, les militants associatifs enregistrent les récits de personnes exilées faisant état d'un harcèlement policier très concret, très factuel (p.9, 14, 22, 30sq., 34, 38 et 44).

Qu'on soit à l'étage administratif ou au rez-de-trottoir, toujours ce penchant marqué pour le harcèlement, là en direction des magistrats, ici en direction des personnes exilées (qui, du coup, n'osent plus chercher à accéder à leurs droits) et de celles qui veulent les aider dans leur légitime quête du Droit. Le harcèlement peut-il constituer une politique de l'ordre ? Le harcèlement comme pratique d'intimidation des plus vulnérables, avec, en ligne de mire, l'arme de dissuasion que peut être l'OQTF. Harcèlement-dissuasion pour dissuader les vulnérables d'accéder à leurs droits, mais aussi pour décourager les associations citoyennes qui luttent pour l'accès inconditionnel au Droit...


* "À l’heure d’un tout-info bavard et abêtissant, il faut en revenir au fait, matière première du journalisme et de la pensée, plaide la philosophe Géraldine Muhlmann dans un livre stimulant", écrit Thomas Legrand (Libération du 23 novembre). Il s'agit de Pour les faits, édité par Les Belles Lettres (158p.- ISBN 978-2-251-45508-2 - 9,90€) sorti en octobre dernier.


 

27 mars 2023

Venez découvrir le magnifique orgue Concone de La PROVIDENCE !

DSC02588Œuvre des frères Concone, représentants de l'école piémontaise de la facture d'orgue au XVIII° siècle, cet instrument, classé monument historique (arrêté du 20 octobre 2003), a été restauré par les ateliers de Michel Formentelli. Doté d’un clavier unique de 47 notes avec octave courte, d’un pédalier de 25 notes, et d’un buffet de 2m16 de largeur, il est l’orgue le plus ancien de Nice, et l’un des rares témoins des orgues de l’Ancien Régime. Installé en 1724 en l’église Saint-Augustin de Nice, on le trouve aujourd'hui à la tribune de la chapelle de la Providence [Cf. La route royale des orgues].

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Séance découverte au Centre Culturel la Providence au 8 bis rue Saint Augustin à Nice le vendredi 31 mars de 16 à 18h : présentation de l’orgue par Catherine HYVERT et sa classe d’orgue de l’école de musique de la Semeuse avec la participation d’élèves du CRR de Nice (classes de Charlotte MARCK et Olivier VERNET). Divers organistes en herbe interpréteront notamment des oeuvres de compositeurs baroques italiens (Frescobaldi, Zipoli, ...).


 

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