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BRICH59
rhetorique politique
5 juillet 2009

MEDEF et casino

medefPub du MEDEF pour l'apprentissage : miser sur l'avenir c'est en avoir un. C'est exactement ce que dit la Française des jeux et autres mercantiles arnaqueurs de rêves...
Nul besoin de pousser l'analyse rhétorique trop loin (miser = avoir ; avenir mais de qui donc parle-t-on ? etc.).

medef2Nous faire prendre les vessies pour des lanter­nes, nous monter le bourrichon, nous faire rêver pour oublier notre misère et celle des autres, et nous inciter à courber l'échine... Comme dirait cette bonne Mona Chollet, la société casino se porte très bien.


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25 juin 2009

Message(s) : décryptage à fleur de discours

Eh ben ! Ça promet !

Quand je suis tombé hier après-midi sur la dépêche de l'AEF qui rendait compte de la passation de pouvoir au ministère de l'Éducation Nationale, mon sang n'a fait qu'un tour !

Extraits des propos rapportés de Luc Chatel.

  • Un pays qui croit en l'avenir est un pays qui investit dans l'éducation.
    Formidable ! Nous avons affaire à un homme de foi, à quelqu'un qui croit dans l'éducation et dans l'Éducation Nationale l'avenir. Plus loin le jeune ministre insiste : il est "fier" d'avoir été nommé au "ministère de l'avenir". L'avenir de qui, de quoi ? On ne saura jamais : l'avenir c'est tout ! Quelle est donc cette foi sans objet, cette foi aveugle non parce qu'elle croit tout mais parce qu'elle ne voit pas ce en quoi elle croit... Comme disait Sartre de la conscience, tout avenir est avenir de. Avenir tout seul, ça ne veut rien dire.
    C'est la deuxième partie de la phrase qui va nous éclairer : la foi dans l'avenir y est enserrée dans un discours sur l'investissement, dans un discours économique [investir = placer de l'argent, des capitaux dans un secteur de l'économie ou dans une entreprise, pour en tirer des revenus, selon l'excellent TLFI] où l'éducation est une instance dont on peut tirer profit...
    Nous sommes donc dans la zone de la marchandisation de l'école... Nous sommes dans l'idéologie libérale la plus orthodoxe, c'est-à-dire celle qui est socialement la plus dure.

  • Notre pays a besoin de tous ses enfants pour gagner le pari de l'intelligence.
    Belle phrase en vérité, mais qui en reste au niveau de l'annonce et de la pétition de principe. Et tout le monde sait que les principes annoncés en politique sont rarement dans ce monde libéral les véritables moteurs de l'action publique...
    De quelle intelligence parle-t-on ici ?
    Et puis, ces relents de patriotisme : allons z'enfants de la patri-i-e etc. Ça sonne bizarre au moment où le premier ministre nous chante l'unité nationale face à l'ennemi, la crise - qui, soit dit en passant, permet à pas mal de copains de la droite au pouvoir de s'en mettre plein les fouilles...

  • Interrogé sur les 16.000 suppressions de postes à la rentrée 2010 annoncées dans la presse hier mercredi par Xavier Darcos, il répond : Ce qui est important c'est que le taux d'encadrement reste identique. Intéressant comme tour de passe-passe ! Pour moi, à l'Éducation nationale, il y a trois grands types de fonctions : le face-à-face pédagogique, l'encadrement direct et l'environnement direct du face-à-face pédagogique, et l'encadrement ministériel (super-structure qui ne travaille pas dans les établissements scolaires, mais dans les services du Ministère). Quand donc Luc Chatel dit "taux d'encadrement", il veut dire quoi  précisément ? Il se compte dedans ?
    En fait, taux d'encadrement, ça me fait penser aux ratios de calcul de financement des colonies de vacances et autres activités socio-éducatives... On est bien dans le monde de la calculette.

  • Plus loin, le ministre précise qu'il aborde cette nouvelle mission avec humilité, sens de l'écoute mais aussi détermination et sens des responsabilités. En clair, il veut bien réunir pour discuter, mais, de toute façon, il est déterminé (il sait déjà ce qu'il veut) et le sait parce qu'il a un grand sens des responsabilités - ce qui n'est clairement pas le cas de ceux qu'il invitera à discuter...

  • Ensuite, interrogé sur le cumul des fonctions - Luc Chatel est à la fois ministre de l'Éducation nationale et porte-parole du gouvernement - il fait valoir que le porte-parolat, c'est faire preuve de pédagogie », ce qui « se marie très bien avec l'Éducation nationale. Alors là, c'est le pompon ! Il se trahit, mettant sur le même pied, ce que l'homme politique appelle pédagogie et la pédagogie dont parle les pédagogues ! La pédagogie de l'homme politique, c'est quand il bute sur le refus de la population et déploie une panoplie rhétorique grandiose pour "convaincre" le populo d'accepter de se faire berner. Ce qui n'est pas tout à fait le propos d'un Philippe Meirieu ou d'un Célestin Freinet... Ça ferait plutôt ministère de l'Instruction publique comme on disait il y a très très longtemps.

  • Mais le pompon des pompons revient au Sieur Darcos qui lache un Luc Chatel va apporter dans cette maison un regard neuf, un regard sain. Pourquoi donc ? Avec lui c'était vieillot et malsain ?

Á suivre.


18 juin 2009

la dissert et la règle de trois...

φ Selon les termes de l'agence AEF, une quarantaine de professeurs de philosophie de l'académie de Lille, réunis en assemblée générale mercredi 17 juin 2009, ont décidé de ne pas corriger l'ensemble des copies du baccalauréat qui leur seront remises, alors que l'épreuve de philosophie a lieu ce matin, jeudi 18 juin. Ils demandent un délai supplémentaire d'une journée et demie pour restituer les notes, au nom de la qualité de la correction. « Il ne faut pas exagérer, on doit arriver à corriger une centaine de copies en huit jours », réagit ce matin Xavier Darcos sur i-Télé.

darcos_r_glede3« Ils ont 24 heures de moins qu'ils n'avaient l'an dernier », admet le ministre de l'Éducation nationale. « Ils ont généralement une centaine de copies à corriger chacun alors que les cours sont arrêtés par ailleurs. Ils sont payés 5 euros par copie. Il y a beaucoup de Français qui seraient contents de toucher 500 euros pour corriger cent copies en huit jours. »

On notera la finesse du propos ! Son sens politique ! Son côté langage de vérité surtout pas démago... ! La droite française contemporaine, celle que les Français ont installé au pouvoir, nous a habitué à cette détestable rhétorique.
Ceci dit, je pense que Monsieur Darcos n'a jamais corrigé de copies de philo ! Là, il sort la calculette pour répondre à une question qui relève de la déontologie et de la qualité professionnelle. Soit ! Mais qui se dévoue pour lui dire qu'une dissertation de philosophie, c'est plus complexe qu'une règle de trois, même composée ?

Regle_de_trois


11 juin 2009

HADOPI, le Conseil constitutionnel, l'opposition politique et le roi d'Maubeuge

Entendu ce matin (6h30) sur France Inter : le Conseil constitutionnel du côté de l'opposition etc.

Je crois bien que la rédaction de France Inter est dans l'erreur et dit les choses à l'envers (pour la rhétorique de l'envers, c'est du déjà connu et du largement utilisé par la bande sarkozienne, Brich59 pointait ça dès avril 2007). Ce n'est pas le Conseil constitutionnel qui est du côté de l'opposition, c'est l'opposition qui est du côté de la justice - celle que rend souverainement ledit Conseil qui n'est pas vraiment un repère de gauchistes. Depuis le temps que de nombreuses voix s'élèvent pour montrer comment la bande sarkozienne est du côté de l'injustice... !

Ceci dit, à l'UMP, certains, relativement nombreux, étaient d'accord avec l'opposition sur ce sujet précis (coupure de communication Internet). Sauf que, comme le fonctionnement du parti du roi d'Maubeuge est aux antipodes de la démocratie la plus élémentaire, ses voix n'ont jamais eu raison - ce que leur rend le Conseil constitutionnel ! Et j'en suis heureux, même si l'UMP n'est pas, loin s'en faut, ma tasse de thé. Reste que le fonctionnement du parti politique du chef suprême de l'exécutif doit nous alerter sur le fonctionnement politique du chef de ce parti, c'est-à-dire sur les risques politiques qu'il fait courir au pays.

C'est peut-être tout cela que la radio publique aurait dû expliquer, plutôt que de montrer une espèce de jeu de cour de récré, non ?


21 mai 2009

Les a priori de la rhétorique

Hier, 20 mai, c'était l'anniversaire de mon voisin. On a trinqué dans le jardin, sous un soleil prometteur. On a discuté, bien évidemment, des études de nos bambins et bambines, du collège du quartier, du lycée du quartier, de l'école communale aussi où les enseignants ont du mal à interpréter avec des actions les décisions venus d'en haut...

Ce matin, en prenant mon petit déjeuner, j'entends (merci France Inter) que le roi d'Maubeuge est allé discuté dans un lycée de Massy Palaiseau et y a dit que :

  1. la réforme du lycée se fera
  2. elle doit être issue du bas (il dit exactement qu'elle ne doit pas être "plaquée du haut"), être le résultat d'un bouillonnement de tous (que chacun ait "le sentiment de s'exprimer", très exactement)
  3. "on part à zéro, c'est-à-dire sans a priori"

C'est là (reprise du blog mis en place par Richard Descoings)

On notera avec intérêt la nuance de l'expression "sentiment de s'exprimer" ! Comme si l'important était que les gens aient le sentiment de s'exprimer et non qu'ils s'expriment... Au moment où sort le rapport Apparu qui propose une réforme du lycée bien ficelée, la nuance n'est pas gratuite.

Que dire, d'autre part, de cette histoire de "sans a priori" ? Ca me rappelle un de mes responsables qui un jour voulut discuter sans tabou ni a priori. Il s'avéra par la suite qu'il y avait bien des tabous, et que "sans a priori" signifait seulement qu'il ne fallait rien expliciter des sous-entendus nécessaires à toute prise de position. C'est bien cela que nous ressert le roi d'Maubeuge : "sans a priori" veut dire, je pense, qu'il est hors de question de prendre le temps de discuter des fondamentaux politiques (politique éducative s'entend, pas conflit entre partis politiques ou entre hommes de pouvoir...!) C'est en fait le coup du "pas d'politique" que les gens de droite assène régulièrement au milieu des débats où l'on veut juste comprendre ce qui se dit, ce qui se trame... C'est le coup des "apolitiques de droite"... etc. Pauvres de nous !
Moi qui avais toujours pensé que pour comprendre, il fallait justement expliciter au maximum tous les a priori, sans tabou aucun !


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8 mai 2009

Misère de la politique, politique de la misère

Un jeune adulte sur cinq est pauvre en France. C'est dans Le Monde du 6 mai. Un ménage sur deux vit avec moins de 2260 euros par mois. C'est dans Le Figaro du même jour. Le tout sur la base du document INSEE intitulé Inégalités de niveau de vie et mesures de la pauvreté en 2006 récemment publié mais utilisant donc des données 2006.

filetsOn comprend que tant de gens aient été pris dans les filets tendus, en 2006/2007, par l'UMP et son fringant et frétillant candidat à l'élection présiden­tielle ! Et qu'ils le regrettent aujourd'hui... Sauf qu'aujourd'hui le roi d'Maubeuge pourra toujours prétendre que c'est la faute à la crise : les mailles des nouveaux filets sont en train d'être fabriquées... Comme disait ce bon Charles de Secondat baron de la Brède et de Montesquieu (1689-1755), "dans une monarchie bien réglée, les sujets sont comme des poissons dans un grand filet, ils se croient libres et pourtant ils sont pris" (dans Mes pensées, posthume).


4 mai 2009

Manipulez, il en restera toujours quelque chose !

Janvier 2009, le retour !

Souvenez-vous ! Le dernier jour de janvier dernier, je passais une fort triste nouvelle : la gente commerciale de l'immobilier avait encore une fois frappé ! Une pollution supplémentaire était venue souiller ma boîte aux lettres : Guy Hoquet s'y était mis, lui aussi, après tant d'autres. Guy Hoquet, lui non plus, n'avait pas su lire ma petite pancarte sur ma porte... J'avais du coup observé que le site de Guy Hoquet était assez complet, avec glossaire, liste de sites utiles...et j'avais ironisé en faisant observer qu'il y manquait peut-être les coordonnées d'un organisme de lutte contre l'illettrisme, histoire d'apprendre à lire ce qui est inscrit sur les boîtes aux lettres qu'on souille...

Eh bien, Guy remet ça ! Il remet une louche ! Et une bonne avec ça ! Regardez donc :

Sans_titre_1

En gros, Guy rend service et au vendeur et à l'acheteur ! Formidable, non ? Il est vraiment sensas, ce Guytounet ! Je suggère à la gente lambersartoise de veiller à sa canonisation ! Parce que, tout ça, il le fait gratis ! Si ! Si !

Le carton qui a souillé l'intimité de ma boîte aux lettres ce 4 mai 2009 explique que le vendeur va y gagner (parce qu'il aura pu, grâce à Guy, "attirer davantage d'acquéreurs" - je cite le verso du carton qui détaille les choses) mais aussi que l'acquéreur "attiré" va bénéficier d'un truc automatique et gratuit ! Guy, lui, on ne dit rien de ce qu'il gagne là-dedans. Comme c'est sûrement un honnête homme et qu'il ne saurait mentir par omission, je pense qu'il fait ça gratos, effectivement !
Je comprends mieux comme ça la constance de la souillure dont je me plains comme un idiot ! En fait, ce n'est pas une souillure, c'est un bienfait : tous ces gens qui veulent à tout prix constamment nous aider à vendre notre bien immobilier ne le font que par pur altruisme, par pure générosité ! Au lieu de me plaindre, je ferais mieux de les féliciter, même si je n'ai rien à vendre...

Ce n'est pas comme le bon maire de Lambersart qui, lui, est vraiment un professionnel de la communication, de celle qui embobine le bourgeois ! Lisez donc le ventre de une de News. Le bien-vivre au quotidien, supplément au magazine municipal n°50, de mai 2009.

Lambersart

Le titre nous dit que "la ville [de Lambersart] combat le logement indigne". La photo, qui représente une scène lambersartoise (apparemment signature d'une convention entre la ville de Lambersart et la CAF de Lille), nous dit, elle, qu'il s'agit de pas moins de "352 logements rénovés".

Lambersart_loupe

La légende de la photo, à peu près alignée sur le titre va y être fatalement associée par le lecteur peu scrupuleux, peu attentif - ce qui est le lot de bien trop de monde, hélas ! Et ce, bien qu'en fait les deux éléments d'information ne puissent pas être associés aussi simplement. Ici, Monsieur le Maire de Lambersart joue sur ses casquettes : il est aussi président de l'Agence Nationale de l'Habitat et, à ce titre, a signé par ailleurs avec des partenaires publics une convention qui devrait permettre la rénovation de 352 logements dans la région Nord-Pas de Calais. En fait, le nombre de logements concernés par le titre de l'article et la photo s'élève à 55 sur la période 2006-2008. On est assez loin des 352 sur une année ! Bref, la photo et la légende ne collent pas ensemble et leur association pourrait laisser penser que ... ! Si c'est pas de la manipulation de lecteur, ça !

Ceci dit, rien d'étonnant : Monsieur le Maire avait déjà vanté à ses petites ouailles, en janvier dernier, l'importance et l'efficacité des "techniques" de communication. Il appelait ça les ficelles du métier, sans qu'on sache précisément s'il s'agissait d'un métier de la communication ou du métier de la politique ? Mais cette question est-elle seulement intéressante ? Et la réponse est-elle si nécessaire que cela ?

Lambersartoises et lambersartois, vous pouvez continuer de dormir sur vos deux oreilles, la politique mensongère communicante veille sur votre bien-vivre au quotidien !


Par omission ou par confusion,
le mensonge vit très bien
et semble avoir de
beaux jours
devant lui.


27 mars 2009

la majorité silencieuse puis ... les habitants de l'outre-tombe !

Pendant sa campagne électorale, notre bon roi d'Maubeuge se plaisait à nous asséner des références "hors champ", comme par provocation et dans sa stratégie de brouillage idéologique... Je ne savais comment prendre ça, sinon en haussant les épaules, par dépit.
La campagne électorale de Louis Aliot nous met aujourd'hui dans dans la bonne perspective herméneutique.

Un portrait de Jean Jaurès habite en effet les affiches de campagne de ce monsieur, candidat du parti d'extrême droite aux élections euro­péen­nes de juin, dans la bonne ville de Carmaux dans le Tarn, département où naquit le fondateur du journal L'Humanité, grand rassembleur de la famille socialiste française, défenseur des droits de l'homme (en tout cas de Deyfus contre l'administration militaire), grand pacifiste s'il en fut - ce dont il mourut d'ailleurs. Sur l'affiche, une citation de Jaurès : « A celui qui n’a plus rien, la Patrie est son seul bien ! ». Et d'en conclure que Jaurès aurait voté pour le candidat en question.
De ce détournement manifeste, tout le monde comprend la mécanique.

Mais j'en ajoute tout de même une dose, en énonçant l'hypothèse, très plausible, que l'assassin de Jaurés aurait été, lui, à coup sûr, un militant très actif du parti d'extrême droite d'aujourd'hui dont le sigle rime avec 'haine'. Cet assassin, Raoul Villain (ça ne s'invente pas !) était un grand patriote et finit sa vie à la solde de Franco l'espagnol. Bref, Louis Aliot ne fait JauresACarmauxqu'inverser les valeurs, inversant l'ordre des faits : l'assassin même de Jaurès, l'anti-Jaurès en acte, a lui-même expliqué que Jaurès était "un ennemi de [son] pays", de sa patrie, de la France. Jaurès est mort tué par un patriote parce que ce dernier le considérait comme un antipatriote. D'ailleurs, il ne faut pas considérer que le meurtrier agit de sa seule initiative. Les partis "réactionnaires" comme on disait à l'époque, appelait à l'assas­sinat de Jaurés (cf. l'article de Maurice de Waleffre, dans l'Écho de Paris du 17 juillet 1914, par exemple) : on parlait alors de le "coller au mur" (avec les affiches de mobilisation)...

Nous serons bientôt le 6 avril 2009, soit 90 ans jour pour jour après la grande manifestation à laquelle Anatole France appelait à l'issue de procès qui libéra l'assassin patriote d'extrême droite. La justice avait alors pensé que tuer Jaurès n'avait pas été un crime...


Le coup de la majorité silencieuse, dont la droite libérale et ultralibérale est si friande, consiste à publier son propre avis en en attribuant la responsabilité politique aux autres, à la masse des autres, au peuple. Ça consiste, par exemple, à prétendre que ce que l'on dit explicitement, tout le monde le pense tout bas. Ça consiste, autre modalité générique, à tout simplement affirmer qu'on parle au nom de ceux qui, très nombreux (majoritaires), ne disent rien. On s'affiche comme Le prophète, c'est-à-dire comme celui qui parle au nom de quelqu'un d'autre que lui, ici du peuple, à la fois de sa majorité mais aussi de ceux qui, dans le peuple, ne prennent pas la parole (par exemple parce qu'ils travaillent... et ont donc autre chose à faire que de papoter - dernier ajout offert par notre roi d'Maubeuge récemment). Sur la plan des valeurs qui sous-tendent le coup de la majorité silencieuse, on aurait ainsi une justification politique (on porte le discours de la majorité) et une justification pratique (ceux qui travaillent n'ont pas le temps de parler). Nous baignons dans la démocratie représentative et promotrice des valeurs Travail. Magique !

J'ai toujours pensé que le coup de la majorité silencieuse avait un goût de mort.
Ne serait-ce parce que celui qui exprime la pensée de la majorité silencieuse tue la majorité silencieuse, rien qu'en en faisant, par sa propre voix, une majorité qui parle. Goût de mort aussi parce que l'invocation  de la majorité silencieuse (pour inviter à penser qu'on a raison) est un acte de la tyrannie ordinaire (mort de la parole libre).
Eh bien, le pas était donc simple à franchir : quand la majorité silencieuse ne suffit plus, on invoque les morts... qui ne peuvent se défendre d'avoir penser ce qu'on leur prête. Les historiens ont décidément une mission citoyenne forte. À eux de prendre la parole maintenant pour dénoncer tous les abus idéologiques de la droite française, par un travail de rappel des faits et d'interprétation de ces faits.
Sachant que la même affiche va être déclinée sur l'ensemble du territoire électoral d'une part, et que le parti de la Haine n'est pas le seul à abuser ainsi la population, les historiens militants (militants de l'Histoire comme science) ont du pain sur la planche !

J'aimerais vivre le même optimisme qu'Ana Oomjola, à propos de cette affiche de la haine. Je ne me résous pas à abandonner le triste confort intellectuel de ma maussade prudence...


24 mars 2009

Rhétorique de l'embrouille

Ainsi donc, le roi d'Maubeuge a dit, aujourd'hui, entendre ceux qui ont manifesté jeudi dernier, mais a prétendu également avoir "la responsabilité d'écouter ceux qui ne manifestent pas" ! Et d'évoquer "ceux qui n'ont pas les moyens de faire grève"...

On admirera ici, outre le coup de la majorité silencieuse - plutôt éculé mais efficace auprès des esprits paresseux -, l'habileté à :

  • d'une part, diviser la classe de ceux qui ont à se plaindre [d'un côté ceux qui auraient les moyens de perdre une demie journée de salaire et d'un autre côté ceux qui n'en auraient pas les moyens] ;

  • d'autre part, mettre dans le même panier ceux qui n'auraient pas les moyens de faire grève [i.e. ceux qui sont tellement exploités par le système libéralissime qu'ils s'accrochent à chaque euro gagné en travaillant - ce sont ces pauvres-là qu'aime notre bon roi bling-bling, car "ceux qui souffrent le plus ne sont pas ceux qui contestent le plus"] et ceux qui ont effectivement intérêt à ce que ce système tourne à plein régime parce qu'ils en tirent du profit personnel.

Très fort. La rhétorique embrouilleuse tourne à plein régime elle aussi : les nantis ne sont pas ceux qui pilotent notre économie dévoreuse d'hommes et de femmes, mais ces hommes et femmes qui s'en plaignent haut et fort !

L'intérêt de l'embrouille, c'est qu'on peut alors dire n'importe quoi, mentir de sa plus belle verve, tout en affirmant, la main sur le cœur, qu'on ne ment pas. Par exemple, en affirmant sans rougir ni allonger son nez : "dès le début j’ai su que la crise était grave"...


12 février 2009

Quand on dissimule sa propre pensée, on pense pour les autres...

Très fort le Sinistre Besson ! Après le coup de la "majorité silencieuse" de Sieur Bertrand l'autre jour, c'est au tour de Messire Besson de s'approprier indûment ce qui ne lui appartient pas ! Commentant les commentaires sur sa "circulaire de la dénonciation", il dit :
Il n'y a que des élites tordues pour parler de délation. Il faut être tordu pour sortir ce langage de 2ème Guerre mondiale. Le peuple, lui, comprend bien qu'il y a des victimes et des bourreaux.

Je ne parle pas du fond (est-ce dénonciation ou délation, etc.) : la toile est emplie de réactions pertinentes. Je voudrais juste regarder la structure de ce commentaire des commentaires. Ça fonctionne en plusieurs deux étapes.

Étape 1
Il n'y a que des élites tordues pour parler de délation. Il faut être tordu pour ...
Ceux qui ne pensent pas comme lui, Messire Besson les qualifie d'"élites tordues". Messire Besson fait partie de l'élite droite, pas tordue... Ceci dit, on savait bien que le traite retors était passé à droite ! Mais de là à jouer sur les mots et prétendre que les gens de droite sont des gens droits, il n'y a que la rhétorique politicarde qui se l'autorise ! Ceci dit la gauche est bien maladroite depuis un certain temps... ;-)
D'autre part, personne ne sera insensible à la charge haineuse et méprisante de ces paroles. Quelle violence dans le débat politique ! Quelle mépris à l'endroit de ceux qui ne sont pas du même avis que lui ! Que de haine pour ses copains d'avant ! Cet homme-là doit être bien malheureux, doit se sentir bien méprisable pour cracher ainsi sur autrui ! Il est vrai que - mais cela n'excuse en rien Messire Besson - le mépris semble être aujourd'hui un mode de gouvernement obligé... du moins le constate-t-on.

Étape 2
Le peuple, lui, comprend bien qu...
Après s'est démarqué des "élites tordues", Messire Besson se penche avec condescendance vers le bas peuple. Lui, membre de l'élite droite, sait ce que pense le peuple. Lui, membre de l'élite de droite, fait mine de ne pas en être et d'être ainsi proche du peuple. Il est vrai que la caste réactionnaire s'affiche comme mouvement populaire...
Autant l'étape 1 me fait marrer, tant il clair que Messire se prend les pieds dans le tapis rouge que lui a déroulé la droite la plus réactionnaire, autant là mon rire se crispe ! À la seconde étape, je ne ris plus : entendre un homme politique parler ainsi me fait froid dans le dos : c'est une rhétorique de tyran, ni plus ni moins. Que n'a-t-on accompli d'odieux et d'inhumain au nom du peuple ! De quelle légitimité, de quelle autorité Messire se prévaut-il pour parler ainsi au nom du peuple ? Ce dernier existe-t-il seulement comme pensée, comme discours ? C'est qui le peuple ? Les non-élites ?
Quel charabia intellectuel que tout cela !

La pensée du peuple, sa compréhension, s'appelle Opinion. Et l'opinion est faite pour être accaparée par les marchands de soupe, les marchands de pub, etc. N'oublions jamais l'image du Coca dans le bout de cerveau disponible du téléspectateur de TF1 ! Avec Messire Besson, nous en sommes bien à ce niveau de pratique politique là.

Mais il y a danger : tous les tyrans, sans exception, ont compris et pensé à la place du peuple.
Et si un homme ou une femme lambda, du peuple, n'est pas d'accord avec cette assertion de Messire Besson, on fait quoi ? On fusille ? On exclut ? On bannit ?

Nous sommes décidément très bien gouvernés !
Et tu peux dormir tranquille, gentil citoyen :
on pense pour toi, on rêve pour toi !
Ne fais que dormir.
MAIS DORS !


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