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BRICH59
25 juin 2009

Message(s) : décryptage à fleur de discours

Eh ben ! Ça promet !

Quand je suis tombé hier après-midi sur la dépêche de l'AEF qui rendait compte de la passation de pouvoir au ministère de l'Éducation Nationale, mon sang n'a fait qu'un tour !

Extraits des propos rapportés de Luc Chatel.

  • Un pays qui croit en l'avenir est un pays qui investit dans l'éducation.
    Formidable ! Nous avons affaire à un homme de foi, à quelqu'un qui croit dans l'éducation et dans l'Éducation Nationale l'avenir. Plus loin le jeune ministre insiste : il est "fier" d'avoir été nommé au "ministère de l'avenir". L'avenir de qui, de quoi ? On ne saura jamais : l'avenir c'est tout ! Quelle est donc cette foi sans objet, cette foi aveugle non parce qu'elle croit tout mais parce qu'elle ne voit pas ce en quoi elle croit... Comme disait Sartre de la conscience, tout avenir est avenir de. Avenir tout seul, ça ne veut rien dire.
    C'est la deuxième partie de la phrase qui va nous éclairer : la foi dans l'avenir y est enserrée dans un discours sur l'investissement, dans un discours économique [investir = placer de l'argent, des capitaux dans un secteur de l'économie ou dans une entreprise, pour en tirer des revenus, selon l'excellent TLFI] où l'éducation est une instance dont on peut tirer profit...
    Nous sommes donc dans la zone de la marchandisation de l'école... Nous sommes dans l'idéologie libérale la plus orthodoxe, c'est-à-dire celle qui est socialement la plus dure.

  • Notre pays a besoin de tous ses enfants pour gagner le pari de l'intelligence.
    Belle phrase en vérité, mais qui en reste au niveau de l'annonce et de la pétition de principe. Et tout le monde sait que les principes annoncés en politique sont rarement dans ce monde libéral les véritables moteurs de l'action publique...
    De quelle intelligence parle-t-on ici ?
    Et puis, ces relents de patriotisme : allons z'enfants de la patri-i-e etc. Ça sonne bizarre au moment où le premier ministre nous chante l'unité nationale face à l'ennemi, la crise - qui, soit dit en passant, permet à pas mal de copains de la droite au pouvoir de s'en mettre plein les fouilles...

  • Interrogé sur les 16.000 suppressions de postes à la rentrée 2010 annoncées dans la presse hier mercredi par Xavier Darcos, il répond : Ce qui est important c'est que le taux d'encadrement reste identique. Intéressant comme tour de passe-passe ! Pour moi, à l'Éducation nationale, il y a trois grands types de fonctions : le face-à-face pédagogique, l'encadrement direct et l'environnement direct du face-à-face pédagogique, et l'encadrement ministériel (super-structure qui ne travaille pas dans les établissements scolaires, mais dans les services du Ministère). Quand donc Luc Chatel dit "taux d'encadrement", il veut dire quoi  précisément ? Il se compte dedans ?
    En fait, taux d'encadrement, ça me fait penser aux ratios de calcul de financement des colonies de vacances et autres activités socio-éducatives... On est bien dans le monde de la calculette.

  • Plus loin, le ministre précise qu'il aborde cette nouvelle mission avec humilité, sens de l'écoute mais aussi détermination et sens des responsabilités. En clair, il veut bien réunir pour discuter, mais, de toute façon, il est déterminé (il sait déjà ce qu'il veut) et le sait parce qu'il a un grand sens des responsabilités - ce qui n'est clairement pas le cas de ceux qu'il invitera à discuter...

  • Ensuite, interrogé sur le cumul des fonctions - Luc Chatel est à la fois ministre de l'Éducation nationale et porte-parole du gouvernement - il fait valoir que le porte-parolat, c'est faire preuve de pédagogie », ce qui « se marie très bien avec l'Éducation nationale. Alors là, c'est le pompon ! Il se trahit, mettant sur le même pied, ce que l'homme politique appelle pédagogie et la pédagogie dont parle les pédagogues ! La pédagogie de l'homme politique, c'est quand il bute sur le refus de la population et déploie une panoplie rhétorique grandiose pour "convaincre" le populo d'accepter de se faire berner. Ce qui n'est pas tout à fait le propos d'un Philippe Meirieu ou d'un Célestin Freinet... Ça ferait plutôt ministère de l'Instruction publique comme on disait il y a très très longtemps.

  • Mais le pompon des pompons revient au Sieur Darcos qui lache un Luc Chatel va apporter dans cette maison un regard neuf, un regard sain. Pourquoi donc ? Avec lui c'était vieillot et malsain ?

Á suivre.


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