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BRICH59
20 décembre 2005

La (vieille) chouette et le chat

L'autre jour, un groupe d'adolescents a assisté à une scène étrange et choquante.

twistUn jeune faisait la manche dans le courant d'air froid des rues glaciales de Lille, un chat sur les genoux... Une vieille dame passe. Elle s'approche du gamin pour lui tendre une pièce et lui dire haut et fort que cette pièce n'est pas pour lui mais pour le chat... L'enfant est resté impassible, acceptant la pièce sans mot dire, sans maudire cette vieille chouette à l'esprit tordu et au coeur humainement sec. Il a agi en professionnel, me rappelant des scènes d'un autre temps, d'un autre âge (relisez Oliver Twist !).

On dit que la sagesse vient avec l'âge. On dit même qu'elle serait le privilège de l'âge ! La consonnance entre 'âge' et 'sage' y invite, il est vrai, portant le (faux) message d'une belle connivence entre âge et sagesse... Mais les adolescents ne s'y sont pas trompés, qui ont gourmandé haut et fort  la vieille dame en termes choisis et avec toute l'impertinence qui convenait !
oliver_twistBravo les petits !

La vieille dame avait dû entendre ce bon Nicolas (non pas le Saint Nicolas ami des enfants sans distinction !) qui ne cessait hier sur France Inter d'opposer ceux qui travaillent aux autres, sans dire positivement de qui il s'agit d'ailleurs : handicapés dans l'incapacité de tra- vailler, travailleurs mis au chômage pour satisfaire les boursicoteurs, retraités au pouvoir d'achat peau de chagrin, enfants aux mains de gangs à la Oliver Twist, etc.
Il oppose "la France qui travaille" à ...
Gare à nous, le Maréchal-nous-voilà n'est pas loin !

Joyeux Noël ?


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16 décembre 2005

La pauvreté se répand... c'est sûrement à cause des pauvres !

Quatrième région de France par le volume des richesses créées, le Nord-Pas-de-Calais garde toutefois l’image d’un territoire touché par la pauvreté. L’explication est à la fois économique et démographique : l’accès à l’emploi moins généralisé, conjugué à la jeunesse de la population, conduit à un déséquilibre entre les ressources disponibles et le nombre de personnes à charge pour de nombreuses familles de la région. Pour répondre à ces difficultés, près de 10,9% de la population régionale bénéficie d’un minimum social, une proportion de 3 points plus élevée qu’en moyenne nationale.

profils_inseeC'est ainsi que l'INSEE résume une étude récente sur les conditions de vie en région Nord-Pas de Calais.

Soyons plus précis, avec un résumé un peu plus fourni :

DE LA RICHESSE DU TERRITOIRE AUX RESSOURCES DES HABITANTS

Un territoire qui génère beaucoup de richesses, mais peu par rapport à ses habitants

Avec un produit intérieur brut (PIB) de 81,5 milliards d’euros en 2003, le Nord-Pas-de-Calais est la quatrième région française en termes de richesse créée. Cependant, une fois rapporté à la population, ce montant s’élève à 20 253 euros par habitant, soit 11% de moins qu’en France de province.

L’analyse des revenus fiscaux des ménages confirme le niveau plus faible de ressources pour une partie de la population du Nord-Pas-de-Calais. En effet, s’il y a peu de différence au niveau des revenus des habitants les plus aisés de la région par rapport à la France de province, les habitants les moins aisés de la région, définis comme les 10% de la population aux ressources les plus faibles, déclarent en 2003 moins de 4 486 euros par an par unité de consommation, valeur inférieure de 22% à celle de province. Ainsi l’éventail des revenus en Nord-Pas-de-Calais est ouvert « vers le bas ».

Des salaires identiques aux autres régions mais un accès à l’emploi moins généralisé

Les salaires, qui composent les deux tiers des revenus fiscaux, sont au même niveau que dans les autres régions. Cependant, bénéficier d’un salaire implique d’avoir un emploi. Le taux de chômage dans le Nord-Pas-de-Calais, et plus particulièrement le chômage de longue durée, est depuis une quinzaine d’années toujours supérieur de trois à quatre points à celui du reste de la France. De plus, la part des adultes se portant sur le marché du travail, appelé taux d’activité, est parmi les plus faibles du pays. Ceci est dû à une plus faible participation des femmes au marché du travail et à une part élevée de jeunes adultes dans la région. De surcroît, le nombre de personnes dépendant de ces revenus est plus élevé dans la région.


voixnord La Voix du Nord de ce vendredi 16 décembre annonce les résultats de cette étude en ventre de Une en termes plus directs :

NORD-PAS DE CALAIS

La précarité augmente, les inégalités se creusent.  Même les salariés ne trouvent plus à se loger.

UNE PAUVRETÉ QUI S'INSTALLE

Cruel paradoxe...

Le paradoxe en question, c'est l'écart entre richesse et pauvreté, écart dont la dynamique est de se creuser encore et encore, comme par une force endogène... Premières explications en Une, dossier en page 2... Merci aux journalistes de faire ressortir les points saillants de l'étude et de nous montrer que le libéralisme qui préside aux destinées du Monde fonctionne à merveille, enrichissant les riches et apprauvrissant les pauvres... Comme au Monopoly, quoi ! Et il est bien connu que ceux qui perdent au Monopoly sont ceux qui ne savent pas jouer... Encore qu'au Monopoly, en début de partie, tous les joueurs se voient allouer les mêmes ressources...

L'étuide est (pdf).


10 décembre 2005

DÉFENDONS NOS DROITS ET LIBERTÉS !

 

APPEL :


DÉFENDONS


NOS DROITS ET LIBERTÉS !

 

L'URGENCE : décembre 2005

LES RISQUES : des restrictions abusives aux libertés publiques au profit exclusif de quelques monopoles économiques et financiers

LA MOBILISATION CITOYENNE : pour défendre la libre diffusion de l'information et de la connaissance, pour s'opposer au verrouillage généralisé de la culture et de la connaissance.


Novembre 2005 - Le gouvernement français a déclaré l'urgence sur le projet de loi DADVSI (Droits d'Auteur et Droits Voisins dans la Société de l'Information – n°1206), qui doit transposer la directive EUCD  (European Union Copyright Directive – 2001/29CE).

Ce projet de loi doit être examiné en décembre 2005 par le Parlement au cours de deux séances de nuit rapprochées. Si ce projet est adopté en l'état, des conséquences sociales, économiques, stratégiques et démocratiques seraient majeures et irréversibles. Ces conséquences frapperont tout utilisateur de données numériques dans sa sphère privée, personnes physiques et morales (associations, sociétés, administrations).

n'oubliez pas de signer !


10 décembre 2005

Les petits-bourgeois collabos

Dans la série "Et si on essayait de comprendre ce qui se passe !", je voudrais vous faire connaître un petit bouquin fort utile à ceux qui, comme moi, veulent comprendre au-delà des apparences... Il s'agit de l'ouvrage d'Alain Accardo, Le petit-bourgeois gentilhomme. La moyennisation de la société, publié par les Éditions Labor et les Éditions Espace de liberté, à Bruxelles en 2003.

accardoPrésentation en quatrième de couverture :

L'ordre social repose sur un rapport de causalité circulaire entre structures objectives de la société et structures subjectives des individus. Alain Accardo invite les progressistes à s'interroger sur la part qu'ils prennent à la reproduction de cet ordre qu'en principe ils combattent. Cet ordre étant établi à la fois à l'extérieur et à l'intérieur de chacun, il ne suffit pas de décréter qu'on le refuse pour rompre avec lui: on ne peut en effet changer le monde sans se changer soi-même, d'autant qu'aujourd'hui les valeurs de repli de la classe moyenne tendent à devenir dominantes.

Il y a un passage de cet ouvrage, qui propose un condensé de la démarche de l'auteur. Je me permets de citer. C'est aux pages 56-59. Cet extrait montre assez bien la mécanique qui rend nombre d'entre les petits bourgeois complices malgré eux (?) du libéralisme destructeur d'humanité. Des comme ça, j'en côtoie pas mal, au boulot notamment. Et je peux vous dire que ce que décrit Accardo est criant de réalisme ! Et permet de comprendre pas mal de comportements de gens...


Si, aujourd’hui comme hier, des millions d’êtres humains de par le monde, spécialement dans les pays pauvres mais aussi dans nos sociétés apparemment libres et opulentes, sont exploités, opprimés, humiliés, condamnés à l’enfer sur la terre, à qui, à quoi doivent-ils ces souffrances et ces indignités ? Oui, bien sûr, fondamentalement, à la logique inhumaine de l’économie capitaliste. Mais les logiques objectives des structures économiques et sociales ne s’accomplissent pas toutes seules. Il leur faut nécessairement se matérialiser dans des appareils et s’incarner dans des agents en chair et en os dont le nombre ne se réduit pas aux minorités de grands possédants qui se partagent les richesses de la planète. Que serait la logique du grand capital sans l’intervention zélée, compétente et convaincue de ces myriades d’auxiliaires salariés qui, à des échelons divers, encadrent, dirigent, surveillent, contrôlent, entretiennent, expertisent, conseillent et optimisent le fonctionnement de la mécanique à broyer de l’humain, contribuant ainsi à la « banalisation du mal » dont parlait Hannah Arendt.
Certes, toutes ces femmes et tous ces hommes ne sont pas des tortionnaires sadiques ni des bourreaux de leurs semblables. Du moins n’en ont-ils ni l’intention ni le goût. Ils s’efforcent seulement de bien faire le travail don: ils vivent et qui est censé servir au bien de tous. Et pourtant, sans leur concours consciencieux, les rouages de la mécanique se gripperaient instantanément et les grands rapaces du capitalisme seraient réduits à l’impuissance, les ailes rognées. Mais la conscience professionnelle dont les auxiliaires du système font preuve est une conscience à courte vue. Leurs propres investissements dans le champ de leur activité spécifique (la gestion, la communication, la sécurité, la santé, le travail social, la recherche, l’éducation, l’information. etc.) font écran aux solidarités et aux responsabilités qui implique leur appartenance à un champ plus vaste, à des collectivités plus étendues, liées par des intérêts plus fondamentaux. Obnubilés par les objectifs oui leur sont assignés dans et par l’entreprise (publique ou privée), ils travaillent l’œil rivé sur leurs écrans, leurs chiffres, leurs courbes, leurs états des stocks et des personnels, leurs bilans d’activité, leurs règlements internes, leurs tableaux d’avancement et leurs perspectives de carrière, sans s’inquiéter de quelles compromissions morales, ni de quels dégâts matériels, ni de quelles souffrances humaines seront payées à terme leurs performances organisationnelles, technologiques et commerciales.
Pourtant, à la différence de ce qui se passait avant le développement de l’information ubiquitaire, on ne peut plus se retrancher aujourd’hui dans l’asile de l’ignorance, en disant « Hélas, je ne savais pas », comme gémissaient naguère encore des millions d’hommes et de femmes qui avaient prêté la main aux forfaits les plus abominables perpétrés par les régimes fascistes et autres totalitarismes. Aujourd’hui, on sait. Pas tout, mais l’essentiel en tout cas suffisamment pour ne plus pouvoir se permettre de jouer les innocents qui tombent des nues quand on les prend la main dans le sac.  On   sait   ce   qu’est « l’horreur économique », on sait quelles catastrophes elle provoque, jour après jour, sur la planète; on sait à quoi servent la Bourse, les marchés financiers, la Banque mondiale, le FMI, l’OMC, le G7 et autres institutions du système capitaliste qui orchestrent la mondialisation, gouvernent les gouvernements et imposent, pour le plus grand profit des grands investisseurs, des politiques criminelles qui font du monde terraqué une poubelle physique et un cloaque moral où des millions d’êtres humains sont condamnés à croupir de la naissance à la mort. On sait que RIEN, rigoureusement rien, rien de naturel, rien de rationnel, rien d’universel, ne justifie les inégalités monstrueuses de l’ordre établi mondialement. On sait enfin que le système ne fonctionne pas tout seul et que s’il tue beaucoup de monde, il fait vivre aussi pas mal de gens à qui il donne de la besogne et, au-delà, une raison d’être.
Les classes moyennes savent tout cela, mais c’est un savoir sans conséquences, un savoir qui reste inerte dans la pratique, parce que s’il était agissant, il ferait voler en éclats le confort intellectuel et moral qu’elles s’efforcent de préserver jalousement, comme le savent d’expérience tous ceux, trop peu nombreux, qui ont vraiment regardé la réa¬lité en face et s’en sont trouvés définitivement bouleversés.
À vrai dire, les petits-bourgeois de chez nous ont bien du mal à conserver leur sérénité devant le spectacle du monde tel qu’il va. Outre qu’ils ne sont ni aveugles ni sourds à tout ce qui se passe, ils sont souvent atteints eux-mêmes par les méfaits du système et rendus par là plus attentifs à l’existence de ses innombrables victimes. C’en est assez pour leur donner un commencement de mauvaise conscience, qui peut chez certains dégénérer en malaise profond et entraîner des remises en question radicales et des perturbations profondes de leur existence, pour le plus grand profit des marchands de thérapie et d’orviétan qui prospèrent aujourd’hui sur le marché du mal-être petit-bourgeois. Mais dans leur grande majorité ils parviennent à se protéger des effets les plus destructeurs grâce à tout un travail d’euphémisation idéologique et de rationalisation de la réalité qui a pour résultat d’anesthésier véritablement leur entendement et leur sensibilité, et de les empêcher de mesurer à quel point la malfaisance du système est encore au-delà de tout ce qu’on peut en dire.
La transfiguration de la réalité quotidienne est un travail qui requiert évidemment la participation de chaque individu concerné, mais ce travail serait impossible - ou guère efficace - s’il n’était puissamment orchestré par l’ensemble des institutions qui le soutiennent de leurs appareils matériels et idéologiques. Nous avons déjà souligné un peu plus haut le rôle joué dans la construction du consensus par certaines de ces institutions productrices de sens telles que les médias, l’école, les partis. En fait, il faudrait en l’occurrence évoquer non pas seulement les institutions mais plus largement tout ce qui fait la culture propre des classes moyennes dont ces institutions sont à la fois des effets et des causes, des piliers et des expressions, des ateliers de fabrication et des vitrines d’exposition
.


9 décembre 2005

Concepts policiers

J'ai rangé mon bureau cet après-midi. Je l'ai nettoyé. Pas au karcher ! Avant de jeter je regarde, je relis.

Et parmi les feuilles entassée, sept pages qui avaient imprimé un texte (daté du 28 octobre 2004) de Sylvie Toissot analysant un rapport des RG de juillet 2004..., sept pages disponibles sur le site Les mots sont importants - site dont je vous conseille la fréquentation régulière...
vers_basJe ne pouvais pas ranger ce document sans vous le présenter rapidement.


Le « repli communautaire » : un concept policier, par Sylvie Tissot

Analyse d’un rapport des RG sur les « quartiers sensibles »

Un « plan Marshall pour les banlieues », une « loi anti-ghetto », « pour en finir avec les grands ensembles » : les idées audacieuses et les grands projets n’ont jamais manqué, depuis le début des années 1990, pour remédier au problème des quartiers dits sensibles. L’absence de moyens pour mettre en œuvre un tel programme est régulièrement dénoncée. Mais le problème ne réside pas seulement dans cette hypocrisie qui consiste à afficher des bonnes intentions, non suivies d’actes. C’est surtout le fait que ces discours, en apparence animés par des préoccupations "sociales", conduisent en réalité à rendre les classes populaires responsables de leur sort, en occultant la genèse de la ségrégation sociale...

suite


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8 décembre 2005

Ordre & Éducation : du besoin de qualifier nos ministres...

Décidément rien ne va plus !

En septembre dernier, Monsieur Pascal Clément, Garde des Sceaux, et Monsieur Nicolas Sarkozy, Ministre d'État prétendant à la fonction suprême, passaient gravement les bornes de la civilité. Je m'en étais plaint ici.

robienetsarkozyCes jours-ci, Monsieur Nicolas Sarkozy, Ministre d'État prétendant à la fonction suprême, encore lui, et Monsieur Gilles de Robien, Ministre de l'Éducation Nationale prétendant aux faveurs élyséennes, brillent par la connaissance des dossiers qui sont les leurs.

sarkozyLe premier a même été dénoncé par ses propres services, et pas n'importe lesquels, puisqu'il s'agit des RG, des Renseignement Généraux eux-mêmes. Toute la presse en rend compte : le chef des polices devrait prendre garde de ne pas aller trop loin quand il lève ainsi l'index dénonciateur et accusateur, il pourrait bien se le mettre dans l'oeil !
En effet, un rapport des Renseignements généraux (daté du 23 novembre), révélé par Le Parisien hier, analyse les violences urbaines de fin-octobre/mi-novembre. Selon les termes du rapport, ces émeutes ne reposaient sur aucune "organisation". Ce serait "une forme d’insurrection non organisée avec l’émergence dans le temps et l’espace d’une révolte populaire des cités, sans leader et sans proposition de programme". Une analyse qui contredit dans les termes celle du ministre de l’Intérieur, qui pense et dit tout haut que ces violences étaient "parfaitement organisées", notamment par les "bandes" des cités. Les RG balaient également toute responsabilité des islamistes, qui n’ont joué "aucun rôle", et le caractère ethnique des émeutes. "Les jeunes étaient habités d’un fort sentiment identitaire ne reposant pas uniquement sur leur origine ethnique ou géographique, mais sur leur condition sociale d’exclus", dit très posément le rapport.
sarkozy_opa_fn Pour les Renseignements généraux, "il est à craindre désormais que tout nouvel incident fortuit provoque une nouvelle flambée de violences généralisées". On dirait qu'il demande à leur patron de se taire !
Ceci dit, ça fait une dizaine de jours (voire davantage) que le ministre connaît les termes de ce rapport, ce qui ne l'empêche pas de persister dans sa dénonciation aussi hasardeuse que calomnieuse. Reste qu'un tel homme qui se promet un si bel avenir ne fait rien au hasard : que cherche-t-il en provoquant ainsi la haine sociale que le libéralisme sauvage entretient dans notre pays ? Ne subodorez-vous pas ici quelque manœuvre politicienne destinée à récupérer des voix, les voix des poujadistes et autres commerçants et joueurs de Real-Monopoly... sarkozy3En tout cas, l'épisode aura permis à notre bon ministre de faire parler de lui, comme le montre le graphe joint à gauche ! Le vrai problème pour le pays, dans ces condi- tions, c'est que les ambitions personnelles de Monsieur Sarkozy vont finir par lui (le pays, pas Nicolas Sarkozy !) coûter très très cher. Et quand je dis le pays, je veux dire vous, amis citoyens. Contribuables, réveillez-vous !
Bref, le ministre a lu le rapport qui lui demande de changer son point de vue sur la société française, mais il ne change rien à rien. Peut-être va-t-il nous dire, comme avait déjà fait son collègue Copé à propos des chercheurs en sciences économiques et sociales, que les enquêteurs des RG ont des a priori idéologiques... ?

robienDe son côté, le ministre de l'Éducation Nationale veut déclarer la guerre à la méthode globale d'apprentissage de la lecture, en revenant "aux méthodes syllabiques et (en signifiant) aux inspecteurs qu'ils doivent cesser de sanctionner les enseignants pratiquant la méthode syllabique". Le problème, c'est que les inspecteurs ne sanctionnent plus depuis longtemps les enseignants qui pratiqueraient la méthode dite globale, pour la simple raison que cette méthode a été abandonnée depuis pas mal de temps ! Je vous laisse lire le message de Tou-o.

On avait Nicolas le justicier fauteur de troubles, voilà maintenat Gilles le Don Quichote de l'éducation !
Sérieusement, à l'heure où l'on exige de la part du travailleur le moins rémunéré une qualification à toute épreuve et une conscience professionnelle exemplaire (sinon c'est la porte !), est-il moralement et politiquement convenable que des ministres aux portefeuilles si importants étalent ainsi leur incompétence ?


6 décembre 2005

L'ActIonaute de décembre

l'ActIonaute ©Amnesty International               Décembre2005

 mensuel d'information et d'action du site Internet d'Amnesty-France

est paru. Si vous n'y êtes pas abonné, vous pouvez le lire à

http://v2.lkmgr.com/1127909210121964/1133856684766687


5 décembre 2005

Libéralisme & Simplicisme

Je ne lis pas le Figaro, parce que je sais ce que je vais y lire.
Et que ça ne m'intéresse pas de lire et relire les mêmes morales libérales...
Reste que j'aurais dû lire l'édition du 27 octobre dernier : la pensée-tronçonneuse du libéralisme s'y est étalée dans son plus simple appareil, le simplicisme.
C'est l'excellente Lettre de l'Observatoire des inégalités qui a attiré mon attention. Je cite :

figaro_logo_mDevenez compétents !

"Les salariés savent qu’ils n’auront pas le même emploi tout au long de leur vie et que la sécurité passe désormais par le développement des compétences et pas par l’assistance". Telle est la doctrine que David Brunkett, ex-Ministre britannique du travail et des retraites, a défendue, dans les pages du Figaro (27 octobre 2005), en préalable au Sommet de Hampton Court où fut abordée la question du modèle social européen. Dans la vie, il y aurait donc deux catégories de gens : les compétents et les assistés.

No comment ?


2 décembre 2005

Égalité pour tous

lavoixnLa Voix du Nord d'aujourd'hui porte en haut de sa une le titre suivant :

Villepin défend l'égalité pour tous

Avec en sur-titre :

Des mesures pour répondre à la crise des banlieues.

Bien sûr ce message m'interpelle et plusieurs questions viennent spontanément à mon esprit fragile :

  1. contre qui défend-il "l'égalité pour tous" ?

  2. c'est quoi l'égalité aujourd'hui, s'il faut défendre "l'égalité pour tous" ?

  3. pourquoi la défense de "l'égalité pour tous" est-elle une réponse à la crise des banlieues ?

Compliqué, non ?
Si vous avez les réponses, merci de les communiquer en comentaires de ce message.


29 novembre 2005

Pauvres de nous ! Pauvres gueux !

Dans la série "les pauvres n'ont que ce qu'ils méritent", on peut se passer un épisode à peine décalé : je veux parler du bouquin que Laurent Cordonnier a sorti en octobre 2000 aux éditions Raisons d'agir, Pas de pitié pour les gueux. Sur les théories économiques du chômage, dont voici le texte de la quatrième de couverture :

gueuxPourquoi y a-t-il du chômage ? Parce que les salariés en veulent toujours trop… parce qu’ils recherchent la sécurité, la rente et se complaisent dans l’assistanat… parce qu’ils sont roublards, paresseux, primesautiers et méchants, etc. Voilà ce que racontent, en termes certes plus choisis, et avec force démonstrations mathématiques, les théories « scientifiques » élaborées par les économistes du travail.
L’auteur se livre ici à un véritable travail de traduction en langage littéraire des théories savantes, au terme duquel il apparaît que leur signification, « une fois défroquées de leurs oripeaux savants, frôle souvent l’abject, à un point dont on n’a généralement pas idée ».
C’est justement pour en donner idée que ce livre est écrit.

Plutôt que de paraphraser maladroitement l'auteur, par ailleurs très clair à la fois dans ses intentions et dans son écriture, je vous donne le texte intégral de son introduction (p.7 à 12) :

Milton Friedman, le chef de file du monétarisme, a peut-être raison : la meilleure chose que l'on puisse faire avec les pauvres, c'est de les laisser tranquilles. Ils n'ont que ce qu'ils méritent, et qu'ils ont bien cherché.
C'est en tout cas ce que tente d'accréditer le grand mythe de l'économie du travail. Selon ce mythe, les pauvres et les chômeurs sont les seuls responsables de leur infortune. C'est leur propension à vouloir s'élever sans relâche au-dessus de leur condition qui les fait sans cesse retomber plus bas. Revendiquant toujours au-delà de leur médiocre productivité, recherchant la sécurité, la rente et l'assistance, opportunistes de nature, paresseux en diable, les salariés, qui ne savent accepter leur lot, décident par là même de leur sous-emploi. Le chômage, dans cette perspective, est simplement le sacrifice auquel ils consentent pour se payer, en toute connaissance de cause, l'illusion qu'un pauvre peut s'enrichir. Ce qui apparaît d'emblée à tout homme doué de logique comme une simple contradiction dans les termes (un pauvre qui s'enrichirait...), ne s'éprouve en réalité, pour le pauvre, qu'à travers la pratique répétée de ce sacrifice qu'est le chômage, pratique à laquelle il ne cesse de s'adonner rationnellement. On verra comment c'est possible : les mythes ont toujours une cohérence structurale.
L'objet de ce livre est de donner à voir et à comprendre comment l'économie, la "science économique", et en particulier l'économie du travail, traite du chômage. Ce faisant, et pour reprendre une formule fort en usage autrefois, l'auteur espère que le spectacle de ce que les intellectuels osent raconter sur les salariés et les chômeurs "contribuera à l'édification des masses".
En restant sur ce plan, il s'agira simplement de décrypter les théories économiques qui alimentent la rhétorique des experts, des commentateurs, et (bien souvent) des hommes politiques, concernant la "nécessaire flexibilité du marché du travail". On pourrait donc y voir un manuel d'économie du travail, dans la mesure où il procède à une traduction en termes littéraires de théories savantes dont la caution de scientificité la plus prisée est l'hermétisme du langage mathématique.
Cependant, en montrant à quelles sources puisent ces experts, commentateurs, gourous, politiques, etc., ces lignes aimeraient aussi contribuer modestement à susciter le trouble. L'économie du travail constitue en effet aujourd'hui une véritable fabrique, rationnelle et méthodique, d'outils de domination intellectuelle et de transformation du monde, drapés dans les apparences du discours scientifique. Non que le sérieux de sa méthode et la rigueur de ses raisonnements soient en cause - ce livre est plutôt, sur ce plan là, un hommage à la rigueur formelle de la théorie néoclassique. Mais l'on sait sans doute que tout peut être exact, sans que rien ne soit vrai. En montrant comment, en partant d'hypothèses en apparences plausibles, on peut parvenir à des conclusions aux relents souvent douteux, nous espérons en fournir une nouvelle preuve. Dans les constructions doctrinales de l'économiste, le raisonnement logique et le langage mathématique produisent une partie de l'effet torpide recherché. L'usage systématique de la métaphore et de l'euphémisme (à travers le recours à des termes comme utilité, bien-être, optimum, rationalité, décision, action, etc.) en produit une autre part. Le reste, l'essentiel à vrai dire, provient du non-démontré, de l'assertion péremptoire : le travail est une marchandise comme les autres, objet d'une transaction strictement commerciale entre des individus purement marchands se rencontrant sur un marché. Et si les choses ne sont pas ainsi, du moins voilà ce qu'elles devraient être ! Face à ce postulatum, l'impressionnante rigueur formelle de la théorie néoclassique et les connotations chatoyantes de son lexique servent principalement d'excipient ou d'adjuvant hallocinogène à l'administration de ce message : les salariés se rendent coupables de faire obstacle à l'institution d'un "véritable" marché du travail, et ils le payent au prix du chômage. Notre objectif en procédant à ce travail de traduction des théories savantes, est de dévoiler les procédés qui conduisent assez systématiquement le savant à conclure, au terme d'un raisonnement parfaitement logique : "Pas de pitié pour les gueux".
Si ce projet "pédagogique" réussit, on s'étonnera peut-être alors de ce qu'une vaillante armée de "penseurs", doués de la faculté de raisonner et dotés de la liberté d'expression, se livre pieds et poings liés à la rhétorique d'un pouvoir qui ne leur a rien demandé. Qu'un quelconque régime totalitaire en soit venu à exiger, de ces mêmes âmes raffinées, d'ânnoner en coeur, par exemple, que "le chômage est le produit de la paresse des travailleurs", et nul doute qu'il se serait trouvé quelques courageux pour résister. Qu'une démocratie laisse libre cours à la production intellectuelle (ce que l'on ne saurait trop défendre), et les mêmes slogans sont vociférés dans la joie et la bonne humeur. Comme on le verra, la signification profonde de ces théories, une fois défroquées de leurs oripeaux savants, frôle souvent l'abject, à un point dont on n'a généralement pas idée. C'est justement pour en donner une idée que ce livre est écrit.
Cet ouvrage s'adresse donc - chose que l'on jugera peut-être incongrue de la part d'un économiste - ... à ses lecteurs. Il peut répondre à la curiosité de ce lecteur du Monde, par exemple, qui s'étonne de certains propos tenus par Alain Minc dans un "point de vue" du même journal, quelques jours auparavant. M. Minc écrivait : "Chacun sait qu' il existe des chômeurs par choix rationnel, c'est-à-dire des individus qui, compte tenu des systèmes d'aide et des effets de seuil au moment du retour sur le marché du travail, préfèrent s'inscrire à l'ANPE, quitte à exercer une activité partielle au noir". Indignation de notre lecteur : "Comment peut-on utiliser de tels mots envers des gens qui sont pour la plupart dans la désespérance, mais qui contrairement à ce que pense M. Minc désirent trouver du boulot ?". Répondre encore à cet autre lecteur du Monde, qui s'étrangle quelques semaines plus tard à la lecture d'un compte rendu de colloque organisé par des "proches" du président de la République, où l'on prête ces propos à M. Christian Saint-Etienne : "L'assistance engendre la paresse. [...] les RMIstes sont des maximisateurs de profits". "Comment peut-on qualifier ainsi des gens qui ne touchent que 2 500 francs par mois ?", s'insurge le lecteur. Comment ? C'est ce qui ne devrait plus poser problème à qui aura bien appris son économie du travail.
Pour s'en convaincre, nous commencerons par présenter la théorie de la décision qui fait d'un salarié un offreur de travail, et du capitaliste un demandeur de travail (chapitre 1). Puis nous examinerons le "fonctionnement" de ce marché, où se confrontent l'offre et la demande de travail, confrontation d'où résultent le niveau de l'emploi et le montant du salaire (chapitre 2). Il deviendra "évident" que le chômage ne peut provenir que d'une perturbation du fonctionnement harmonieux du marché du travail... ce que les salariés, munis d'une rationalité économique sans faille, n'hésitent jamais à provoquer, si tel est leur intérêt. Le SMIC et les syndicats, en tant que dispositifs mis en oeuvre rationnellement par les salariés pour maximiser leur bien-être, sont bien responsables du chômage volontaire des intéressés (chapitre 3). Il en va de même des dispositifs d'aide ou d'assurance grâce auxquels ils s'octroient des allocations de toutes sortes, et que nous aurions sottement tendance à envisager comme des protections contre le risque du chômage. En réalité, encourageant l'indolence et l'oisiveté, ces dispositifs sont la cause même du chômage (chapitre 4). A moins que cette cause ne réside dans les vices de la classe laborieuse elle-même. Poltrons, roublards, primesautiers, paresseux et méchants, les salariés n'ont que ce qu'ils méritent (chapitre 5). Ces théories n'étant pas exclusives les unes des autres, on indiquera en conclusion comment elles s'épaulent pour justifier finalement une "intégration" macro-économique, qui fait du chômage une caractéristique "naturelle" du marché du travail... cependant pas si "naturelle" que cela. Car l'on comprendra alors qu'il revient aux banques centrales d'entretenir le stock de chômeurs qui est juste suffisant pour protéger les intérêts des capitalistes. La lutte des classes ayant en quelque sorte, et pour un temps sûrement, rejoint ses quartiers d'hiver sous les lambris dorés des hôtels de la monnaie.

laurent_cordonnierCe qui me plaît dans cet ouvrage, c'est l'entreprise de décryptage, travail d'explicitation du sous-texte. Travail qui montre assez bien le fonctionnement de l'idéologie naturalisante, de l'idéologie aux relents théologiques, pour qui veut bien sentir comme il faut... Ou plus précisément ici de l'idéologie téléologisante : la finalité étant établie comme peut l'être un axiome, le discours soit-disant scientifique va s'employer à la justifier coûte que coûte dans l'ordre du discours à usage politique. La "science" économique comme superstructure, etc.

Bref, un livre à conseiller à nos dirigeants, à Monsieur le Maire UMP de Levallois-Peret et à tous ses confrères élus. Et puis aussi à tous ces gens qui pourraient bien un jour devenir de ces gueux dont parlent les économistes mais colportent ces mots-là pour les autres qu'eux, perpétuent ce regard du mépris libéral vers le monde qui les entourent, ce regard qui les aveuglent.


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