Ordre & Éducation : du besoin de qualifier nos ministres...
Décidément rien ne va plus !
En septembre dernier, Monsieur Pascal Clément, Garde des Sceaux, et Monsieur Nicolas Sarkozy, Ministre d'État prétendant à la fonction suprême, passaient gravement les bornes de la civilité. Je m'en étais plaint ici.
Ces jours-ci, Monsieur Nicolas Sarkozy, Ministre d'État prétendant à la fonction suprême, encore lui, et Monsieur Gilles de Robien, Ministre de l'Éducation Nationale prétendant aux faveurs élyséennes, brillent par la connaissance des dossiers qui sont les leurs.
Le
premier a même été dénoncé par ses propres services, et pas n'importe
lesquels, puisqu'il s'agit des RG, des Renseignement Généraux
eux-mêmes. Toute la presse en rend compte : le chef des polices devrait
prendre garde de ne pas aller trop loin quand il lève ainsi l'index
dénonciateur et accusateur, il pourrait bien se le mettre dans l'oeil !
En effet, un rapport des Renseignements généraux (daté du 23 novembre), révélé par Le Parisien
hier, analyse les violences urbaines de fin-octobre/mi-novembre. Selon
les termes du rapport, ces émeutes ne reposaient sur aucune
"organisation". Ce serait "une forme d’insurrection non organisée avec
l’émergence dans le temps et l’espace d’une révolte populaire des
cités, sans leader et sans proposition de programme". Une analyse qui
contredit dans les termes celle du ministre de l’Intérieur, qui pense
et dit tout haut que ces violences étaient "parfaitement organisées",
notamment par les "bandes" des cités. Les RG balaient également toute
responsabilité des islamistes, qui n’ont joué "aucun rôle", et le
caractère ethnique des émeutes. "Les jeunes étaient habités d’un fort
sentiment identitaire ne reposant pas uniquement sur leur origine
ethnique ou géographique, mais sur leur condition sociale d’exclus",
dit très posément le rapport.
Pour les Renseignements généraux, "il est à craindre désormais que tout
nouvel incident fortuit provoque une nouvelle flambée de violences
généralisées". On dirait qu'il demande à leur patron de se taire ! Ceci
dit, ça fait une dizaine de jours
(voire davantage) que le ministre connaît les termes de ce rapport, ce
qui ne l'empêche pas de persister dans sa dénonciation aussi hasardeuse
que calomnieuse.
Reste qu'un tel homme qui se promet un si bel avenir ne fait rien au
hasard : que cherche-t-il en provoquant ainsi la haine sociale que le
libéralisme sauvage entretient dans notre pays ? Ne
subodorez-vous pas
ici quelque manœuvre politicienne destinée à récupérer des voix, les
voix des poujadistes et autres commerçants et joueurs de
Real-Monopoly... En tout cas, l'épisode aura permis à notre bon
ministre de faire parler de lui, comme le montre le graphe joint à
gauche ! Le vrai problème pour le pays, dans ces condi- tions,
c'est que les ambitions personnelles de Monsieur Sarkozy vont finir par
lui (le pays, pas Nicolas Sarkozy !) coûter très très cher. Et quand je dis le pays, je veux dire vous,
amis citoyens. Contribuables, réveillez-vous !
Bref,
le ministre a lu le rapport qui lui demande de changer son point de vue
sur la société française, mais il ne change rien à rien. Peut-être
va-t-il nous dire, comme avait déjà fait son collègue Copé à
propos des chercheurs en sciences économiques et sociales, que les
enquêteurs des RG ont des a priori idéologiques... ?
De
son côté, le ministre de l'Éducation Nationale veut déclarer la guerre
à la méthode globale d'apprentissage de la lecture, en revenant "aux
méthodes syllabiques et (en signifiant) aux inspecteurs qu'ils doivent
cesser de sanctionner les enseignants pratiquant la méthode
syllabique". Le problème, c'est que les inspecteurs ne sanctionnent
plus depuis longtemps les enseignants qui pratiqueraient la méthode
dite globale, pour la simple raison que cette méthode a été abandonnée
depuis pas mal de temps ! Je vous laisse lire le message de Tou-o.
On avait Nicolas le
justicier fauteur de troubles, voilà maintenat Gilles le Don Quichote
de l'éducation !
Sérieusement, à l'heure où l'on exige de la
part du travailleur le moins rémunéré une qualification à toute épreuve et
une conscience professionnelle exemplaire (sinon c'est la porte !),
est-il moralement et politiquement convenable que des ministres aux
portefeuilles si importants étalent ainsi leur incompétence ?