Pauvres de nous ! (encore)
"Un homme de 48 ans, sans domicile fixe, a été retrouvé mort samedi dans un garage à Calais (Pas-de-Calais), probablement victime du froid [...]. Il s'agit du troisième SDF retrouvé mort en France depuis jeudi. Le corps d'un sans domicile fixe de 57 ans, mort de froid, avait été retrouvé vendredi matin par la police municipale sous un pont de Seyssins (Isère), dans la banlieue de Grenoble. Un homme de 38 ans, sans domicile fixe, avait également été retrouvé mort fri- gorifié à la Grande Resie près de Gray (Haute-Saône) jeudi matin, dans sa voiture."
[dépêche NOUVELOBS.COM | 27.11.05 | 10:16]
Trois jours et trois nuits.
Trois hommes morts frigorifiés.
Pour
conforter Monsieur le Maire UMP dont je parlais hier et avant-hier,
certaines officines de presse vont aller jusqu'à montrer comment ces
hommes victimes du froid n'étaient en fait que victimes d'eux-mêmes, de
leur refus d'être intégrés dans une société si bonne et si juste et si
attentive au progrès. Allez voir sur le site de RTL
: les commentaires audio notamment
sont édifiants ! Une des principales vertus du libéralisme ambiant
n'est-elle pas de faire endosser à l'individu maltraité la
responsabilité de cette maltraitance ? Ainsi les morts pour raison
économique, tout comme les licenciés pour raison économique, n'ont que
ce qu'ils méritent...
Ça
me rappelle étrangement une scène ancienne de ma pauvre vie. C'était
lors de mon
service militaire, pendant mes "classes", à Fontai- nebleau, en
août-septembre 1977. Nous avions tous été
rassemblés dans une salle où était installé un appareil de projection.
On nous fit voir un documentaire sur la bombe atomique - dont la morale
(car il y a toujours une morale à l'armée, n'est-ce pas ?) pouvait se
résumer en cette phrase :
si vous mourez lors de l'explosion d'une bombe atomique, c'est de votre faute :
vous n'avez pas su vous protéger !
Je m'en souviens comme si c'était hier.
Une morale pareille, ça vous fait un homme !