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BRICH59
22 février 2013

Un ANI qui nous veut du mal !

Partout en Europe, les plans d’austérité imposés par les institutions et dirigeants européens s’accompagnent d’une volonté de s’attaquer au droit du travail.

En France, l’accord passé entre le MEDEF et trois syndicats minoritaires (CFDT, CGC, CFTC) s’inscrit dans cette dynamique de reculs sociaux majeurs au nom de la compétitivité et de la rigueur à tout prix – c’est-à-dire de la loi des multinationales et de la finance.

Cet accord illégitime ne fait qu'aggraver la précarité du travail. Le collectif pour un audit citoyen de la dette invite chacun-e à s'engager pour qu'il n'acquière pas force de loi.

C’est pourquoi nous vous invitons à signer (et faire signer) à ce lien un appel lancé par plusieurs mouvements et organisations.

A faire circuler et diffuser largement auprès de vos collègues, amis, famille !

Le collectif unitaire à l'origine de cet appel organisera par ailleurs une réunion publique le 28 février 2013, à La Bellevilloise, à Paris, avant la journée d'action du 5 mars 2013 décidée par les syndicats CGT, FO, FSU et Solidaires.


Texte de l'appel : Un ANI qui nous veut du mal !

L’accord national interprofessionnel (ANI) du 11 janvier signé par le patronat et certaines organisations syndicales représente un recul social majeur. Les soi-disant « nouveaux droits pour les salariés » sont en réalité de portée limitée et comportent nombre de dérogations et de dispositions qui en permettent le contournement. Par contre, les mesures en faveur  du patronat portent des coups sévères au droit du travail. Cet accord s’inscrit dans le droit fil des préconisations, appliquées partout en Europe, de la Troïka (Commission européenne, Banque centrale européenne, Fonds monétaire international) : démantèlement du droit du travail,  chantage à l’emploi pour baisser les salaires et les droits sociaux au nom de la compétitivité. Il contribuera ainsi à la spirale dépressive dans laquelle les politiques d’austérité enfoncent l’Union européenne.

L’accord aggrave encore, après les lois Fillon de 2004 et 2008 qu’il faut abroger, la remise en cause de la hiérarchie des normes en permettant de nouveau qu’un accord d’entreprise soit moins favorable que la convention collective et que la loi : en cas de « graves problèmes conjoncturels » de l’entreprise (quelle entreprise ne connaît pas de problème conjoncturels et surtout qui en jugera ?), il ne laisse d’autre choix au salarié que d’accepter la baisse de son salaire et l'augmentation de son temps de travail sous peine de licenciement. L’accord réduit considérablement les droits et les possibilités de contestation et de recours à la justice des salariés et de leurs représentants. Il remet en cause des prérogatives importantes des instances représentatives du personnel et renforce le pouvoir des employeurs, notamment celui d’imposer la « mobilité » des salariés (changement de lieu ou de poste de travail).

Loin de permettre « la sécurisation de l’emploi et des parcours professionnels des salariés » cet accord va, au contraire, aggraver la précarité du travail en libérant le patronat de nombre d'obligations. En dépit des promesses qui avaient été faites par le gouvernement, l'accord ne réduit pas les inégalités professionnelles entre les femmes et les hommes, alors même que la précarité de l'emploi concerne en premier lieu les femmes, prépondérantes dans le temps partiel (80%) et plus souvent touchées par les CDD, le chômage et le sous-emploi.

Enfin cet accord est illégitime. Il a été signé par trois confédérations syndicales représentant une minorité de salariés, alors même que les règles de représentativité syndicale sont sur le point de changer. Les parlementaires de droite se disent prêts à voter ses dispositions telles quelles, mais ni le président de la République, ni la majorité de l’Assemblée nationale n’ont été élus pour faire reculer les droits des salariés. Transposer ces reculs sociaux dans la loi représenterait donc un grave déni démocratique.

Nous appelons les salariés-es, et plus largement, tous les citoyen-ne-s à lire ce texte, à l’analyser, à tenir partout des réunions pour en débattre ensemble et faire entendre leurs exigences auprès de leurs élus, tout particulièrement ceux de gauche, pour qu’ils ne votent pas ce texte. L'heure est bien plutôt à la sécurisation des emplois contre les licenciements, pour un travail de qualité, sans précarité, avec des droits sociaux de haut niveau pour les salariés, les chômeurs et les retraités. Nous ferons tout pour que cet accord n’acquière pas force de loi et nous appelons à soutenir toutes les initiatives en ce sens, en particulier les mobilisations syndicales.

Appel soutenu par : Attac, CADAC, CGT Commerce Paris, CGT Hôtels Prestiges et Economiques, CGT-Finances, CNDF, CNT-Solidarité ouvrière Ile-de-France, Convergence de défense et développement des services publics, Convergences & Alternative, Fédération pour une alternative sociale et écologique, Fondation Copernic, FSU, Gauche anticapitaliste, Gauche unitaire, Les Alternatifs, Les efFRONTé-e-s, Marches européennes contre le chômage, Mouvement des jeunes communistes de France, Mouvement national des chômeurs et précaires, Nouveau parti anticapitaliste, Osez le féminisme !, Parti communiste français, Parti communiste des ouvriers de France, Parti de gauche, Réseau féministe « Ruptures », Résistance sociale, République & Socialisme, Union syndicale Solidaires...


 

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15 avril 2014

Évaluer la richesse

Richesse et valeur : retour à la critique de l’économie politique à l’occasion de la crise systémique du capitalisme contemporain. C'était le 08 avril 2014 à la Maison européenne des sciences de l’homme et de la société à Lille.


Tout d'abord l'introduction à l'après-midi suivie de l'intervention de Jean-Marie Harribey sur le croisement entre richesse et valeur, puis débat avec la salle.

Puis table-ronde qui a réunit :

  • Bernard Friot , Professeur émérite à Paris Ouest Nanterre, IDHE (Institutions et dynamiques historiques de l’économie)
  • Bernard Perret , Ingénieur et socio-économiste, membre du Conseil Général de l'environnement et du développement durable
  • Richard Sobel , Maître de conférences en économie, Université Lille 1
  • Henri Sterdyniak , Directeur du département Économie de la mondialisation de l'Observatoire Français des Conjonctures Économiques, Paris

L'après-midi se termina avec l'intervention d'Alain Caillé (Professeur de sociologie à l’Université Paris-Ouest Nanterre La Défense, directeur-fondateur de La Revue du MAUSS)

 

SOURCES :

  • http://lille1tv.univ-lille1.fr/collections/video.aspx?id=10bbd43c-81cb-4c77-baa4-80836c74c578
  • http://lille1tv.univ-lille1.fr/collections/video.aspx?id=cae87361-2097-4d9a-beb8-3f84c465d873
  • http://lille1tv.univ-lille1.fr/collections/video.aspx?id=2dd36956-37c6-4c1f-9b45-bff23c3e9fae

30 novembre 2021

Migrations et accès au Droit : une commission d'enquête [2]

Le rapport parlementaire sur "les migrations, les déplacements de populations et les conditions de vie et d’accès au droit des migrants, réfugiés et apatrides en regard des engagements nationaux, européens et internationaux de la France" est paru le 10 novembre dernier. La commission d'enquête comprenait une trentaine de députés, dont le président Sébastien Nadot, député inscrit au groupe parlementaire Libertés et Territoires (LT) et la rapporteure Sonia Krimi, inscrite au groupe parlemntaire LREM. Il est accessible ici (pdf, 451p.).
Après avoir parcouru l'avant-propos du président Nadot, lisons la courte introduction du rapport (p.45-50), qui met en avant trois précieux constats :

  1. Les migrations constituent un phénomène constant et global mais limité au regard des déséquilibres du monde
    D'abord il faut noter que seulement 3,5% de la population mondiale peut être considérée comme en migration.
    Ensuite, il convient de comprendre que "la peur [...] portée par le débat public français, d’une population africaine en croissance exponentielle qui va nécessairement venir s’échouer sur les côtes européennes" est complètement "irrationnelle", étant donné que "dans les pays à très faibles revenus peu de personnes peuvent émigrer même lorsque leur croissance démographie est dynamique" et que "2 % de la population d’Afrique subsaharienne vit à l’étranger et principalement dans un pays voisin."
    Enfin, il faut savoir que "la majorité des migrations est un phénomène intracontinental". Pour le continent européen, près du quart des populations des pays des Balkans ex-communistes vit à l'étranger.
  2. La réalité de l’immigration en France est déformée par le débat public
    "L’immigration étant devenue un sujet de campagne électorale par excellence, ses enjeux ne sont à peu près jamais posés avec une volonté de les traiter de manière rationnelle. Depuis l’irruption de cette thématique dans le débat public au début des années 1980, elle est abordée comme un mal transitoire, soit comme un phénomène que des Gouvernements faibles ou complaisants laissent prospérer alors qu’il suffirait d’être ferme, soit au contraire comme un épiphénomène à l’impact mineur sur la société et dont il conviendrait de ne pas parler. Or, l’immigration est un phénomène cyclique qui obéit à ses propres dynamiques. [...] Ainsi, dans l’imaginaire collectif, – imaginaire bâti par des décennies de débat politique incessant – le migrant est un jeune homme provenant d’un pays d’Afrique ou du Moyen-Orient, pauvre et se dirigeant vers l’Europe parce que le modèle social l’y incite. Depuis quelques années maintenant, s’est ajouté un amalgame récurrent entre immigration et insécurité."
    "Or, les données vont à rebours des représentations collectives et c’est l’objet de ce rapport de l’affirmer. La majorité des migrants sont des migrantes. Leur niveau d’instruction moyen est supérieur à la moyenne du pays de départ mais également du pays d’arrivée. Le migrant est simplement un être humain ne méritant ni excès d’opprobres ni éloges disproportionnées."
  3. Les primo-arrivées relèvent principalement de l’accueil des étudiants étrangers alors que le débat public se focalise sur l’asile.
    Il convient donc de rétablir la réalité des chiffres des migrations. Très globalement, la France est bien moins accueillante que l'Allemagne ou le Royaume-Uni, les chiffres restant stables et la variable la plus importante étant l'origine des migrants. Par ailleurs, il y a quatre types de migration.
    a) LA MIGRATION ESTUDIANTINE. "La plus grande partie des migrants sont les étudiants." Mais, en considérant ces étudiants comme des migrants, on force la dose, dans la mesure où les deux-tiers d'entre eux quittent la France à la fin de leurs études (chiffres OCDE). À noter l'augmentation des frais d’inscription universitaires qui va retentir sur les étudiants de la francophonie et entre en conflit avec l'"objectif de rester dans la compétition internationale" que se donne notre pays...
    b) LA MIGRATION FAMILIALE "est extraordinairement stable depuis plusieurs décennies [...] et ce, malgré malgré les différents durcissements des conditions d’admission" - qui ne font que "« faire attendre »".
    c) LA MIGRATION DE TRAVAIL "est quant à elle extrêmement réduite en France depuis 1974 avant d’être timidement relancée en 2006 avec « l’immigration choisie »."
    d) LA MIGRATION HUMANITAIRE. "Avec 36 000 titres délivrés en 2019, les délivrances de titres pour des raisons humanitaires restent minoritaires parmi les motifs d’entrée sur le territoire et très faibles par rapport à d’autres pays, bien que ce soient celles qui cristallisent le plus le débat public."

"En définitive, il apparaît bien que l’immigration est un phénomène qui emprunte à de multiples causes, revêt les aspects les plus divers et nécessite donc de mobiliser l’ensemble de nos politiques publiques. Cela ne peut être une simple affaire de police." Dit autrement, "les migrations [doivent être appréhendées] dans leur globalité, c’est-à-dire comme un phénomène humain." Il faudra donc "adapter notre appareil politico-administratif pour traiter les questions migratoires dans leur globalité" (diplomatie, enseignement, logement, santé, travail...).

 

Suit une trentaine de "recommandations" concrètes
[accès direct sur Framindmap.org ou dans la fenêtre ci-dessous]

à suivre


 

3 novembre 2004

Du magasinier à l'herméneute : quelques figures du documentaliste en éducation [2]

L'impact des Nouvelles Technologies de l'Information
et de la Communication sur le travail documentaliste

[suite de ...]


Quel est donc l'impact des Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication sur le travail documentaliste ? Je n'aurai pas ici la prétention de pouvoir répondre à cette question, tant débattue par les professionnels de la documentation, notamment par le biais des publications ou des manifestations organisées par leurs associations (fadben, adbs, etc.).

La communication

D'autre part, Madame Bernhard[1] vient de nous expliquer les avantages de l'Internet en termes de communication entre paires notamment. Je n'y reviens pas ; sauf pour (re)dire que l'Internet modifie

  • non pas ce  qui de toute façon pouvait très bien se concevoir et se pratiquer sans lui[2],

  • mais la  façon de le pratiquer, essentiellement du point de vue de la dialectique espace/temps. 

Pourquoi dialectique ? Parce que les deux grandes catégories de structuration du réel (cf. Kant) semblent ici perturbées dans leur relation réciproque traditionnelle : le temps n'est plus un temps de parcours de distance ; le parcours de distance ne monopolise plus le temps ; l'effacement de la distance change la qualité d'usage du temps ; etc. La relation entre l'espace et le temps est de fait quasi annulée, parce que la vitesse (parcours d'espace compté en unités de temps) de la communication est extrême, parce que le rapport distance/vitesse tend vers zéro[3]. À la limite la distance à parcourir n'est même plus une donnée pertinente dans  la gestion du temps de la communication.

L'Internet, ça veut donc dire gain de temps mais aussi (dans le même mouvement) possibilité d'accès au lointain. En fait parler de lointain n'a même plus de sens. L'Internet, c'est une sorte d'abolition spatiale : la localisation devient sans importance du point de vue des conditions de possibilité temporelle de la communication. Du coup on a aujourd'hui accès à l'inaccessible et au « dysaccessible » - au difficilement accessible - d'hier.

Reste que tout ceci n'est pas une révolution (c'est-à-dire  un changement de paradigme[4]) mais une évolution technologique qui a démarré il y a plus d'un siècle et demi, peut-être très exactement quand C. G. Page a inauguré la transmission électrique des sons (1837, États-Unis), puis quand Alexander Graham Bell, professeur dans un institut de sourds-muets à Boston, a inventé le téléphone dans les années 1870[5]. Depuis, les tuyaux se sont transformés jusqu'à pouvoir transporter non plus seulement du phonique (pour l'oreille - registre du temps), mais aussi du graphique (pour l'œil - registre de l'espace)...

La recherche  bibliographique : naviguer dans un océan de références

Mais quel est l'impact des Nouvelles Technologies de  l'Information et de la Communication sur la pratique bibliographique[6] ? Par exemple, quelle différence de pratique y a-t-il en recherche bibliographique selon qu'elle est effectuée avec ou sans le secours des Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication ?
Avez-vous déjà navigué dans cet océan informationnel qu'est l'Internet ? C'est formidable d'aller en quelques clics de souris fouiller dans le fonds documentaire américain spécialisé en éducation (ERIC) puis en quelques autres clics de la même souris effectuer une recherche sur le catalogue collectif de l'Université des Sciences et Technologies de Lille, non sans avoir au passage récupérer quelques fichiers. Pas besoin de me déplacer ni jusqu'au États-Unis, ni juste à côté. Je gagne du temps ou bien je peux aller là où je n'allais pas faute d'être branché new tech...
Cela dit, avez-vous déjà effectué une recherche  bibliographique via Internet ? Eh bien, je me suis vite rendu compte que des problèmes de langage émergent très souvent, problèmes de langages documentaires, de langages professionnels, voire problèmes de langages dits naturels... !
En fait, hormis le gain de temps et la possibilité d'aller là où je n'allais pas, l'avantage principal de l'Internet me semble être la fonction Pages jaunes, qui, si vous savez l'utiliser, vous fera connaître les ressources informationnelles, les gisements bibliographiques accessibles. Il s'agit des outils de recherche d'information (catalogues, guides, listes thématiques et index) avec lesquels les documentalistes vont devoir se familiariser[7], jusqu'à atteindre une maîtrise du même ordre que celle qu'ils ont des Pages jaunes.
Je parle des fameuses Pages  jaunes à dessein : pour de très nombreuses personnes en France, les Pages jaunes se manipulent sur Minitel. C'est dire qu'il y a continuité du papier à l'électronique. Je ne dis pas que c'est la même chose, je dis continuité.
Mieux. Comme dit Christine Ollendorff, « Internet n'a rien apporté de fondamentalement nouveau. Il a considérablement rétréci la planète. Plus précisément : rétréci [...] la conscience que nous avons de la taille de la planète »[8].

Une vision  instrumentale de la documentation

Insister sur les prétendus bouleversements des pratiques professionnelles - voire les prétendues évolutions des métiers - dus à Internet, cela me paraît dangereux essentiellement quand une telle insistance occulte des questions comme celles des compétences de fond des documentalistes, celle de l'organisation du travail et des relations professionnelles au sein de l'établissement scolaire, celle des représentations qu'ont les enseignants de la fonction documentaire, etc.

Que les autoroutes de l'information monopolisent la réflexion professionnelle, c'est largement disproportionné. Que la pédagogie documentaire, par exemple, ne s'adosse à une didactique de la médiation documentaire où l'outillage new tech  serait surdimensionné, cela paraît une réduction en bonne et due forme de la  documentation.

Après la réduction patrimoniale (comme dirait Gérard Losfeld) qui garantissait, voire garantit encore aujourd'hui, au documentaliste l'obligation de ne porter que l'uniforme de gestionnaire-magasinier, après cette ancienne prime réduction, voici la réduction néo-technico-cognitive qui  veut habiller le documentaliste des vêtements tout neufs du technicien haut de gamme !

Une des façons de lutter contre cette répétition de réduction consisterait à réfléchir sur le sens de l'activité documentaliste. C'est à une réflexion de ce type que je vous convie, au sujet des activités qui utilisent la référence.



[1] Paulette Bernhard, de l'école de bibliothéconomie et des sciences  de l'information de l'Université de Montréal, présidente de la section « Bibliothèques scolaires&nbps;» de l'IFLA, a en effet présenté une communication notamment sur les listes de discussion accessibles sur l'Internet.
[2] Cf. OLLENDORFF  Christine, FROCHOT Didier, « L'évolution des méthodes de travail  documentaire avec Internet », Documentaliste-Sciences  de l'information, n° 6, 1995 - p. 313-318.
[3] Il « tend » vers zéro, mais n'est jamais absolument nulle : question de largeur de tuyau (débit), de capacité de traitement de votre ordinateur de bureau, et question d'heure aussi (les embouteillages existent au pays d'Internet !).
[4] Cf. KUHN  Thomas S., The structure of scientific  revolutions, Chicago (Illinois, U.S.A.) : The University of Chicago  Press, 19702 (trad. Laure Meyer : La structure des révolutions scientifiques, Paris :  Flammarion, 1983).
[5] Je vous invite à lire les « considérations impertinentes » par lesquelles André de Peretti a clos le deuxième colloque européen sur l'autoformation (Lille, novembre 1995), aux pages 233-243 de RICHARDOT  Bruno (ed.), Pratiques d'autoformation et  d'aide à l'autoformation / Deuxième colloque européen sur l'autoformation,  Lille, 6-7 novembre 1995 ; trigone  graf - Lille : cueep-ustl,  1996 - (les cahiers d'études du cueep;  32-33).
[6] Sur la bibliographie, voyez VARET  Gilbert et Marie-Madeleine, Maîtriser  l'information à travers sa terminologie, Besançon : Université de Franche-Comté, 1995 - (annales littéraires de l'Université de Besançon; 559),  p. 475 sqq.
[7] Cf. par exemple LARDY  Jean-Pierre, « Les outils de recherche d'information sur Internet », Documentaliste - Sciences de l'information,  1996, vol. 33, n° 1, p. 33-39.
[8] OLLENDORFF & FROCHOT, art.cit.

[à suivre]


3 novembre 2004

Du magasinier à l'herméneute : quelques figures du documentaliste en éducation

Que fais-je donc à un congrès de la fadben-cdi ?[1]

Je ne suis pas documentaliste en cdi, mais documentaliste responsable d'une unité documentaire en milieu universitaire qui assure deux fonctions distinctes : fonction service documentation d'une institution de formation continue (mes « clients » sont mes collègues, c'est-à-dire le personnel de l'institution) et fonction centre  de ressources documentaires pour chercheurs et étudiants (en sciences de l'éducation) dans une composante de l'Université de Lille1.

Cela fait une sacrée différence de ne pas s'adresser à des élèves de lycées et collèges, mais à des adultes, qu'ils soient enseignants, ingénieurs, techniciens, chercheurs, administratifs ou étudiants. Cela peut pas mal changer la donne pour plusieurs des problèmes qui agitent les cdi de France et de Navarre. Reste que je suis convaincu que ceci n'invalide pas a priori ce dont je souhaite vous entretenir - et qui relève bien des pratiques documentalistes - d'autant plus que je ne focalise pas mon propos sur la relation documentaliste-élève, mais bien sur un type d'activité qui engage l'ensemble du complexe relationnel où travaille le documentaliste.
Mon propos se déroulera en trois temps. Premier temps, nous nous poserons la question l'impact des Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication sur le travail documentaliste[2], nous plaçant sur le registre général de la communication, puis sur le registre particulier d'une des activités documentaires, la bibliographie. Nous questionnerons enfin cette tentative de façon plus globale... Dans un deuxième  temps, nous nous attacherons à la notion de référence, la suivant dans son développement de son niveau gestionnaire à son niveau herméneutique... Enfin, troisième temps, nous essayerons de saisir quel est l'impact de l'herméneutique sur le travail documentaliste, non sans avoir situé celle-ci dans un cadre plus général, celui de la sémiologie.

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[1] Cet article reprend la communication que  l'auteur a présentée lors du 4ème Congrès des documentalistes des  lycées et collèges organisé par la fadben,  à Rouen, du 16 au 18 mai 1996. Ce texte a fait l'objet d'une première  publication sous un titre différent : « Le documentaliste, le bibliographe et  l'Internet », dans la revue INTER CDI, n°145, début 1997.

[2] La communication était présentée dans  l'atelier « ntic et évolution  du métier », animé par Marie-Paule Saj et Dominique Dufils.


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17 janvier 2007

La formation continue dans les universités : état des lieux et recommandations

La commission des finances de l'Assemblée nationale (présidée par Pierre Méhaignerie) vient d'émettre douze recommandations pour relancer la formation continue dans les universités.

Pour comprendre le peu d'investissement des universités françaises en matière de formation continue, voire de "formation tout au long de la vie", la commission des Finances avait demandé à la Cour des comptes d'examiner les actions de formation continue menées par les universités. C'était le 15 novembre 2005 ; un an après, le 24 novembre 2006, la Cour a rendu sa copie.

La Cour des comptes a travaillé :

  • sur l'étude d'un échantillon de quatorze universités (dont aucune université lilloise), représentant le quart des recettes annuelles de la formation continue dispensée dans l'ensemble des universités,

  • sur plusieurs contributions fournies par les chambres régionales des comptes,

  • sur les auditions des responsables du ministère chargé de l'enseignement supérieur, de la conférence des présidents d'université et de la conférence des directeurs de service universitaire de formation continue

  • sur le bilan, établi par le ministère chargé de l'enseignement supérieur, des actions de formation continue conduites par les établissements publics d'enseignement supérieur.

Le 20 décembre dernier, le "rapporteur spécial", le député UMP de Savoie Michel Bouvard, dépose un rapport d'information sur le bureau de l'Assemblée Nationale, au nom de la commission des finances. Ce rapport de 112 pages comprend :

  • le document de la Cour des comptes (p.27 sqq.) simplement intitulé La formation continue dans les universités,

  • la communication du "rapporteur spécial" (pp.5-14),

  • le compte rendu de la discussion qui a eu lieu au sein de la commission des finances, dont l'audition du directeur général de l'Enseignement supérieur, Jean-Marc Monteil (pp.15-25).


Pour le rapporteur spécial, l'affaire est entendue et les conclusions qu'il tire de la lecture de l'étude de la Cour des comptes s'énoncent sans ambiguïté :

  1. "les activités de formation continue ne constituent toujours pas, à de rares exceptions près, un axe majeur de développement pour les universités, dont la politique en la matière est souvent peu lisible"... Ainsi la Cour des comptes souligne-t-elle "la méconnaissance de l'activité de formation continue, de ses publics, de son coût, de son financement et de ses résultats, tant dans les universités elles-mêmes qu'au niveau ministériel" - rien que ça ! Il apparait que les universités elles-mêmes trouvent grand intérêt à ce grand flou qui permet notamment une sous-estimation des dépenses réellement liées à la formation continue, avec report de ces dépenses sur le budget d'État (par exemple, les adultes en reprise d'étude ne sont pas caractérisés en tant que tels et sont comptabilisés pour calculer la dotation globale, normalement plutôt destinée à donner des moyens pour la FI). Il apparait également, et c'est forcément lié (surement cause et conséquence à la fois), que le ministère (qui reconnait par ailleurs, lors de la discussion, la piètre qualité de ses informations, "non par volonté d’opacité délibérée, mais du fait de graves lacunes dans les systèmes d’information" - p.18) pêche par carence : il n'a tout simplement pas de stratégie - du moins énoncée - en matière de FC universitaire...   

  2. "l'activité de formation continue et son financement se caractérisent par une grande opacité"... Alors que, depuis 1984 puis de façon récurrente depuis, la FC a été affirmée comme une "mission de service public" constitutive de l'identité politique des universités françaises, l'observateur peut toujours chercher l'explicitation de cette politique et ses déclinaisons territoriales, il en sera pour ses frais! Les députés avaient déjà soulevé la question (cf. le rapport d’information n°3160 de juin 2006 autour de la Mission d'Évaluation et de Contrôle sur la gouvernance des universités dans le cadre de la LOLF) : on parle ici de la gouvernance même des universités. Par exemple, l’article 8 du décret du 18 octobre 1985, qui confie au président de l’établissement une responsabilité essentielle ("sur [sa] proposition, le conseil d’administration définit la politique générale de tarification des actions de formation continue compte tenu du coût global de la formation continue évalué chaque année", sachant que les "composantes [participent] à ces missions, dans le cadre des orientations arrêtées par le conseil d’administration"), cet article n'est, en règle générale si je puis dire, pas respecté. Ne serait-ce parce que l'engagement des présidents d'université, nécessaire à la mobilisation coordonnée des composantes, est "très insuffisant, voire parfois inexistant" - constatait la Cour des comptes.

Bref, "aujourd'hui, nous sommes dans une logique de formation tout au long de la vie et il n'y a aucune raison que l'université n'y prenne pas sa pleine part", aurait insisté le député Michel Bouvard. D'où la nécessité de "relancer" la formation continue dans les universités françaises - ce à quoi veulent aider douze recommandations des députés, rangées sous quatre axes. Je vous les donne telles quelles, dépouillées de leurs attendus et justifications, mais souvent flanquées d'un Nota Bene qui n'engage que moi.

1. Améliorer la connaissance de la population des stagiaires en formation continue

Recommandation n°1
Évaluer de manière plus fine l'effectif des bénéficiaires de formation continue dans les universités, en intégrant les adultes en reprise d'études et en excluant les personnes suivant des formations d'éducation populaire.
N.B.    "L'éducation populaire est nécessaire et doit être encouragée, mais ses bénéficiaires n'ont pas vocation à être recensés au titre de la formation continue", dit le rapporteur spécial, sans pour autant définir ce qu'est l'éducation populaire, qui se voit par ailleurs attribués les "auditeurs en formation culturelle" (?). Peut-être sommes-nous ici en présence de l'ambiguïté qui a présidé à l'élaboration du droit de la formation (cf. loi de 1971, et le début du livre IX du Code du travail notamment) et qui faisait de la FPC un hyponyme de l'éducation permanente, alors même que l'explicitation des objectifs ce qui a été institué en 1970/1971 et après n'a été opérée que pour ce qui concerne la justification "politique emploi" de la formation - sachant par ailleurs que la relation emploi-formation est toujours introuvable... Bref, on est ici devant un vide conceptuel béant et durable de la définition de l'éducation permanente, on bute ici contre le non-traitement juridique du réseau conceptuel de l'éducation permanente.
Reste que, très formellement (c'est-à-dire en faisant l'impasse sur la question de la signification des expressions qu'on utilise là), il est clair que l'éducation dite populaire ne saurait, selon nos députés (le texte de la Cour des comptes ne parle pas, quant à lui, d'"éducation populaire"), être comptabilisée dans le cadre des universités en tant que formation tout au long de la vie [concernant cette dernière expression, il est clair que la justification de son emploi par les autorités ministérielles est la même que pour la mise en place du LMD : question de visibilité à l'échelle européenne - cf. p.18].
Ceci dit, il y a une piste d'explication : le rapporteur spécial nommerait "éducation populaire" ce qui en fait relève de structures style "université du troisième âge", "université du temps libre", "université pour tous", voire université ... "populaire" (la Cour des comptes parle de "formations non diplômantes "à caractère culturel", notamment dans le cadre de l’université inter âges", p.47). Comme si l'adjectif 'culturel' ne faisait que caractériser, en creux, ce qui ne saurait être finalisé par l'emploi ou le diplôme. Alors là, je crois que les autorités se mettent le doigt dans l'œil au sujet du 'culturel' et de son statut dans la cité et dans la vie ! Mais ceci est un autre débat...

Recommandation n°2
Confier au bureau chargé de la formation continue au sein de la direction générale de l'enseignement supérieur une mission d'analyse de la formation continue délivrée par les universités, qui devra faire l'objet d'une communication annuelle devant la Conférence des présidents d'université.
Recommandation n°3
Compléter les effectifs mobilisés au sein de la direction générale de l'enseignement supérieur au titre de la formation continue et créer un bureau chargé uniquement de la formation continue.
N.B.    Ces deux recommandations ne concernent directement que l'administration centrale.

2. Doter les universités d'outils de gestion performants et harmonisés

Recommandation n°4   
Mettre en place des systèmes d'information et de gestion de la formation continue dotés d'interfaces avec les autres systèmes d'information en usage dans les universités, compatibles entre les universités et avec ceux du ministère chargé de l'enseignement supérieur.
N.B.    Ici, le rapporteur spécial précise que ces systèmes d'information doivent permettre, LOLF oblige et LOLF aidant, de "définir les orientations stratégiques"... comme si une stratégie ne devait être construite que d'éléments financiers.

Recommandation n°5   
Encourager les universités à constituer des équipes administratives chargées spécifiquement du pilotage de la formation continue.
N.B.    Idée que l'organisation de la FC exige des compétences spécifiques. Ce n'est pas le cueepien que je suis qui dira le contraire ! Le CUEEP n'a-t-il pas largement contribué à la modélisation des fonctions de la FC ? N'est-ce pas le CUEEP qui, en région Nord-Pas de Calais, forme, depuis fort longtemps déjà, aux métiers de la formation continue ?

3. Affermir la gouvernance des universités

Recommandation n° 6
   
Diffuser auprès des universités une brochure présentant les principes régissant la formation continue dans les universités, notamment le rôle respectif des acteurs - président d'université, conseil d'administration et conseils des composantes, ainsi que les avantages qui y sont attachés.
Recommandation n° 7   
Insérer de manière systématique dans les contrats quadriennaux un volet relatif à la formation continue, qui présente la stratégie du ministère et celle de l'université, fixe des objectifs chiffrés, notamment en termes de parts de marché, et assortis d'indicateurs pertinents, et, enfin, évalue les moyens financiers mis en œuvre.
Recommandation n° 8   
Moduler les dotations du ministère en fonction des efforts menés dans la définition d'une politique de formation continue et des résultats enregistrés. Sanctionner financièrement le défaut de respect des règles, notamment comptables, déterminées par les textes régissant la formation continue.
N.B.    La lecture de ces trois recommandations laisse penser qu'on s'acheminerait vers un système renouvelé de contractualisation entre l'État et les universités en matière de politique de formation continue (déjà proposé par la Mission d'Évaluation et de Contrôle sur la gouvernance des universités dans le cadre de la LOLF, dont le député Bouvard est l'un des rapporteurs...) : par exemple, le Président d'université devrait s'assurer de la "définition d'une politique claire", avec "objectifs précis et chiffrés" et indicateurs de suivi "fiables", sous peine de réduction de la dotation globale de fonctionnement. Parmi les objectifs, à noter la mise en avant d'"objectifs en termes de parts de marché relatif à la formation continue". Pas question de publics de la formation, encore moins de non-publics ici : nous sommes maintenant très loin de la "mission de service public" pourtant mentionnée plus haut. Dans ses excès, le libéralisme se prend les pieds dans sa propre histoire - il paraît que c'est un phénomène tout à fait français.

Recommandation n° 9   
Inscrire dans la charte d'objectifs de l'Agence de l'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur que sa mission d'évaluation des établissements d'enseignement supérieur doit obligatoirement comporter un volet consacré à leur politique de formation continue.
N.B.    Le décret n°2006-1334 du 3 novembre 2006, qui organise l'AERES et statue sur son fonctionnement, n'évoquait pas explicitement la mission FC des universités...
Rapport Brunhes (1989?) toujours efficient : la capacité à s'auto-évaluer est l'un des principaux critères de la qualité. L'université devra donc être capable d'évaluer elle-même son activité FC. L'évaluation par les "stagiaires" devra elle aussi être mise en place et prise en compte (notre document n'en dit pas davantage là dessus... le Cour des comptes se contentant d'en constater la rareté). Puis donc le travail de l'AERES...

Recommandation n° 10   
Enrichir les indicateurs présentés dans le projet annuel de performances, par exemple en précisant la part des recettes issues des activités de formation continue rapportée au montant total des ressources propres des universités.
N.B.    Les indicateurs de résultats style part de la FC dans les diplômes obtenus ou nombre de VAE ne sauraient suffire à mesurer la "performance" de l'université en matière de FC. Il convient d'ajouter d'autres indicateurs de type financier qui, visiblement, permettront de mesurer la performance... C'est quoi la performance ?

4. Encourager les rapprochements entre les universités et les "prescripteurs" de formation continue

Recommandation n° 11   
Encourager les partenariats entre les universités et les régions, notamment en confiant aux conseils académiques de l'éducation nationale une mission de concertation sur la formation continue délivrée dans les universités et en associant davantage les universités à l'élaboration des schémas régionaux de formation continue.
N.B.    La compétence régionale, définie par les lois de décentralisation, étant ce qu'elle est, on voit mal comment la FC universitaire pourrait faire l'économie d'un tel "partenariat". Sauf que l'Académie de Lille ne s'est pas dotée de son conseil académique de l’éducation nationale (CAEN)...

Recommandation n° 12    
Encourager les partenariats entre les universités et les financeurs privés.
N.B.    Rien à dire ici, sauf que ça fait belle lurette que les organismes universitaires et associatifs de formation continue qui cherchent à développer un travail vers les "non-publics" de la formation se disent qu'ils doivent absolument équilibrer financements publics et financements privés... et pourtant n'y parviennent pas... Vaste problème.


2 mai 2007

Nicolas Sarkozy. Une société sous très haute surveillance

Pour finir, Ruptures, le livre du magistrat Serge Portelli, dont Sarkozy a tout fait pour empêcher la publication, sort ce jeudi 3 mai aux éditions L'Harmattan, et sera présenté le même jour à partir 19 H par son auteur, à la Librairie Résistances à Paris (4, Villa Compoint, à l'angle du 40 rue Guy Môquet, dans le XVII° - M° Guy Môquet).

Ruptures traite de la "politique sécuritaire" du candidat à la présidence de la République. Il a été refusé au dernier moment par l'éditeur Michalon, qui avait édité le premier livre de Serge Portelli, Traité de démagogie appliquée. Sarkozy, la récidive et nous. L'auteur, ne trouvant aucun éditeur en mesure de publier son livre avant les élections, s'était résigné à le mettre à disposition sur Internet, même s'il n'est guère évident de lire un ouvrage entier sur écran ou de l'imprimer. Toutefois, l'investigation de ce juge sur les méthodes démagogiques, inefficaces et dangereuses de Sarkozy a suscité un très grand intérêt, et L'Harmattan a relevé le défi. Le livre, n'en déplaise au prétendant au trône, sera donc disponible en librairie ce jeudi 3 mai, sous le titre Nicolas Sarkozy. Une société sous très haute surveillance ou Nicolas Sarkozy, une République sous contrôle. (toutes mes sources ne concordent pas, mais peu importe le sous-titre...).


7 mai 2007

"La difficulté scolaire" est un produit social

Contrairement au discours inouï de la droite, l'échec scolaire n'est pas le fait de je ne sais quel déterminisme individuel qu'un contrôle policier suffirait à contraindre voire de je ne sais quel dysfonctionnement pédagogique que l'imposition de "programmes" ancestraux suffirait à régler.

L'échec scolaire est un fait social et, surtout, un produit social.

Les enseignants (du premier comme du second degrés) sont unanimes : la grande difficulté scolaire tient sa cause dans l'environnement de l'élève. Et c'est bien pour cela que le "dépistage" (puisque ce mot plaît à la droite triomphante) doit être effectué le plus tôt possible : la détresse sociale commence tôt ses ravages et le premier travail de la classe politique serait de comprendre cette triste réalité. Sauf que pour reconnaître ça, il faut accepter l'idée que le libéralisme destructeur de vies produit la détresse sociale... Comment l'enfant du travailleur pauvre, comment l'enfant du travailleur exclus du travail peut-il s'y prendre pour avoir de lui-même l'image suffisamment "estimable" qui lui donnera la force de surmonter le handicap social que lui impose la République toujours plus inégalitaire ?
On voit bien ici comment l'idéologie merdeuse de la récompense au petit peuple, avec son chapelet de mérite, de courage et autres balivernes au goût pétainiste et patronal, pourra se déployer ! Sauf que les enseignants s'accordent, eux, sur la nécessité de repérer et prendre en compte la détresse sociale dans sa répercussion scolaire le plus tôt possible, c'est-à-dire dès la grande section de maternelle. Ils s'accordent sur l'idée qu'ils faut aider davantage les enfants en grande difficulté scolaire (redoublement, soutien individualisé, aide au travail personnel, etc.). Ils réclament même des outils et des formations "concrètes" pour apprendre à construire des solutions sur mesure. Dire que l'origine de la grande difficulté scolaire tient dans les conditions sociales d'existence des enfants n'implique pas qu'il faille résoudre le malaise de façon uniforme et soi-disant égalitaire. Bien au contraire, c'est dans la relation pédagogique individualisée que l'effacement scolaire des stigmates sociaux imposés par le libéralisme destructeur de vies pourra se produire... Pour leur effacement social, il faut sortir de l'école et du collège et conduire la lutte politique.

Côté politique, la droite continue son travail autiste de normalisation et de cache-misère, convaincue que les enfants partent tous avec les mêmes conditions sociales de réussite scolaire, qu'il suffit de vouloir pour pouvoir, etc. Monsieur Pierre-André Périssol vient, par exemple, de déposer un projet de loi dont l'article unique dit ceci :

L’article 3 de la loi n° 89-486 du 10 juillet 1989 d’orientation sur l’éducation nationale est complété par deux alinéas ainsi rédigés :
« La Nation assigne au système éducatif la mission d’amener chaque élève à son meilleur niveau sur sa voie de réussite ; pour ce faire, le système éducatif a pour objectif premier de faire acquérir par 100 % des élèves relevant de l’enseignement ordinaire un socle fondamental commun fait de connaissances, de savoir-faire et de comportements.
« L’acquisition de ce socle fondamental commun sera validée par un diplôme na- tional qui constituera le premier degré de tout diplôme scolaire ou professionnel. »

La belle affaire ! Nous n'avons là en guise de projet de loi qu'une transposition basique du discours de la Communauté européenne et des gouvernements européens en général. Le 5 mai, les ministres de l'Éducation du Conseil de l'Europe se sont engagés « en faveur d'une éducation de qualité pour tous ». Voici le communiqué de presse de l'institution :

Istanbul, 05.05.2007 - Réunis à Istanbul les 4 et 5 mai, date du 58ème anniversaire du Conseil de l'Europe, les Ministres de l'Éducation des 49 pays signataires de la Convention culturelle européenne du Conseil de l'Europe ont conclu leurs discussions en adoptant une déclaration finale, par laquelle ils s'engagent à élaborer des politiques visant à :

  • garantir l'accès à une éducation de qualité pour tous, au sein d'une société plus humaine et plus juste, et l'apprentissage tout au long de la vie ;

  • encourager la participation active des parents et l'engagement civique de l'ensemble des autres acteurs de la société en vue d'assurer la réussite scolaire des enfants ;

  • promouvoir les droits de l'enfant, conformément aux textes européens et internationaux.

Soulignant le rôle fondamental joué par les enseignants, les participants à la Conférence se sont félicités de l'initiative norvégienne de créer un centre de ressources sur l'éducation à la citoyenneté démocratique et l'éducation interculturelle, fonctionnant en liaison directe avec la Direction de l'Éducation du Conseil de l'Europe et contribuant à son programme.
Les Ministres présents ont fixé comme principal objectif du programme de coopération du Conseil de l'Europe le développement des compétences essentielles à une culture démocratique et à la cohésion sociale.
Ils ont par ailleurs souhaité que cette déclaration soit intégrée aux travaux du Conseil de l'Europe relatifs à l'élaboration du Livre Blanc sur le dialogue interculturel.

On fait comment, en Europe ? On fait comment en France ? En faisant l'omerta sur les conditions sociales d'existence des enfants qui vont à l'école ?


SOURCES


11 septembre 2007

11 septembre ... il y a 101 ans, il y a 44 ans, il y a 10 ans, aujourd'hui

Le 11 septembre 1906, Gandhi appelle à la désobéissance civile par protestation non-violente en Afrique du Sud.

Le 11 septembre 1941, on commence à construire le "Pentagone".

Le 11 septembre 1973, le président Salvador Allende se suicide durant le (à cause du) coup d'État grâce auquel le général Pinochet, soutenu et aidé par les USA, prend le pouvoir.

Le 11 septembre 1990, le président US républicain George H. W. Bush prononce son discours sur le « nouveau monde » devant le Congrès des États-Unis et est ovationné par les représentants du peuple comme cela ne s'était plus vu depuis le 8 décembre 1941, lors de la déclaration de guerre au Japon de Franklin Roosevelt après l'attaque de Pearl Harbor.

Le 11 septembre 1997 : Introduction en bourse de la société Securacom (qui s'apellera plus tard Stratesec), dirigée par Marvin Bush (frère de George W. Bush) et détentrice entre autres contrats de sécurité, de celui du World Trade Center, celui de l'Aéroport international de Dulles d'où décollera le Vol 77 American Airlines qui s'écrasera sur le Pentagone le 11 septembre 2001, celui de la société United Airlines dont deux avions seront également détournés ce jour-là, ainsi que de celui du Laboratoire national de Los Alamos, laboratoire de recherches militaire fondé en 1942 autour du Projet Manhattan qui mit alors au point la bombe atomique.

SOURCE PRINCIPALE : Wikipedia.


26 septembre 2007

Le complexe de Zorro

La technique est éprouvée. Je l'ai déjà rencontrée à l'œuvre dans un cadre professionnel. La technique qui consiste à se déclarer sauveur après avoir saccagé ce qu'on prétend sauver. Une sorte de syndrome du pompier pyromane sauf que l'ordre est univoque. Le pompier met le feu pour pouvoir être pompier, mais il arrive que l'amour du feu à lui seul provoque la pyromanie. Dans le cas du syndrome Zorro, c'est toujours dans le même sens : on détruit pour faire semblant de reconstruire, ou tout simplement pour reconstruire autrement. Le sauveur est un manipulateur.
Exemple : ce bon don Diego de la Vega lutte masqué contre l'autocratie militaire coloniale que subissent les californiens de la fin du XIX° siècle pour mieux asseoir les valeurs idéologiques de la puissance coloniale (catholicisme).
Exemple de ce début XIX° siècle : ce trop bon roi d'Maubeuge chante à qui veut l'entendre que la fonction publique est dans un piteux état. Citons : "je souhaite une fonction publique où les fonctionnaires se sentent heureux, se sentent utiles, respectés, reconnus dans leurs mérites, dans leurs talents, dans leurs compétences", a-t-il déclaré. "Le malaise est partout", a-t-il ajouté. "Ce malaise ronge les meilleures volontés. Ce malaise fait obstacle au changement", a-t-il poursuivi. "Le moment est venu de reconstruire". Etc. Ce qu'il oublie de dire, notre bon roi d'Maubeuge, c'est que c'est le libéralisme sauvage de son équipe et de ses petits copains grands patrons qui met ainsi à mal, depuis des lustres, la fonction publique - c'est-à-dire le service de l'État, le service de la collectivité pour ses propres membres. Bref, le peuple crédule et endormi agrée bouche bée : il est formidable ce roi-là !
Et le libéralisme de poursuivre son œuvre de sape sociale.


1 octobre 2007

Ça y est ! Ils ouvrent les yeux !

Un élu de droite de Neuilly sur Seine entre en guerre contre la mainmise du roi de Maubeuge sur sa ville. Il a enfin compris le fonctionnement de Sa Majesté $arko I°. Pourtant ce chef d'entreprise de 44 ans, habitant de Neuilly, candidat "sans étiquette", clame haut et fort qu'il soutient la "majorité présidentielle" de Nicolas Sarkozy. Enfin, c'est ce qu'il disait lors de la campagne des législatives...
Dommage qu'il ouvre les yeux au moment où le fonctionnement $arkozien lui met des bâtons dans les roues. Ça fait évidemment moins sincère que s'il l'avait dénoncé plus tôt.
Ceci dit, c'est mieux que rien...

Sur le blog dudit élu, les termes ne sont pas vraiment tendres, y compris dans les commentaires ! On passe, sans transition, de "parachutage très médiatique" à "dictature" , en passant par "droite issue du « système »", "carrière personnelle", "machine de guerre UMP qui ne laisse pas de place aux hommes et femmes qui ont une vraie soif de renouveau", etc.

Comme disait $arko I° quand il parlait aux "éducateurs", tout n'est qu'amour et respect !

Allez petits, encore un effort !


29 novembre 2007

Cher Z.,

Merci de lire Brich59. Et merci d'y participer par votre commentaire.

Concernant ce dernier, j'aurais juste quelques remarques à formuler et quelques questions à poser :

  • Je ne dis pas qu'il faut croire au déterminisme, je rappelle seulement l'énorme vérité énoncée par Karl Marx il y a près de cent-cinquante ans - vérité qui dérange il est vrai. Si ce débat vous intéresse vraiment, vous pourriez préciser ici en quoi j'ai tort de rappeler cette phrase de Marx.

  • Pourriez-vous, d'autre part, préciser ce que signifie "faire du social", s'il vous plaît ? Outre le fait que je n'ai jamais trop aimé cette expression, je crains que nous ne mettions pas la même réalité sous elle.

  • Ensuite, je rappelle à votre mémoire la discussion entre le candidat Sarkozy et le philosophe Michel Onfray, sur le prédétermination aux comportements pédophiles [Philosophie magazine n°8 d'avril 2007]... De cela aussi nous pourrions discuter.

  • Enfin, je ne comprends pas ce que vous dites concernant la voyoucratie. pourriez-vous là aussi m'éclairer afin que nous engagions un débat constructif.

Cordialement


11 janvier 2008

Lille en état de siège !

Le matin, pour aller de bonne heure, au turbin, je traverse Lille dans ma belle auto.
Ce matin, vers 6h45, le spectacle est affligeant ! Lille est en état de siège ! Véridique !
De quoi foutre la pétoche au moindre badaud. De quoi faire aller en fourrière la moindre auto stationnée à son habituelle place nocturne. La police gênait la circulation ce matin vers 6h45 aux abords de la Préfecture. Elle gênait la circulation pour pouvoir enlever de la voie publique des autos citoyennes sagement garées pour une nuit bien méritée... Même le métro est de la partie, qui ne desservira pas les plus centrales des stations. Des lignes de bus urbain sont détournées. Des quartiers entiers bouclés, dont celui de la gare (!), etc. Car, quand le Roi d'Maubeuge se déplace à Lille, les citoyens doivent modifier leurs habitudes de vie citoyenne et économique. Les lillois pris en otage du protocole sécuritariste sarkozien, en quelque sorte ! Les grèves de la SNCF de l'autre fois, c'est rien à côté, si on fait le ratio qui prendrait en compte le nombre d'activistes à qui on doit tout ça ! Un seul être se déplace et tout est chamboulé ! Et encore, paraît qu'il n'en a que pour une heure ! Je n'ose pas imaginer le bazar si le Roi d'Maubeuge avait prévu de travailler à Lille toute la journée, par exemple pour rencontrer les élus du coin, qui ont mille et une raisons de se plaindre du désengagement chronique de l'État sur tous les plans...
Normal tout ça, non ? Lis le billet d'Indymedia, tu seras édifié, patient lecteur !

J'avais déjà remarqué ça, même que le Roi d'Maubeuge n'était que ministre. Les enfants des écoles de Lambersart avaient dû être dérangés dans leur conduite à la cantine scolaire, aussi bien que le Président du Conseil Général du Nord avait dû garer son véhicule plus loin. Souviens-toi, fidèle et coriace lecteur ! À croire que ce n'est pas la fonction qui veut ça, mais le bonhomme Sarkozy. Qu'il soit ministre ou roi, peu importe, il faut l'état de siège.

Pour montrer quoi ? Pour dire quoi ? Hein ?


14 janvier 2008

Quand l'Action Collective de Formation de Sallaumines-Noyelles sous Lens fêtait ses 20 ans !

Ressortie (retrouvée ! je l'avais quasiment oubliée !) de mes cartons, une bibliographie produite pour les vingt de l'ACF de Sallaumines-Noyelles sous Lens. Elle s'intitule 1971/1991 - Vingt ans d'action collective de formation à Sallaumines, Noyelles-sous-Lens, Méricourt et Loison-sous-Lens : repères bibliographiques. Présentée sous deux format (signalétique et analytique), elle faisait partie du dossier distribué aux participants à la petite fête organisée en 1991. La version signalétique fut intégrée dans un article de mon ami André Tarby (Globalisation des moyens et mise en synergie des dispositifs de formation, Actualité de la formation permanente, 112, mai-juin 1991, p.6-25 ; la bibliographie est aux pp.18-19)...

Voici le texte introductif de ces repères bibliographiques
1971/1991
L'Action Collective de Formation de Sallaumines, Noyelles sous Lens, Méricourt et Loison sous Lens fête ses vingt printemps...
Ce qui peut-être distingue cette action collective des autres, c'est son statut de terrain de recherche-sujet d'écriture. En vingt ans, pas une année sans qu'un acteur ou un chercheur n'écrive.
L'action collective est comme un texte giganstesque, tissé jour après jour, entrelaçant discours et paroles, raison et récit...
Bien sûr, dans ce vaste tissu, tout n'a pas la même valeur, la même place. Certains textes en constituent la trame, ce que l'on pourrait appeler « l'épine scientifique dorsale » (les fameux « rapports » collectifs de 1976, 1978, 1979 puis 1984). D'autres en sont comme des développements, des approfondissements partiels (les travaux universitaires de Claude Dubar, Michel Feutrie, Jacques Hédoux, Bruno Richardot, etc.). D'autres encore s'attachent à (re-)présenter des recherches ou des écrits existants. D'autres enfin, aux formes variées, apportent des éclairages partiels, individuels ou collectifs, historiques ou scientifiques, sur l'action collective et son environnement.
Ces
Repères bibliographiques n'ont pas la prétention de l'exhaustivité. D'une part, toute une littérature souterraine, aussi abondante qu'éclairante, n'a pas été prise en compte. D'autre part, des textes des deux dernières catégories n'ont pas été mentionnés, parce qu'ils sont non disponibles ou redondants.
Ces
Repères bibliographiques n'ont pas davantage la prétention d'être une œuvre. Le travail reste à accomplir qui mettra en perspective tous ces textes, laissant voir leurs articulations mutuelles, comme s'il s'agissait là d'un organisme vivant. Puisse ce document inciter à une telle entreprise !

Dix-sept ans plus tard, je maintiens que la bibliographie est un organisme vivant. L'herméneutique documentaire ne dit pas autre chose...


14 février 2008

Le Roi amoureux des gadgets historico-idéologiques ?

Décidément, il est prêt à tout pour occuper le terrain historico- idéologique celui-là ! Y compris à "récupérer" des causes qui ne sont pas les siennes propres...
Après la lecture de la lettre Guy Mollet, jeune communiste français fusillé par l'occupant parce qu'il était communiste et enfant de communistes, il imposerait à chaque enfant scolarisé en CM2 de s'occuper de la mémoire d'une jeune victime de la barbarie nazie.
Mais il va en faire quoi notre gamin de 10 ans de ce bout de mémoire ? Lui qui voit tous les jours le racisme ordinaire et le mépris de l'humain s'étaler dans les strass et les paillettes...

Je suis plus âgé que notre Roi d'Maubeuge, mais je suis tout de même né après la guerre :

- je suis né après

  • les bombes états-uniennes de Nagasaki et d'Hiroshima, qui tuèrent et mutilèrent de très nombreux enfants qui avaient le seul et unique tort de se trouver là,

  • la barbarie nazie allemande dans sa funeste globalité - et pas seulement la Shoah : souvenons-nous des tziganes, et de tant d'autres, y compris de très nombreux enfants qui avaient le seul et unique tort d'être nés de ces parents-là,

  • la grande boucherie européenne de 14-18, qui n'épargna pas les très jeunes appelés qui avaient le seul et unique tort d'être nés là,

  • les exécutions sommaires des communards parisiens,

  • etc.,

  • et de tous temps, l'exploitation de la vie humaine, y compris celle d'enfants, à des fins de profits (financiers notamment) que quelques uns ;

- quand j'étais né, il y eut

  • la torture et les mésactions françaises en Algérie,

  • l'abondant déversement français puis états-unien du napalm respectivement sur l'Algérie puis le Vietnam,

  • les enfants embrigadés et maltraités, en Afrique et ailleurs,

  • la fabrication et la dissémination d'armes toujours plus meurtrières, dégâts "collatéraux" compris,

  • etc.,

  • et toujours et encore, l'exploitation de la vie humaine, y compris celle d'enfants, à des fins de profits (financiers notamment) que quelques uns.

Faudra-t-il qu'on fabrique un gadget historico-idéologique pour chaque cause, chaque manquement collectif aux droits de l'homme les plus élémentaires ? Si oui, alors je demande qu'on en n'oublie aucun !

Mais ne serait-il pas plus sage de décider d'appliquer et de faire appliquer les droits de l'homme les plus élémentaires, ne serait-ce que le respect de l'intégrité physique, psychologique et intellectuelle de chaque "exemplaire" de l'humanité ?
Mais ne serait-il pas plus sage de décider d'être impitoyable avec tous ceux qui bafouent de tels droits ?

En cette année de soixantième anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, et dans le parti-pris d'une acception large de l'expression "droits de l'homme" - c'est-à-dire des droits de liberté politique, mais aussi des droits économiques, sociaux et culturels -, n'y aurait-il pas à cesser de jouer avec des gadgets dont la création ne fait que donner bonne conscience à ceux qui aujourd'hui bafouent ostensiblement de tels droits élémentaires ?


28 mars 2008

Art-morphing

J'ai trouvé une vidéo drôlement sympa à http://www.artgallery.lu/digitalart/women_in_art.html,
alors je me permets de vous montrer
ce superbe hommage à l'art pictural
quand il rend hommage au visage féminin...

Les éléments utilisés par Philip Scott Johnson pour réaliser ce Women in Art sont . Vraiment superbe, Non ? C'est dans les interstices qu'on voit se caractériser chaque visage, chaque coup de pinceau...
Et puis, ça nous change de Carla et Cécilia...


3 juin 2008

La qualité de vie au travail ?

C'est la cinquième semaine de la qualité de vie au travail, du 29 mai au 6 juin 2008. Lancée par l'ANACT, cette initiative vise à sensibiliser les entreprises et à faire connaître les pratiques destinées à améliorer le bien-être des salariés sur leur lieu de travail. L'annonce est sur France5.

Moi qui bosse dans un service public, je peux vous confesser que cela résonne plutôt comme "la qualité de mort du travail"... L'État se désengage, hors décentralisation, de façon brutale, la calculette à la main, la notion de service aux publics dans sa poche avec son mouchoir morveux par dessus... Quand c'est dans le cadre de la décentralisation qu'il se désengage, c'est avec une radinerie de pingre, et non, comme le gouvernement le clame sur tous les airs, à l'euro près - ce qui lui permet (euh ! pardon : ce qui permet à l'UMP ! mais c'est tout pareil non ?) de vilipender la gestion des Régions (qui sont quasi toutes "à gauche"). Le débat politique est décidément d'une grande classe dans notre belle République !

Et les fonctionnaires et autres salariés des services publics de bosser à s'en rendre malades pour pallier le désengagement de l'État, dont les représentants aiment à donner des leçons sur l'ardeur au travail et tutti quanti !

Triste France.


17 juin 2008

Racisme et antisémitisme

Depuis le sujet proposé à l'épreuve du dossier du CAPES de documentation il y a deux ans, j'ai du mal à voir clair dans l'articulation entre racisme et antisémitisme. Que l'antisémitisme ne soit pas considéré comme un racisme comme les autres m'a toujours interrogé et conduit à penser que distinguer l'antisémitisme parmi tous les racismes est en soi une discrimination, la discrimination étant l'une des marques congénitales de tout racisme. Sûr de mon raisonnement, je n'osais l'avouer de peur d'être accusé d'antisémite...

Quelle ne fut donc pas ma joie quand je lus, dans le Monde Diplomatique de ce mois de juin 2008, le texte de Tony Judt, "Trop de Shoah tue la Shoah" (p.22-23), où l'on voit comment l'on est passé du déni du caractère raciste de l'antisémitisme (juste après guerre) à une sorte d'inversion du problème que pose l'antisémitisme (aujourd'hui) !

Tony Judt déroule cela en trois temps :
schéma en html ou en pdf à imprimer en A3

juste après la guerre

  • en Europe de l'Est, dès après la guerre, la Shoah fut ignorée [parce que il fallait oublier que c'est en Europe de l'Est qu'il y eut les plus grandes atrocités, et de nombreux "collaborateurs" ; parce que il fallait que les victimes non juives du nazisme et du bolchevisme oublient leurs propres souffrances ; parce que la judéité des victimes soviétiques du nazisme fut minimisée par les autorités soviétiques ; parce que "finalement, après quelques années, à la mémoire de l'occupation allemande succéda celle de l'oppression soviétique"]

  • en Europe occidentale, ce fut un autre monde, mais il y eut le même oubli [parce que les pays "occupés" soignèrent leur image de résistance - pour oublier leur humiliation et parce que les allemands s'apitoyèrent sur leurs propres souffrances]

ensuite

  • années 60 une nouvelle génération découvre...

  • années 80 la Shoah est connue d'un public de plus en plus large...

  • années 90 fin de la division de l'Europe... repentances officielles et commémorations...

  • "aujourd'hui, la Shoah est une référence universelle" (programmes scolaires et productions de récits et d'analyses)   

aujourd'hui, "le souci de notre époque pour la Shoah [...] pose cinq problèmes" :

  1. dilemme des mémoires incompatibles (sorte de conflit des mémoires de la souffrance humaine ?)

  2. exactitude historique et risques de surcompensation

  3. difficulté de tenir la notion de "mal unique" - ce qui entraîne une dilution de la notion de mal

  4. la lutte contre l'antisémitisme comme "raison" d'ignorer les autres maux de notre époque

  5. la lutte contre l'antisémitisme comme justification du sionisme

Ce schéma est concis et l'article mérite une lecture approfondie, tant le regard qu'il déploie sur les soixante dernières années donne à réfléchir et risque d'ouvrir les yeux à de nombreux fanatiques et autres gens qui se contentent d'approximations historiques et morales. Un beau risque !


2 juillet 2008

Déontologie enseignante

Dominique Piveteaud, institueur et formateur-maître parisien, vient d'être durement sanctionné pour avoir proposé à ses élèves un reportage sur les enfants sans-papiers scolarisés dans leur établissement (Charlie Hebdo)... Il ne s'agit pas d'une mesure politique dit l'inspecteur, qui, dans son rapport, considère qu'il y a "manquement au principe déontologique et à la nécessaire neutralité de l'enseignant"... [source]

L'inspecteur ne semble par définir ce qu'est la neutralité, ni avouer qui a autorité pour une telle définition... Il me semblait qu'une déontologie était fatalement élaborée par les praticiens patentés, ici les enseignants organisés en collectif professionnel ! C'est pas ça ?
Avec la reprise en main de l'audiovisuel, celle de l'éducation ?


29 septembre 2008

Peut-on devenir documentaliste sans formation spécifique ?

Lu ce week-end sur une liste de discussion :


QU: Peut-on devenir documentaliste sans formation spécifique?

Bonjour,
je cherche à travailler notamment dans le milieu de la documentation. Pour l'instant, toutes les réponses sont négatives dans ce domaine. Malgré un Master d'Histoire et un mémoire (qui n'est rien d'autre qu'une veille documentaire), deux ans d'expériences en Bibliothèque de catégorie C. La formation en documentation est-elle nécessaire? Des profils différents mais parallèles ne sont-ils pas possibles? Question sans doute qui amène à une réponse évidente. Mais je la pose quand même.


Intéressant, non ?

Cette question, apparemment naïve, fait surgir contre les parois molles de mon cervelet le spectre du péché originel de la documentation dans les systèmes éducatifs : le recyclage des enseignants qui ne supportent plus la relation pédagogique. Comme si la documentation n'était pas un métier de service et de relation (parfois pédagogique) ! Suffit-il d'être "organisé(e) dans sa tête" pour faire un(e) bon(ne) documentaliste ? Condition nécessaire ; pas suffisante !
Il est vrai, par ailleurs et si j'ai bien compris, que la fonction documentaire dans les entreprises est née comme une excroissance de la fonction administrative (secrétariat) au début du siècle dernier, quand les entreprises ont vu leur documentation endogène et exogène croître de façon démesurée, notamment grâce au développement des techniques de production/reproduction documentaire. Il est également vrai que, du coup, des formations passerelles entre les deux fonctions ont été rapidement mises en place et fonctionnent toujours, par exemple à l'ADBS avec le fameux stage "fonction documentaire : première approche" (prochaine session à Lille !), certains autres organismes n'hésitant pas à afficher des slogans du style "Organiser l'information en entreprise sans être documentaliste". Au moins y a-t-il là des formations spécifiques, l'ADBS ayant l'honnêteté de préciser que "ce stage ne peut, en aucun cas, se substituer à une formation professionnelle en documentation"...

Ici le cas est différent : il s'agit d'un(e) étudiant(e) qui, fort(e) de son diplôme de sciences humaines (master) et d'une expérience sur un poste de catégorie C, imagine maîtriser suffisamment les techniques documentaires au point d'être dispensé(e) d'une quelconque formation pour occuper un poste de documentaliste.

Premier cran de ma réponse : je reprends les termes du message.

Concernant le master, force est de constater que notre étudiant(e) ne sait pas ce qu'est la "veille documentaire" ( un mémoire de M2 peut-il "être" une veille documentaire ?). Il est vrai cependant que la pratique historienne donne une place de choix au document et à son exploitation. Pour autant, les techniques documentaires émargent-elles à la technicité historienne ou les techniques historiennes à l'historicité documentaire ? Rien n'est moins sûr. Un de mes bons amis, historien de formation et diplômé en gestion des systèmes d'information aime à répéter qu'il n'est pas documentaliste...

Concernant l'expérience sur un poste de catégorie C en bibliothèque, deux choses.
Tout d'abord bibliothèque n'est pas centre de documentation, même si les professionnels de la bibliothèque, de la documentation et des archives s'accordent très régulièrement sur les points de convergence de leurs métiers.
Ensuite, et ceci découle de cela, dans l'ordre des catégories de postes des fonctions publiques, que je sache, la documentation n'apparaît qu'avec les niveau B et surtout A. Notre étudiant
(e) ne semble pas connaître les métiers et les filières de la documentation.

Bref, notre jeune historien(ne) ferait bien d'approcher une association de professionnels de la documentation, comme l'ADBS, pour en connaître davantage sur les métiers de l'information-documentation. C'est le premier conseil que je lui donne. Et si je ne pouvais donner qu'un seul conseil, ce serait bien celui-là.

Second cran qui reprend l'idée de parallélisme émise par notre étudiant(e) : c'est la fameuse question de la double compétence qui est soulevée par le message de notre étudiant(e).
Je souviens qu'il y a une bonne dizaine d'années, un de mes collègues professeur en sciences de l'éducation m'avait demandé comment son épouse, pharmaco-chimiste de formation (ingénieur), pouvait s'y prendre pour devenir documentaliste dans le secteur de la pharmaco-chimie. Je lui ai répondu : cherche du boulot comme documentaliste en mettant en avant son diplôme d'ingénieur. Elle a trouvé du boulot quasi immédiatement... Elle s'est formée ensuite aux techniques documentaires et à la culture professionnelle propre à la documentation, notamment grâce au réseau que constitue une association professionnelle ... comme l'ADBS, avec ses formations, ses groupes sectoriels, etc.

L'ADBS, on y revient toujours quand il s'agit de documentation ! C'est terrible non ?


7 novembre 2008

Il est noir ?

La négritude métissée de l'homme que les américains viennent de se donner comme leader n'a pas fini de gêner les racistes, déclarés ou non, qui gouvernent ici et là ! Il faudra bien qu'ils s'y fassent. Me revient à la mémoire cette chanson qu'Hugues Auffray chantait autrefois dont j'ai oublié le titre et jusque la mélodie mais qui finissait sur l'idée que Dieu soi-même était ... une femme et qu'elle était ... noire.

Barack Obama est d'abord un homme politique et sa négritude métissée ne doit pas nous questionner quant à cet homme-là, mais bien quant à la capacité d'un peuple bigarré s'il en est (comment en serait-il autrement dans un pays de plus de 305 millions d'âmes, comme on disait autrefois) d'effacer des siècles de racisme opérationnel, de KKK, etc. J'avoue que je pensais que les américains ne feraient pas le choix d'Obama, précisément pour cette histoire-là. J'avais tort et tant mieux.  Cela ne peut que nous redonner confiance dans les choix collectifs, dans l'humanité des hommes et des femmes qui ont voix au chapitre... Cela questionne l'idée que j'avais d'un peuple dont l'unité certes ne m'a jamais paru aller de soi, mais qui avait tout de même récemment réélu un va-t-en-guerre pour présider à sa destinée...

Laissons donc aux racistes le loisir de s'interroger sur la négritude métissée de l'heureux élu ! Berlusconi n'a pas raté l'occasion d'exhiber son raciste foncier en qualifiant Barack Obama de « jeune, beau et bronzé ». En France, on ne fait pas non plus dans la dentelle : notre sinistre de la chasse ethnique n'a-t-il pas déclaré mercredi 5 novembre sur BFM-Radio que le succès de Barack Obama était le symbole d'une intégration réussie, comme si la seule couleur de sa peau en faisait un immigré ? Son pote le Roi d'Maubeuge avait tenu à peu près le même genre de langage s'agissant de Condoleezza Rice il y a un an. La stigmatisation superficielle comme élément fondamental du racisme... c'est pas moi qui le dit, c'était Raymond Aron, qui ne fut pas vraiment un gauchiste ou un anar !
Bref, il y aurait beaucoup à analyser de cette réaction de notre sinistre de la chasse ethnique... 


10 décembre 2008

Action culturelle et Lutte contre l'illettrisme

L’observation d’une série d’expériences, celles où le monde culturel participe à la lutte contre l’illettrisme, fait apparaître que le détour par certaines pratiques artistiques, espaces de l’imaginaire et de la création, peut dans bien des situations s’accompagner d’un retour de l’envie d’apprendre à lire et à écrire. L’action culturelle peut favoriser la maîtrise du français. Aujourd’hui, de plus en plus nombreux sont les institutions culturelles et les artistes qui accompagnent les parcours de prévention, de formation et de valorisation des acquis.
Tel est le constat que dressait la Délégation générale à la langue française et aux langues de France (DGLFLF) du Ministère de la Culture en 2007, dans une brochure sur l’action culturelle contre l’illettrisme.

Ce document propose, entre autres, une présentation d'un ouvrage, Action culturelle et lutte contre l’illettrisme, résultat d'une étude réalisée en 2003/2004, à la demande de l'ANLCI et de la DGLFLF, par l'Observatoire des politiques culturelles, étude qui analyse l’apport des pratiques culturelles à la lutte contre l’illettrisme selon quatre axes problématiques :

  • Où se situe la responsabilité sociale de l’action culturelle dans la lutte contre l’illettrisme ?
  • Quels sont les enjeux des actions artistiques menées sur les territoires observés ?
  • Quels sont les effets pour les illettrés ?
  • Comment ces actions sont-elles conduites ?

Trois terrains d'investigation avaient été choisis, dont la bonne ville de Roubaix.

Roubaix, deuxième ville de l’agglomération lilloise au fort taux de chômage (près de 32 % de la population), est la plus jeune ville d’Europe. La ville a entrepris depuis plusieurs années des projets culturels d’envergure (les Ballets du Nord, le musée d’Art et d’Industrie, les Archives du monde du travail). La mobilisation des acteurs de la société civile roubaisienne est importante dans la lutte contre les différents facteurs de l’exclusion dont l’illettrisme.
Le Centre université-économie d’éducation permanente (CUEEP), chargé de la coordination du réseau Lire (Lire Réussir Ensemble) sur la région de Roubaix est un organisme de formation rattaché à l’université des sciences et technologies de Lille. Spécialisé dans la recherche relative à la formation pour adultes, le CUEEP a mis en place en 1997 des ateliers de découverte culturelle et d’expression créative s’inscrivant dans une démarche plus globale de formation à la lecture et à l’écriture.

C'est peut-être pour cette raison que j'ai été, avec quelques collègues, sollicité pour participer à l'encadrement du Forum du réseau régional LiRE qui s'est tenu ce 4 Décembre à Bouvines sous l'égide du C2RP. Le thème de l'atelier n°1 était : Incitation au développement d’actions culturelles dans les territoires. J'en fus le "rapporteur".
Et comme je n'aime pas arriver la tête vide à ce genre de manifestation, j'avais mené une petite enquête documentaire rapide pour comprendre l'articulation entre action culturelle et lutte contre l'illettrisme.


J'ai d'abord vu que la culture figure au chapitre des Droits humains. La Déclaration Universelle des Droits de l'Homme dont on fête aujourd'hui les soixante ans est explicite.
Article 22 de la DUDH :
Toute personne, en tant que membre de la société, [...] est fondée à obtenir la satisfaction des droits [...] culturels indispensables à sa dignité et au libre développement de sa personnalité [...]. Article 27-1 de la même DUDH : Toute personne a le droit de prendre part librement à la vie culturelle de la communauté, de jouir des arts [...].

Au niveau européen, on notera, avec satisfaction, que la "sensibilité et l'expression culturelles" font partie des compétences clés pointées par la Commission comme devant appartenir à chaque européen dès le seuil de sa vie d'adulte. C'est très précisément le huitième domaine de compétences. Quand bien même le texte européen prend le soin de préciser que "les compétences clés sont considérées comme étant aussi importantes les unes que les autres", on notera, non sans malice, que la culture est rangée en dernière position, après le fameux "esprit d'entreprise"...
Voici le texte [Recommandation du Parlement européen et du Conseil du 18 décembre 2006 sur les compétences clés pour l'éducation et la formation tout au long de la vie (2006/962/CE)] qui présente ce domaine :

Sensibilité et expression culturelles
Définition : Appréciation de l'importance de l'expression créatrice d'idées, d'expériences et d'émotions sous diverses formes, dont la musique, les arts du spectacle, la littérature et les arts visuels.
Connaissances, aptitudes et attitudes essentielles correspondant à cette compétence : La connaissance culturelle suppose d'avoir conscience du patrimoine culturel local, national et européen et de sa place dans le monde. Elle inclut une connaissance élémentaire des œuvres culturelles majeures, dont la culture populaire contemporaine. Il est essentiel de comprendre la diversité culturelle et linguistique en Europe et dans d'autres régions du monde, la nécessité de la préserver et l'importance des facteurs esthétiques dans la vie de tous les jours.
Les aptitudes relèvent à la fois de l'appréciation et de l'expression: l'appréciation d'œuvres d'art et de spectacles ainsi que l'expression personnelle au travers de différents medias grâce aux capacités individuelles innées. Il faut également avoir la capacité de comparer ses propres opinions et expressions créatrices à celles des autres et de repérer dans une activité culturelle des possibilités sociales et économiques et de les réaliser. L'expression culturelle est essentielle au développement d'aptitudes créatives, lesquelles peuvent être transférées dans divers contextes professionnels.
Une compréhension approfondie de sa propre culture et un sentiment d'identité peuvent constituer la base d'une attitude respectueuse et ouverte envers la diversité des formes d'expression culturelle. Par une attitude positive, on entend également la créativité, la volonté de développer son sens esthétique par une pratique personnelle de l'expression artistique et par une participation à la vie culturelle.

Quand on s'enferme dans l'hexagone franco-français et qu'on observe comment notre système éducatif a intégré la "recommandation" européenne, on tombe d'assez haut ! Exit "sensibilité et  expression culturelles" ! Le plus approchant semble être le cinquième item du Socle commun, intitulé "culture humaniste". Mais ici c'est l'idée d'acculturation, plus que de culture, qui semble maîtresse. Il s'agit d'ouverture au monde et de curiosité (?). Il s'agit enfin, car il faut bien justifier le qualificatif 'humaniste', de développer "la conscience que les expériences humaines ont quelque chose d'universel".
Côté expression ou création, c'est le vide absolu. La culture, ça se consomme ! Peut-être au chapitre de l'autonomie et de l'initiative (item 7), aurons-nous plus de chance ? Mais là, il n'y a rien qui ressemble à de l'activité culturelle !

Mieux, quand on cherche à savoir comment ces compétences clés sont concrètement interprétées dans le cadre de dispositifs de formation, on a une idée du vide culturel : la circulaire DGEFP n° 2008/01 du 3 janvier 2008 relative à la politique d’intervention du ministère chargé de l’emploi en faveur de l’accès aux compétences clés des personnes en insertion professionnelle a tout simplement évacué toute dimension proprement culturelle. C'est que nous sommes soumis, à partir de ce type de fonctionnement, au syndrome de la soumission absolue à la "politique emploi"... Mais c'est une autre histoire.


Revenons sur le terreau des pratiques territoriales, à Bouvines, où échangeaient jeudi dernier des praticiens de la formation et de la culture. Les expériences présentées lors de l'atelier dont je fus le rapporteur étaient :

  • le Guide d’invitations à la lecture en partenariat avec la DRDJS (Association Dire Lire)
  • l'Atelier de sensibilisation aux Beaux Arts (AAE Profil et École régionale des Beaux Arts)
  • l'Atelier d’expression théâtrale (INSTEP Formation Dunkerque)
  • l'action Sur les chemins de la culture (CAPEP)

Réunissant une vingtaine de professionnels de la formation et/ou de la culture, l'atelier fut riche en échanges.
Il en ressort une certitude partagée : la "participation culturelle" contribue à l'apprentissage de la lecture et de l'écriture ainsi qu'à l'apprentissage de la (prise de) parole ; elle contribue à l'acquisition de compétences qui sont aussi celles de la lecture/écriture. La "participation culturelle" est ici diverse, allant de la rencontre avec un grand chef d'orchestre à la création de mosaïque, en passant par le jeu théâtral et l'écriture poétique.
La "participation culturelle" se réalise dans le cours de projets dont les conditions de réussite ont fait l'objet de discussion : partenariat et brassages (brassage de populations, brassage de projets, brassage de compétences), mais aussi inscription dans la durée et ancrage territorial, principalement.

Partenariat.
Partenariat entre organismes de formation, bien sûr (le réseau LiRE est là pour assurer cette évidence), mais aussi partenariat entre formateurs et acteurs culturels, entre des professionnels de la formation et des professionnels du secteur culturel. Des partenariats forts allant jusqu'à produire du maillage territorial intense.

Brassages.
Brassage de population d'abord, pouvant parfois se concrétiser en échange réciproque de savoirs et de cultures, déclenchant des questionnements collectifs (sur la religion, par exemple) que le "détour artistique" saura repositionner (distanciation en appui sur l'artistique, mise en relations différente, formalisation, etc.).   
Brassage de projets ensuite : autour d'une action culturelle montée sur un territoire pour des publics en situation d'illettrisme, fonctionnent typiquement deux projets, un projet éducatif (apprentissage de la lecture, de l'écriture, etc.) et un projet culturel (pratique culturelle, valorisation de l'œuvre, etc.). On assiste alors à un authentique brassage, à une sorte de symbiose où chaque élément garde toute sa force et préserve son identité, tout en offrant à l'autre le champ de son déploiement, tout en donnant à l'autre la possibilité de prendre du sens autrement (éventuellement non prévue au départ) - d'où une spirale vertueuse d'enrichissement mutuel des projets.   
Brassage des compétences enfin. On n’insistera jamais suffisamment sur la nécessité de professionnalisme des acteurs. Dans le prolongement du brassage des projets, ce professionnalisme va s'ouvrir en une professionnalisation bien particulière. Dans le fonctionnement  d'une action culturelle montée sur un territoire pour des publics en situation d'illettrisme, il y a concrètement combinaison de compétences spécifiques différentes. Certains parlent de connivence, au sens où ces compétences différentes s'exercent vers un objectif commun. D'autres parleront de mutualisation de compétences, sans qu'il y ait dépossession de quoi que ce soit, mais bien au contraire là aussi enrichissement mutuel – jusqu'à éventuellement motiver des acteurs d'un des deux secteurs à se qualifier dans l'autre secteur...
Inscription dans la durée.   
Le travail dans la durée est l'une des compétences attendues des personnes en apprentissage de la lecture et de l'écriture. Il est aussi l'une des conditions de fonctionnement des actions culturelles dans la lutte contre l'illettrisme - une condition que les systèmes d'entrée-sortie permanente en formation mettent à mal. Cette inscription dans la durée prend plusieurs formes : durée même de l'action, répétition de l'action (pour d'autres groupes en formation)  dans le cadre d'un dispositif reconduit, mais aussi suites de l'action hors l'action (transfert vers les "lieux culturels"), etc. - ce qui pose la question des limites spatio-temporelles de l'action de formation et nous amène à la problématique de l'évaluation de l'action.
Ancrage territorial.   
L'ancrage territorial d'une action culturelle et de la lutte contre l'illettrisme revêt une importance particulière, et pas seulement du point de vue financier ! Un tel ancrage, facilité par exemple par l'implication et l'engagement d'élus en charge de la culture, est présenté à la fois comme une aide précieuse au démarrage de l'action, mais aussi comme un espoir de pérennité...
En dernier lieu, une question unanimement posée, celle de la lisibilité. Nous abordons ici les rivages de l'évaluation de l'action. Du moins aux rivages de sa valorisation formalisée, voire chiffrée. La question est simple à énoncer : comment rendre lisible ce qui n'est pas formel [note], comme la reprise de confiance en soi, la capacité à prendre la parole devant autrui, etc. La "culture du résultat" dans sa version la plus arithmétique est-elle sincèrement possible ici ? Qu'est-ce qu'on chiffre ? Qu'est-ce qu'on peut chiffrer ? Par exemple, comment évaluer une "activité culturelle" dont le principal résultat est enfoui au plus profond de l'intimité de la personne et ne se manifestera que plus tard en termes de volonté d'apprendre, cette volonté engageant un système complexe de compétences ?

[note]    Encore faut-il distinguer entre le formel (activité cognitive dans le cadre d'un dispositif éducatif), le non formel (activité cognitive mais hors cadre éducatif) et l'informel (activité sans visée cognitive, mais tout de même valorisable en terme d'apprentissage). 


21 janvier 2008

Menteur ou girouette ?

Lu sur le site de Marianne, l'extrait de discours du rhéteur en chef de la politique française le 9 mai 2004, au Conseil national de l'UMP, à Aubervilliers... Intéressant ! Avec la question subséquente : celui qui est devenu aujourd'hui le Roi d'Maubeuge est-il un menteur ou une girouette ? Écoutons-le :

Si l'Europe reste la seule affaire des responsables politiques et économiques, sans devenir la grande affaire des peuples, reconnaissons que l'Europe sera, à plus ou moins brève échéance, vouée à l'échec.
Bien sûr, l'Europe doit être au service des peuples, chacun peut le comprendre. Mais l'Europe ne peut se construire sans les peuples, parce que l'Europe, c'est le partage consenti d'une souveraineté et la souveraineté, c'est le peuple. À chaque grande étape de l'intégration Européenne, il faut donc solliciter l'avis du peuple. Sinon, nous nous couperons du peuple.
Si nous croyons au projet Européen comme j'y crois, alors nous ne devons pas craindre la confrontation populaire.
Si nous n'expliquons pas, si nous ne convainquons pas, alors comment s'étonner du fossé qui risque de s'amplifier chaque jour davantage entre la communauté Européenne et la communauté Nationale ?
Je le dis comme je le pense, simplement : je ne vois pas comment il serait possible de dire aux Français que la Constitution Européenne est un acte majeur et d'en tirer la conséquence qu'elle doit être adoptée entre parlementaires, sans que l'on prenne la peine de solliciter directement l'avis des Français.

Et quand on visionne l'enregistrement vidéo de ce moment politique fort, on ne peut qu'aimer ce grand "démocrate", et même que la foule UMP en délire l'applaudissait à tout rompre ! Si si ! Regardons-le :

Bah ! C'était l'bon temps !

Je ne sais pas pourquoi, mais, subitement, je pense encore à Matin Brun... Et du coup je prends peur !
Parce que, quand même, quand il dit le mot "peuple", ça me met mal à l'aise. C'est qui lui ? C'est qui les cadres de l'UMP ? C'est qui le peuple ? Pour qui se prend-il lui ? Et eux ?


7 janvier 2009

Accord conclu !

Avant même que de le lire et de l'analyser, je te donne, impatient et pertinent lecteur, le texte de l'Accord national interprofessionnel sur le développement de la formation tout au long de la vie professionnelle, la professionnalisation et la sécurisation des parcours professionnels adopté par les partenaires sociaux ce mercredi 7 janvier 2009. Monsieur Sarkozy le voulait pour Noël. Il l'a pour l'Épiphanie. Il a dû attendre un peu. C'est sûrement bon pour son éducation ...


8 janvier 2009

Protéger les droits des travailleurs migrants

La France doit ratifier la convention sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille
Cette convention, adoptée le 18 décembre 1990, est entrée en vigueur le 1er juillet 2003. A ce jour 30 États l'ont signée et 39 l'ont ratifiée. Aucun État de l'Union européenne ne l'a signée ni ratifiée. La plupart des États signataires sont donc les pays d'origine des migrants.
 A plusieurs reprises ces dernières années, les autorités françaises ont clairement exprimé leur refus de s'engager pour le droit des migrants en ratifiant ce texte (voir les arguments avancés et les objections d'Amnesty International France).
Pour AIF, aucun de ces arguments ne tient. C'est pourquoi l'organisation lance une année de récolte de signatures, remises le 18 décembre 2009, afin de pousser l'État français à s'engager pour un plus grand respect effectif des droits des migrants et des membres de leur famille.

Signer la pétition en ligne
et inciter votre entourage à le faire aussi
!

source : Amnesty International France (Actionaute de janvier 2009) 


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