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BRICH59
droite francaise
21 juillet 2009

Du boulot grâce à Pôle Emploi ? Non, du profit !

Lu ce matin dans Les Échos

Débordé, Pôle emploi confie 320.000 chômeurs au privé... Le service public de l'emploi présente son plan d'urgence pour la rentrée. L'accompagnement par le privé, jusqu'alors limité, sera massif. Cabinets de reclassement et agences d'intérim s'arrachent le marché. Pôle emploi finalise son plan d'urgence pour la rentrée, que le secrétaire d'État à l'Emploi, Laurent Wauquiez, présente ce matin. L'accompagnement de 320.000 victimes de licenciement économique et chômeurs en difficulté va être confié à des opérateurs privés. Le mouvement sera lancé à la rentrée et s'étalera jusqu'à 2011. La direction de Pôle emploi et les partenaires sociaux se réunissent cet après-midi pour sélectionner les opérateurs retenus parmi la grosse quinzaine de candidats. Les grands cabinets de reclassement et les poids lourds de l'intérim sont à l'affût de ce marché de plusieurs centaines de millions d'euros. Expérimentée depuis 2005, une telle sous-traitance au secteur privé restait jusqu'alors limitée. En 2007 et 2008, seuls 46.000 chômeurs étaient concernés, mais les difficultés actuelles de Pôle emploi, dont les agents sont débordés, ont poussé à un passage accéléré à la vitesse supérieure. Les syndicats accompagnent le mouvement mais exigent un strict contrôle du travail des opérateurs privés.

Ce qu'on dit moins, c'est que le bilan des essais antérieurs a montré que les résultats étaient loin d'atteindre les objectifs annoncés en grande pompe. L'idée que les officines privées seraient plus proches de l'économie réelle et du marché du travail concret n'est qu'un vilain préjugé que ledit bilan a très clairement dénoncé ! Le monde ultra-libéral est décidément incorrigible,  il ne veut rien entendre ; et il est clair que la finalité de tout ça n'est pas celle qui est annoncée (lutter contre le chômage des peuples) mais bien de faire fonctionner des boîtes où la recherche du profit est le ressort principal de l'activité... Il aurait sûrement suffit de donner à Pôle Emploi les moyens de ses missions pour que l'appel à la concurrence (ici "faussée" et "déloyale", du moins entre le service public et les intérêts privés !) ne soit pas justifié.


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15 juillet 2009

Police politique & Journalisme politique

Le Monde a mis en ligne hier, en ce jour de Fête nationale où la France  des Droits de l'homme est unie dans la célébration de sa démocratie - ou plutôt de sa démocratisation (non achevée) -, une drôle d'histoire :

LeMonde13juillet09

AI2009
Le jeune journaliste raconte.... On dirait vraiment que nous sommes partis dans un engrenage où les forces de l'ordre du  roi d'Maubeuge ont eu pour consigne d'avérer le triste bilan dressé par Amnesty International il n'y a pas si longtemps, alors même que les autorités avaient à l'époque dénoncé un rapport quasi mensonger...

Dans le récit du jeune journaliste, on entend les policiers traiter les jeunes de "sales gauchos". À part ça, la police de Sarkozy-Hortefeux n'est pas une "police politique" ...

La police politique se porte donc bien.
Le journalisme politique également.

TVMagSur ce registre, on appréciera la tonalité quasi hagiographi­que, comme dit si bien Benoît Hamon, de l'émission À visa­ge découvert diffusée lundi soir et consacrée à notre bon roi d'Maubeuge. Pour le moins, on jugera que les journalistes ne risquaient pas de se retrouver en garde-à-vue, eux... Christian Malard, l'un des deux journalistes interviewers, s'est offert un sauf-conduit à vie, si on lit bien l'entretien qu'il accorde à TV-Mag ! À moins que TV-Mag ne fasse partie du groupe Figaro-Dassault... Non ! Je dis n'importe quoi : ce doit être de la pédagogie politique ! Nuance !

Par contre, il y en a qui ne donnent pas dans la nuance ! Je veux parler de Libé et du Monde, par exemple, lorsqu'ils rendent compte des festivités démocratiques. Quand ce dernier titre Deux entretiens du 14-Juillet valent mieux qu’un pour Nicolas Sarkozy, je trouve qu'Arnaud Leparmentier est pour le moins virulent de sarcasmes ... qui me plaisent bien. Il est vrai que, si Le Monde n'est pas vraiment "gaucho" (pour reprendre la terminologie raffinée des policiers), c'est un fait qu'il n'appartient pas au maire déchu de Corbeil-Essonnes, par ailleurs propriétaire du Figaro, TV Mag, etc. De là à mettre les journalistes stagiaires (= jeunes) du Monde en garde à vue...


13 juillet 2009

Bloqueur bloqué !

Après la militarisation de la fonction publique enseignante, voici l'éviction scolaire pour conscience politique active !

Ainsi Tristan, élève de 1ère ES à Maurice Ravel (Paris 20ème), ne pourrait être inscrit en Terminale que s'il abdique sa conscience politique et promet de ne plus mener de combat politique en tant qu'élève citoyen. Lis Libération, lecteur attentif !

essai_ravel8On notera au passage qu'il n'est pas mauvais élève puisqu'il est admissible à l'inscription dans la classe de niveau supérieure... Dieu sait si je trouve que bloquer les établissements d'enseignement n'est pas la meilleure façon de faire valoir ses droits à une éducation meilleure. Je l'ai déjà dit à certains de mes étudiants (cf. ma lettre de nov.2007). ceci dit le respect du principe fondamental de la liberté politique passe par l'acceptation des formes de lutte choisies par ceux - trop rares à mon goût! - qui ont une conscience politique - sous réserve de la non mise en danger d'autrui, of course.

En fait, pour ceux qui nous gouvernent (les grandes entreprises et leurs valets), le citoyen qui franchit la porte de l'usine ou du bureau doit laisser dehors sa conscience politique et sa liberté d'expression. Il en va de même dans le secteur éducatif : l'enseignant doit obéir comme le sous-officer doit obéir à l'officier, et l'élève doit obtempérer et s'interdire d'importer dans l'enceinte scolaire les méthodes de lutte syndicale classique.

Bien sûr, la rhétorique classique est mobilisée dans cette exigence d'abdication : bloquer c'est pas beau, ça empêche les gentils élèves dépourvus de conscience politique de travailler, etc. On aime ou on aime pas. Moi j'aime pas ! Il y a comme de l'illégitimité à condamner celui qui se bat pour une éducation plus juste au motif qu'il empêche le fonctionnement (injuste donc) du système éducatif...

Et puis, il y a comme un problème quand on voit un exécutif bling-bling et à la solde du grand patronat jouer les pères fouettards. Non ?


30 juin 2009

Un dossier du Café pédagogique sur le traitement réservé à la violence scolaire...

Je m'autorise un copier-coller abusif [avec cependant modification de quelques liens], mais c'est pour la bonne cause : le Café pédagogique est un excellent organe d'information de la communauté éducative et nous présente ce mois-ci un dossier sur le traitement (manipulation) fait par le pouvoir du problème de la violence à l'école... Je ne résiste pas - comme pour inviter mes lecteurs à s'abonner à la lettre d'information du Café.

Caf_P_dagogiq

Violence scolaire : une campagne politique ?
Recette connue : prenez deux campagnes électorales, quelques fait divers et faites réagir les réflexes sécuritaires. Si la violence scolaire existe bien, la campagne sécuritaire impulsée par l'Élysée est-elle susceptible d'apporter des remèdes ?

28 mai : Le discours présidentiel

"L’aggravation du chômage des jeunes risque d’avoir un impact particulièrement néfaste sur les équilibres de notre société en favorisant un sentiment de frustration et d’exclusion chez ceux qui incarnent l’avenir. C’est un drame absolu qui mobilise le Gouvernement". C'est par cette vision que le président de la République a débuté son discours le 28 mai. A quelques jours des élections, il a annoncé des mesures sécuritaires pour les quartiers populaires et surtout pour l'École.

Le président affirme deux constats. Le premier écarte les politiques d'éducation et de prévention : " la délinquance ne procède que très rarement de la souffrance sociale. La délinquance résulte simplement de l’attrait de l’argent facile". Le second décrit une situation d'urgence : "Nous assistons à une banalisation de la présence et de l’usage des armes dans les établissements scolaires… Il faut mettre fin", ajoute-il, "tant qu’il en est encore temps, avant qu’une catastrophe ne se produise, avant qu’une catastrophe ne se produise il faut mettre fin à la banalisation du port d’arme dans la rue, les transports en commun, les établissements scolaires".

Les mesures annoncées par N. Sarkozy sont celles présentées par X. Darcos le 27 mai. "184 établissements parmi les plus sensibles vont faire l’objet d’un diagnostic de sécurité à l’issue duquel seront adoptées toutes les mesures nécessaires à leur protection contre les intrusions. J’invite les préfets, les recteurs, les procureurs à veiller au bon déroulement de cette démarche".

Ces mesures sont précisées. Outre l'installation de portiques de sécurité, le président envisage de donner le droit aux chefs d'établissement de fouiller les élèves. Il annonce la création d'équipes mobiles d'agents "qui viendront épauler sur un plan pédagogique les chefs d’établissement en cas de difficulté ponctuelle relative à la discipline dans un lycée ou un collège". Il s'agit de "sanctuariser" les établissements scolaires.


9 juin : Darcos lance le nouveau plan contre la violence scolaire

Des proviseurs formés par les gendarmes, des portiques, des équipes mobiles d'intervention : le 9 juin, Xavier Darcos a réuni les recteurs pour présenter ses décisions concernant la violence scolaire. Mais il ne fixe pas de calendrier.

"Xavier Darcos réaffirme son refus de voir se banaliser la présence d’armes en milieu scolaire et, plus largement, entend mettre en œuvre tous les moyens nécessaires pour assurer la sécurité des élèves et des personnels de l’Éducation nationale". Très mal accueilli par les spécialistes, qui le jugent inefficace voire contre-productif, ce 4ème plan Darcos part d'un constat biaisé.

Il comprend 4 volets. Le premier concerne les CPE et chefs d'établissement qui recevraient une "formation à l'exercice de l'autorité" qui pourra inclure un stage dans les services de police.  Ils disposeront également du pouvoir de fouiller un cartable Le ministre annonce également une révision des règlements intérieurs et la création d'une équipe mobile dans chaque académie.

En 2002 lors de son premier plan contre la violence scolaire, Xavier Darcos prédisait son rapide effondrement : "L’objectif est de faire baisser la violence de moitié en cinq ans". On sait ce qu'il en a été. Partant d'un constat erroné sur ce qu'est réellement la violence scolaire, ce plan est-il à même de résoudre cette importante question ?


À coté de la plaque...

Éric Debarbieux, sans doute le meilleur spécialiste français de la violence scolaire, a l'habitude de dire que sur ce sujet il faut à la fois se garder de minimiser les choses, de les nier et de les sur estimer. C'est le privilège de Nicolas Sarkozy et de Xavier Darcos que de réussir à  tomber dans ces deux pièges.

En affirmant que les armes sont devenues "banales" dans les établissements scolaires, Nicolas Sarkozy exploite de façon démesurée des incidents malheureux mais qui ne sont pas en progression. Car les statistiques officielles de la violence scolaire montrent une stabilité de ses manifestations. L'idée qu'il y aurait une urgence vitale à agir dans la précipitation n'est argumentée par rien de sérieux, au point que le président est obligé d'aller chercher ses exemples à l'étranger.

Pour autant, N Sarkozy, tout comme Xavier Darcos,  sous-estime la violence scolaire. Tous deux ne réagissent qu'aux incidents les plus médiatisés et réduisent la violence scolaire à celle qui est exercée sur les adultes. Or chacun sait qu'elle se manifeste principalement, et de loin, par le harcèlement répété qu'exercent les jeunes sur certains de leurs camarades. On savait déjà que les mesures envisagées (portiques de sécurité, fouilles, agents spéciaux) étaient irréalistes et inefficaces (comment bloquer une intrusion dans un flux de 1000 élèves, combien de temps pour passer a la machine 1000 cartables à 8 heures ??). Mais le pire c'est qu'elles n'apportent aucun soulagement aux vraies victimes du harcèlement scolaire.

Que reste-il alors de cette déclaration présidentielle ? Certainement rien de concret. Rien dans ce programme ne peut aboutir à des applications effectives. Le Snpden ne s'y trompe pas quand il relève qu'aucun budget ne l'accompagne. Rien si ce n'est la démonstration que pour la droite l'Ecole est devenu un objet électoral. Certes le rapport Apparu montre qu'il reste à droite des contributeurs de qualité aux débats sur l'Ecole.  Ailleurs la droite libérale a su protéger l'Ecole des tendances les plus conservatrices au nom de l'efficacité. Mais l'exemple présidentiel peut nous faire craindre une utilisation politique "à la genevoise" des thèmes scolaires. On sait à quel point les campagnes politiques des conservateurs genevois et vaudois ont pesé négativement sur les systèmes éducatifs de ces cantons. On sait aussi ce que cela a signifié plus généralement dans ces cantons pour les enjeux de société en général de voir la droite autoritaire dominer la droite libérale.

Pour ces raisons là aussi, le discours présidentiel est une mauvaise nouvelle pour l'Ecole. C'est aussi un signal de sa radicalisation.


Les réactions au discours de N. Sarkozy

Pour le Snpden, premier syndicat de chefs d'établissement, la "sanctuarisation" "en plus des questions de choix éducatifs qu’elle soulève,  nécessiterait la mobilisation de moyens financiers considérables qui peuvent être évalués à plusieurs milliards d’euros par an mais qui n’ont pas été évoqués". La principale mesure effective, l'habilitation à ouvrir les sacs "n’est guère décisive... Actuellement, la prise en charge d’un élève soupçonné d’avoir une arme ne pose pas de difficulté même sans ce droit". Le Snpden craint une mise en cause des chefs d'établissement. "Le risque de désigner par avance les responsables d’éventuels incidents dramatiques à venir, les personnels de direction qui n’auront pas fouillé, ou fait fouiller, ou pas assez ou pas comme il fallait, alors même que, comme pour d’autres missions qui leur sont confiées, ils ne disposent pas des ressources humaines nécessaires". Le Snpden demande des mesures "réalistes". Il souligne aussi que les violences en milieu scolaire n'ont pas augmenté.

Le SE-UNSA dénonce, à quelques jours d’une échéance électorale, "une opération de communication aussi démagogique que contre-productive… En s’entêtant à supprimer des milliers d’emplois à l’Education Nationale, le gouvernement prive l’Ecole d’autant d’adultes chargés de la surveillance et de la prévention au quotidien".

Mis en cause par la politique élyséenne, les présidents de région réagissent au discours de Sarkozy en dénonçant des mesures inefficaces. "Plutôt que d'installer des portiques (...), le gouvernement ferait mieux de rétablir les emplois d'aides éducateurs, de surveillants et d'enseignants qu'il supprime année après année", a déclaré Jacques Auxiette, président de la commission éducation de l'association des régions de France. "Le président de la République et son gouvernement, en s'en prenant directement aux jeunes et faisant de leurs parents les seuls responsables de l'insécurité, piétinent les principes et les valeurs de notre République fondés sur les droits de l'homme et de l'enfant. Cette attitude est indigne".

Seul le nouveau président de la Peep manifeste sa satisfaction. "Qu'on donne des prérogatives juridiques pour permettre d'effectuer des fouilles dans les cartables ça va dans le bon sens. Qu'on puisse fouiller un élève avant qu'il ne commette l'irréparable est une bonne chose".


Violence scolaire : A la "précipitation" de l'Élysée, Paris oppose la concertation

"Plus que des réponses élaborées dans la précipitation et sans concertation, c’est un travail en commun sans cesse approfondi avec les services de l’Etat, les collectivités territoriales, les associations et les acteurs de terrain que nous appelons de  nos vœux afin de construire des réponses pérennes et efficaces". La municipalité parisienne, sous la plume de Colombe Brossel, Georges Sarre, Gisèle Stievenard, Myriam El Khomri et Bruno Julliard, réagit aux annonces élyséennes sur la sécurisation des établissements scolaires.

" Nous regrettons l’absence de toute concertation avec les élus locaux, en préalable de ces annonces : ce sont pourtant les collectivités territoriales et en premier lieu les départements qui sont compétents et financent les travaux dans les collèges, y compris ceux destinés à leur sécurisation" soulignent les élus parisiens. Ils rappellent le rôle de l'encadrement. " Qui d’autre que les enseignants, les Conseillers Principaux d’Education et d’Orientation, les personnels qualifiés de Vie Scolaire, les infirmières, assistantes sociales et psychologues scolaires peuvent contribuer au quotidien à la sérénité au sein des établissements ?"


L'avis d'un pédagogue : comment rétablir l'autorité à l'école ?

"Les jeunes qui sont en face de nous ont une histoire, des besoins, ils sont en marche vers la construction de leur personnalité et pour cela ils ont à se "heurter à nous", comme ils ont et auront à se "heurter à la réalité" disciplinaire (dans les deux sens du terme: la loi et les disciplines: maths, histoire...). C'est dans l'exercice de notre fonction d'autorité qu'ils progressent dans leur personnalité et dans leurs connaissances disciplinaires. Les deux sont liés". Jacques Nimier revient sur la question de la violence scolaire, qu'il lie à celle de l'autorité.

"Alors les portiques, les habilitations à fouiller les cartables...? Arrêtons de croire qu'il existe une solution miracle à tous les problèmes de violence. Arrêtons de proposer des mesures fantasmatiques qui vont solutionner par un coup de portique magique nos problèmes… Au niveau national c'est ce travail d'équipe qui doit être encouragé, ce sont les initiatives prises localement qui doivent pouvoir recevoir l'aide nécessaire".


En guise de conclusion : la violence scolaire mérite mieux que des réponses démagogiques

Lors du congrès de la PEEP,le 21 mai, Xavier Darcos a annoncé de nouvelles mesures pour lutter contre la violence scolaire. Sont-elles efficaces ?

Les annonces de Xavier Darcos
« Je veux que nous fassions en sorte de dissuader les candidats à la violence en donnant aux personnels des établissements les moyens juridiques et matériels d’agir. Les personnels doivent avoir le droit de faire ouvrir le cartable ou de fouiller l’élève qu’ils suspectent de vouloir introduire des armes. Et puis, puisqu’il faut des moyens, mais des moyens bien utilisés, je veux mettre en débat la possibilité de créer, auprès des recteurs, d’une force mobile d’agents qui pourront intervenir dans les établissements sur des missions de prévention et de contrôle. Mais dissuader les candidats à la violence, c’est aussi responsabiliser leurs parents et les impliquer plus étroitement dans la prévention des comportements à risque. Certains parents le font avec beaucoup de courage, y compris auprès d’adolescents très difficiles. D’autres ont totalement démissionné. Je crois qu’il faut rappeler ces derniers à leur devoir de parent en leur infligeant, si nécessaire, des sanctions financières concrètes, rapides et proportionnées à la faute ».

Des réponses inadaptées
Aucune de ces trois mesures ne semblent adaptées à la situation. S’agissant de la « responsabilisation » des parents, on sait qu’en Angleterre les parents sont par exemple passibles d’amende et de prison en cas d’absentéisme de leur enfant. Malgré la multiplication de ces peines, le taux d’absentéisme ne cesse de progresser . Encore faudrait-il que lelien soit établi entre violence scolaire et démission parentale. L’installation de portiques pour filtrer les élèves semble davantage être là pour faire porter la responsabilité des incidents par les collectivités locales que pour apporter une réponse sérieuse. Il est impossible de faire passer des centaines d’élèves rapidement sous un détecteur à moins de vouloir supprimer quelques cours... L’exemple du lycée de Gagny où a eu lieu une intrusion montre qu’un établissement peut être correctement sécurisé (sas, cameras vidéo) sans pouvoir empêcher des intrusions au moment où des centaines d’élèves entrent. Quant l’idée d’une force de police spécialisée elle n’empêcherait évidement pas les violences graves dont on connaît le caractère spontané. Est-il utile de préciser qu’inviter les enseignants ou chefs ‘établissement à se comporter en shérifs semble davantage à même d’encourager la compétition violente à leurs dépens qu’à calmer le jeu ?

Une méconnaissance de ce qu’est la violence scolaire
Tout au souci d’apporter une réponse médiatique à un fait divers médiatique, le ministre tourne le dos à ce qu’est réellement la violence scolaire. Si chaque cas de violence grave est choquant et inadmissible, ces cas sont néanmoins rarissimes. La violence scolaire quotidienne c’est le harcèlement qu’exercent certains élèves sur d’autres élèves. Celui-ci est un facteur important de décrochage scolaire et de perte de niveau. Il décourage les élèves qui en sont victimes.

Un quatrième plan pour rien
C'est déjà le quatrième plan anti-violence scolaire lancé par Xavier Darcos. En janvier 2008, il disait : "Je ne saurais accepter la multiplication des entorses à la tranquillité nécessaire à l'apprentissage. Je ne saurais accepter la banalisation des faits de violence". En 2002, ministre délégué de Luc Ferry, il avait lancé un autre plan contre la violence scolaire. "L’objectif est de faire baisser la violence de moitié en cinq ans" promettait-il. Sept ans plus tard, la situation ne semble pas avoir beaucoup progressé... Elle marque juste l’incompétence des plans précédents.

Pourtant des solutions existent
Éric Debarbieux, qui mène en ce moment avec la mairie de Paris une expérience originale, estime qu'il y a des facteurs propres aux établissements dans leur organisation matérielle. La baisse du nombre de surveillants, des recoins mal contrôlés sont par exemple des facteurs de violence. Il y a surtout des causes à chercher au cœur même du fonctionnement de nos établissements. C'est la solitude des enseignants et l'anonymat des élèves qui favorisent le harcèlement qui reste de très loin la plus importante violence scolaire. C'est la qualité des relations avec l'environnement de l'établissement qui est aussi en jeu. Enfin la violence scolaire explose à la rencontre entre l'état de notre école et celle de notre société. Envisagerait-on un mur autour des quartiers sensibles ?


29 juin 2009

... les yeux pour pleurer ?

  • Plus de la moitié des électeurs qui ont voté hier à Perpignan ont porté au pouvoir une équipe, dont l'élection en mars 2008 avait été invalidée par le conseil d'État après l'affaire de la "fraude à la chaussette"... consolidant la droite au pouvoir, même quand elle a été convaincue d'immoralité politique.

  • Plus du tiers des électeurs qui ont voté hier à Hénin-Beaumont ont choisi le parti de la haine, au nom d'une espèce d'improbable "hygi-hainisme socio-politique"... donnant à la droite au pouvoir l'occasion de proférer une leçon de morale à la classe politique, de fustiger une gauche socialiste mal en point, d'aller jusqu'à se gausser qu'elle ne soit pas monolythique comme l'est la droite, c'est-à-dire que son fonctionnement interne soit démocratique - ce que n'est pas celui des partis politiques de droite (UMP, FN notamment).

  • L'État militarise la fonction publique, bâillonnant ses salariés quand ils risquent d'exhiber les mésactions de leur employeur, interdisant aux fonctionnaires de parler en public de leur relation avec l'État, même si, bien sûr, le secret défense ou l'intégrité nationale n'est pas en jeu : selon les termes d'une dépêche de L-AEF, Bastien Cazals, directeur de l'école maternelle Louise-Michel à Saint-Jean-de-Védas (Hérault) et "résistant pédagogique" depuis le mois de novembre 2008 "a reçu un courrier de l'inspecteur d'académie de l'Hérault, daté du 23 juin, lui intimant l'ordre de ne plus communiquer avec aucun media pour tout sujet ayant rapport avec ses fonctions", annonce dans un communiqué le réseau des enseignants en "Résistance pédagogique". Comme dit le représentant de l'État dans cette affaire, "l'honneur de la fonction publique est d'obéir aux instructions". Vous remplacez 'instruction' par 'ordre' - ce que le principe de la synonymie autorise -, et vous avez la fonction militaire... La droite au pouvoir, celle qui au nom de Chirac supprima la conscription militaire, entend faire aujourd'hui de l'ensemble des salariés de l'État une cohorte obéissante de soldats muets. Au nom de Sarkozy.

À ce train-là, du Nord au Sud de la France, la droite au pouvoir n'a pas de souci à se faire quant à sa longévité politique.
Et moi, il ne me restera bientôt plus que les yeux pour pleurer.
S'il est encore permis de pleurer.


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28 juin 2009

Sur le désengagement financier de l'État

Dépenses éducatives en chute libre, inégalités dans leur répartition : une étude de la DEPP vient confirmer le sentiment général. Sous Xavier Darcos et plusieurs de ses prédécesseurs, la dépense intérieure d'éducation a diminué. De 7,6% en 1995 elle est descendue à 6,8% en 2006 puis à 6,6% en 2007. SiteENLa part de l'État dans la dépense intérieure d'éducation qui était de 61% en 1980 ne représente plus que 55% en 2007. Inversement celle des collectivités locales est passée de 14 à 23%. Les écarts restent forts entre catégories d'élèves. La dépense moyenne par élève est de 7.470 euros mais il faut compter 5.350 dans le primaire, 7 930 pour un collégien, 10.240 pour un lycéen et 10.150 pour un étudiant...
L'étude est présentée et accessible .


25 juin 2009

Message(s) : décryptage à fleur de discours

Eh ben ! Ça promet !

Quand je suis tombé hier après-midi sur la dépêche de l'AEF qui rendait compte de la passation de pouvoir au ministère de l'Éducation Nationale, mon sang n'a fait qu'un tour !

Extraits des propos rapportés de Luc Chatel.

  • Un pays qui croit en l'avenir est un pays qui investit dans l'éducation.
    Formidable ! Nous avons affaire à un homme de foi, à quelqu'un qui croit dans l'éducation et dans l'Éducation Nationale l'avenir. Plus loin le jeune ministre insiste : il est "fier" d'avoir été nommé au "ministère de l'avenir". L'avenir de qui, de quoi ? On ne saura jamais : l'avenir c'est tout ! Quelle est donc cette foi sans objet, cette foi aveugle non parce qu'elle croit tout mais parce qu'elle ne voit pas ce en quoi elle croit... Comme disait Sartre de la conscience, tout avenir est avenir de. Avenir tout seul, ça ne veut rien dire.
    C'est la deuxième partie de la phrase qui va nous éclairer : la foi dans l'avenir y est enserrée dans un discours sur l'investissement, dans un discours économique [investir = placer de l'argent, des capitaux dans un secteur de l'économie ou dans une entreprise, pour en tirer des revenus, selon l'excellent TLFI] où l'éducation est une instance dont on peut tirer profit...
    Nous sommes donc dans la zone de la marchandisation de l'école... Nous sommes dans l'idéologie libérale la plus orthodoxe, c'est-à-dire celle qui est socialement la plus dure.

  • Notre pays a besoin de tous ses enfants pour gagner le pari de l'intelligence.
    Belle phrase en vérité, mais qui en reste au niveau de l'annonce et de la pétition de principe. Et tout le monde sait que les principes annoncés en politique sont rarement dans ce monde libéral les véritables moteurs de l'action publique...
    De quelle intelligence parle-t-on ici ?
    Et puis, ces relents de patriotisme : allons z'enfants de la patri-i-e etc. Ça sonne bizarre au moment où le premier ministre nous chante l'unité nationale face à l'ennemi, la crise - qui, soit dit en passant, permet à pas mal de copains de la droite au pouvoir de s'en mettre plein les fouilles...

  • Interrogé sur les 16.000 suppressions de postes à la rentrée 2010 annoncées dans la presse hier mercredi par Xavier Darcos, il répond : Ce qui est important c'est que le taux d'encadrement reste identique. Intéressant comme tour de passe-passe ! Pour moi, à l'Éducation nationale, il y a trois grands types de fonctions : le face-à-face pédagogique, l'encadrement direct et l'environnement direct du face-à-face pédagogique, et l'encadrement ministériel (super-structure qui ne travaille pas dans les établissements scolaires, mais dans les services du Ministère). Quand donc Luc Chatel dit "taux d'encadrement", il veut dire quoi  précisément ? Il se compte dedans ?
    En fait, taux d'encadrement, ça me fait penser aux ratios de calcul de financement des colonies de vacances et autres activités socio-éducatives... On est bien dans le monde de la calculette.

  • Plus loin, le ministre précise qu'il aborde cette nouvelle mission avec humilité, sens de l'écoute mais aussi détermination et sens des responsabilités. En clair, il veut bien réunir pour discuter, mais, de toute façon, il est déterminé (il sait déjà ce qu'il veut) et le sait parce qu'il a un grand sens des responsabilités - ce qui n'est clairement pas le cas de ceux qu'il invitera à discuter...

  • Ensuite, interrogé sur le cumul des fonctions - Luc Chatel est à la fois ministre de l'Éducation nationale et porte-parole du gouvernement - il fait valoir que le porte-parolat, c'est faire preuve de pédagogie », ce qui « se marie très bien avec l'Éducation nationale. Alors là, c'est le pompon ! Il se trahit, mettant sur le même pied, ce que l'homme politique appelle pédagogie et la pédagogie dont parle les pédagogues ! La pédagogie de l'homme politique, c'est quand il bute sur le refus de la population et déploie une panoplie rhétorique grandiose pour "convaincre" le populo d'accepter de se faire berner. Ce qui n'est pas tout à fait le propos d'un Philippe Meirieu ou d'un Célestin Freinet... Ça ferait plutôt ministère de l'Instruction publique comme on disait il y a très très longtemps.

  • Mais le pompon des pompons revient au Sieur Darcos qui lache un Luc Chatel va apporter dans cette maison un regard neuf, un regard sain. Pourquoi donc ? Avec lui c'était vieillot et malsain ?

Á suivre.


24 juin 2009

Les motivations profondes remontent toujours à la surface...

LatribuneLu sur le site de La Tribune ce matin :

POLITIQUE
Éducation : 16.000 postes seront supprimés en 2010
Grâce à une réforme de la formation des enseignants, l'éducation nationale supprimera un nombre record de postes.

On comprend mieux dès lors pourquoi la droite (ultra)libérale s'attaque régulièrement au "pédagogisme" des professionnels de l'enseignement. Tout n'est donc qu'une histoire de redistribution financière... Et Monsieur Luc Chatel,  diplômé de troisième cycle en marketing qui remplace le roi de la règle de trois, devra nous convaincre qu'il est bien responsable de la politique éducative de notre pays...


18 juin 2009

la dissert et la règle de trois...

φ Selon les termes de l'agence AEF, une quarantaine de professeurs de philosophie de l'académie de Lille, réunis en assemblée générale mercredi 17 juin 2009, ont décidé de ne pas corriger l'ensemble des copies du baccalauréat qui leur seront remises, alors que l'épreuve de philosophie a lieu ce matin, jeudi 18 juin. Ils demandent un délai supplémentaire d'une journée et demie pour restituer les notes, au nom de la qualité de la correction. « Il ne faut pas exagérer, on doit arriver à corriger une centaine de copies en huit jours », réagit ce matin Xavier Darcos sur i-Télé.

darcos_r_glede3« Ils ont 24 heures de moins qu'ils n'avaient l'an dernier », admet le ministre de l'Éducation nationale. « Ils ont généralement une centaine de copies à corriger chacun alors que les cours sont arrêtés par ailleurs. Ils sont payés 5 euros par copie. Il y a beaucoup de Français qui seraient contents de toucher 500 euros pour corriger cent copies en huit jours. »

On notera la finesse du propos ! Son sens politique ! Son côté langage de vérité surtout pas démago... ! La droite française contemporaine, celle que les Français ont installé au pouvoir, nous a habitué à cette détestable rhétorique.
Ceci dit, je pense que Monsieur Darcos n'a jamais corrigé de copies de philo ! Là, il sort la calculette pour répondre à une question qui relève de la déontologie et de la qualité professionnelle. Soit ! Mais qui se dévoue pour lui dire qu'une dissertation de philosophie, c'est plus complexe qu'une règle de trois, même composée ?

Regle_de_trois


21 mai 2009

Les a priori de la rhétorique

Hier, 20 mai, c'était l'anniversaire de mon voisin. On a trinqué dans le jardin, sous un soleil prometteur. On a discuté, bien évidemment, des études de nos bambins et bambines, du collège du quartier, du lycée du quartier, de l'école communale aussi où les enseignants ont du mal à interpréter avec des actions les décisions venus d'en haut...

Ce matin, en prenant mon petit déjeuner, j'entends (merci France Inter) que le roi d'Maubeuge est allé discuté dans un lycée de Massy Palaiseau et y a dit que :

  1. la réforme du lycée se fera
  2. elle doit être issue du bas (il dit exactement qu'elle ne doit pas être "plaquée du haut"), être le résultat d'un bouillonnement de tous (que chacun ait "le sentiment de s'exprimer", très exactement)
  3. "on part à zéro, c'est-à-dire sans a priori"

C'est là (reprise du blog mis en place par Richard Descoings)

On notera avec intérêt la nuance de l'expression "sentiment de s'exprimer" ! Comme si l'important était que les gens aient le sentiment de s'exprimer et non qu'ils s'expriment... Au moment où sort le rapport Apparu qui propose une réforme du lycée bien ficelée, la nuance n'est pas gratuite.

Que dire, d'autre part, de cette histoire de "sans a priori" ? Ca me rappelle un de mes responsables qui un jour voulut discuter sans tabou ni a priori. Il s'avéra par la suite qu'il y avait bien des tabous, et que "sans a priori" signifait seulement qu'il ne fallait rien expliciter des sous-entendus nécessaires à toute prise de position. C'est bien cela que nous ressert le roi d'Maubeuge : "sans a priori" veut dire, je pense, qu'il est hors de question de prendre le temps de discuter des fondamentaux politiques (politique éducative s'entend, pas conflit entre partis politiques ou entre hommes de pouvoir...!) C'est en fait le coup du "pas d'politique" que les gens de droite assène régulièrement au milieu des débats où l'on veut juste comprendre ce qui se dit, ce qui se trame... C'est le coup des "apolitiques de droite"... etc. Pauvres de nous !
Moi qui avais toujours pensé que pour comprendre, il fallait justement expliciter au maximum tous les a priori, sans tabou aucun !


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