Les Échos de ce matin :
Retraites : Nicolas Sarkozy fait un geste en promettant cinq mois de concertation
Le chef de l'État a exclu, hier, lors du sommet social, d'imposer une réforme sur les retraites qui serait votée dès juillet. Un geste en direction des syndicats. Le texte de loi sera dévoilé en septembre. Les syndicats restent méfiants et prévoient de mobiliser le 23 mars pour peser sur les choix du gouvernement.
Trop gentil, non, ce roi d'Maubeuge ! C'est du moins ce que voudrait nous faire accroire le quotidien économique...
Il s'agit en fait, d'une nouvelle danse en vogue au Château, que nous nommerons "danse du gentil geste". Il s'agit tout simplement de faire deux pas contraires, celui qui va dans la direction souhaitée étant un peu plus étiré que le pas qui va dans la direction souhaitée par le partenaire. Nous avons déjà eu le cas récemment, lors du dénouement (provisoire) de l'affaire Clearstream : le Château dit Non, nous ne ferons pas appel : justice est rendue taratata. Après quoi le Parquet fait appel. D'accord, Parquet n'est pas Château ! Mais si le Château avait vraiment voulu qu'il n'y ait pas appel, le Parquet aurait obéi aux ordres de sa hiérarchie.
Aujourd'hui (ou plutôt hier), même histoire, mais inversée dans l'ordre des séquences : le Château dit à la population et à ses dignes représentants (syndicats) qu'il va falloir y aller sans négocier pendant des plombes, qu'on a assez perdu de temps comme ça sur la question des retraites taratata ; puis le roi d'Maubeuge arrive en promettant qu'il y aura concertation !
La clé de compréhension de cette danse du gentil geste est dans la reconnaissance de l'identité foncière entre les deux danseurs : Château = Parquet, Château = roi d'Maubeuge. Je me souviens, il y a bientôt vingt ans, avoir publié un article où ce genre de manœuvre interlope (jeu de masque) fonctionnait dans le cadre d'une analyse sur la méthodologie de la recherche-action dite de type stratégique...
Bref, revenons à aujourd'hui. Tout d'abord, nous devons remarquer qu'il est assez étrange qu'on soit heureux qu'il y ait concertation dans notre bonne République. Est-elle tant que que ça mise à mal ? Et par qui ? Passons ! Mais le pompon, c'est quand les milieux économiques font un titre de gloire à leur grand chef-adjoint à la politique, lorsqu'il ne s'agit que d'une manœuvre, une de plus, pour imposer le diktat du capital aux travailleurs, sans aller au clash avec les représentants des travailleurs, comme dit clairement la Une du quotidien économique. Tel est bien le véritable enjeu pour le patronat - qui peut donc féliciter son chef-adjoint à la politique.