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BRICH59
philosophie
20 novembre 2013

La révolution numérique en cours, selon Michel Serres

La petite poucette ne m'a pas franchement convaincu. Peut-être en sera-t-il autrement de la conférence inaugurale pour le lancement officiel du Programme Paris Nouveaux Mondes, l'Initiative d'excellence du Pôle de recherche et d'enseignement supérieur "hautes études, Sorbonne, arts et métiers"(Pres héSam) prononcée par Michel 29 janvier 201...



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17 novembre 2013

En parlant de JS Bach...

... j'ai assisté la semaine dernière à Tourcoing à un concert dirigé par Jean-Claude Malgoire qui présentait un florilège Bach dont l'Art de la Fugue était l'un des fils conducteurs. Super moment...

Bach-unfinishedfugue

Die Kunst der Fugue, œuvre entre les œuvres, musique entre les musiques, musique à voir autant qu'à entendre, musique abstraite autant que concrète mais dont la concrétisation (le jeu) est indépendante de l'abstraction (l'écriture). Cette œuvre peut se jouer avec quasiment n'importe quel dispositif, peu importe. Une petite requête d'enquête sur YouTube ou sur DailyMotion le montrera sans difficulté, de même qu'un petit tour au supermarché de la culture en boîte qu'est aujourd'hui la FNAC. Vous pouvez aussi aller chez votre disquaire préféré, s'il y en a encore un pas trop loin de chez vous ;-(. Chaque dispositif apportera sa contribution. L'orgue apportera la continuité sonore, l'orchestre de chambre apportera la danse, l'orchestre symphonique la masse sonore, le clavecin la décomposition éventuellement aigrelette, peu importe : la musique sera toujours là, abstraitement identique et concrètement différente.

On sait que la musique est un des lieux privilégiés de la dialectique entre le Même et l'Autre sous plusieurs aspects. En voilà un qui semble propre à JS Bach - du moins à son apogée avec lui -, entre l'écriture qui fige le Même et le jeu qui sera fatalement l'expression de l'Autre, du nécessairement Différent. Bref, musique abstraite, musique dont l'écriture suffit à assurer la cohérence, l'évidence ; musique à lire en quelque sorte. L'interprétation certes est toujours différente, ou plutôt le même texte musical connaîtra une multitude d'interprétations. Les six Sonates en trio par Walcha sont différentes de celles de Chapuis qui sont différentes de celle d'Isoir etc. L'altérité repose là sur l'individualité des interprètes, sur leur parti pris esthétique et technique. Dans le cas qui nous intéresse, l'altérité repose sur la pré-éminence de l'écriture qui relègue tout ce qui vient après dans le champ du nécessairement autre. Entre Walcha, Chapuis et Isoir, on pourra choisir selon le respect de l'oeuvre écrite c'est-à-dire le lien avec la source par exemple. Dans le cas qui nous intéresse, la question ne se pose même pas.

Dès l'époque du Départ précipité, adolescent puis jeune adulte, je lisais Bach ainsi, dans le texte en quelque sorte. "Texte" de l'Art de la fugue, texte des pièces pour orgue... Je m'émerveillais de cette écriture si "intelligente" que son exécution paraissait presque secondaire, relevait de l'aléatoire. Curieux retournement pour un musicien salarié qui fut obligé de "produire" très régulièrement pour la tenue des offices religieux, quitte à se reprendre, à s'autoplagier. À l'extrême fin de sa vie, il se paye le luxe d'une musique que l'idée suffit à faire exister, une musique dont l'exécution à la limite n'apporte rien si ce n'est l'instrument lui-même, une musique qui pré-existe comme musique à son exécution.

Quand on lit l'Art de la Fugue, on voit se déployer sous nos yeux un autre aspect de la dialectique du Même et de l'Autre. Un thème simple ("sujet") va être répété ("réponse") soit à l'identique, soit à un autre degré (en général à la dominante), mais structurellement toujours le même. C'est ce qui s'expose en premier et à partir de quoi la suite devient pensable et possible.

KdF-Orig

Le contrepoint va superposer un contre-thème à ce thème : "sujet" et "contre-sujet" vont s'exposer simultanément. Puis, deuxième cran de l'altérité, le sujet va pouvoir connaître des variations : le même sera traité "autrement", par modification rythmique, par inversion du thème, etc.
Et ça engage plus d'une heure de musique à partir d'un seul thème initial de quelque 12 notes sur seulement 2 mesures...

J'ai rédigé ce billet parce que je viens de découvrir une vidéo sur YouTube où l'on entend l'Art de la fugue joué à l'orchestre de chambre pendant que se déroule la partition bien lisible. Magnifique initiative !


5 décembre 2012

Jean Bollack

Bollack_nouvellephoto_lr_grayJean Bollack est parti hier matin.

Né en 1923, il était, comme dit Fabienne Blaise, une grande figure de la philologie ancienne, le fondateur de ce que nos collègues étrangers appellent l'École de Lille. L'étendue de ses nombreux travaux, qui pour beaucoup ont compté, allaient de la philosophie présocratique à la poésie de Celan, en passant par la tragédie grecque, entre autres.

Ce qui était remarquable chez cet homme vénérable, c'est ce mélange de culture humaniste incommensurable et de rigueur scientifique impitoyable dans la pratique de la lecture philosophique et littéraire. Au centre de recherche qu'il a créé à Lille3, dans les années 70, le Centre de Recherche Philologique, nous pratiquions une lecture des textes que je n'avais rencontrée nulle part ailleurs et qui a imprimé mon esprit d'une marque indélébile.

J'avais commencé mes études de philosophie à la Sorbonne (Paris IV) où le conservatisme aussi bien politique que scientifique régnait en maître. Arrivé dans le Nord à la fin des années 70, j'ai souhaité engager une recherche (thèse) sur le symbolisme animal chez Platon, sous sa direction. Le trait d'union entre mes études sorbonnardes et mes études lilloises, c'était Heinz Wismann qui, à Paris, m'avait entraîné à la germanité philosophique tout en m'initiant à cette "rigueur de lecture" si caractéristique de l'École de Lille (travail philologico-philosophico-littéraire voire linguistique sur les textes de Kant, Hegel, Nietzsche et Freud) et que je retrouvais avec joie aux côtés de jean Bollack à Lille (avec Laks, Judet de la Combe, etc.). Fabienne Blaise était alors ma condisciple. Elle a perdu un maître, dit-elle. Moi, j'ai perdu une figure tutélaire assez lointaine (n'ayant pas concrétisé mon idée de thèse, je l'ai finalement assez peu côtoyé) mais qui a marqué ce goût pour la "rigueur de lecture" qui m'habite encore aujourd'hui - et a fait de moi un professionnel de l'information et de la documentation un tantinet marginal...


29 juin 2012

e-Rousseau, c'est pour bientôt

Frédéric Kaplan présente ce qui promet d'être un superbe outil de travail pour les étudiants et chercheurs en sciences politiques, en philosophie, en littérature, en musicologie, en ... Sur son site, c'est .


1 avril 2012

scoop-it de Simone WEIL, philosophe


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6 mars 2012

On réfléchit ?

Conversation entre Bernard Stiegler, Robin Renucci, Philippe Meirieu et Patrick Bouchain



15 février 2012

Un docu court sur Simone Weil


7 décembre 2010

Pour en finir avec le "questionnement quintilien"

C'est bientôt la saison des épreuves orales du CAPES de documentation, avec sa floraison spontanée d'affirmations péremptoires et de stéréotypes que seule la rumeur confirme. Par exemple ce fameux Marcus-Fabius Quintilianus, que les francophones rebaptisent Quintilien. Ce dernier est vraiment mis à toutes les sauces, même quand ce n'est pas vraiment justifié. Mettre Quintilien dans sa tambouille, ça fait bien et ça ne peut pas faire mal. Alors il est de toutes les cuisines. Le pauvre homme est tellement célèbre qu'on va même jusqu'à faire de son nom un adjectif qualificatif dans l'expression "questionnement quintilien" ! Comme si on parlait de "politique sarkozy" (avec un 's' minuscule donc) pour évoquer une politique gesticulée bling-bling ultra-libérale américanophile etc. N'importe quoi ! Non ?

En fait, on prête à ce Quintilien - qui serait né à Calahorra (Callaguris), ville de l'Espagne Tarragonaise, mais professa la rhétorique à Rome au Ier siècle après JC après une brillante carrière d'avocat - un fameux vers mnémotechnique constitué d'une enfilade de questions dressant une sorte de check-list : "quis, quid, ubi, quibus auxiliis, cur, quomodo, quando", c'est-à-dire "qui, quoi, où, avec quels moyens, pourquoi, comment, quand". En fait, et quoi qu'on en dise depuis fort longtemps, ce vers n'existe pas chez Quintilien - du moins dans ce qui nous reste de ses écrits attestés et à moins que j'ai manqué quelque chose... Comme quoi il faut TOUJOURS vérifier ses informations et ne jamais croire quiconque sur parole. Le Petit Larousse serait de la partie que cela de changerait rien à l'affaire.

Pour revenir à notre "questionnement", il s'agirait plutôt de ce qu'Hermagoras de Temnos - un grec, professeur de rhétorique exerçant à Rome au Ier siècle avant JC - prônait quand il proposait une liste des éléments à prendre en compte pour l'étude des "cas oratoires", éléments qu'il nommait les "circonstances" : la personne, l’acte, le temps, le lieu, la cause, la manière, le moyen. Quatorze siècles plus tard, Thomas d'Aquin (Summa Theologiae, Iª-IIae q.7 art.3) reprendra l'affaire en élargissant cette structure de questionnement à l'action humaine en générale et en attribuera la paternité à un contemporain bien connu d'Hermagoras, à savoir Cicéron (pour les latinistes : Tullius, in sua rhetorica, assignat septem circumstantias, quae hoc versu continentur, quis, quid, ubi, quibus auxiliis, cur, quomodo, quando. Considerandum est enim in actibus quis fecit, quibus auxiliis vel instrumentis fecerit, quid fecerit, ubi fecerit, cur fecerit, quomodo fecerit, et quando fecerit.).    

Faute d'élément fiable de preuve, on se contentera donc de dire que ce type de questionnement méthodique était dans l'air du temps à Rome au Ier siècle avant JC et qu'il ne trouve pas son origine chez Quintilien, au siècle suivant. Il faut savoir qu'il a de tous temps été utilisé dans le cadre de l'instruction criminelle, par exemple. Il fait également traditionnellement partie de la technique d'écriture journalistique, etc. Voyez dans la biographie que l'infatigable Marie-France Blanquet lui consacre dans Savoirs CDI - et ceci n'est qu'un exemple des nombreuses exploitations de notre check-list - ce qu'en fera Harold Dwight Lasswell.

Plus simplement, la démarche analytique d'un Ranganathan ne relève-t-elle pas de la même volonté de dégager des "catégories fondamentales" de l'information.
Vieux propos qui plonge ses racines dans la pensée grecque, dont témoigne le travail d'Aristote sur les différentes façons d'employer le verbe 'être' (Catégories).

Et si, au lieu de chercher des autorités pour s'autoriser à penser, les documentalistes se mettaient à penser par eux-mêmes ?


4 novembre 2009

encore l'identité !

levi_straussClaude Lévi-Strauss a écrit que

La ressemblance n'existe pas en soi : elle n'est qu'un cas particulier de la différence, celui où la différence tend vers zéro.

Par ailleurs, j'ai toujours constaté que la musique fonctionne sur un "jeu" entre le semblable et le différent, c'est-à-dire roule tout entière sur cette graduation de la différence...

À méditer, en hommage à l'anthropologue philosophe centenaire disparu, et pour aider roi d'Maubeuge et sa cour (dont le félon Besson)  à réfléchir avec sagesse...


22 août 2009

Impressions de lecture estivale - 1

Formes_et_contenu___Une_introduction___la_pens_e_philosophiqueLecture commencée avant les vacances d'été, un cycle de trois conférences prononcées en 1932 par Moritz Schlick, traduit par Delphine Chapuis-Schmitz et publié sous le titre Formes et contenu : Une introduction à la pensée philosophique chez Agone, en 2003, dans la collection Banc d'essai dirigée par Jean-Jacques Rosat qui cosigne avec la traductrice une préface très éclairante (p.7-35).

Pour une approche philosophique sérieuse de l'ouvrage et plus globalement de la pensée du pilier du Cercle de Vienne, on lira avec profit le travail de Jacques Bouveresse (L'empirisme logique à la limite - Schlick, le langage et l'expérience, CNRS, 2006).

Je voulais juste évoquer l'impression documentologique que me laisse la lecture de cet ouvrage, terminée dans le calme des vacances : on peut prétendre qu'un langage documentaire est un outil (et une "preuve") de l'unification de la connaissance. Reste à relier cette prétention avec ce qu'Otlet appelait le problème de la documentation. Travail à effectuer. Plus tard.

Pour décrire le monde, dit aussi Schlick, nous devons être capables de parler de tous les faits possibles, y compris les faits qui n'existent pas, car le langage doit être capable de nier leur existence (p.45 ; lire la suite immédiate ; cf.aussi p.155 et tout le § III,6). Et quand il dit 'langage', je comprends aussi 'langage documentaire' : un thésaurus, par exemple, devra pointer ce qui est et ce qui n'est pas, l'être et le non-être. Glissement du faire à l'être, de l'action à la chose, et fenêtre sur le néant... Vertige !


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