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BRICH59
ideologie liberale
7 mai 2007

"La difficulté scolaire" est un produit social

Contrairement au discours inouï de la droite, l'échec scolaire n'est pas le fait de je ne sais quel déterminisme individuel qu'un contrôle policier suffirait à contraindre voire de je ne sais quel dysfonctionnement pédagogique que l'imposition de "programmes" ancestraux suffirait à régler.

L'échec scolaire est un fait social et, surtout, un produit social.

Les enseignants (du premier comme du second degrés) sont unanimes : la grande difficulté scolaire tient sa cause dans l'environnement de l'élève. Et c'est bien pour cela que le "dépistage" (puisque ce mot plaît à la droite triomphante) doit être effectué le plus tôt possible : la détresse sociale commence tôt ses ravages et le premier travail de la classe politique serait de comprendre cette triste réalité. Sauf que pour reconnaître ça, il faut accepter l'idée que le libéralisme destructeur de vies produit la détresse sociale... Comment l'enfant du travailleur pauvre, comment l'enfant du travailleur exclus du travail peut-il s'y prendre pour avoir de lui-même l'image suffisamment "estimable" qui lui donnera la force de surmonter le handicap social que lui impose la République toujours plus inégalitaire ?
On voit bien ici comment l'idéologie merdeuse de la récompense au petit peuple, avec son chapelet de mérite, de courage et autres balivernes au goût pétainiste et patronal, pourra se déployer ! Sauf que les enseignants s'accordent, eux, sur la nécessité de repérer et prendre en compte la détresse sociale dans sa répercussion scolaire le plus tôt possible, c'est-à-dire dès la grande section de maternelle. Ils s'accordent sur l'idée qu'ils faut aider davantage les enfants en grande difficulté scolaire (redoublement, soutien individualisé, aide au travail personnel, etc.). Ils réclament même des outils et des formations "concrètes" pour apprendre à construire des solutions sur mesure. Dire que l'origine de la grande difficulté scolaire tient dans les conditions sociales d'existence des enfants n'implique pas qu'il faille résoudre le malaise de façon uniforme et soi-disant égalitaire. Bien au contraire, c'est dans la relation pédagogique individualisée que l'effacement scolaire des stigmates sociaux imposés par le libéralisme destructeur de vies pourra se produire... Pour leur effacement social, il faut sortir de l'école et du collège et conduire la lutte politique.

Côté politique, la droite continue son travail autiste de normalisation et de cache-misère, convaincue que les enfants partent tous avec les mêmes conditions sociales de réussite scolaire, qu'il suffit de vouloir pour pouvoir, etc. Monsieur Pierre-André Périssol vient, par exemple, de déposer un projet de loi dont l'article unique dit ceci :

L’article 3 de la loi n° 89-486 du 10 juillet 1989 d’orientation sur l’éducation nationale est complété par deux alinéas ainsi rédigés :
« La Nation assigne au système éducatif la mission d’amener chaque élève à son meilleur niveau sur sa voie de réussite ; pour ce faire, le système éducatif a pour objectif premier de faire acquérir par 100 % des élèves relevant de l’enseignement ordinaire un socle fondamental commun fait de connaissances, de savoir-faire et de comportements.
« L’acquisition de ce socle fondamental commun sera validée par un diplôme na- tional qui constituera le premier degré de tout diplôme scolaire ou professionnel. »

La belle affaire ! Nous n'avons là en guise de projet de loi qu'une transposition basique du discours de la Communauté européenne et des gouvernements européens en général. Le 5 mai, les ministres de l'Éducation du Conseil de l'Europe se sont engagés « en faveur d'une éducation de qualité pour tous ». Voici le communiqué de presse de l'institution :

Istanbul, 05.05.2007 - Réunis à Istanbul les 4 et 5 mai, date du 58ème anniversaire du Conseil de l'Europe, les Ministres de l'Éducation des 49 pays signataires de la Convention culturelle européenne du Conseil de l'Europe ont conclu leurs discussions en adoptant une déclaration finale, par laquelle ils s'engagent à élaborer des politiques visant à :

  • garantir l'accès à une éducation de qualité pour tous, au sein d'une société plus humaine et plus juste, et l'apprentissage tout au long de la vie ;

  • encourager la participation active des parents et l'engagement civique de l'ensemble des autres acteurs de la société en vue d'assurer la réussite scolaire des enfants ;

  • promouvoir les droits de l'enfant, conformément aux textes européens et internationaux.

Soulignant le rôle fondamental joué par les enseignants, les participants à la Conférence se sont félicités de l'initiative norvégienne de créer un centre de ressources sur l'éducation à la citoyenneté démocratique et l'éducation interculturelle, fonctionnant en liaison directe avec la Direction de l'Éducation du Conseil de l'Europe et contribuant à son programme.
Les Ministres présents ont fixé comme principal objectif du programme de coopération du Conseil de l'Europe le développement des compétences essentielles à une culture démocratique et à la cohésion sociale.
Ils ont par ailleurs souhaité que cette déclaration soit intégrée aux travaux du Conseil de l'Europe relatifs à l'élaboration du Livre Blanc sur le dialogue interculturel.

On fait comment, en Europe ? On fait comment en France ? En faisant l'omerta sur les conditions sociales d'existence des enfants qui vont à l'école ?


SOURCES


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6 mai 2007

2002 et 2007

En 2002,
nous avons eu Chirac parce qu'il ne fallait pas le F-Haine.
En 2007,
nous avons Sarkozy parce qu'il a ingurgité le F-Haine !

En 2002,
le sursaut républicain a fonctionné en faveur de le droite.
En 2007,
'sursaut républicain' ne veut plus rien dire parce que la droite en a avalé le sens !

2007, le 6 mai :

  • la volonté populaire de solidarité est en deuil, et aphone...

  • les riches exultent de pouvoir encore et toujours construire la légalité de leur enrichissement...

  • les riches exultent de se donner encore et toujours le droit de maintenir la population en esclavage...

  • les autres n'auront qu'à se taire ou bien se révolteront pour enfin refuser la servitude volontaire.

Moi, je lance aujourd'hui la  CHRONIQUE de la RÉVOLTE TRANQUILLE, nouvelle rubrique de mon blog, où vont s'entasser les témoignages des exactions de cette droite trop sure de son arrogance.


4 mai 2007

Sarkozy, cohérent et inégalitaire

Soutenir Nicolas Sarkozy, c'est contribuer à renforcer les avantages acquis des plus favorisés et tirer vers le bas les plus démunis. C'est le point de vue de Louis Maurin et Patrick Savidan, de l'Observatoire des inégalités... C'est le triste constat que l'on peut établir chaque jour depuis cinq ans. C'est aussi la triste promesse du candidat Sarkozy.

Si, comme l'arithmétique invite à l'imaginer, ce candidat est élu dimanche, ça va être dur pour ceux qui n'ont pas l'heur d'appartenir à la caste des nantis et autres bien pourvus...

Si, comme l'arithmétique invite à l'imaginer, ce candidat est élu dimanche, cela veut dire que la France laborieuse et que la France des laissés pour compte par le libéralisme agressif est un peuple malade, soit crétin (se laissant subjuguer par des effets rhétoriques populistes et démagogiques) soit masochiste (souhaitant au plus profond de son être souffrir, comme pour honorer une malédiction ancestrale qui ordonnerait que les pauvres s'appauvrissent et les riches s'enrichissent, etc.).

C'est au choix !


1 mai 2007

Travail

brinmuguetCe 1er mai d'entre deux tours d'une élection présidentielle dont la "campagne" nous abreuvent de "valorisation" du travail, on ne peut éviter de se demander ce que c'est que le TRAVAIL.

Tout d'abord, le travail, c'est ce qui entrave.
Le terme 'travail' vient en effet du terme de bas latin 'tripalium', instrument de torture romain, avant de désigner une machine dans laquelle on immobilise pour les assujettir les animaux (chevaux, bœufs, etc.). Tripalium signifie, quand on le décompose, quelque chose comme machin fait de trois pieux...

Ensuite, le travail, c'est une activité humaine exigeant un effort soutenu, qui vise à la modification des éléments naturels etc. Définition classique de la philosophie qui relève de l'imagerie ancienne, datant de l'époque agricole de l'Europe, où l'on voit l'agriculteur travailler la terre pour que la graine lève et produise ses fruits. Image très romantique de l'homme, manches retroussées, aux prises avec les éléments naturels... Et, si Monsieur Sarkozy m'autorise cette référence, Marx a très bien décrit tout ça, tout en reconnaissant en la matière sa dette auprès d'Hegel, faisant du travail l'acte par lequel l'homme se produit lui-même...

Du coup le travail, c'est ce qui confèrerait à l'homme sa dignité d'homme. Sans qu'on sache pourquoi d'ailleurs. Sans doute un stéréotype créé pour entraver la liberté fondamentale et assujettir l'homme productif selon les besoins de celui qui possède l'outil de travail... C'est ici que la rémunération entre en jeu.
Plutôt que de parler de dignité, en effet, parlons concret et disons "échange de valeurs" : en échange de son assujettissement, le travailleur reçoit de l'argent ou un substitut d'argent, bref une valeur. Mais l'échange est un échange de dupe : ce n'est pas le travailleur qui fixe la valeur de son travail, ni même qui le négocie. C'est celui qui possède l'outil de travail. Ce dernier intègre la valeur travail dans un ensemble plus grand qui intègre d'autres coûts, dont l'amortissement des machines, mais aussi la fameuse "plus-value".
L'ultime raison de l'investissement capitalistique étant la plus-value, le travail humain est compris positivement en termes de "productivité" (capacité à produire de la plus-value) et négativement en termes de coûts salariaux, et, l'unité de base du salaire étant l'heure travaillée, le temps de travail est un problème crucial pour celui qui attend la plus-value. D'où l'idée que la rationalité (capitalistique) du travail se décline en termes de productivité de l'heure travaillée. L'intérêt du gérant de l'outil de travail est d'exiger une productivité toujours plus grande ; l'intérêt du travailleur est d'exiger un salaire toujours plus important. On voit l'écartèlement de la situation, d'autant plus  que chaque partie tend vers le "toujours plus". On connaît aussi le déséquilibre du rapport de force, on sait que ce déséquilibre se dégrade gravement pour les travailleurs... - ceci justifiant l'existence des syndicats de travailleurs et exigeant qu'ils changent pour toujours mieux rétablir le rapport de travailSARKOZYforce.

Quand Monsieur Sarkozy parle travail, voilà, sur la droite, l'essaim conceptuel qui fonctionne :
on voit apparaître effectivement la valeur, mais aussi

 

  • la crise (les travailleurs ne travaillent pas assez, pas assez bien, il y en a même qui ne veulent pas travailler et qui ne pensent qu'à se lever tard, etc.);

  • la liberté, liberté d'assujettir toujours davantage;

  • le mérite, c'est-à-dire le jugement de valeur que l'autorité capitalistique assène sans discussion, comme de droit divin, dans un paternalisme d'un autre temps où l'homme de basse condition est traité comme un enfant (au hasard : "La République pour moi c’est le travail récompensé", discours du 12 octobre 2006 à Périgueux);

  • etc.

travailROYAL

 

Quand Madame Royal parle travail, voici, sur la gauche, l'essaim conceptuel qui fonctionne :
on voit apparaître effectivement la valeur, mais aussi

 

  • les conditions de travail, c'est-à-dire la réalité du travail...

  • les salariés eux-mêmes, c'est-à-dire ceux qui sont assujettis...

  • la précarité en face du capital, comme le mendiant posté au seuil de l'église à la sortie de la messe du dimanche...

Bon ! j'arrête ! Il faut aller défiler...


27 mars 2007

il est libre... ! quoi ?

On nous la fait sous tous les airs possibles la rengaine du "ça y est, il est libre Nicolas...".

Le pauvre ! Pensez donc : il avait tellement de travail de ministre de l'ordre et de la sécurité et des cultes et de ..., qu'il pouvait à peine faire son travail de candidat de la continuité ultralibérale !
Le pauvre ! Pensez donc : il a tellement privilégié son rôle de second sinistre, comme aurait dit Coluche, qu'il en a sacrifié sa carrière perso-perso ! Il était temps qu'il donne du temps à son ambition perso-perso - qui ne coïncide pas du tout avec celle de la France, quoi qu'il dise !
Le pauvre ! Pensez donc : il en pourra plus utiliser ostensiblement les moyens de la République et de son gouvernement pour faire son travail de candidat de la continuité ultralibérale !

Le pauvre ! Vraiment, le pôôôôôvre !

Il va être obligé de se contenter de :

  • l'appui sans faille du Figaro et de la Socpresse (regardez donc la relation de l'épisode de  la garde à vue d’une directrice de maternelle par le Figaro et comparez-la à celle de tous les autres journaux !)
  • l'adoubement sans faille du gouvernement et du Président en place
  • l'aide (forcément discrète) des forces gouvernementales
  • l'appui financier, direct ou indirect, de ses amis les grands patrons
  • etc.

Dieu qu'il est dur d'être candidat de l'ultralibéralisme en France aujourd'hui !


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30 janvier 2007

L'oxymore est de retour... est-il jamais parti ?

Je promets dur comme fer le retour du PLEIN EMPLOI.
J'envisage une formule juridique "qui combinerait les avantages de la sécurité et ceux de la flexibilité".
Je fais l'éloge du "socialisme" britannique.
Qui suis-je ?


26 janvier 2007

c'est çui qui l'dit qui y est

figaro2Lu dans Le Figaro du 22 janvier, la chronique de ce cher Alain-Gérard Slama, intitulé Les profs, victimes de leur idéologie.

Tissu de fiel mêlé à de la contre-vérité. Mais surtout, à partir du constat de la récente manifestation des enseignants, démonstration de la nécessité de voter Sarkozy.

alain_gerard_slamaEn fait, dit le chroniqueur sarkoziste, les enseignants n'ont pas à se plaindre de la dégradation de leurs conditions de vie personnelle et professionnelle. Elles ne sont dues qu'à leur refus obstiné de croire aux vertus de la méritocratie.

Si si ! Il est sérieux quand il écrit ça !

Le problème, c'est qu'il ne se demande pas vraiment pourquoi les enseignants ont une si piètre opinion de la méritocratie. Et s'il avait réfléchit un peu, ce brave chroniqueur libéral et savant, et surtout s'il ne prenait pas les enseignants pour des couillons, il aurait compris que si les enseignants refusent voire récusent la méritocratie, c'est tout simplement parce qu'il en ont constaté les dégâts sur la jeunesse dont il s'occupent, parce que, si la méritocratie devenait le modèle de fonctionnement de l'école, on en reviendrait aux plus grandes injustices sociales. En effet, pour fonctionner correctement et sans hypocrisie la méritocratie devrait s'exprimer sur un terreau égalitaire. Si les gens doivent être évalués en fonction de leur mérite, alors ils doivent tous avoir les mêmes chances de départ - ce qui n'est pas la réalité. Je pense que notre chroniqueur conviendra que les enfants de Neuilly-sur-Seine et les enfants de Neuilly-sur-Marne ne partent pas dans la vie avec les mêmes chances de réussite éducative par exemple... Lui qui cite Raymond Boudon, il aura sans doute lu les études sociologiques les plus récentes à ce sujet.

Second problème : qui évalue s'il y a mérite ou pas ? Monsieur notre chroniqueur ? Monsieur Sarkozy, pour qui il appelle à voter ? Qui donc ? Le "marché" peut-être ? Ou Dieu soi-même ? Le mérite serait un "principe laïque" - à ce que prétend Monsieur Slama ! Moi, j'ai toujours pensé que ça avait quelque chose de religieux : si tu es sage, tu mériteras le paradis ; ou alors Eve a pris la pomme donc les femmes méritent de souffrir quand elles enfantent ; etc. Et souviens-toi, lecteur fidèle, de mon billet "Dieu dans l'isoloir et Nicolas dans le confessionnal..."!

Figaro3Bref, je crois que notre chroniqueur savant s'est laissé aveugler par son idéologie, ou plutôt celle de son employeur, le Figaro, c'est-à-dire celle de son patron idéologique, Monsieur Sarkozy !


25 janvier 2007

CSA ? C'est assez !

Rachid_ArhabLa nomination de Rachid Arhab au CSA par le très chiraquien président de l'Assemblée nationale est visiblement censée laisser croire que la droite chiraquienne souhaitait que le CSA ne soit pas 100% droitiste ! C'est du moins ce qu'analysent les journalistes de Libération.
Le CSA serait ainsi 89% droitiste. Bel exploit en vérité. Quelle sera l'audibilité d'une voix qui, si elle est bien à part des huit autres voix, ne représente que 11% ? Beau calcul...
Je ne connais pas ce journaliste. Enfin, pas plus que n'importe quel redevable de la redevance de l'audiovisuel qui essaie de ne regarder que les émissions intéressantes.
contrefa_onJuste une fois, j'ai regardé l'émission animée par ce journaliste un dimanche en début d'après-midi. Il s'agissait d'un rendez-vous avec des chômeurs... J'ai été excessivement choqué à la fois de l'émission et plus particulièrement du comportement de cet homme prétendu "de gauche" : en caricaturant à peine, on peut dire que la théorie sous-jacente au fonctionnement de l'émission était que seuls les chômeurs qui se bougent cessent d'être au chômage. Ça m'a vaguement rappelé un premier ministre de Giscard, un certain meilleur économiste de France, qui exhortait les chômeurs a créé leur propre emploi...
Derrière tout ça il y a bien sûr la stratégie ultralibérale de culpabilisation des chômeurs. Lisez, relisez ce qu'écrit l'excellent Laurent Cordonnier ; par exemple son dernier article dans Le Monde Diplomatique.
Si c'est ça la gauche ! Si être de gauche consiste à faire porter à ceux que le patronat et la finance utilisent comme des objets animés jetables et corvéables la responsabilité de leur éjection du "marché" du "travail", alors je ne sais plus où j'habite ! Si c'est ça la gauche, alors je suis idéologiquement et politiquement SDF !
Ceci dit, depuis que le président de l'Union pour Me Présidentialiser se donne Jaurès, Blum et les autres comme maitres à penser, tout est possible!

REFUSONS LA CONTREFAÇON IDÉOLOGIQUE !


23 janvier 2007

Le BLIS 33 est là !

Le dernier Bulletin de Liaison Intermittent et Sporadique, le B.L.I.S. n°33, est disponible .

honte

Au sommaire :

  • P. 1 Sarkozy braconne sur les battues de Le Pen

  • P.2-3 Tableau de chasse ministériel n°4 :  Quand la police vient chercher les papas à la maison (Bouches du Rhône) ;  Descente de police dans la famille Tiemtore (Joigny 89) ;  Lettre à M. l'ambassadeur de France à Rabat (RESF Maroc) ;  Année de l'Arménie ? Un père arménien, opposant politique, en rétention (Paris) ;  Trois enfants au tableau de chasse du ministre... finalement sauvés (Haute Savoie)

  • P.4 Ici Londres : campagne pour Blessing OGBIBOR. Après avoir expulsé le père au Nigéria, la Grande-Bretagne veut expulser la mère et ses deux enfants en Sierre Leone

  • P. 5 Fax à expédier à l'Ambassadeur de Grande Bretagne à Paris.

  • P. 6 Meurthe et Moselle : Temur, 12 ans expulsé en Géorgie avec ses parents, David, 19 ans reste seul à Nancy

  • P.7 Mélanie, 30 ans, expulsée vers Madagascar sans sa fille Winnie, 3 ans. Honte à vous M. le Ministre de l'Intérieur !

  • P.8 Des victoires quand même :  Jasmina et ses enfants finalement libérés (suite de la p.3) (Haute Savoie) ;  Kémal Omérovic, 32 jours de rétention mais libre tout de même ! (Paris 77) ;  Adjo (Orléans) Deux années de mobilisation intense et... la victoire !

  • P. 8 Appel aux bonnes volontés et aux sous


21 janvier 2006

Modernité et progrès sont les deux mamelles de l'idéologie

Au nom de la modernité que n'aurons-nous pas fait, que n'aurons-nous pas prétendu ? J'en parlais avant-hier !

Modernité, progrès.
Deux mots vides, comme dirait le documentaliste, travailleur du langage.
Deux mots sans pesanteur référentielle, comme dirait le linguiste, cousin du documentaliste.

librairie_philosophieJe me souviens de la maquette pédagogique de la philosophie à la Sorbonne, quand j'étais étudiant parisien, maquette où la modernité commençait à Galilée et Descartes et finissait à Kant, s'étalant définitivement sur deux siècles bien délimités, d'un côté par la Renaissance, de l'autre par l'âge industriel. Il me semble que cette division universitaire de l'histoire de la pensée européenne fonctionne encore aujourd'hui. Cette caractérisation de la modernité a le grand mérite de signifier quelque chose de précis, de pouvoir être localisée assez précisément dans un ensemble plus vaste qui serait l'histoire universitaire de la pensée européenne...
Aujourd'hui (et hors cet usage qu'en fait la philosophie universitaire), "la modernité est sans doute le mot le plus creux de la langue française", comme dit Serge Uzzan, professionnel de la communication et de la publicité. En effet, le terme 'modernité' ne renvoie à rien de tangible : au mieux, il signifierait seulement un dépassement de la "tradition".
Ce qui permettra tous les bons mots faciles du style de celui de Jean d'Ormesson dans sa Réponse au discours de réception à l'Académie française de Madame Yourcenar : "La plus haute tâche de la tradition est de rendre au progrès la politesse qu'elle lui doit et de permettre au progrès de surgir de la tradition comme la tradition a surgi du progrès." Bon ! Ne peut-on simplement en rester au constat que faisait Édouard Herriot à propos du progrès (dans Créer) : "La tradition, c'est le progrès dans le passé; le progrès, dans l'avenir, ce sera la tradition." Ou alors croyons Henri Bergson qui disait que : "Nous ne percevons, pratiquement, que par le passé, le présent pur étant l'insaisissable progrès du passé rongeant l'avenir." Etc.
On est ici dans une relativité où les mots se définissent les uns par rapport aux autres dans un système d'énonciation clos. Sorti de ce système, le mot ne signifie plus rien de stable. C'est pour ça que le documentaliste s'en méfie. Comme pour tous ces mots, toutes ces expressions qui datent les choses et n'apportent d'information que pour situer dans le temps, c'est-à-dire pour relativiser. Dans les années quatre-vingt, de nombreuses technologies ont fait leur intrusion dans le monde de l'éducation. Du coup les professionnels de la formation parlaient, à l'époque, de 'nouvelles technologies éducatives'. Les documentalistes, armés de leur regard linguistique acéré, préféraient parler, eux, simplement de 'technologie éducative', pour la simple raison que parler de 'nouvelles technologies éducatives', c'est tout juste parler de 'technologies éducatives' en disant d'elles qu'elles sont nouvelles - nouvelles pour celui qui en parle à ce moment-là et pour son auditoire du moment. Imaginez que les documentalistes des années quatre-vingt aient indexé avec des descripteurs comme 'nouvelles technologies éducatives' des documents présentant et analysant comment le minitel pouvait être utilisé pour enseigner ! Imaginez la tête de ceux qui aujourd'hui voudraient se renseigner sur ce que sont les 'nouvelles technologies éducatives' et tomberaient sur des documents parlant du minitel... ! Bref 'modernité', 'progrès', 'nouveauté' sont des termes dangereux en ce que leur taux de péremption est très élevé et qu'ils encombrent la description qu'on peut entreprendre des choses elles-mêmes ... et peuvent polluer ainsi le travail documentaliste.
Et puis, à bien comprendre, l'idée de progrès est l'idée d'une histoire sans fin. Relisez Kant quand il fait ce constat : "Le genre humain a toujours été en progrès et continuera toujours de l'être à l'avenir: ce qui ouvre une perspective à perte de vue dans le temps". Relisez Sauvy quand il se plaint ainsi : "Despote conquérant, le progrès technique ne souffre pas l'arrêt. Tout ralentissement équivalant à un recul, l'humanité est condamnée au progrès à perpétuité." Joli tableau !

Mais alors pourquoi ces mots de 'modernité' et de 'progrès' sont-ils si souvent employés et de façon si continue ? Et de façon si positive dans la bouche des hommes et des femmes au pouvoir politique et économique ?

Souviens-toi de François Brune, lecteur attentif et fidèle !

Mais allons un cran plus loin. Hans Jonas a écrit que "l'esprit moderne est incompatible avec l'idée d'immortalité". Il l'a remplacé par l'idée de progrès. À part ça, rien n'a changé ! C'est toute proportion gardée, comme ce que disait un cardinal (Jean Daniélou) au sujet de [l'idée de] Dieu : "Plus on possède Dieu, plus on veut le chercher; il est toujours au-delà de ce que nous atteignons; il requiert sans cesse de notre part un nouveau progrès; l'erreur serait de nous arrêter." La fuite en avant que constatait Kant et que dénonçait Sauvy est bien là. Sa version "laïque", c'est peut-être le positivisme d'un Auguste Comte qui la formule le mieux : "La formule sacrée du positivisme: l'amour pour principe, l'ordre pour base, et le progrès pour but". Amour, ordre, progrès : drôle d'assemblage ! Mais assemblage qui laisse voir la véritable fonction d'idée que celle de 'progrès'. Dit plus crûment, cela donne ces deux vers d'un poème de Daniel Lesueur :

La loi, l'unique loi, farouche, inexorable,
Qui régit tout progrès, c'est la loi du plus fort.

Je ne tournerai pas autour du pot plus longtemps. Il y aurait tant et tant à dire. Le format Blog n'autorisant pas forcément la prolixité du discours, j'irai droit à l'idée - que Bourdieu énonçait fort bien :

contre_feuxSi cette révolution conservatrice peut tromper, c'est qu'elle n'a plus rien, en apparence, de la vieille pastorale Forêt-Noire des révolutionnaires conservateurs des années trente ; elle se pare de tous les signes de la modernité. Ne vient-elle pas de Chicago ? Galilée disait que le monde naturel est écrit en langage mathématique. Aujourd'hui, on veut nous faire croire que c'est le monde économique et social qui se met en équations. C'est en s'armant de mathématique (et de pouvoir médiatique) que le néo-libéralisme est devenu la forme suprême de la sociodicée conservatrice qui s'annonçait, depuis 30 ans, sous le nom de « fin des idéologies », ou, plus récemment, de « fin de l'histoire ».

C'était dans Le mythe de la "mondialisation" et l'État social européen, une intervention prononcée à la Confédération générale des travailleurs grecs, (GSEE) à Athènes, en octobre 1996 et reprise dans Contre-Feux, en 1998.

C'est on ne peut plus clair et renvoie effectivement à l'analyse de François Brune, au-delà de tous les soupçons dont cette idée de 'progrès' ou celle de 'modernité' ont pu faire l'objet depuis des lustres. Les soupçons les plus graves étant sûrement, d'une part, celui qui voit dans le progrès une réalité à double face, l'autre face étant de l'ordre de la régression ["Le progrès et la catastrophe sont l'avers et le revers d'une même médaille", disait Hannah Arendt], d'autre part, celui qui voit dans la croyance au progrès un frein à l'émancipation ["C'est la nécessité de combattre qui semble oubliée... ce qui domine semble être la certitude tranquille d'un progrès en marche", écrivait Françoise Giroud dans Le silence des filles]...

Le mot de la fin (provisoire) sera celui que Paul Anthony Samuelson, économiste américain, a prononcé lors d’une conférence à Harvard (16 Août 1976) :

Les profits sont le sang vital du système economique,
l'elixir magique sur lequel repose tout progrès.
Mais le sang d'une personne peut être
le cancer pour une autre.


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