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BRICH59
3 juin 2021

De la bienveillance universelle de l'État d'Israël

Ainsi, "Israël est un état juif dont les valeurs restent exemplaires, éthiques et respectueuses de l'être humain et du droit international", si l'on en croit cet article du site Alliance qui se veut le premier Magazine Juif sur le net.

Ah ! ... Ah ? ... Que dit l'article* ?

  1. Le début développe à peine le titre : "La nièce du chef du Hamas se fait soigner en Israël pour une greffe osseuse".
    Ce qui permet à l'auteur de l'article d'ironiser ensuite sur le "toupet [de] confier sa famille à l’ennemi dont on appelle à l’élimination « de la mer au Jourdain »". Tout le monde est plié en deux !
  2. Puis vient la sentence : "Israël est un état juif dont les valeurs restent exemplaires, éthiques et respectueuses de l'être humain et du droit international" (la mise en caractère gras n'est pas de moi) - ce qui devrait, gronde l'auteur, inciter "les nations du monde, l'ONU,  Mme Bachelet la  Haut Commissaire aux Droits de l'Homme, l 'Union Européenne, la Cour Pénale internationale toutes les ONG pro palestiniennes, les activistes de B D S", ce qui devrait inciter tout ce beau monde à réfléchir un peu "avant de parler de l'État d'Israël".
    Car il ne faut pas mettre sur le même plan un peuple qui met à disposition de "toute l'humanité" "les avancées technologiques de ses start up" et ce peuple "obscurantiste" des "islamo palestiniens" qui ne promeut que "le meurtre, la mort, la décadence".
  3. Puis vient cette phrase syntaxiquement peu claire : "Le BNVCA rappelle à tous ceux qui hurlent « Israël assassin »  que tout celui qui se  considère comme un ennemi invétéré de l’entité sioniste, sait qu’il peut compter sur l’accès aux meilleurs soins et à la plus grande bienveillance pour sa famille".
    On comprend l'idée cependant : l'État d'Israël sait faire preuve d'une bienveillance universelle, c'est-à-dire y compris à l'endroit de son "ennemi invétéré".
  4. DONC l'"État juif d'Israël" ne donne pas du tout dans l'apartheid. C'est même le contraire !
  5. Retour sur du factuel : la presse internationale n'évoque même pas ce bébé juif et israélien "gravement blessé par des jets de pierre à Jérusalem" durant un de ces "pogroms anti juifs" qui ont l'air si fréquents...
  6. Pour conclure cette brillante démonstration, le BNVCA nous fait partager ses espoirs : "un prompt  rétablissement à ces deux enfants qui illustrent le drame de cette région" (la nièce du début et le bébé de la fin du plaidoyer) et "qu'un jour la raison dominera et [qu']ainsi  les enfants palestiniens sortiront du cauchemar de haine et apprendront que les habitants d'Israël soignent, guérissent et sont bienveillants".

Après une telle lecture, "à plat" ou presque, il convient de contextualiser la pensée qui y circule et peut-être d'abord d'énoncer un axiome de la pensée correcte : un fait ne prouve rien. C'est pas moi qui ai inventé cette belle maxime. Je ne fait que répéter ce que disait mon professeur de philosophie au début des années 70 : pour passer du fait à l'idée, il faut une démonstration etc. où le fait serait si tout va bien ravalé au rang d'exemple probant (j'espère ne pas trahir ce que professait ce très cher Monsieur Rodier, prof. de philo au lycée Bergson à Paris au début des années 70).

Contextualisons :

  1. Qui est la nièce du chef du Hamas, en dehors d'être la nièce du chef du Hamas ? On ne sait pas. L'auteur n'en dit rien. Peut-être est-elle en froid avec son oncle et en serait devenue pro-israélienne ? On ne sait pas !
  2. L'évocation de ces "pogroms anti juifs" qui ont l'air si fréquents laissent pantois. Si on recourt au dictionnaire, on apprend qu'un pogrom est un "massacre et pillage des juifs par le reste de la population (souvent encouragée par le pouvoir)" [Le Robert]. Parler de "pogroms anti juifs" est donc pléonastique, comme si notre auteur voulait insister sur le malheur des juifs - ce qui est sémantiquement abusif !
    Je me souviens plutôt, quant à moi, de ces manifestations d'Israéliens criant "mort aux arabes" dans les rues, manifestations autorisées puisque non interdites par le pouvoir israélien. Étaient-elles encouragées par le pouvoir ? Je me souviens de ce que disait la presse internationale au lendemain de cette fameuse nuit du 22 au 23 avril dernier à Jérusalem. Je n'irai pas jusqu'à dire que de telles manifestations pourraient bien être les prémisses de "pogroms anti arabes". En tous cas, évoquer ici des "pogroms anti juifs" est historiquement et factuellement abusif ! Cet abus semble vouloir passer sous le tapis les cris de haine raciale proférés à Jérusalem et ailleurs. 
  3. Les événements récents qui se sont bien heureusement soldés par un cessez-le-feu, ces événements ont été motivés, sucités par une situation délétère qui, depuis trop longtemps, confine les palestiniens dans leurs territoires toujours de plus en plus réduits à peau de chagrin, dans leurs territoires toujours davantage colonisés au mépris du Droit International, voire de la simple éthique universelle (Kant, reviens, ils sont devenus fous !). La pensée juste voudrait qu'on ne dissocient pas des événements de leurs causes profondes !
    Bref, prétendre que  l'"État juif d'Israël" ne donne pas du tout dans l'apartheid et que c'est même le contraire, prétendre cela est un contresens volontaire et intenable du point de vue des faits correctement rapportés et analysés.
  4. Quand je regarde autour de moi, tout le monde ou presque est pro-israélien = anti-palestinien. Au loin, les USA et plus près de chez moi l'État Français et encore plus près de chez moi, le maire de Nice... Bien sûr tout cela devrait être nuancé, mais c'est bien la tonalité générale. Du coup, le couplet Calimero qui consiste à dire que personne n'aime l'État d'Israël ne repose sur aucune réalité tangible.
    Ceux qui dénonce l'apartheid et le colonialisme israéliens n'aime pas l'État d'Israël quand il traite les gens en fonction de leur religion ("État juif d'Israël") et quand il exile de force les palestiniens de leurs terres, quand il détruit leurs maisons, quand il est sourd aux résolutions internationales, quand il s'assied sur les principes fondamentaux du Droit International, voire de la simple éthique universelle...

bnvcaL'auteur du post n'est autre que Sammy Ghozlan, fondateur de l'organisation pour la "lutte contre le racisme et l'antisémitisme", le B.V.N.C.A. Cet organisme international, qui a une adresse parisienne, se dit "toujours en alerte" pour lutter... Son visuel s'orne de deux représentations de la justice : dans l'une, les deux plateaux sont à l'équilibre, dans l'autre la balance penche, semble-t-il, du côté du terrorisme antijuif. Car, c'est un peu comme la LICRA française : pour cette association française comme pour le B.V.N.C.A., l'antisémitisme n'est pas un racisme comme les autres et il est de bon ton de l'en distinguer - ce qui constitue à mon sens une distinction raciste. Pourquoi distinguer en effet, du point de vue humain (le seul qui importe du point de vue universel), entre juifs, musulmans, arabes, chrétiens, blancs..., que sais-je encore ? Quand, en France, on commet des actes anti-musulmans, on (les autorités, les médias) parle de racisme. Quand, en France, on commet des actes anti-juifs, on (les autorités, les médias) parle d'antisémitisme. Cherchez l'erreur !

...

Si l'on reprend toutes les "erreurs" ou plutôt les "fautes" de pensée présentes dans l'article de Sammy Ghozlan, on relève pas mal d'impureté : 

  • laisser penser qu'un fait prouve quoi que ce soit ;
  • énoncer un fait sans le contextualiser - ce qui le laisse incompréhensible, en toute justesse de pensée ;
  • avancer des informations incomplètes - ce qui leur fait perdre leur sens ;
  • cacher des informations importantes pour la compréhension - ce qui est une obstruction caractérisée à la bonne compréhension ;
  • il y en a bien d'autres, mais restons-en là : ce sera suffisant pour aujourd'hui !

Et s'il est vrai que la joie accompagne comme son ombre celui qui persiste à entretenir des pensées pures, comme dit un certain James Allen cité en page d'accueil du site du B.V.N.C.A. (la source n'est pas précisée, dommage !), ça ne doit pas être la joie tous les jours en B.V.N.C.A... Au moins un discours promotionnel voire électoral se rôde et continue de se rôder avec ce genre d'écrit... qui ne passerait pas l'épreuve de philo du baccalauréat. La propagande n'a jamais permis de bien penser, n'a jamais permis de penser juste, encore moins d'atteindre la pensée pure !


 *  Les liens proposés ci-dessus vers cet article semblent ne plus fonctionner. Ne semble rester que le communiqué de presse. Mais l'article entier a été repris, à peine corrigé et modifié, le 31 mai, sur Tribune Juive, sous le titre « Combien faut-il de toupet pour confier sa famille à l’ennemi dont on appelle à l’élimination “de la mer au Jourdain” ».


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25 mars 2021

Forcer l'État à appliquer et respecter la loi de la République

 

Change_ton_monde

Drôle de mission, non ? C'est celle que s'est donné, par la force des choses depuis 2016, Cédric Herrou, jeune agriculteur de l'arrière-pays niçois. C'est à lire dans cet ouvrage publié l'automne dernier par les éditions Les Liens qui Libèrent et préfacé par Jean-Marie-Gustave Le Clézio.

Côté face, un engagement proprement extraordinaire. Côté pile, un constat amer : l'État trop souvent n'applique ni ne respecte la loi de la République, à l'endroit des étrangers exilés. On voit comment "les discours racistes se [concrétisent] par des actes d'État" (p.93). On parle bien sûr des pauvres, ceux qui ont dû risquer leur vie, souvent dans la fuite de l'horreur... Je te laisse lire, lecteur attentionné !

L'État, c'est bien sûr, la Préfecture et son bras armé, la police. Le récit de Cédric Herrou est tout en nuances. Et c'est important. On voit par exemple que les gendarmes et les policiers n'ont pas la même relation avec les citoyens. On voit que l'État, déjà dur dans son comportement envers les migrants et ceux qui les aident à ne pas mourir, l'État se fait déborder par sa droite par des élus locaux, au premier rang desquels un certain Éric Ciotti - qui fait l'objet de pas moins de quinze mentions dans le récit. Complicité avérée avec les forces de police (pp.112 et 115), publication mensongère et diffamatoire dans la presse locale (tout le §26, p.118 et suivantes) et "discours haineux" (passim), l'élu de doite-extrême se fait tirer le portrait, parfois avec humour.

Je cite un passage très évocateur :
"Estrosi et Ciotti se tiraient la bourre. Le premier me traitait d'individu "qui nuit au travail des forces de l'ordre" et se complait dans le "profit de la misère humaine".  "L'État  doit faire cesser l'action de M. Cédric Herrou et de ceux qui le soutiennent, sans quoi il s'en rend complice"menaçait son meilleur ennemi, Éric Ciotti." Quand on comprend que Cédric Herrou ne cherche qu'une chose : que l'État respecte et applique le droit des étrangers, on mesure l'abîme, le fond du trou où la droite extrême se tient, avec ostentation !


25 novembre 2014

Bassin miné et cartographie de l'extrême droite française

BassinminéL'autre jour, j'ai vu le film Bassin Miné. Je connaissais bien l'histoire de la montée du F-Haine dans la commune d'Hénin-Beaumont (où j'ai vécu un temps). Mais j'ai été intéressé de voir le croisement de deux fils rouges : l'itinéraire de la militante du Parti de Gauche d'un côté, le progression du F-Haine de l'autre.

En fait de croisement, le seul croisement physique a été une bousculade de la première par le seconde, bousculade musclée s'entend. En fait de croisement politique, on voir comment l'abandon des habitants par les Houillères puis par les politiques locaux (PS) a permis au F-Haine de pérorer en utilisant la rhétorique de gauche en surface, rhétorique de solidarité sauf qu'on en arrive à une solidarité préférentielle, rhétorique de sécurité où le F-Haine est bien plus habile que la droite, le centre et la gauche, etc.Dans un mouvement inversement proportionnel, la militante de gauche s'essouffle à valoriser la vraie solidarité alors que le F-Haine vocifère tranquillement et en augmentant le volume sa rhétorique insidieuse façonnée par le marketing politique...

Et puis il y a cet épisode de la rencontre du F-Haine et des ouvriers syndicalistes de MétalEurope - à mettre dans les annales pour leur richesse sémantique...

[...]

Du coup, je vous propose la superbe carte de l'extrême droite proposée par LaHorde, le mouvement "méchamment antifasciste" :

hordedisponible également en pdf.


 

9 mai 2014

Communisme ?

Aidons le libéralisme à se mettre d'équerre !

Frédéric Lordon, limpide, comme d'habitude !

[extrait de "Biens communs par nature : et pourquoi pas les entreprises ?"]


3 février 2014

Que l'Europe des libertés fondamentales se lève !

yahoo

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1 janvier 2014

Meilleurs voeux 2014 !

 
 
 
Meilleurs vœux 2014
Au nom de toutes les équipes d'Amnesty International, je suis heureuse de vous présenter mes meilleurs vœux, à vous et à tous ceux qui vous sont chers.
Je souhaite que 2014 soit l'année d'un monde plus juste et plus humain, d'où la barbarie et les injustices disparaitront.
   
31 août 2013

Halte aux disparitions forcées en Syrie

Illustration de l'action

 Le recours présumé à des armes chimiques lors de nouvelles attaques en Syrie perpétrées le 21 août dernier démontre que le drame en Syrie continue, si jamais il fallait démontrer encore. Il ne faut pas oublier que ce drame est très concret aussi pour les familles de milliers de personnes disparues en Syrie.

Hier 30 août, c'était la Journée internationale des personnes disparues. À cette occasion, Amnesty International (Belgique) souhaite attirer votre attention sur le sort de milliers de personnes victimes, dans le monde entier, d’une disparition forcée, et sur la souffrance de leurs proches et en particulier sur les disparitions forcées en Syrie qui ne cessent d’augmenter depuis ces deux dernières années.

Alors que le conflit s’intensifie en Syrie, Amnesty international appelle toutes les parties à respecter le droit international humanitaire et souhaite en premier lieu que les civils ne soient pas oubliées.

Soutenez les victimes de disparition forcée et leurs proches, et demandez aux autorités syriennes de mettre fin à cette pratique. En savoir plus avant d'agir.


 

27 août 2013

Aucun Homme n'est illégal !

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Photo prise à Berlin le 23 août 2013.


 

24 juillet 2013

De quoi la Palestine est-elle le nom ?

Comme l'an dernier, j'ai mis dans mes bagages d'été quelques bouquins à usage professionnels (intelligence économique, veille, etc.), notamment pour en faire une "lecture critique" ou plutôt une présentation pour mes collègues professionnel(le)s de l'information à la rentrée.

de-quoi-la-palestine-est-elle-le-nom-de-alain-gresh-livre-895866421_MLMais comme l'an dernier, j'ai commencé par un autre livre, à usage "personnel", pour le plaisir de lire, pour le plaisir de comprendre. Et j'ai été servi ! Je viens de terminer la lecture de l'essai d'Alain Gresh, De quoi la Palestine est-elle le nom ? Voilà trois ans que l'ouvrage a paru et j'ai enfin décidé de le lire à tête reposée. Je n'ai pas été déçu question compréhension !

Je ne vais pas te présenter l'essai, cher lecteur, tout simplement parce que l'auteur l'a fait lui-même et fort bien et parce que la lecture de son blog Nouvelles d'Orient te permettra de contextualiser comme il faut son projet.

Juste pointer deux idées et une information-clé qui ressortent de la lecture de l'ouvrage.

  • Tout d'abord, l'existence même - voire la justification - de l'État d'Israël est dès le début construite sur la pratique d'un colonialisme de confiscation territoriale et d'extermination des autochtones. Alain Gresh resitue la création de cet État dans la perspective du colonialisme occidentale - ce qui permet largement de comprendre les événements actuels.
  • Ensuite, il y a une sorte de connivence objective entre l'idéologie des Afrikaners - idéologie qui doit pas mal à l'idéologie nazie - et l'idéologie sioniste. Alain Gresh montre cette connivence avec prudence et clarté. On aura peut-être intérêt à mettre à jour la trame et les fils d'une telle connivence, notamment en faisant le lien avec celle qu'Hannah Ardent a pointé il y a une cinquantaine d'années entre certains Judenräte de l'est de l'Europe et l'appareil hitlérien pendant la shoah.
  • Enfin, l'information qu'il ne faut jamais oubliée quoi qu'il arrive : l'État d'Israël ne se plie aux injonctions internationales (ONU) que lorsque cela va dans le sens de sa politique coloniale et personne ne semble trouver à y redire. Comme si la forme politique du peuple qui se veut le seul et l'unique "élu de Dieu" était au dessus de la politique et du droit des hommes...

L'ouvrage se termine (annexe II) sur une magistrale mise au carré de ce cher BHL pour sa chronique du 8 janvier 2009 pour Le Point, "Libérer les palestiniens du Hamas".

Plus sérieux, car pour qui BHL est-il important ? pour personne car on sait pertinemment de quoi il est le nom... : je regrette qu'Alain Gresh n'ait pas inséré le court texte écrit par Gandhi en novembre 1938, Les Juifs en Palestine. Un texte plein de sagesse qui aurait peut-être mérité une petite exégèse...


 

27 novembre 2012

Non à la violence contre les Roms !

alarmeCliquer sur l'image pour lire le document plus confortablement.


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