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BRICH59
30 novembre 2021

Migrations et accès au Droit : une commission d'enquête [2]

Le rapport parlementaire sur "les migrations, les déplacements de populations et les conditions de vie et d’accès au droit des migrants, réfugiés et apatrides en regard des engagements nationaux, européens et internationaux de la France" est paru le 10 novembre dernier. La commission d'enquête comprenait une trentaine de députés, dont le président Sébastien Nadot, député inscrit au groupe parlementaire Libertés et Territoires (LT) et la rapporteure Sonia Krimi, inscrite au groupe parlemntaire LREM. Il est accessible ici (pdf, 451p.).
Après avoir parcouru l'avant-propos du président Nadot, lisons la courte introduction du rapport (p.45-50), qui met en avant trois précieux constats :

  1. Les migrations constituent un phénomène constant et global mais limité au regard des déséquilibres du monde
    D'abord il faut noter que seulement 3,5% de la population mondiale peut être considérée comme en migration.
    Ensuite, il convient de comprendre que "la peur [...] portée par le débat public français, d’une population africaine en croissance exponentielle qui va nécessairement venir s’échouer sur les côtes européennes" est complètement "irrationnelle", étant donné que "dans les pays à très faibles revenus peu de personnes peuvent émigrer même lorsque leur croissance démographie est dynamique" et que "2 % de la population d’Afrique subsaharienne vit à l’étranger et principalement dans un pays voisin."
    Enfin, il faut savoir que "la majorité des migrations est un phénomène intracontinental". Pour le continent européen, près du quart des populations des pays des Balkans ex-communistes vit à l'étranger.
  2. La réalité de l’immigration en France est déformée par le débat public
    "L’immigration étant devenue un sujet de campagne électorale par excellence, ses enjeux ne sont à peu près jamais posés avec une volonté de les traiter de manière rationnelle. Depuis l’irruption de cette thématique dans le débat public au début des années 1980, elle est abordée comme un mal transitoire, soit comme un phénomène que des Gouvernements faibles ou complaisants laissent prospérer alors qu’il suffirait d’être ferme, soit au contraire comme un épiphénomène à l’impact mineur sur la société et dont il conviendrait de ne pas parler. Or, l’immigration est un phénomène cyclique qui obéit à ses propres dynamiques. [...] Ainsi, dans l’imaginaire collectif, – imaginaire bâti par des décennies de débat politique incessant – le migrant est un jeune homme provenant d’un pays d’Afrique ou du Moyen-Orient, pauvre et se dirigeant vers l’Europe parce que le modèle social l’y incite. Depuis quelques années maintenant, s’est ajouté un amalgame récurrent entre immigration et insécurité."
    "Or, les données vont à rebours des représentations collectives et c’est l’objet de ce rapport de l’affirmer. La majorité des migrants sont des migrantes. Leur niveau d’instruction moyen est supérieur à la moyenne du pays de départ mais également du pays d’arrivée. Le migrant est simplement un être humain ne méritant ni excès d’opprobres ni éloges disproportionnées."
  3. Les primo-arrivées relèvent principalement de l’accueil des étudiants étrangers alors que le débat public se focalise sur l’asile.
    Il convient donc de rétablir la réalité des chiffres des migrations. Très globalement, la France est bien moins accueillante que l'Allemagne ou le Royaume-Uni, les chiffres restant stables et la variable la plus importante étant l'origine des migrants. Par ailleurs, il y a quatre types de migration.
    a) LA MIGRATION ESTUDIANTINE. "La plus grande partie des migrants sont les étudiants." Mais, en considérant ces étudiants comme des migrants, on force la dose, dans la mesure où les deux-tiers d'entre eux quittent la France à la fin de leurs études (chiffres OCDE). À noter l'augmentation des frais d’inscription universitaires qui va retentir sur les étudiants de la francophonie et entre en conflit avec l'"objectif de rester dans la compétition internationale" que se donne notre pays...
    b) LA MIGRATION FAMILIALE "est extraordinairement stable depuis plusieurs décennies [...] et ce, malgré malgré les différents durcissements des conditions d’admission" - qui ne font que "« faire attendre »".
    c) LA MIGRATION DE TRAVAIL "est quant à elle extrêmement réduite en France depuis 1974 avant d’être timidement relancée en 2006 avec « l’immigration choisie »."
    d) LA MIGRATION HUMANITAIRE. "Avec 36 000 titres délivrés en 2019, les délivrances de titres pour des raisons humanitaires restent minoritaires parmi les motifs d’entrée sur le territoire et très faibles par rapport à d’autres pays, bien que ce soient celles qui cristallisent le plus le débat public."

"En définitive, il apparaît bien que l’immigration est un phénomène qui emprunte à de multiples causes, revêt les aspects les plus divers et nécessite donc de mobiliser l’ensemble de nos politiques publiques. Cela ne peut être une simple affaire de police." Dit autrement, "les migrations [doivent être appréhendées] dans leur globalité, c’est-à-dire comme un phénomène humain." Il faudra donc "adapter notre appareil politico-administratif pour traiter les questions migratoires dans leur globalité" (diplomatie, enseignement, logement, santé, travail...).

 

Suit une trentaine de "recommandations" concrètes
[accès direct sur Framindmap.org ou dans la fenêtre ci-dessous]

à suivre


 

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24 novembre 2021

AVIS AUX GRINCHEUX XÉNOPHOBES

Avis aux grincheux xénophobes : de moins en moins de Français pensent qu’il y a trop d’immigrés !

C'est affirmé noir sur blanc ;-) dans cet article du Centre d'Observation de la Société, intitulé De moins en moins de Français estiment que les immigrés sont trop nombreux.


 

18 novembre 2021

Migrations et accès au Droit : un débat inter-associatif

Les cinq associations Amnesty International France, La Cimade, Médecins du Monde, Médecins sans Frontières et le Secours Catholique-Caritas France publient un communiqué de presse commun, suite à la publication du rapport parlementaire sur "les migrations, les déplacements de populations et les conditions de vie et d’accès au droit des migrants, réfugiés et apatrides en regard des engagements nationaux, européens et internationaux de la France" le 10 novembre dernier.

Par ailleurs elles organisent un séminaire d’échanges et de débat : Migrations : d’une commission d’enquête à des politiques respectueuses des droits fondamentaux, le 2 décembre prochain. Le programme est indiqué ci-dessous.

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Les cinq associations Amnesty International France, La Cimade, Médecins du Monde, Médecins sans Frontières et le Secours Catholique-Caritas France, organisent un séminaire d’échanges et de débat : Migrations : d’une commission d’enquête à des politiques respectueuses des droits fondamentaux, le 2 décembre prochain. Le programme est indiqué ci-dessous.

Cet événement pourra être suivi en ligne. Vous pouvez retrouver l’ensemble des informations sur la page Facebook de l’événement #Migrations2Déc.

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17 novembre 2021

Le migrant aux cookies

[Image trouvée sur Fesse de Bouc...]cookie du migrantSans commentaire !


 

16 novembre 2021

Migrations et accès au Droit : une commission d'enquête

 

Migration et accès au DroitLe rapport parlementaire sur "les migrations, les déplacements de populations et les conditions de vie et d’accès au droit des migrants, réfugiés et apatrides en regard des engagements nationaux, européens et internationaux de la France" est paru le 10 novembre dernier. La commission d'enquête comprenait une trentaine de députés, dont le président Sébastien Nadot, député inscrit au groupe parlementaire Libertés et Territoires (LT) et la rapporteure Sonia Krimi, inscrite au groupe parlemntaire LREM. Il est accessible ici (pdf, 451p.).

[Ce post s'attache à l'avant-propos du président Nadot. Le reste suivra...]

Dans sa contribution liminaire et néanmoins très engagée (p.9 à 44), le président Nadot, d'une part, déplore le "zinzin médiatique et le vertige électoral de quelques-uns" [plus loin le président Nadot note que "l’irrationnel politico-médiatique est devenu la seule réponse visible, laquelle prend forme d’un concours de flatteries des bas instincts."] mais surtout dénonce la non-application du droit national et du droit international concernant les migrants, les enfants et les femmes payant un lourd tribu à cette perte d'identité du pays des Droits de l'homme. Le constat s'impose selon lequel "la situation relative aux droits humains des migrants et leurs conditions de vie en France sont alarmantes". Bref, "en matière de respect des personnes, du droit national et international et des valeurs qui fondent notre République, les engagements de la société française vis-à-vis des étrangers ne sont pas tenus. Pire parfois : ils sont bafoués, avec des conséquences dramatiques."
L'aveu est cinglant et plusieurs fois énoncé : "Nous sommes à la dérive. Collectivement."

Et le président Nadot de pointer :

  • ces "théories de l’extrême droite, relayés par des candidats à l’élection présidentielle, autour du « grand remplacement », lesquelles ne tiennent pas la route à l’épreuve d’une analyse des données, d’une approche scientifique et raisonnée" ;
  • tout ce "groupe des bonimenteurs" qui, "à la recherche de suffrages", "ont choisi de surenchérir toujours davantage sur le péril migratoire", histoire de ne pas parler du reste ;
  • "les mensonges de ceux qui gouvernent, hier et aujourd’hui", mensonges proférés y compris devant la représentation nationale, mensonges qui, dans la foulée, finissent par  permettre au gouvernement d'assigner "des objectifs implicites illégaux à tous les agents du ministère de l’Intérieur et du ministère de la Justice".
    L'un des effets de ce comportement gouvernemental est la disparition de cette "interminable file indienne, impatiente mais silencieuse, devant les préfectures [...]. On pourrait s’en réjouir. En réalité, le numérique a gommé tous ces gens de l’espace public ! Les relations humaines ne se font plus que par proxy interposé, même quand il s’agit de se livrer à des échanges qui touchent à l’intime, comme ces témoignages de migrants LGBT devant l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) ou la Cour nationale du droit d'asile (CNDA) ayant à prouver leur orientation sexuelle en quelques minutes, ou parfois par un mail et deux ou trois clics, pour espérer l’asile ! Petit à petit, les services publics se désengagent de toute proximité avec la personne humaine. Quand le contact humain reste néanmoins impossible à supprimer complètement, l’État sous-traite à des associations sous-dotées en moyens."


Y a-t-il une réponse à cette question terrible : "pourquoi la tolérance, la confiance dans la connaissance scientifique et ce que l’on appelle communément l’État de droit ont perdu tout crédit dans la classe politique, la haute administration et les médias dès lors qu’il s’agit de parler des étrangers ?"

Enfin, le président Nadot examine six points :

  1. Hébergement (force est de constater qu'il y a de nombreuses embûches pour "une politique publique qui [voudrait] vraiment aller vers un toit pour tout le monde") cherche solidarité (quand bien même le droit français reconnaît "la fraternité comme un principe à valeur constitutionnelle", "en pratique pèse un soupçon sur les aidants aux migrants"), solidarité parfois effective, par exemple au sein de l'association des villes et territoires accueillants, l'ANVITA, ou bien de "dispositifs associatifs de solidarité active pour l’hébergement" - le gouvernement ne sachant (voulant) pas se saisir de cette "force solidaire française – individuelle, associative et des collectivités"... Bref, il faudrait passer "d’une solidarité empêchée à une solidarité facilitée, encouragée et reconsidérée."
  2. Francophonie hasardeuse : le discours d'E.Macron, prononcé à l’Institut de France en mars 2018, fut intéressant mais sans aucun effet, malgré les actions menées, par ailleurs, au sein des universités, des associations et de quelques organismes de formation...
  3. Appel d’air et politique étrangère. Il y a d'abord, parce que c'est bien le plus odieux, le "discours de l’encadrement supérieur de l’administration française [qui affirme que] tout jeune migrant, parce qu’il est migrant, doit être regardé comme suspect" - malgré l'article 3-1 de la Convention internationale sur les droits de l’enfant du 20 novembre 1989. Il y a ensuite "cette mise en scène de la théorie de « l’appel d’air » [...] devenu un incontournable de l’argumentaire de toute politique publique « responsable » en matière migratoire dans notre pays. [...] Cette théorie est démentie par les travaux de recherche" ainsi que par les enquêtes de terrain. Car à bien regarder, "en somme, le jour où les conditions de vie en Tunisie seront celles de la France et inversement, le sens migratoire s’inversera. Ce n’est pas l’accueil en France aujourd’hui qui fait appel d’air. S’il faut chercher un appel d’air, c’est du côté de notre histoire et son instrumentalisation dans les discours de politique étrangère."
  4. Union européenne, tralala français et noyade. Côté Union européenne et présidence française (premier semestre 2022), "on peut s’attendre à quelques coups de communication sans lendemain, des jolis tralalas en français bien de chez nous, pour finalement ne pas s’atteler, une fois de plus, à la question migratoire à l’échelle européenne qui, tôt ou tard, risque fort de faire éclater l’UE." Pour ce qui est du secours en mer, le respect de la Convention pour la sauvegarde de la vie humaine en mer (Solas) de 1974 (selon laquelle les États côtiers ont l'obligation légale d'organiser et d'assister les recherches en cas de signal de détresse) n'est pas garanti et peut être contrarié par lesdits États...
  5. Des frontières physiques, des femmes et des hommes. Bien qu'il soit clair que, légalement, le contrôle aux frontières intérieures à l'UE ne se justifie plus, ce contrôle est aujourd'hui maintenu pour "lutter contre les flux migratoires irréguliers". Sa seule efficacité semble hélas être de gêner le passage (avec mise en danger des personnes) et surtout de jeter les migrants "entre les mains des passeurs".
    "Croire en la gestion migratoire par l’outil magique des frontières physiques est un leurre. Croire qu’on doit se préoccuper des flux sans s’inquiéter des personnes en danger est irresponsable. L’obstination européenne et française, après celle des États-Unis d’Amérique, n’a guère d’explications même si le salon Milipol à Paris – « Événement mondial de la sûreté et de la sécurité intérieure des États » – montre à quel point le contrôle des frontières est un business en expansion vertigineuse."
  6. L’administration et la justice pour fermer le robinet ? Un État de mauvaise volonté, mesquin et criminel...
    "La première chose extrêmement frappante en France est la suivante : quand on est un étranger, on ne peut pas obtenir de rendez-vous pour se signaler, pour faire une demande de titre de séjour." Par ailleurs, "quand on est dans une situation qui relève du droit d’asile, des délais interminables sont parfois fatals", et le parcours est sinueux, d'un guichet à l'autre. Pourquoi ne pas installer "un guichet de l’OFPRA aux points de frontière" ? D'autre part, et de façon plus générale, le non respect du droit par les autorités oblige les associations à lancer des "référés de suspension", ce qui encombre beaucoup les Tribunaux administratifs - ce dont les autorités se plaignent (ministère de l’Intérieur). Mais il n'y a pas que les démarches de demande de titre ou d'asile, il y a aussi l'accès au marché du travail, l'aide médicale de l'État... tous sujets où les services de l'État contreviennent aux lois de la Nation.


Ouvrir davantage les voies légales d’immigration ?
Six fois OUI :

  • Oui, "pour que l’essentiel des étrangers qui viennent sur notre territoire ne soient justement pas un poids supplémentaire pour nos politiques publiques de logement, de l’emploi et de la cohésion sociale".
  • Oui, pour mieux "« contrôler » qui vient sur notre territoire."
  • Oui, pour "permettre à ces gens de répondre aux dynamiques du marché de l’emploi."
  • Oui, pour être sûr que "les étrangers ne perdront pas tout leur argent dans les mésaventures de l’immigration irrégulière, alimentant la multinationale des mafias, et pourront l’utiliser à bon escient pour s’installer sur notre territoire."
  • Oui, "pour articuler notre identité nationale avec les maux du monde."
  • Oui, pour "renouer le dialogue avec tous ces pays d’Afrique en voie de sortie complète de notre sphère d’influence."

Un tel nouveau système "ne peut être pensé à l’échelle du ministère de l’Intérieur. Par définition, les phénomènes migratoires renvoient à l’étranger ! Il revient donc au ministère des Affaires étrangères de reprendre les commandes d’une situation qui dégénère et s’écarte de l’identité nationale mais universelle de notre pays."

NOTEZ LE SÉMINAIRE PUBLIC ORGANISÉ PAR LES CINQ ASSOCIATIONS LARGEMENT CITÉES DANS LE RAPPORT DE LA COMMISSION. Son titre ? Migrations : d'une commission d'enquête à des politiques respectueuses des droits fondamentaux. C'est le 2 décembre prochain.

à suivre


 

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31 octobre 2021

Betty Friedan & Yvette Roudy

De fil en aiguille, ou plutôt de phrase en livre, je suis tombé sur l'ouvrage de Betty Friedan,  traduit par Yvette Roudy, dans l'édition de 2019 (La femme mystifiée, chez Belfond).
Écrite en 2018 par la traductrice et néanmoins ancienne ministre de François Mitterrand, la préface permet de suivre deux chemins :
- celui qui permit à Yvette Roudy de s'inscrire dans le féminisme, à partir de la traduction en 1964 de l'ouvrage que Betty Friedan avait publié en 1963 (The Feminine Mystique) ;
- celui du féminisme même, mouvement politique s'il en est, chemin qui tient son point de départ dans le socialisme et dont le tracé est pour le moins tortueux, n'épargnant pas les retours en arrière...
En avril 2018, Yvette Roudy peut écrire que "de toute évidence la « femme » n’en finit pas d’être « mystifiée ». Les féministes de demain ont encore de beaux jours devant elles. Nous comptons sur elles."

27 octobre 2021

Quand l'État ment, effrontément

Violences policières : à Calais, Darmanin ment !

Interviewé par France 3 Hauts-de-France le 9 octobre 2021, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a déclaré :

« […] Ce que je peux dire, c’est que malgré tous les procès d’intention qu’on fait aux forces de l’ordre, je constate que pas un policier et pas un gendarme sur la côte littoral n’a été poursuivi par la justice […] et j’aimerais qu’on les respecte et qu’on les soutienne plutôt qu’on les insulte surtout lorsque manifestement ce sont des mensonges […] »


Il répondait à une question concernant le dernier rapport de Human Rights Watch, Infliger la détresse. Le traitement dégradant des enfants et des adultes migrants dans le nord de la France qui met en évidence le harcèlement policier dont sont victimes les personnes migrantes dans le nord de la France.

Pour comprendre de quel côté est le mensonge, c'est sur le site du GISTI !


 

3 septembre 2021

06COVIAM : veiller au respect des droits des étrangers vivant dans les Alpes-Maritimes

 

ATTENTION : COVIAM06 devient 06COVIAM

 Le Comité de Vigilance des Alpes Maritimes (COVIAM), qui se donne comme mission de veiller au respect des droits des étrangers vivant en France (en l'occurrence les Alpes-Maritimes), est hébergé chez WordPress: HTTPS://06COVIAM.WORDPRESS.COM

AUTRES LIENS :QRcode 06COVIAM

 


 

3 juin 2021

De la bienveillance universelle de l'État d'Israël

Ainsi, "Israël est un état juif dont les valeurs restent exemplaires, éthiques et respectueuses de l'être humain et du droit international", si l'on en croit cet article du site Alliance qui se veut le premier Magazine Juif sur le net.

Ah ! ... Ah ? ... Que dit l'article* ?

  1. Le début développe à peine le titre : "La nièce du chef du Hamas se fait soigner en Israël pour une greffe osseuse".
    Ce qui permet à l'auteur de l'article d'ironiser ensuite sur le "toupet [de] confier sa famille à l’ennemi dont on appelle à l’élimination « de la mer au Jourdain »". Tout le monde est plié en deux !
  2. Puis vient la sentence : "Israël est un état juif dont les valeurs restent exemplaires, éthiques et respectueuses de l'être humain et du droit international" (la mise en caractère gras n'est pas de moi) - ce qui devrait, gronde l'auteur, inciter "les nations du monde, l'ONU,  Mme Bachelet la  Haut Commissaire aux Droits de l'Homme, l 'Union Européenne, la Cour Pénale internationale toutes les ONG pro palestiniennes, les activistes de B D S", ce qui devrait inciter tout ce beau monde à réfléchir un peu "avant de parler de l'État d'Israël".
    Car il ne faut pas mettre sur le même plan un peuple qui met à disposition de "toute l'humanité" "les avancées technologiques de ses start up" et ce peuple "obscurantiste" des "islamo palestiniens" qui ne promeut que "le meurtre, la mort, la décadence".
  3. Puis vient cette phrase syntaxiquement peu claire : "Le BNVCA rappelle à tous ceux qui hurlent « Israël assassin »  que tout celui qui se  considère comme un ennemi invétéré de l’entité sioniste, sait qu’il peut compter sur l’accès aux meilleurs soins et à la plus grande bienveillance pour sa famille".
    On comprend l'idée cependant : l'État d'Israël sait faire preuve d'une bienveillance universelle, c'est-à-dire y compris à l'endroit de son "ennemi invétéré".
  4. DONC l'"État juif d'Israël" ne donne pas du tout dans l'apartheid. C'est même le contraire !
  5. Retour sur du factuel : la presse internationale n'évoque même pas ce bébé juif et israélien "gravement blessé par des jets de pierre à Jérusalem" durant un de ces "pogroms anti juifs" qui ont l'air si fréquents...
  6. Pour conclure cette brillante démonstration, le BNVCA nous fait partager ses espoirs : "un prompt  rétablissement à ces deux enfants qui illustrent le drame de cette région" (la nièce du début et le bébé de la fin du plaidoyer) et "qu'un jour la raison dominera et [qu']ainsi  les enfants palestiniens sortiront du cauchemar de haine et apprendront que les habitants d'Israël soignent, guérissent et sont bienveillants".

Après une telle lecture, "à plat" ou presque, il convient de contextualiser la pensée qui y circule et peut-être d'abord d'énoncer un axiome de la pensée correcte : un fait ne prouve rien. C'est pas moi qui ai inventé cette belle maxime. Je ne fait que répéter ce que disait mon professeur de philosophie au début des années 70 : pour passer du fait à l'idée, il faut une démonstration etc. où le fait serait si tout va bien ravalé au rang d'exemple probant (j'espère ne pas trahir ce que professait ce très cher Monsieur Rodier, prof. de philo au lycée Bergson à Paris au début des années 70).

Contextualisons :

  1. Qui est la nièce du chef du Hamas, en dehors d'être la nièce du chef du Hamas ? On ne sait pas. L'auteur n'en dit rien. Peut-être est-elle en froid avec son oncle et en serait devenue pro-israélienne ? On ne sait pas !
  2. L'évocation de ces "pogroms anti juifs" qui ont l'air si fréquents laissent pantois. Si on recourt au dictionnaire, on apprend qu'un pogrom est un "massacre et pillage des juifs par le reste de la population (souvent encouragée par le pouvoir)" [Le Robert]. Parler de "pogroms anti juifs" est donc pléonastique, comme si notre auteur voulait insister sur le malheur des juifs - ce qui est sémantiquement abusif !
    Je me souviens plutôt, quant à moi, de ces manifestations d'Israéliens criant "mort aux arabes" dans les rues, manifestations autorisées puisque non interdites par le pouvoir israélien. Étaient-elles encouragées par le pouvoir ? Je me souviens de ce que disait la presse internationale au lendemain de cette fameuse nuit du 22 au 23 avril dernier à Jérusalem. Je n'irai pas jusqu'à dire que de telles manifestations pourraient bien être les prémisses de "pogroms anti arabes". En tous cas, évoquer ici des "pogroms anti juifs" est historiquement et factuellement abusif ! Cet abus semble vouloir passer sous le tapis les cris de haine raciale proférés à Jérusalem et ailleurs. 
  3. Les événements récents qui se sont bien heureusement soldés par un cessez-le-feu, ces événements ont été motivés, sucités par une situation délétère qui, depuis trop longtemps, confine les palestiniens dans leurs territoires toujours de plus en plus réduits à peau de chagrin, dans leurs territoires toujours davantage colonisés au mépris du Droit International, voire de la simple éthique universelle (Kant, reviens, ils sont devenus fous !). La pensée juste voudrait qu'on ne dissocient pas des événements de leurs causes profondes !
    Bref, prétendre que  l'"État juif d'Israël" ne donne pas du tout dans l'apartheid et que c'est même le contraire, prétendre cela est un contresens volontaire et intenable du point de vue des faits correctement rapportés et analysés.
  4. Quand je regarde autour de moi, tout le monde ou presque est pro-israélien = anti-palestinien. Au loin, les USA et plus près de chez moi l'État Français et encore plus près de chez moi, le maire de Nice... Bien sûr tout cela devrait être nuancé, mais c'est bien la tonalité générale. Du coup, le couplet Calimero qui consiste à dire que personne n'aime l'État d'Israël ne repose sur aucune réalité tangible.
    Ceux qui dénonce l'apartheid et le colonialisme israéliens n'aime pas l'État d'Israël quand il traite les gens en fonction de leur religion ("État juif d'Israël") et quand il exile de force les palestiniens de leurs terres, quand il détruit leurs maisons, quand il est sourd aux résolutions internationales, quand il s'assied sur les principes fondamentaux du Droit International, voire de la simple éthique universelle...

bnvcaL'auteur du post n'est autre que Sammy Ghozlan, fondateur de l'organisation pour la "lutte contre le racisme et l'antisémitisme", le B.V.N.C.A. Cet organisme international, qui a une adresse parisienne, se dit "toujours en alerte" pour lutter... Son visuel s'orne de deux représentations de la justice : dans l'une, les deux plateaux sont à l'équilibre, dans l'autre la balance penche, semble-t-il, du côté du terrorisme antijuif. Car, c'est un peu comme la LICRA française : pour cette association française comme pour le B.V.N.C.A., l'antisémitisme n'est pas un racisme comme les autres et il est de bon ton de l'en distinguer - ce qui constitue à mon sens une distinction raciste. Pourquoi distinguer en effet, du point de vue humain (le seul qui importe du point de vue universel), entre juifs, musulmans, arabes, chrétiens, blancs..., que sais-je encore ? Quand, en France, on commet des actes anti-musulmans, on (les autorités, les médias) parle de racisme. Quand, en France, on commet des actes anti-juifs, on (les autorités, les médias) parle d'antisémitisme. Cherchez l'erreur !

...

Si l'on reprend toutes les "erreurs" ou plutôt les "fautes" de pensée présentes dans l'article de Sammy Ghozlan, on relève pas mal d'impureté : 

  • laisser penser qu'un fait prouve quoi que ce soit ;
  • énoncer un fait sans le contextualiser - ce qui le laisse incompréhensible, en toute justesse de pensée ;
  • avancer des informations incomplètes - ce qui leur fait perdre leur sens ;
  • cacher des informations importantes pour la compréhension - ce qui est une obstruction caractérisée à la bonne compréhension ;
  • il y en a bien d'autres, mais restons-en là : ce sera suffisant pour aujourd'hui !

Et s'il est vrai que la joie accompagne comme son ombre celui qui persiste à entretenir des pensées pures, comme dit un certain James Allen cité en page d'accueil du site du B.V.N.C.A. (la source n'est pas précisée, dommage !), ça ne doit pas être la joie tous les jours en B.V.N.C.A... Au moins un discours promotionnel voire électoral se rôde et continue de se rôder avec ce genre d'écrit... qui ne passerait pas l'épreuve de philo du baccalauréat. La propagande n'a jamais permis de bien penser, n'a jamais permis de penser juste, encore moins d'atteindre la pensée pure !


 *  Les liens proposés ci-dessus vers cet article semblent ne plus fonctionner. Ne semble rester que le communiqué de presse. Mais l'article entier a été repris, à peine corrigé et modifié, le 31 mai, sur Tribune Juive, sous le titre « Combien faut-il de toupet pour confier sa famille à l’ennemi dont on appelle à l’élimination “de la mer au Jourdain” ».


25 mars 2021

Forcer l'État à appliquer et respecter la loi de la République

 

Change_ton_monde

Drôle de mission, non ? C'est celle que s'est donné, par la force des choses depuis 2016, Cédric Herrou, jeune agriculteur de l'arrière-pays niçois. C'est à lire dans cet ouvrage publié l'automne dernier par les éditions Les Liens qui Libèrent et préfacé par Jean-Marie-Gustave Le Clézio.

Côté face, un engagement proprement extraordinaire. Côté pile, un constat amer : l'État trop souvent n'applique ni ne respecte la loi de la République, à l'endroit des étrangers exilés. On voit comment "les discours racistes se [concrétisent] par des actes d'État" (p.93). On parle bien sûr des pauvres, ceux qui ont dû risquer leur vie, souvent dans la fuite de l'horreur... Je te laisse lire, lecteur attentionné !

L'État, c'est bien sûr, la Préfecture et son bras armé, la police. Le récit de Cédric Herrou est tout en nuances. Et c'est important. On voit par exemple que les gendarmes et les policiers n'ont pas la même relation avec les citoyens. On voit que l'État, déjà dur dans son comportement envers les migrants et ceux qui les aident à ne pas mourir, l'État se fait déborder par sa droite par des élus locaux, au premier rang desquels un certain Éric Ciotti - qui fait l'objet de pas moins de quinze mentions dans le récit. Complicité avérée avec les forces de police (pp.112 et 115), publication mensongère et diffamatoire dans la presse locale (tout le §26, p.118 et suivantes) et "discours haineux" (passim), l'élu de doite-extrême se fait tirer le portrait, parfois avec humour.

Je cite un passage très évocateur :
"Estrosi et Ciotti se tiraient la bourre. Le premier me traitait d'individu "qui nuit au travail des forces de l'ordre" et se complait dans le "profit de la misère humaine".  "L'État  doit faire cesser l'action de M. Cédric Herrou et de ceux qui le soutiennent, sans quoi il s'en rend complice"menaçait son meilleur ennemi, Éric Ciotti." Quand on comprend que Cédric Herrou ne cherche qu'une chose : que l'État respecte et applique le droit des étrangers, on mesure l'abîme, le fond du trou où la droite extrême se tient, avec ostentation !


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