Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
BRICH59
10 décembre 2005

Les petits-bourgeois collabos

Dans la série "Et si on essayait de comprendre ce qui se passe !", je voudrais vous faire connaître un petit bouquin fort utile à ceux qui, comme moi, veulent comprendre au-delà des apparences... Il s'agit de l'ouvrage d'Alain Accardo, Le petit-bourgeois gentilhomme. La moyennisation de la société, publié par les Éditions Labor et les Éditions Espace de liberté, à Bruxelles en 2003.

accardoPrésentation en quatrième de couverture :

L'ordre social repose sur un rapport de causalité circulaire entre structures objectives de la société et structures subjectives des individus. Alain Accardo invite les progressistes à s'interroger sur la part qu'ils prennent à la reproduction de cet ordre qu'en principe ils combattent. Cet ordre étant établi à la fois à l'extérieur et à l'intérieur de chacun, il ne suffit pas de décréter qu'on le refuse pour rompre avec lui: on ne peut en effet changer le monde sans se changer soi-même, d'autant qu'aujourd'hui les valeurs de repli de la classe moyenne tendent à devenir dominantes.

Il y a un passage de cet ouvrage, qui propose un condensé de la démarche de l'auteur. Je me permets de citer. C'est aux pages 56-59. Cet extrait montre assez bien la mécanique qui rend nombre d'entre les petits bourgeois complices malgré eux (?) du libéralisme destructeur d'humanité. Des comme ça, j'en côtoie pas mal, au boulot notamment. Et je peux vous dire que ce que décrit Accardo est criant de réalisme ! Et permet de comprendre pas mal de comportements de gens...


Si, aujourd’hui comme hier, des millions d’êtres humains de par le monde, spécialement dans les pays pauvres mais aussi dans nos sociétés apparemment libres et opulentes, sont exploités, opprimés, humiliés, condamnés à l’enfer sur la terre, à qui, à quoi doivent-ils ces souffrances et ces indignités ? Oui, bien sûr, fondamentalement, à la logique inhumaine de l’économie capitaliste. Mais les logiques objectives des structures économiques et sociales ne s’accomplissent pas toutes seules. Il leur faut nécessairement se matérialiser dans des appareils et s’incarner dans des agents en chair et en os dont le nombre ne se réduit pas aux minorités de grands possédants qui se partagent les richesses de la planète. Que serait la logique du grand capital sans l’intervention zélée, compétente et convaincue de ces myriades d’auxiliaires salariés qui, à des échelons divers, encadrent, dirigent, surveillent, contrôlent, entretiennent, expertisent, conseillent et optimisent le fonctionnement de la mécanique à broyer de l’humain, contribuant ainsi à la « banalisation du mal » dont parlait Hannah Arendt.
Certes, toutes ces femmes et tous ces hommes ne sont pas des tortionnaires sadiques ni des bourreaux de leurs semblables. Du moins n’en ont-ils ni l’intention ni le goût. Ils s’efforcent seulement de bien faire le travail don: ils vivent et qui est censé servir au bien de tous. Et pourtant, sans leur concours consciencieux, les rouages de la mécanique se gripperaient instantanément et les grands rapaces du capitalisme seraient réduits à l’impuissance, les ailes rognées. Mais la conscience professionnelle dont les auxiliaires du système font preuve est une conscience à courte vue. Leurs propres investissements dans le champ de leur activité spécifique (la gestion, la communication, la sécurité, la santé, le travail social, la recherche, l’éducation, l’information. etc.) font écran aux solidarités et aux responsabilités qui implique leur appartenance à un champ plus vaste, à des collectivités plus étendues, liées par des intérêts plus fondamentaux. Obnubilés par les objectifs oui leur sont assignés dans et par l’entreprise (publique ou privée), ils travaillent l’œil rivé sur leurs écrans, leurs chiffres, leurs courbes, leurs états des stocks et des personnels, leurs bilans d’activité, leurs règlements internes, leurs tableaux d’avancement et leurs perspectives de carrière, sans s’inquiéter de quelles compromissions morales, ni de quels dégâts matériels, ni de quelles souffrances humaines seront payées à terme leurs performances organisationnelles, technologiques et commerciales.
Pourtant, à la différence de ce qui se passait avant le développement de l’information ubiquitaire, on ne peut plus se retrancher aujourd’hui dans l’asile de l’ignorance, en disant « Hélas, je ne savais pas », comme gémissaient naguère encore des millions d’hommes et de femmes qui avaient prêté la main aux forfaits les plus abominables perpétrés par les régimes fascistes et autres totalitarismes. Aujourd’hui, on sait. Pas tout, mais l’essentiel en tout cas suffisamment pour ne plus pouvoir se permettre de jouer les innocents qui tombent des nues quand on les prend la main dans le sac.  On   sait   ce   qu’est « l’horreur économique », on sait quelles catastrophes elle provoque, jour après jour, sur la planète; on sait à quoi servent la Bourse, les marchés financiers, la Banque mondiale, le FMI, l’OMC, le G7 et autres institutions du système capitaliste qui orchestrent la mondialisation, gouvernent les gouvernements et imposent, pour le plus grand profit des grands investisseurs, des politiques criminelles qui font du monde terraqué une poubelle physique et un cloaque moral où des millions d’êtres humains sont condamnés à croupir de la naissance à la mort. On sait que RIEN, rigoureusement rien, rien de naturel, rien de rationnel, rien d’universel, ne justifie les inégalités monstrueuses de l’ordre établi mondialement. On sait enfin que le système ne fonctionne pas tout seul et que s’il tue beaucoup de monde, il fait vivre aussi pas mal de gens à qui il donne de la besogne et, au-delà, une raison d’être.
Les classes moyennes savent tout cela, mais c’est un savoir sans conséquences, un savoir qui reste inerte dans la pratique, parce que s’il était agissant, il ferait voler en éclats le confort intellectuel et moral qu’elles s’efforcent de préserver jalousement, comme le savent d’expérience tous ceux, trop peu nombreux, qui ont vraiment regardé la réa¬lité en face et s’en sont trouvés définitivement bouleversés.
À vrai dire, les petits-bourgeois de chez nous ont bien du mal à conserver leur sérénité devant le spectacle du monde tel qu’il va. Outre qu’ils ne sont ni aveugles ni sourds à tout ce qui se passe, ils sont souvent atteints eux-mêmes par les méfaits du système et rendus par là plus attentifs à l’existence de ses innombrables victimes. C’en est assez pour leur donner un commencement de mauvaise conscience, qui peut chez certains dégénérer en malaise profond et entraîner des remises en question radicales et des perturbations profondes de leur existence, pour le plus grand profit des marchands de thérapie et d’orviétan qui prospèrent aujourd’hui sur le marché du mal-être petit-bourgeois. Mais dans leur grande majorité ils parviennent à se protéger des effets les plus destructeurs grâce à tout un travail d’euphémisation idéologique et de rationalisation de la réalité qui a pour résultat d’anesthésier véritablement leur entendement et leur sensibilité, et de les empêcher de mesurer à quel point la malfaisance du système est encore au-delà de tout ce qu’on peut en dire.
La transfiguration de la réalité quotidienne est un travail qui requiert évidemment la participation de chaque individu concerné, mais ce travail serait impossible - ou guère efficace - s’il n’était puissamment orchestré par l’ensemble des institutions qui le soutiennent de leurs appareils matériels et idéologiques. Nous avons déjà souligné un peu plus haut le rôle joué dans la construction du consensus par certaines de ces institutions productrices de sens telles que les médias, l’école, les partis. En fait, il faudrait en l’occurrence évoquer non pas seulement les institutions mais plus largement tout ce qui fait la culture propre des classes moyennes dont ces institutions sont à la fois des effets et des causes, des piliers et des expressions, des ateliers de fabrication et des vitrines d’exposition
.


Publicité
Publicité
9 décembre 2005

Concepts policiers

J'ai rangé mon bureau cet après-midi. Je l'ai nettoyé. Pas au karcher ! Avant de jeter je regarde, je relis.

Et parmi les feuilles entassée, sept pages qui avaient imprimé un texte (daté du 28 octobre 2004) de Sylvie Toissot analysant un rapport des RG de juillet 2004..., sept pages disponibles sur le site Les mots sont importants - site dont je vous conseille la fréquentation régulière...
vers_basJe ne pouvais pas ranger ce document sans vous le présenter rapidement.


Le « repli communautaire » : un concept policier, par Sylvie Tissot

Analyse d’un rapport des RG sur les « quartiers sensibles »

Un « plan Marshall pour les banlieues », une « loi anti-ghetto », « pour en finir avec les grands ensembles » : les idées audacieuses et les grands projets n’ont jamais manqué, depuis le début des années 1990, pour remédier au problème des quartiers dits sensibles. L’absence de moyens pour mettre en œuvre un tel programme est régulièrement dénoncée. Mais le problème ne réside pas seulement dans cette hypocrisie qui consiste à afficher des bonnes intentions, non suivies d’actes. C’est surtout le fait que ces discours, en apparence animés par des préoccupations "sociales", conduisent en réalité à rendre les classes populaires responsables de leur sort, en occultant la genèse de la ségrégation sociale...

suite


8 décembre 2005

Ordre & Éducation : du besoin de qualifier nos ministres...

Décidément rien ne va plus !

En septembre dernier, Monsieur Pascal Clément, Garde des Sceaux, et Monsieur Nicolas Sarkozy, Ministre d'État prétendant à la fonction suprême, passaient gravement les bornes de la civilité. Je m'en étais plaint ici.

robienetsarkozyCes jours-ci, Monsieur Nicolas Sarkozy, Ministre d'État prétendant à la fonction suprême, encore lui, et Monsieur Gilles de Robien, Ministre de l'Éducation Nationale prétendant aux faveurs élyséennes, brillent par la connaissance des dossiers qui sont les leurs.

sarkozyLe premier a même été dénoncé par ses propres services, et pas n'importe lesquels, puisqu'il s'agit des RG, des Renseignement Généraux eux-mêmes. Toute la presse en rend compte : le chef des polices devrait prendre garde de ne pas aller trop loin quand il lève ainsi l'index dénonciateur et accusateur, il pourrait bien se le mettre dans l'oeil !
En effet, un rapport des Renseignements généraux (daté du 23 novembre), révélé par Le Parisien hier, analyse les violences urbaines de fin-octobre/mi-novembre. Selon les termes du rapport, ces émeutes ne reposaient sur aucune "organisation". Ce serait "une forme d’insurrection non organisée avec l’émergence dans le temps et l’espace d’une révolte populaire des cités, sans leader et sans proposition de programme". Une analyse qui contredit dans les termes celle du ministre de l’Intérieur, qui pense et dit tout haut que ces violences étaient "parfaitement organisées", notamment par les "bandes" des cités. Les RG balaient également toute responsabilité des islamistes, qui n’ont joué "aucun rôle", et le caractère ethnique des émeutes. "Les jeunes étaient habités d’un fort sentiment identitaire ne reposant pas uniquement sur leur origine ethnique ou géographique, mais sur leur condition sociale d’exclus", dit très posément le rapport.
sarkozy_opa_fn Pour les Renseignements généraux, "il est à craindre désormais que tout nouvel incident fortuit provoque une nouvelle flambée de violences généralisées". On dirait qu'il demande à leur patron de se taire !
Ceci dit, ça fait une dizaine de jours (voire davantage) que le ministre connaît les termes de ce rapport, ce qui ne l'empêche pas de persister dans sa dénonciation aussi hasardeuse que calomnieuse. Reste qu'un tel homme qui se promet un si bel avenir ne fait rien au hasard : que cherche-t-il en provoquant ainsi la haine sociale que le libéralisme sauvage entretient dans notre pays ? Ne subodorez-vous pas ici quelque manœuvre politicienne destinée à récupérer des voix, les voix des poujadistes et autres commerçants et joueurs de Real-Monopoly... sarkozy3En tout cas, l'épisode aura permis à notre bon ministre de faire parler de lui, comme le montre le graphe joint à gauche ! Le vrai problème pour le pays, dans ces condi- tions, c'est que les ambitions personnelles de Monsieur Sarkozy vont finir par lui (le pays, pas Nicolas Sarkozy !) coûter très très cher. Et quand je dis le pays, je veux dire vous, amis citoyens. Contribuables, réveillez-vous !
Bref, le ministre a lu le rapport qui lui demande de changer son point de vue sur la société française, mais il ne change rien à rien. Peut-être va-t-il nous dire, comme avait déjà fait son collègue Copé à propos des chercheurs en sciences économiques et sociales, que les enquêteurs des RG ont des a priori idéologiques... ?

robienDe son côté, le ministre de l'Éducation Nationale veut déclarer la guerre à la méthode globale d'apprentissage de la lecture, en revenant "aux méthodes syllabiques et (en signifiant) aux inspecteurs qu'ils doivent cesser de sanctionner les enseignants pratiquant la méthode syllabique". Le problème, c'est que les inspecteurs ne sanctionnent plus depuis longtemps les enseignants qui pratiqueraient la méthode dite globale, pour la simple raison que cette méthode a été abandonnée depuis pas mal de temps ! Je vous laisse lire le message de Tou-o.

On avait Nicolas le justicier fauteur de troubles, voilà maintenat Gilles le Don Quichote de l'éducation !
Sérieusement, à l'heure où l'on exige de la part du travailleur le moins rémunéré une qualification à toute épreuve et une conscience professionnelle exemplaire (sinon c'est la porte !), est-il moralement et politiquement convenable que des ministres aux portefeuilles si importants étalent ainsi leur incompétence ?


6 décembre 2005

L'ActIonaute de décembre

l'ActIonaute ©Amnesty International               Décembre2005

 mensuel d'information et d'action du site Internet d'Amnesty-France

est paru. Si vous n'y êtes pas abonné, vous pouvez le lire à

http://v2.lkmgr.com/1127909210121964/1133856684766687


5 décembre 2005

Libéralisme & Simplicisme

Je ne lis pas le Figaro, parce que je sais ce que je vais y lire.
Et que ça ne m'intéresse pas de lire et relire les mêmes morales libérales...
Reste que j'aurais dû lire l'édition du 27 octobre dernier : la pensée-tronçonneuse du libéralisme s'y est étalée dans son plus simple appareil, le simplicisme.
C'est l'excellente Lettre de l'Observatoire des inégalités qui a attiré mon attention. Je cite :

figaro_logo_mDevenez compétents !

"Les salariés savent qu’ils n’auront pas le même emploi tout au long de leur vie et que la sécurité passe désormais par le développement des compétences et pas par l’assistance". Telle est la doctrine que David Brunkett, ex-Ministre britannique du travail et des retraites, a défendue, dans les pages du Figaro (27 octobre 2005), en préalable au Sommet de Hampton Court où fut abordée la question du modèle social européen. Dans la vie, il y aurait donc deux catégories de gens : les compétents et les assistés.

No comment ?


Publicité
Publicité
2 décembre 2005

Égalité pour tous

lavoixnLa Voix du Nord d'aujourd'hui porte en haut de sa une le titre suivant :

Villepin défend l'égalité pour tous

Avec en sur-titre :

Des mesures pour répondre à la crise des banlieues.

Bien sûr ce message m'interpelle et plusieurs questions viennent spontanément à mon esprit fragile :

  1. contre qui défend-il "l'égalité pour tous" ?

  2. c'est quoi l'égalité aujourd'hui, s'il faut défendre "l'égalité pour tous" ?

  3. pourquoi la défense de "l'égalité pour tous" est-elle une réponse à la crise des banlieues ?

Compliqué, non ?
Si vous avez les réponses, merci de les communiquer en comentaires de ce message.


1 décembre 2005

Le monde de Charles Edmond de Coussemaker

Si vous avez pu lire attentivement le programme de l'opération Cantus 21, vous avez peut être remarqué qu'il y avait une série de conférences programmées (dans la rubrique "rencontres").

Il se trouve que mon amie Sophie-Anne Leterrier va contribuer à l'une d'elles. Elle parlera de 73xCharles Edmond de Coussemaker (né le 19 avril 1805 à Bailleul, mort le 10 janvier 1876 à Lille*), archéologue musical, érudit qui a travaillé sur la musique du passé, historien-musicologue avant la lettre.


Professeure d'histoire contemporaine à l'Université d'Artois, Sophie-Anne Leterrier s'intéresse aux "musiques fonctionnelles" du XIXe siècle (musique militaire et musique liturgique notamment), ainsi qu'à l'historiographie. Après Le XIXème siècle historien. Anthologie raisonnée (Belin, 1997), elle publie en janvier prochain, chez Armand Colin, un ouvrage sur l'esprit historique dans la musique : Le mélomane et l'historien.

Jeudi prochain, elle évoquera le "monde d'Edmond de Coussemaker", c'est-à-dire le contexte de ses recherches, les réseaux érudits auxquels il a participé, les raisons motivant le choix des sujets de ses travaux (la théorie musicale au Moyen Age et les archives musicales locales essentiellement).

Cela aura lieu à Bailleul, salle Peguy (en lien avec l'expo au musée Benoît de Puydt) le jeudi 8 décembre à 18H (petite conférence d'une demie-heure environ ; si vous voulez voir l'expo, prévoyez une demie-heure en plus). La salle se trouve place St Vaast (juste derrière l'hôtel de ville).

Vous êtes, bien sûr, les bienvenus !

Note *
De Coussemaker étudie le droit à Paris et suit en même temps une formation musicale dans l'espoir de devenir un jour compositeur. Il travaille par la suite à Douai en tant que juriste. Il devient enfin juge à Bergues, Cambrai, Dunkerque, Hazebrouck et Lille. Il fonde le Comité Flamand de France en 1853 visant à éviter la disparition du néerlandais en Flandre française.


Publicité
Publicité
<< < 1 2
Publicité
Archives
Visiteurs
Depuis la création 261 406
Publicité