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BRICH59
langage documentaire
25 août 2009

Impressions de lecture estivale - 2

MaxJacob_Esth_tiqueEn 1949, René Guy Cadou compila les meilleurs extraits des lettres que Max Jacob lui avait adressées entre 1937 et 1944. Seghers publia l'ensemble en 1956 sous le titre Esthétique de Max Jacob. En 2001, les éditions Joca Seria (Nantes) proposent une nouvelle édition (postface d'Olivier Brossard), sous le titre Esthétique. Lettres à René Guy Cadou. C'est ce dernier volume que j'ai lu entre Nantes et Bordeaux.

Je pourrais relever les jugements esthétiques et globaux que le poète assène avec grâce et sarcasme quelques fois sur les poètes d'autrefois, de jadis et de son temps. Ce serait fastidieux. Juste ce passage :

J'ai eu une révélation, j'ai connu Alice au pays des merveilles. On m'avait dit : « C'est la bibliothèque rose des petits Américains ! ». « Dans toutes les familles à côté de la Bible, etc. ». Oh ! mais c'est bien mieux que ça ! bien mieux et même très bien. Ça a tout l'air du chef-d'œuvre et surtout l'universalité. Il y a là-dedans une caricature de la classe à l'école(p.82)

Je préfère évoquer l'impression poétologique que me laisse la lecture de l'ouvrage : au cœur du langage, il y a l'humain de l'homme.

Quelques extraits :

  • p.28 : La force du folklore est dans la surprise que la candeur nous occasionne aujourd'hui et d'autre part dans le fait du style humain qui l'a porté au travers des siècles (car cela seul qui est humain dure).

  • p.35 : Ne pas oublier d'être humain (c'est-à-dire le contraire de réaliste) humain c'est-à-dire tous les sentiments complets alors que le réalisme c'est l'absence de sentiments, mais surtout la sensiblerie courante et l'impersonnalité bébête de tous les jours.

  • p.37sq. : La poésie de Reverdy est un témoignage qu'on peut être à la fois un homme et un poète. Il y a l'Homme-poète, c'est même à cela qu'il faut tendre ; il faut humaniser la poésie, et poétiser l'homme en soi... [...] Et cet homme-là [l'Homme-Poète] a les qualités de l'homme : sentiment, sensibilité, intelligence, énergie. Et il a plus : invention, imagination...

A la lumière d'aujourd'hui, il est facile de constater la détérioration du langage produite par les experts en communication (politique, commerciale, peu importe) dans le courant du siècle dernier et jusqu'à aujourd'hui. Comme dit le postfacier, évoquant la question foncière de l'ouvrage, "il ne s'agit pas tant de savoir ce qu'est le beau que de savoir comment la poésie peut nous permettre de regagner confiance dans le langage". Pointer cette question-là est nécessaire, car "l'indifférence des hommes au langage, notre abandon des mots, notre ingratitude peut-être, sont la porte ouverte à tous les dangers" (p.93-94).

Je n'insiste pas, cher et assidu lecteur. Tu reconnais là mon obsession maladive du parler juste et ma haine viscérale des deux grandes rhétoriques de notre temps : la rhétorique politique et la rhétorique mercatique. Aux propos de Max Jacob et d'Olivier Brossard, je me donc permettrai d'ajouter l'idée que le documentaliste peut (doit) être la sentinelle langagière, vigile politique, vigie du grand bateau de la démocratie, alertant sur les manipulations rhétoriques qui soufflent dans l'air du temps et autorisent que les gens, les gens "d'en bas", se choisissent un "d'en haut" qui les malmène... Nous quittons ainsi, il est vrai, les rives de la poésie et de l'esthétique en général, mais nous sommes bien toujours au cœur du langage, c'est-à-dire de l'humain de l'homme.


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22 août 2009

Impressions de lecture estivale - 1

Formes_et_contenu___Une_introduction___la_pens_e_philosophiqueLecture commencée avant les vacances d'été, un cycle de trois conférences prononcées en 1932 par Moritz Schlick, traduit par Delphine Chapuis-Schmitz et publié sous le titre Formes et contenu : Une introduction à la pensée philosophique chez Agone, en 2003, dans la collection Banc d'essai dirigée par Jean-Jacques Rosat qui cosigne avec la traductrice une préface très éclairante (p.7-35).

Pour une approche philosophique sérieuse de l'ouvrage et plus globalement de la pensée du pilier du Cercle de Vienne, on lira avec profit le travail de Jacques Bouveresse (L'empirisme logique à la limite - Schlick, le langage et l'expérience, CNRS, 2006).

Je voulais juste évoquer l'impression documentologique que me laisse la lecture de cet ouvrage, terminée dans le calme des vacances : on peut prétendre qu'un langage documentaire est un outil (et une "preuve") de l'unification de la connaissance. Reste à relier cette prétention avec ce qu'Otlet appelait le problème de la documentation. Travail à effectuer. Plus tard.

Pour décrire le monde, dit aussi Schlick, nous devons être capables de parler de tous les faits possibles, y compris les faits qui n'existent pas, car le langage doit être capable de nier leur existence (p.45 ; lire la suite immédiate ; cf.aussi p.155 et tout le § III,6). Et quand il dit 'langage', je comprends aussi 'langage documentaire' : un thésaurus, par exemple, devra pointer ce qui est et ce qui n'est pas, l'être et le non-être. Glissement du faire à l'être, de l'action à la chose, et fenêtre sur le néant... Vertige !


10 novembre 2007

0. Terminologie

logoADBSOn peut commencer par observer la chaîne documentaire. Mais on doit aller plus loin : le Vocabulaire de la documentation, coordonné par Arlette Boulogne, édité par l'ADBS en 2004 (remplaçant le Vocabulaire de la documentation publié par l'AFNOR dans les années quatre-vingt) est accessible en ligne de deux façons : sur le site de l'ADBS et chez TV5.

savoirsCDIOn pourra trouver un intérêt à consulter également le Dictionnaire des concepts info-documentaires à destination des documentalistes du secteur éducatif, que deux documentalistes de l'Académie de Nantes, Pascal Duplessis et Ivana Ballarini-Santonocito, sont en train de terminer. Le parti-pris didactique de la démarche aboutit de fait à la production d'un authentique petit dictionnaire encyclopédique de l'information et de la documentation. Le travail a été basculé sous forme d'un Wikinotions édité par la Fadben.
trumLe petit glossaire documentaire de base qu'on trouve sur le site du professeur TRUM, documentaliste qui s'intéresse aux Nanotubes de Carbone et au Stockage de l'Hydrogène, est intéressant, ne serait-ce que pour la ses sources terminologiques [Le métier de documentaliste d'Accart & Réthy, Le métier de bibliothécaire coordonné par Françoise Hecquart, principalement] - ce qui en fait un excellent complément des vocabulaires mentionnés plus haut...
savoirsCDIAutre outil sur SavoirsCDI, le Glossaire qui reprend les termes de documentation et d’informatique souvent rencontrés dans la presse professionnelle.

Michèle Lardy, maître de conférences d’anglais à l'Université Paris1 Panthéon-Sorbonne, drapeauGBnous avait concocté un petit glossaire anglais-français des Sciences de l’information-documentation-internet qui peut s'avérer fort utile.

Côté bibliothéconomie, l'ENSSIB met en ligne son dictionnaire et la BPI son lexique bibliothéconomique multilingue (français, anglais, catalan, espagnol et tchèque). Comme nous venons de le voir, d'autres outils multilingues étaient déjà disponibles - qui ne sont pas fatalement rendus inutiles par le travail de la BPI.

Enfin, côté langages documentaires et autres taxonomies, on pourra lire cette mise au point de Thomas Francart. Sinon rendez-vous aux pages Pratique de l'indexation et Élaboration de thésaurus sur ce site.

mise à jour : 6 décembre 2015
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24 avril 2006

11.Approche historienne de la documentation et des techniques documentaires. Éléments

Pour les ateliers de lecture historienne, c'est ici !
Attention : document sous mot de passe ;-)

Dans le cadre d'une unité d'enseignement consacrée à l'approche historique de la documentation et des bibliothèques, mon intervention tente de marquer les spécificités de la "documentologie" par rapport à la bibliothéconomie d’où elle est, en quelque sorte, issue. Pour ce faire, quelques temps forts sont évoqués, de l’œuvre de Paul Otlet aux pratiques actuelles de la veille stratégique.

 

 


Quatre coups de projecteurs seront ainsi portés sur des points topiques du développement de la pratique documentaliste :

  1. Paul Otlet et les débuts de la documentation

    La personnalité d'Otlet et surtout son œuvre maîtresse - il s'agit bien sûr de son Traité de Documentation [OTLET P. [1989]. Traité de documentation. Le livre sur le livre. Théorie et pratique. Liège, CLPCF, XVII, 431 p.] publié en 1934 - seront évoquées lors d'une première séance. Pour aider à la lecture de cette somme dont la fréquentation est toujours très recommandable, je propose une table synthétique des matières dynamique (ou sous la forme du petit fichier Otlet.chm à télécharger) qui permettra d'entrer dans l'ouvrage d'OTLET.
    Par ailleurs, il est intéressant de comprendre ce que Paul Otlet appelle LE Problème de la Documentation : petite animation dont l'ouverture nécessite un mot de passe.
    Bibliographie partielle.

    Paul_OTLET_en_son_réseau

  2. La question des langages documentaires
    Les langages documentaires, de leur préhistoire (états pré-documentaires) à l'émergence des thésaurus : une montée en puissance de l'information (cf. par exemple le rapport Weinberg1963) ; tout ceci en passant bien sûr par la CDD et la CDU.
    Bibliographie partielle. Voyez également la grande bibliographie de l'IUT2 de Grenoble sur l'organisation des connaissances en France du point de vue des sciences de l'information.

  3. Professeur-Documentaliste, un vieux nouveau métier
    Des velléités de Dewey à la mise en place du CAPES de Documentation et au "référentiel métier" de la Fadben, en passant par Célestin Freinet (Pour tout classer) : convictions et hésitations. Plus récemment, PACIFI, Repères pour la mise en œuvre du parcours de formation à la culture de l’information.
    Bibliographie partielle.
    Trouvé sur le blog des DEUST2 2006/2007, une intéressante page concernant la pédagogie Freinet (Martine Fournier), "Enquête sur les pédagogies alternatives" - dont je me suis autorisé à produire une édition pdf pour celles et ceux qui ne sauraient lire les '.doc'.

  4. Les métiers de l'information-documentation
    De la revendication de Suzanne Briet (Qu'est-ce que la documentation, 1951, période où se crée l'INTD) à l'Euroréférentiel I&D diffusé par l'ADBS, association des professionnels de l'information et de la documentation : des chemins empruntés.
    Bibliographie partielle. Les deux volumes de l'Euroréférentiel I&D ne sont plus en ligne [!!!]. On pourra, en échange, utiliser le schéma que j'ai concocté un jour pour les besoins d'un atelier de symposium [pdf ou html].

Structure des quatre temps 

 

Et comme, chez les formateurs, tout finit par des schémas, en voici un qui veut servir d'outil de première analyse des institutions d'information / documentation au sens très large du terme... Ce schéma s'est construit au fur et à mesure des lectures engagées pour préparer ce cours sur l'histoire des techniques documentaires, afin de proposer un cadre de réflexion commun ("basique") aux événements qui peuplent l'histoire bien fournie de l'IDIST (Information Documentation / Information Scientifique et Technique) - ce qui à mon sens recouvre aussi les bibliothèques et les musées...

Un tel schéma fonctionne bien sûr depuis Paul Otlet, au sujet duquel je parodierais bien ce contemporain britannique de Paul Otlet que fut Alfred North Whitehead et qui, en 1929 (Process and Reality) disait de la tradition philosophique européenne qu'elle n'avait jamais qu'ajouté des notes au bas des pages du texte platonicien ["The safest general characterisation of the European philosophical tradition is that it consists of a series of footnotes to Plato."]. Depuis 1934, la communauté de l'IDIST ne fait-elle autre chose que de parcourir, aménager et prolonger les rails tracés par le Mondanéen ?


Petit ajout pour celles et ceux qui veulent s'initier rapidement à l'histoire qui conduit de la classification des choses et des savoirs aux classifications documentaires... Cette petite animation s'ouvre avec un mot de passe spécifique.


mise à jour : 2 juillet 2010
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21 janvier 2006

Modernité et progrès sont les deux mamelles de l'idéologie

Au nom de la modernité que n'aurons-nous pas fait, que n'aurons-nous pas prétendu ? J'en parlais avant-hier !

Modernité, progrès.
Deux mots vides, comme dirait le documentaliste, travailleur du langage.
Deux mots sans pesanteur référentielle, comme dirait le linguiste, cousin du documentaliste.

librairie_philosophieJe me souviens de la maquette pédagogique de la philosophie à la Sorbonne, quand j'étais étudiant parisien, maquette où la modernité commençait à Galilée et Descartes et finissait à Kant, s'étalant définitivement sur deux siècles bien délimités, d'un côté par la Renaissance, de l'autre par l'âge industriel. Il me semble que cette division universitaire de l'histoire de la pensée européenne fonctionne encore aujourd'hui. Cette caractérisation de la modernité a le grand mérite de signifier quelque chose de précis, de pouvoir être localisée assez précisément dans un ensemble plus vaste qui serait l'histoire universitaire de la pensée européenne...
Aujourd'hui (et hors cet usage qu'en fait la philosophie universitaire), "la modernité est sans doute le mot le plus creux de la langue française", comme dit Serge Uzzan, professionnel de la communication et de la publicité. En effet, le terme 'modernité' ne renvoie à rien de tangible : au mieux, il signifierait seulement un dépassement de la "tradition".
Ce qui permettra tous les bons mots faciles du style de celui de Jean d'Ormesson dans sa Réponse au discours de réception à l'Académie française de Madame Yourcenar : "La plus haute tâche de la tradition est de rendre au progrès la politesse qu'elle lui doit et de permettre au progrès de surgir de la tradition comme la tradition a surgi du progrès." Bon ! Ne peut-on simplement en rester au constat que faisait Édouard Herriot à propos du progrès (dans Créer) : "La tradition, c'est le progrès dans le passé; le progrès, dans l'avenir, ce sera la tradition." Ou alors croyons Henri Bergson qui disait que : "Nous ne percevons, pratiquement, que par le passé, le présent pur étant l'insaisissable progrès du passé rongeant l'avenir." Etc.
On est ici dans une relativité où les mots se définissent les uns par rapport aux autres dans un système d'énonciation clos. Sorti de ce système, le mot ne signifie plus rien de stable. C'est pour ça que le documentaliste s'en méfie. Comme pour tous ces mots, toutes ces expressions qui datent les choses et n'apportent d'information que pour situer dans le temps, c'est-à-dire pour relativiser. Dans les années quatre-vingt, de nombreuses technologies ont fait leur intrusion dans le monde de l'éducation. Du coup les professionnels de la formation parlaient, à l'époque, de 'nouvelles technologies éducatives'. Les documentalistes, armés de leur regard linguistique acéré, préféraient parler, eux, simplement de 'technologie éducative', pour la simple raison que parler de 'nouvelles technologies éducatives', c'est tout juste parler de 'technologies éducatives' en disant d'elles qu'elles sont nouvelles - nouvelles pour celui qui en parle à ce moment-là et pour son auditoire du moment. Imaginez que les documentalistes des années quatre-vingt aient indexé avec des descripteurs comme 'nouvelles technologies éducatives' des documents présentant et analysant comment le minitel pouvait être utilisé pour enseigner ! Imaginez la tête de ceux qui aujourd'hui voudraient se renseigner sur ce que sont les 'nouvelles technologies éducatives' et tomberaient sur des documents parlant du minitel... ! Bref 'modernité', 'progrès', 'nouveauté' sont des termes dangereux en ce que leur taux de péremption est très élevé et qu'ils encombrent la description qu'on peut entreprendre des choses elles-mêmes ... et peuvent polluer ainsi le travail documentaliste.
Et puis, à bien comprendre, l'idée de progrès est l'idée d'une histoire sans fin. Relisez Kant quand il fait ce constat : "Le genre humain a toujours été en progrès et continuera toujours de l'être à l'avenir: ce qui ouvre une perspective à perte de vue dans le temps". Relisez Sauvy quand il se plaint ainsi : "Despote conquérant, le progrès technique ne souffre pas l'arrêt. Tout ralentissement équivalant à un recul, l'humanité est condamnée au progrès à perpétuité." Joli tableau !

Mais alors pourquoi ces mots de 'modernité' et de 'progrès' sont-ils si souvent employés et de façon si continue ? Et de façon si positive dans la bouche des hommes et des femmes au pouvoir politique et économique ?

Souviens-toi de François Brune, lecteur attentif et fidèle !

Mais allons un cran plus loin. Hans Jonas a écrit que "l'esprit moderne est incompatible avec l'idée d'immortalité". Il l'a remplacé par l'idée de progrès. À part ça, rien n'a changé ! C'est toute proportion gardée, comme ce que disait un cardinal (Jean Daniélou) au sujet de [l'idée de] Dieu : "Plus on possède Dieu, plus on veut le chercher; il est toujours au-delà de ce que nous atteignons; il requiert sans cesse de notre part un nouveau progrès; l'erreur serait de nous arrêter." La fuite en avant que constatait Kant et que dénonçait Sauvy est bien là. Sa version "laïque", c'est peut-être le positivisme d'un Auguste Comte qui la formule le mieux : "La formule sacrée du positivisme: l'amour pour principe, l'ordre pour base, et le progrès pour but". Amour, ordre, progrès : drôle d'assemblage ! Mais assemblage qui laisse voir la véritable fonction d'idée que celle de 'progrès'. Dit plus crûment, cela donne ces deux vers d'un poème de Daniel Lesueur :

La loi, l'unique loi, farouche, inexorable,
Qui régit tout progrès, c'est la loi du plus fort.

Je ne tournerai pas autour du pot plus longtemps. Il y aurait tant et tant à dire. Le format Blog n'autorisant pas forcément la prolixité du discours, j'irai droit à l'idée - que Bourdieu énonçait fort bien :

contre_feuxSi cette révolution conservatrice peut tromper, c'est qu'elle n'a plus rien, en apparence, de la vieille pastorale Forêt-Noire des révolutionnaires conservateurs des années trente ; elle se pare de tous les signes de la modernité. Ne vient-elle pas de Chicago ? Galilée disait que le monde naturel est écrit en langage mathématique. Aujourd'hui, on veut nous faire croire que c'est le monde économique et social qui se met en équations. C'est en s'armant de mathématique (et de pouvoir médiatique) que le néo-libéralisme est devenu la forme suprême de la sociodicée conservatrice qui s'annonçait, depuis 30 ans, sous le nom de « fin des idéologies », ou, plus récemment, de « fin de l'histoire ».

C'était dans Le mythe de la "mondialisation" et l'État social européen, une intervention prononcée à la Confédération générale des travailleurs grecs, (GSEE) à Athènes, en octobre 1996 et reprise dans Contre-Feux, en 1998.

C'est on ne peut plus clair et renvoie effectivement à l'analyse de François Brune, au-delà de tous les soupçons dont cette idée de 'progrès' ou celle de 'modernité' ont pu faire l'objet depuis des lustres. Les soupçons les plus graves étant sûrement, d'une part, celui qui voit dans le progrès une réalité à double face, l'autre face étant de l'ordre de la régression ["Le progrès et la catastrophe sont l'avers et le revers d'une même médaille", disait Hannah Arendt], d'autre part, celui qui voit dans la croyance au progrès un frein à l'émancipation ["C'est la nécessité de combattre qui semble oubliée... ce qui domine semble être la certitude tranquille d'un progrès en marche", écrivait Françoise Giroud dans Le silence des filles]...

Le mot de la fin (provisoire) sera celui que Paul Anthony Samuelson, économiste américain, a prononcé lors d’une conférence à Harvard (16 Août 1976) :

Les profits sont le sang vital du système economique,
l'elixir magique sur lequel repose tout progrès.
Mais le sang d'une personne peut être
le cancer pour une autre.


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