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BRICH59

4 octobre 2005

L'ActIonaute d'Octobre

l'ActIonaute ©Amnesty International               Octobre2005

 mensuel d'information et d'action du site Internet d'Amnesty-France

est paru. Si vous n'y êtes pas abonné, vous pouvez le lire à

http://v2.lkmgr.com/1127909210121964/1128345106052327


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3 octobre 2005

Iznogoud

IZNOGOUD, la politique est trop mortelle !

zataz[reprise de Zataz du 03.10.05]

Il semble que l'équipe de communication de l'UMP a tiré un peu trop sur la ficelle du jeunisme et de l'Internet. Un courrier non sollicité, un spam, a été envoyé à 300.000 français. Un courrier traitant des élection présidentielle de 2007. En réponse à ce courrier non-sollicité, une plainte a déjà été déposée, mais aussi et surtout, un Google Bombing a été mis en place à l'encontre de Nicolas Sarkozy.

iznogoudL'idée: dés qu'un internaute tapera le nom du Ministre de l'Interieur, président de l'UMP, il finira sur la page du héros de bande dessinée, Iznogoud. Finesse de cette guerre électronique. Les internautes vont faire de manière à ce que la page Iznogoud s'affiche quand une recherche sur la biographie de Nicolas Sarkozy sera demandée. A noter qu'une nouvelle campagne de spams, pardon de communiqués politiques, est annoncée pour octobre.


Je suis très déçu : j'avais baptisé Iznogoud un collègue qui se la joue trop vite en prenant le pouvoir de l'action des autres dès qu'il peut... Mais bon, je ne suis donc pas le seul à avoir été incommodé par la sarkopub ... Ouf ! Regardez , vous serez convaincu ! Lisez l'article de Libé de ce 1er octobre. Et, si vous avez le temps, lisez le message d'Olivier Ertzscheid à ce sujet : le mot qu'il a mis dans la rubrique "" vaut son pesant de bulletins de votes ! Il est ici.
Bonne lecture !


3 octobre 2005

Pourquoi je blogue

Je ne sais pas si le verbe 'bloguer' est très correct, mais je l'emploie. Il dit bien ce qu'il veut dire. Bloguer, c'est, peut-être tout simplement, tenir un journal sur le web.

3205Le mercredi 28 septembre, Éric delcroix m'avait invité à la manifestation Blogs en Nord, qu'il organisait avec Lille3 (merci Éric pour cet après-midi là). La veille, j'écrivais dans cette colonne :
« Ce soir, je sais à quoi ça sert un blog : ça sert à râler, à râler en écriture, c'est-à-dire à râler structuré, si je peux me permettre cette drôle d'expression. Ce soir, malgré la fatigue, je râle ! ». Alors j'ai râlé contre des comportements ministériels pour le moins douteux voire scabreux... Après coup, j'ai vu que d'autres que moi avaient râlé de la sorte. Certains avec beaucoup plus de pertinence et d'humour que moi, d'ailleurs.

Bref, un blog, ça peut servir à râler en public... Mais il n'y a heureusement pas que ça. De nombreux blogs sont en fait nés de la volonté de partager une passion, un goût, un désir. Et sous cet aspect-là, les blogs d'aujourd'hui sont un peu comme les pages personnelles d'hier. La différence immédiatement visible, c'est que le blog est forcément d'abord structuré chronologiquement... d'où ce côté "journal". Je passerais volontiers des heures à fouiller, à visiter, à contempler tous ces temples des passions ordinaires... passions des gens, d'untel et d'untel...

Ce blog est bien un BLOG PERSO. Derrière chaque blog, disait Thierry Klein le 28 septembre à Pont de Bois, "il y a une question d'ego". Certes. Et s'il n'est pas un "journal intime exhibé" - ce à quoi on voudrait trop souvent assimiler les blogs -, mon blog se comprend sur le fonds de ma personnalité, sur le cours de mon histoire. D'où l'intérêt pour le lecteur de savoir qui je suis. Le 28 septembre, dans un bel amphi de Pont de Bois, je me suis présenté comme :

  • Conseiller en Formation continue depuis vingt cinq ans dans le secteur Formation permanente au CUEEP (mots-clés : USTL, bas niveau de qualification, approche territoriale de la formation)

  • Conseiller en Ingénierie de l'Information-Documentation (au CUEEP et à l'ADBS)

  • Formateur en techniques documentaires (mon dada = thésaurus & indexation + travail de l'écriture en documentation - que du ringard quoi !)

  • Musicien amateur (chanteur dans un ensemble vocal, éditeur de partitions, philologue du dimanche pour les textes chantés par l'ensemble [cf. La Bataille de Marignan de Janequin])

  • Citoyen non inféodé, mais sensible à l'importance du respect des droits de l'humain, quels que soient leurs formes et leurs lieux...

Chaque message que je laisse sur le blog s'appuie sur l'une de ces identités-là, quelquefois sur deux ou plusieurs à la fois.
canalblog250Avec l'idée aussi que cette surface éditoriale qui m'est offerte par Canalblog  merci Canalblog ! me permets de donner une seconde vie à des contributions, déjà publiées ou inédites, dont j'ai la faiblesse de penser qu'elles peuvent intéresser des étudiants (en documentation, en sciences de l'information ou en sciences de l'éducation), des professionnels de l'information-documentation ou de l'éducation, des musiciens ou tout simplement des gens curieux de toutes ces choses-là. Il peut alors s'agir de textes déjà publiés ou des textes inédits.

Le caractère perso du blog peut inciter certains de ceux qui ne sont pas en accord avec ce que je dis et qui se sentent viser par ce que j'écris à croire que je "règle mes comptes". Comme si régler ses comptes était infamant et discréditait automatiquement la validité de ce qui est écrit... D'ailleurs, ce que je trouve de très très intéressant avec le format blog, c'est que le lecteur peut "commenter", c'est-à-dire, le cas échéant, contester, approuver, demander etc. Pour l'heure, depuis un an et demi (j'ai ouvert ce blog le lundi 17 mai 2004), je ai eu de l'approbation (un peu, notamment après mon message du mercredi 20 avril, Pensée du travail et Liberté de penser) et surtout de la demande (de partitions). De contestation, aucune. Et c'est bien dommage, car mes propos souvent provocateurs appellent au débat... qui ne vient pas. Peut-être faudrait-il changer de style ? Mais je vous ai dit que ce blog était perso. Et le style, c'est perso, non ?

afp1201Réglement de compte ! Comme si toute notre vie n'était pas un vaste régle- ment de compte, avec nous-même et les autres, avec nos phantasmes et nos obsessions... J'en connais des enseignants-chercheurs qui sont deve- nus ce qu'ils sont pour précisément régler leurs comptes avec leur famille, leur entourage, leur vie d'avant. J'en connais qui ont fait une thèse juste pour prouver qu'ils avaient l'âge d'en faire une, malgré les apparence de l'état civil. Oui, mon travail sur la recherche-action de type stratégique comme méthode d'évaluation a été existentiellement motivé par le senti- ment d'être victime de notables universitaires qui, sous scientificité en trompe l'œil (le professeur Louis Marmoz était plus dur que moi, qui parlait de "recherche interlope" [in Les Sciences de l'Éducation, 1992, 3/4, p.143-150]), ont arrangé leurs petites affaires à trop bon compte (et ce compte-là, ce trop facile arrangement, ce trop bon compte, il faut le régler, c'est sûr !) ! Oui, peut-être bien que, si mon institution n'avait pas couvert les mésactions du trompe-l'œil, cautionnant ainsi la malversation scientifique, je n'aurais jamais écrit cet article... Oui, peut-être bien que si...

Sauf que le travail est là, la réflexion s'est construite en écriture, et l'écriture a été validée par un éditeur. Sauf que, n'en déplaise à quelques notables du savoir étriqués dans leur peau de notables embourgeoisés après avoir tenu haut les banderolles évoquant Mao ou Trotsky (mais c'était il y a longtemps !), je revendique une qualité d'analyse et d'écriture dans cet article publié en 1992 par la très sérieuse revue qui s'adresse aux professionnels du secteur de la formation continue, Actualité de la Formation Permanente, n°120. Qu'on se rassure ! Ce périodique ne prétend pas publier de la recherche, pas plus qu'il n'est pris en compte pour le calcul scientométrique en sciences de l'éducation.

Mon problème essentiel, avec ce blog, c'est que je ne sais pas baudelaire_par_nadarfaire court. Toujours ce besoin de justifier par des arguments... Question de perfectionnisme mal placé peut-être. Je ne peux m'empêcher de relire pour correction, de rajouter des précisions par correction... Question de compétence d'écriture aussi : Charles Baudelaire ne disait-il pas - je ne sais plus où - que le plus difficile, c'était de faire court ?


2 octobre 2005

Amériques... Amériques... ?

Après les bébés nageurs, voici les bébés flingueurs !

canard_enchaineVous avez tous vu, dans le Canard enchaîné du 28 septembre (p.4), cet article de Louis-Marie Horeau,  intitulé "Le syndicat des commissaires s'attaque aux délinquants en couches-culottes", avec en sous-titre "Un catalogue de propositions délirantes. La très influente organisation propose de passer à l'action dès la crèche".

Ledit catalogue est disponible sur le site dudit syndicat.
secu_prpositionsschfpnLe problème majeur ici, c'est que ce syndicat, le Syndicat des commissai- res et hauts fonctionnai- res de la police nationale (SCHFPN), est très représentatif comme on dit et surtout très influent auprès des autorités ministérielles : les préconisations qu'il émet sont souvent suivies d'effet.
Ça, c'est pour mesurer la gravité de la situation. Parce que, sinon, si l'on s'en tient au texte du catalogue en question, il y aurait plutôt de quoi rire, même si c'est jaune !
Voyons tout d'abord ce que le Canard appelle un catalogue. Il s'agit d'un document de quatorze page intitulé La sécurité du quotidien. Les propositions du SCHFPN, composé de trois grandes parties et d'une brève conclusion :

  1. La prévention de la délinquance et l’accompagnement des publics vulnérables : « le guichet unique »

  2. Le traitement de la récidive et de la réiteration

  3. La réorganisation territoriale de la police nationale

Dans la conclusion, il s'agit de faire de la sécurité un pôle spécifique d’action de l’État.

La partie qui nous intéresse est la première, dont voici l'ossature :

  1. La problématique [La police est le principal guichet des urgences sociales - Les intervenants multiples sont forcément éclatés - La coordination entre les interve- nants de terrain et les dispositifs locaux est quasiment inexistante]

  2. Le "guichet unique" dans les commissariats [Les principes - La struc- ture : une coordination multipartenariale de type GIR]

  3. Structurer au niveau central l’impulsion des missions de pré- vention et d’accompagnement des publics vulnérables

  4. La notion de secret "professionnel partage"

  5. La prévention précoce des enfants à risque

Et que lit-on sous ce dernier point ? Ceci :

secu_prpositionsschfpn_bas_page5

bebeTout un programme, non ? Pour moi, dans ma petite tête, quand on parlait d'enfant à risque, c'est que l'enfant courait un risque (risque sanitaire, en règle générale). Visiblement je n'avais pas tout compris ! Pourquoi ne pas instituer alors un avortement sécuritaire qui permettrait à la police de mettre fin à des grossesses à risques ? Et d'abord, c'est quoi un "comportement prédicteur de délinquance dès la crèche, la maternelle ou l’école primaire" ? Je ne vois qu'une solution : mettre en place une politique de l'eugénisme ! Et tout ce qui n'est pas dans les clous sera éradiqué sans états d'âme ! Ce sera tellement logique et si facile à comprendre !
Et puis, si on vous dit qu'aux Amériques, ils font ça, c'est que c'est forcément bien... Mais, si vous ça vous démange d'en savoir plus sur la généralisation des bébés flingueurs, sachez que Jean-Marie Salanova, secrétaire général du Syndicat des commissaires et hauts- fonctionnaires de la police nationale, sera l'invité des forums de nouvelobs.com le vendredi 14 octobre de 10h00 à 12h00.

Après le Flash-Ball, le Taser !

taserLe second article intéressant de cette page 4 du Canard enchaîné se situe juste en dessous de celui que je viens de compléter. Rédigé par Brigitte Rossigneux, il s'intitule : "La nouvelle arme fatale de Sarko II" avec en suite de titre : "Un pistolet qui ve droit au cœur des flics... et des récalcitrants". Effectivement, le cœur des badauds est menacé par cette arme qui envoie une énorme charge électrique à celui qui est atteint, grâce à des sortes de harpons... si si des harpons, comme pour cette maudite chasse à la baleine. En plus petit j'espère !
Là aussi, ça se fait déjà aux Amériques... même que, comme le fait remarquer Brigitte Rossigneux, Amnesty International a eu le toupet de compter les victimes de cette espèce de lance-harpons à très haute tension, arme qui, technologiquement avancée, est forcément un signe manifeste du progrès de l'humanité.aisf Au niveau international d'abord bien sûr (dès nov. 2004), mais la section fran- çaise aussi, qui s’inquiète de la généralisa- tion des pistolets paralysants Taser, dans son communiqué du 16 septembre dernier.
Texte du communiqué SF05M36 (avec l'autorisation, non sollicitée, d'Amnes- ty International) :

candle_icon«Amnesty International France demande qu’une étude indépendante sur l’utilisation des pistolets paralysants Taser soit menée sur le territoire français dans les plus brefs délais par des professionnels médicaux, juridiques et sécuritaires.
Le 9 septembre 2005, lors de son discours aux Préfets, le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy a annoncé que « plusieurs centaines de Taser », pistolets paralysants, allaient être livrés en 2006 afin de renforcer « les capacités d’action des services de police ».
Depuis plus d’un an, le Groupe d’intervention de la Police Nationale et plusieurs brigades anticriminalité (BAC) testent le Taser en France. Le 30 avril dernier, une jeune fille de 19 ans, Virginie, a été la cible de 4 tirs de Taser par un groupe de policiers de la BAC à Lyon lors d’une manifestation. Accusée par ces mêmes policiers « d’appel à la rébellion, tentative de vol d’une arme d’un policier et rébellion », Virginie a été relaxée par le tribunal de grande instance de Lyon qui n’a retenu aucun des chefs d’inculpation. La commission rogatoire de l’Inspection générale de la Police Nationale a reconnu un usage abusif du Taser puisque les policiers n’étaient pas en position de légitime défense.
Selon Amnesty International, l’utilisation d’armes paralysantes violent les normes internationales qui prévoient que les responsables de l’application des lois n’aient recours à la force qu’en tout dernier ressort, après avoir épuisé toutes les autres alternatives non-violentes et proportionnelles à la menace posée. Dans de nombreux cas, leur utilisation s’est apparentée à des actes de torture et des traitements cruels, inhumains ou dégradants, interdits par l’article 5 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et par l’article 3 de la Convention Européenne des Droits de l’Homme, convention ratifiée par la France.
Par ailleurs, de nombreuses recherches ont été effectuées par Amnesty International sur ces pistolets paralysants aux Etats-Unis et au Canada où leur utilisation est généralisée depuis juin 2001 et a répertorié, dans ces deux pays, 114 cas de décès survenus après utilisation de Tasers.
candle_icon2Pour éviter toute utilisation abusive du Taser, Amnesty International France rappelle que la formation des forces de l’ordre doit être au centre des préoccupations du ministre de l’Intérieur
».

La section française s'appuie notamment sur deux rapports en langue anglaise qu'Amnesty International a publiés le 30 novembre 2004 concernant l'usage de ces armes aux États-Unis et au Canada.

Amériques... Amériques ? Vous avez dit Amériques !



27 septembre 2005

À quoi ça sert, un blog ? À râler structuré !

bando

Demain après-midi, je participe à la manifestation Blogs en Nord, qu'organise Éric Delcroix avec Lille3... On risque de se demander à quoi ça sert un blog, dans le secteur de la documentation, dans les entreprises. Ce soir, je sais à quoi ça sert un blog : ça sert à râler, à râler en écriture, c'est-à-dire à râler structuré, si je peux me permettre cette drôle d'expression. Ce soir, malgré la fatigue, je râle !

INTOUCHABILITÉ
pascalcl_mentVous avez sûrement entendu ce ministre de la République, un "homme de loi", comme on dit (pour ne pas dire autre chose), avant d'être le "gardien du sceau de l'État", vous l'avez entendu dire qu'il fallait savoir prendre le "risque de l'inconstitutionnalité", présentant cette prise de risque comme une bravoure politique, une noblesse de caractère, etc. On croit rêver ! On marche sur la tête ! J'espère que notre bon ministre va se faire remonter les bretelles comme il convient, avant qu'il ne soit trop tard !

Ça, c'est ce que j'appelle le syndrome de l'intouchable[*]. J'ai déjà rencontré des gens touchés par ce syndrome dans ma longue vie. Ce sont en général des gens haut placés dans la hiérarchie sociale, économique et/ou politique. La configuration est simple :

  1. il y a un malaise dont personne ne veut porter la responsabilité ;

  2. quelqu'un arrive pour dissiper ce malaise, se présentant comme un Zorro de circonstance (en fait, on est bien d'accord qu'il trouve un intérêt tout personnel à se donner ce travail-là) ;

  3. il s'arroge tous les droits, y compris ceux que la morale la plus élémentaire réprouve, sous prétexte qu'il faut ça pour dissiper le malaise dont personne ne veut assumer la responsabilité ; d'ail- leurs faut pas trop en parler parce que ça raviverait le malaise ;

  4. et comme personne ne veut assumer la responsabilité du malaise, personne ne dénonce l'immoralité du Zorro - qui devient donc proprement - si j'ose dire - INTOUCHABLE ;

  5. et si Zorro fait des victimes, c'est tant pis pour eux ; ils n'avaient qu'à pas se trouver là !

zorroVoilà, c'est un schéma assez simple à comprendre. Je n'insiste pas, et la gravité du malaise de départ ne changera rien à l'immoralité de l'affaire.
Ce que je peux par contre mettre en regard du comportement de ce ministre de la République, c'est qu'on va opposer très durement des arguments de droit pur et dur aux salariés de la SNCM qui ont pris possession de leur outil de travail... C'est comme pour les victimes des Zorros : s'ils clament qu'ils sont victimes et que c'est injuste et immoral, on les assome avec des arguties juridico-moralistes pour qu'ils arrêtent de râler et soient heureux de n'être pas morts tout à fait. En fait, à un certain niveau, on peut voir la morale et le droit se refiler la patate quand elle devient vraiment trop chaude. Encore ce système de "solidarité des complexes" qu'a bien vu François Brune lorsqu'il analyse les mythes de notre modernité... En gros, ça donne ici le jeu suivant : tant que Zorro paraît légitime et (c'est-à-dire, au choix, caresse dans le bon sens les poils de l'opinion morale des gens ou va dans le sens des "affaires"), on n'est pas trop regardant sur la légalité ; mais quand on met en cause la moralité de Zorro, il vous ressort des principes du droit - ceux-là mêmes qu'il a éventuellement bafoués juste avant.
Le second point qu'on peut mettre en avant dans cette discussion sur le syndrome de l'intouchable, c'est qu'il n'est généralement pas seul, l'intouchable - ce qui lui vaudra quelquefois de faire le fusible. Il n'est pas seul : il a une caste derrière lui, une caste dont les membres sont prêts à avancer les arguties de droit ou de morale pour défendre leur ami intouchable. La victime de l'intouchable, elle, est vraiment seule. Seule contre une caste... Dans les petites affaires de la vie professionnelle, on a tous vu ça fonctionner très bien - moi en tous cas, j'ai vu ça de très près, de trop près et n'oublierai jamais, je crois. Dans le cas de notre bon ministre prêt à "risquer l'inconstitutionnalité" et invitant les représentants du peuple à la courir avec lui, les choses risquent de se dérouler un peu plus rudement : pour avoir une caste derrière lui, il risque surtout d'en avoir une ou plusieurs en face de lui (opposition politique, syndicats professionnels du droit, etc.). Et c'est tant mieux !

RÉPRESSION/COMMUNICATION

À propos du même malaise que celui qu'utilise notre Garde des Sceaux pour jouer les zorros intouchables, son collègue ministre mais patron de parti politique en ajoute une dose mais sur un autre registre : il faut attenter à l'intégrité physique des méchants (le fameux suivi médicamenteux, que d'aucuns appellent improprement castration chimique). M'insurgeant contre la seule idée qu'on puisse légalement - au nom de la loi comme disait ce bon vieux Joss - toucher à l'intégrité physique et/ou psychologique des personnes, je ne dis pas que le viol ne doit pas être puni très sévèrement. Mais la gravité du crime ne peut pas permettre qu'on aille jusque là. C'est ce dont Badinter et Mitterand nous ont convaincu. On ne peut pas revenir en arrière. Même par petites touches insensibles... Soyons donc vigilant.
Vous me direz que nos ministres sont en mal de communication et qu'ils sont prêts à tous les excès pour être sur la scène, sur le pont comme on dit à la SNCM ? Vous vous trompez ! Ils communiquent très bien. À preuve, ce qui suit.

m_l_umpIl y a une heure un mèl est tombé dans ma boîte aux lettres professionnelle (bruno.richardot@univ-lille1.fr). Je vous en mets ci-contre l'image du début...
Intéressant non ?
Moi qui un jour m'étais fait engueuler par ma "hiérar- chie" parce que j'avais diffusé à tous mes collè- gues un message dénon- çant ceux qui, en toute légalité, bafouent quotidiennement les droits les plus élémentaires de l'humain, je pensais naïvement, très naïvement que Monsieur Sarkozy, "gardien de l'ordre public" ne ferait jamais ça. On m'a personnellement déjà opposé le fameux "devoir de réserve" (la fonction publique serait la grande muette) et je me suis tu. Eh bien si ! Lui, le ministre de l'intérieur et des cultes, il le fait !
Notre gardien de l'ordre public utilise les adresses électroniques professionnelles des fonctionnaires pour faire sa communication partisane. On vit dans un monde formidable ! Même qu'on dirait que (la lutte contre) le terrorisme et la délinquence finissent par être ainsi mis en scène dans notre bonne vieille République républicaine. Et vous allez voir qu'on va nous présenter ça comme un progrès ! Ah progrès, que ne fait-on en ton nom !

Ceci dit, j'attends avec impatience ce documentaire intitulé Sarkozy mot à mot, co-produit par Serge Moati et France Télévision, prêt à être diffusé depuis avril dernier, documentaire où sont "décortiquées" les paroles du ministre. Dans ce film d'une heure, Gérard Leclerc et Florence Muracciole font réagir des hommes politiques entre autres aux "mots" clés du vocabulaire de Sarkozy. Et depuis que Le canard enchaîné du 8 juin en a parlé, j'attends avec impatience. J'aime quand on m'explique ce qu'il y a sous les mots. J'aime comprendre. Souvenez-vous du sous-texte...

[*] Je ne parle évidemment pas ici des intouchables indiens (les Dalits)... Par certains aspects, ces intouchables-là sont aux antipodes de ceux dont je parle ici. Quand je dis "intouchable", c'est dans le même sens qu'Isabelle Hontebeyrie au sujet des journalistes ou qu'Annick Perbal parlant des chercheurs en France, par exemple. Ou encore au sens où Louis XVI conservait dans la conscience collective une image d'intouchabilité... jusqu'à ce que les députés votent son exécution, le 20 janvier 1793.


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26 septembre 2005

Socrate, es-tu là ?

L'autre jour, Hugues Lenoir évoquait la figure de Socrate, celui qui n'avait rien écrit et pourtant grand producteur de savoir (ne disait-il pas le premier des savoirs était de savoir qu'on ne sait pas ?)... C'était à propos de la VAE et du rapport à l'écrit. Et de fait, pour autant qu'on sache, Socrate était un homme de parole.
socrates_louvreIl y a quelque dix ans, j'avais osé une évocation du vieil athénien, fils de Phénarète, accoucheuse de son état. C'était à propos de la figure du "tuteur méthodologue", à l'occasion du deuxième colloque européen sur l'autoformation que le GRAF et le CUEEP avait organisé ensemble, à Lille, les 6 et 7 novembre 1995. Ce texte constituait l'introduction à une bibliographie signalétique d’ouvrages et articles de langue française sur l’autoformation - travail bibliographique distribué en fascicule aux participants au colloque, puis publié en annexe aux actes dudit colloque (Cahier d'études du CUEEP, 32-33, mai 1996, p.263 sqq.), enfin repris par la suite et complété par Pierre Landry sur le site du GRAF.
Voici cette évocation :


Encore Socrate, l’ouvreur
Athènes, il y a près de 2.400 ans.
Socrate et Ménon, un ami des sophistes, discutent paisiblement sur une question à la mode : la vertu peut-elle s’enseigner ? Mais, question préalable, qu’est-ce donc que la vertu ? Voilà donc nos compères partis à la recherche d’une définition de la vertu. Mais, nouvelle question préalable, c’est quoi, une définition ? Socrate semble jouer avec les nerfs de l’ami des sophistes, tant et si bien que ce dernier finit par craquer. Il lâche un sophisme bien entendu que Socrate reformulera calmement, à peu près en ces termes : impossible de chercher ni ce qu’on sait parce qu’on n’a pas besoin de le chercher, ni ce qu’on ignore parce qu’on ne sait pas ce qu’il faut chercher
[1].
Comment savoir alors ce que l’on doit apprendre ? Socrate a une réponse - en biais : on n’apprend pas, on se souvient seulement. C’est la théorie - ou plutôt la « mythique » - de la réminiscence, toile de fond de la maïeutique socratique et dans la perspective actuelle de laquelle on installe souvent l’autoformation[2]. L’âme est immortelle et vit plusieurs « vies », entre lesquelles elle peut, à chaque fois, à chaque mort, contempler la vérité du monde. À chaque entre-vies, elle voit tout, « il n’est rien qu’elle n’ait appris »[3]. Mais, juste avant chaque naissance, elle est conduite dans la plaine d’Oubli[4] où, assoiffée, elle s’abreuve au fleuve Négligent[5] : elle en oublie tout ce qu’elle a vu, tout ce qu’elle a appris[6]. Elle semble cependant en garder quelque nébuleuse mémoire, puisqu’il suffira que, non sans peine, Socrate exerce son art d’accoucheur, la maïeutique, pour que le plus inculte des esclaves de Ménon formule la règle de la duplication du carré. L’esclave la trouve (ou plutôt la re-trouve, la re-connaît, re-naît avec elle) de lui-même, aidé d’un Socrate « tuteur méthodologue »....
S’il est clair qu’on est loin de pouvoir adhérer à la mythique platonicienne de l’immortalité de l’âme, on ne peut assister au dialogue socratique sans être convaincu que la démarche a bel et bien quelque chose à voir avec l’autoformation, ne serait-ce que par opposition à l’hétéroformation à toute épreuve des sophistes. En suivant Socrate et ses interlocuteurs, on peut voir comment il n’existe pas de voie toute tracée vers le savoir, comment le chemin de la connaissance se creuse en marchant. Le pédagogue est un ouvreur d’itinéraire pour qui se laisse guider. À Athènes, il y a près de 2.400 ans, le pédagogue était un serviteur qui accompagnait l’enfant vers l’enseignant. L’image de l’accompagnement n’était finalement pas si mauvaise. Le tuteur « mé- thodologue » n’est-il pas
celui qui aide chemin faisant[7] ?
Mais, à chaque fois, Socrate exerce ses dons d’ouvreur dans une relation individuelle, personnelle, privée avec son interlocuteur. Aujourd’hui, l’autoformation se comprend dans un cadre institutionnel où l’individu en quête d’apprentissage devra pouvoir disposer de guides plus ou moins balisés pour creuser son propre chemin. Paradoxe, mais paradoxe qui se lèvera sans doute le jour où la question de l’autodirection en formation trouvera des réponses en termes de dispositifs ouverts, c’est-à-dire avec un spectre le plus large possible d’usages par les apprenants.
Le défi n’est pas mince : cadrer, mais sans le réduire a priori, le champ du possible ! C’est à le relever qu’œuvrent les bâtisseurs de l’autoformation.
L’autoformation est « en chantiers », affirme la livraison d’Éducation permanente qui rend actes du premier colloque européen sur l’auto- formation (Nantes, novembre 1994)
[8]. Ce premier colloque, écrit Chantal Attané[9], a révélé l’autoformation « dans tous ses états ». À l’occasion de la tenue du deuxième colloque, le présent document veut, tout simplement, présenter l'autoformation dans (presque) tous ses écrits - écrits de chercheurs, écrits de praticiens.

[NOTES]

  1. Cf. Platon, Ménon 80e2-5.

  2. Cf., par exemple, Henri Desroche, « D'une écriture autobiographique à une procédure d'autoformation. Pour une approche "maïeutique" en éducation permanente », Éducation permanente, n° 72/73, 1984, p. 121-140 ; et, plus ré- cemment, Philippe Carré, « L’autoformation : état des lieux et perspectives », dans Les cahiers d’études du CUEEP, n° 28, février 1995, p.11.

  3. Ménon 82c7.

  4. La plaine Lèthè ; la vérité, c’est alèthéia, c’est-à-dire le non-oubli.

  5. Le fleuve Amélès ; chez Platon, la néglicence (améléia) s’oppose au soin (épiméléia) qu’il faut apporter à l’âme (Cf. Phédon, 107c1) ; ce soin se déclinant en termes d’apprentissage et de connaissance, voire de sagesse...

  6. Cf. Platon, République, livre x, 621a.

  7. L’imagerie de l’itinéraire, du chemin, de la voie, etc. n’est pas sollicitée ici uniquement par référence au lexique contemporain des acteurs de la formation et de l’autoformation, mais bien parce qu’elle est utilisée par Platon pour développer sa mythique de l’âme (cf. par exemple le « mythe d’Er » dans République, livre X, à partir de 614b). En fait, la maïeutique socratique a son corrélat du côté de l’interlocuteur de l’« accoucheur » : la poréïeutique, ou art du voyage (poréïa). Cette poréïa est aussi bien, chez Platon, la « marche dialectique » (cf. République, livre VII, 532b5) que les pérégrinations des âmes dans leur entre-vies (cf. République, livre X, 619e5).

  8. Éducation permanente, n° 122, paru en juin dernier.

  9. Entreprises-formation, n° 81, janvier-février 1995, p. 19.


Je sais, et Bernadette Courtois avait bien raison de me le faire remarquer, Socrate conduit son interlocuteur où il veut bien le mener, le faisant passer par des circonvolutions dialectiques inouïes, alors que le tuteur méthodologue n'est pas censé conduire l'apprenant, juste lui faciliter la tâche d'apprendre. Mais quand même, il y a de la pédagogie constructiviste chez ce Socrate, tout comme chez le tuteur méthodologue - si j'en crois mon ami Gilles Leclercq.
Quel homme ambigü, ce Socrate !
Au fait, qui c'était Socrate ?


24 septembre 2005

L'écriture en formation / la formation en écriture

Si, au début des années quatre-vingt-dix, je me suis intéressé à la problématique de ce que j'ai plus tard appelé écriture praticienne, c'est pour deux raisons concomitantes :

  • l'une tient à l'appel à l'aide d'un collègue qui avait lancé un chantier d'écriture à plusieurs et qu'il avait de la peine à faire avancer jusqu'à terme ;

  • l'autre au fait que, fondateur et responsable de la fonction documentaire au CUEEP, j'étais dans la proximité la plus grande avec les Cahiers d'études du CUEEP - où j'ai joué plusieurs rôles intéressants : conseil en écriture, rédaction, édition, bibliographie...


ce27C'est en 1993 que mon collègue Gilles Leclercq, enseignant-chercheur en sciences de l'éducation, avait entrepris un chantier d'écriture à plusieurs. Voici comment il présente cela : "En décidant en mai 1993 d’écrire collectivement un Cahier d’Études sur une action spéci- fique, nous nous lancions dans une aventure difficile. Il faudrait surmonter bien des difficultés et la tâche serait conséquente. Mises bout à bout, ce sont environ sept cents heures d’interviews, de retranscription, d’écriture, de lectu- re, et de relecture (sans oublier le travail inhérent à toute activité de publication) qui forme la matière vive de cette étude." L'action en question s’appelait E.T.C., à savoir « Environnement Technique et Commercial ». C’était une formation en entreprise sur l’entreprise destinée aux agents opérationnels de La Redoute Catalogue. Sa finalité était la connaissance par des salariés de leur propre entreprise. Le stage durait cinq jours, soit trente-cinq heures, et avait été suivi, en deux ans, par plus de deux cent vingt personnes (dix-neuf groupes de douze personnes)... Nombre de professionnels de la formation continue avait participé à cette aventure pédagogique dont la réussite invitait à une valorisation par l'écriture. C'est ainsi que pas moins de dix auteurs sont intervenus dans la rédaction de l'étude que publia le CUEEP comme n°27 de ses Cahiers d'études.

Ma contribution fut quintuple :

  1. conseil en écriture, c'est-à-dire très concrètement aide aux collègues en difficulté d'écrire ;

  2. avec Gilles Leclercq, conception de l'ensemble de l'ouvrage ;

  3. rédaction de l'introduction intitulée Action et recherche. Des praticiens écrivent le dialogue des compétences ;

  4. co-rédaction de contributions particulières (l'une sur la gestion d'une action de formation, l'autre - en restitution d'entretien - sur la contextualisation politique de l'action) ;

  5. confection du Cahier d'études.

Ce fut pour moi un tel bonheur professionnel et intellectuel que je me pris au jeu de l'écriture jusqu'à proposer une sixième contribution, jusqu'à désirer engager une écriture sur ... l'écriture qui avait conduit à l'édition du Cahier d'études du CUEEP n°27. Le travail avec Gilles Leclercq avait tout à la fois permis une réflexion mais surtout l'avait éclairée ; je me sentais capable d'en parler, ou plutôt d'en écrire.
Avec la permission de mon collègue enseignant-chercheur, je m'octroyais royalement une place en fin d'ouvrage, pour partager mon goût pour cette problématique, relativement nouvelle à l'époque, de l'écriture des praticiens de l'éducation permanente. C'est dans ces circonstances qu'est née la Note sur l'écriture praticienne qui clôt le Cahier d'études du CUEEP n°27, publié en décembre 1994.
Sur la lancée, la réflexion continua un temps, donnant lieu à de brefs articles et à de courtes interventions lors de colloques... J'ai rassemblé ce qui me semble intéressant dans une page de ce blog, celle qui s'appelle tout simplement L’écriture praticienne et, outre la retranscription d'une intervention en marge du second colloque du GRAF sur l'autoformation, propose en téléchargement (pdf) :



La seconde raison tient à mon activité principale des années quatre-vingt-dix : la création et l'animation de la fonction documentaire au CUEEP. À ce titre j'étais dans une grande proximité avec les Cahiers d'études du CUEEP, ne serait-ce que parce que c'est à la Cellule documentation que les étudiants et les professionnels de la formation venaient les consulter ou les acquérir pour une somme modique.
Et puis, réfléchissant à l'écriture praticienne au CUEEP, je ne pouvais pas ne pas m'intéresser à ce phénomène somme toute original que constituait la mise en place et le fonctionnement d'une édition universitaire d'écritures pas forcément universitaires...
catadocBref, quand il s'est agi de fêter les douze ans des Cahiers d'études, je me suis fendu d'une petite étude sur les écritures qui y étaient à l'œuvre. Cela a donné un fascicule de 90 pages : LES CAHIERS D’ÉTUDES DU CUEEP, 1984 / 1995. Une double introduction, des fiches documentaires et des indices.
La première partie du livret évoque la richesse de la région Nord-Pas de Calais, sous le titre "Recherche, création et production documentaire en éducation et formation dans le Nord-Pas de Calais", sous trois aspects :

  1. Le Nord-Pas de Calais, pôle de recherche
  2. Le Nord-Pas de Calais, pôle de création
  3. Le Nord-Pas de Calais, pôle documentaire

Il s'agit en fait de la reprise (partielle et remaniée) d'un texte écrit pour une autre circonstance, je veux parler des vingt ans des GRETA, à l'occasion desquels la Délégation académique à la Formation Continue commanda au Collectif Documentaire régional Emploi Formation (que j'avais créé avec ma collègue du CARIF) une bibliographie sur l'Évolution des métiers de la formation des années 70 à l'an 2000. Pour cette bibliographie collective que j'avais dirigée, j'avais rédigée une introduction montrant comment notre région avait su, dès les années soixante-dix, organiser la formation permanente et notamment la formation des formateurs... Cette bibliographie faisait en quelque sorte suite à celle que j'avais réalisée pour le colloque de 1989 "Les formateurs d’adultes et leurs qualifications : réponses des universités" (dont les actes ont fait l'objet d'un numéro spécial des Cahiers d'études publié en juin 1990).

La deuxième partie centre le propos sur le CUEEP et ses Cahiers d’études, démarrant une petite analyse de la stratégie éditoriale. Puis je proposai une typologie des Cahiers d’études et une présentation de leur thématique. De nombreux éléments de cette partie se retrouvent dans les divers textes que j'ai pu écrire sur le thème général de l'écriture praticienne, notamment dans la Note de 1994.

La troisième et dernière partie est constituée de fiches documentaires des Cahiers. Chaque Cahier fait l’objet d’une notice. Celle-ci comprend, outre les références bibliographiques habituelles, une présentation succincte, en général rédigée par le ou les auteur(s) du numéro en question. Un appareil de descripteurs permet ensuite de situer le Cahier dans le champ conceptuel de la formation continue (Thésaurus de la formation du Centre INFFO, 1988 - quelques descripteurs ayant été ajoutés, dans l’attente de la parution de la nouvelle version du thésaurus). Il alimente l’index thématique situé à la fin de ce document. Puis un commentaire tente, autant qu’il est possible, d’indiquer des prolongements de lecture, en privilégiant soit la piste de l’écrivant, soit celle de la thématique. Quelquefois ce commentaire a été rédigé en collaboration étroite avec l’auteur (ou le coordinateur), voire par l’auteur (ou le coordinateur) lui-même.


23 septembre 2005

Recherche-action de type stratégique

RECHERCHE-ACTION DE TYPE STRATÉGIQUE
PROBLEMES TAXINOMIQUES, ÉPISTÉMOLOGIQUES ET POLITIQUES DE L'ÉVALUATION

ou

De l'évaluation des politiques et des actions publiques à la recherche-action de type stratégique et retour

__ambroise_monod__1992__a_

Comme dit René Duringer, dans la Revue française de comptabilité (n°227, octobre 1991, p.14), « l'évaluation est partout. L'évaluation est à la mode. C'est même l'un des grands axes de la rénovation du secteur public engagée depuis quelques années. Ce besoin de nouveaux instruments de mesure s'explique par :

  •  les mutations économiques,
  • la décentralisation qui s'est traduite par de nouveaux pouvoirs et de nouvelles responsabilités des élus locaux notamment dans le domaine social,

  • la nouvelle définition des rôles de l'État, des collectivités et des institutions. »

__ambroise_monod__1992__b_Prenant une posture délibérément moins techniciste que René Duringer, Patrick Viveret, dans son rapport de 1989, commence par montrer comment l'évaluation est une fonction et un enjeu de la démocratie, ne serait-ce qu'en permettant l'application de l'un des principes fondamentaux de la Déclaration des Droits de l'homme et du citoyen de 1789 (formulé dans son article 14) :

« Tous les citoyens ont le droit de constater,
par eux-mêmes ou par leurs représentants,
la nécessité de la contribution publique
».

__ambroise_monod__1992__c_Ceci dit, l'évaluation d'une politique publique, c'est concrètement l'émission d'un jugement sur la valeur de l'action engagée au titre de cette politique. Or « ce jugement peut être prospectif et anticiper l'action (évaluation ex ante), ac- compagner l'action (évaluation concomitante), ou la suivre (évaluation a posteriori). Il peut être aussi celui des acteurs eux-mêmes (auto-évaluation) ou d'acteurs extérieurs à la mise en oeuvre de l'action évaluée. Il peut avoir des objet différents : préparer une prise de décision, l'améliorer, l'apprécier après coup. »

Le groupe nominal 'recherche-action' est particulièrement absent du rapport de Patrick VIVERET et l'on pourra légitimement me demander pourquoi je le sollicite au sujet de la recherche-action. Ma réponse tient en deux raisons, d'inégal statut :

  1. la recherche-action étant un axe méthodologique important du Laboratoire Trigone (et, partant, du CUEEP), il se trouve que plusieurs recherches-actions menées par Trigone évaluent des actions publiques ;

  2. de fait, évaluation et recherche-action ont de nombreux points communs, ne serait-ce qu'au plan méthodologique.

Aussi, soucieux d'apporter ma pierre à la constitution de la recherche-action de type stratégique comme méthode de recherche appropriée à l'objet « éducation »[*], je me propose, dans un premier temps, de situer la recherche-action comme méthode d'évaluation, avec les critères proposés par Patrick Viveret. Puis, les chercheurs qui pratiquent la recherche-action de type stratégique fondant l'un des aspects essentiels de leur démarche sur une théorie de la connaissance, nous irons, dans un deuxième temps, du côté de l'épistémologie sartrienne, puis ferons un détour par l'histoire. Enfin (troisième temps), revenant au travail de Patrick Viveret, je vous propose de soumettre la recherche-action de type stratégique au crible de la philosophie politique, afin de répondre à la question : la recherche-action de type stratégique, comme action, respecte-t-elle les termes de cette idée à usage régulateur qu'est la démocratie ?

__ambroise_monod__1992__d_
Typologie de l'évaluation, théorie de la connaissance et pratique de la démocratie, tel est le triptyque des problématiques où s'in
 terroge la recherche-action de type stratégique. Ma contribution se déroulera donc en trois temps :

 

1. Recherche-action et typologie de l'évaluation

1.1. le critère "temps" : une évaluation "concomitante" ; la conco- mitance présente un grand intérêt

1.2. le critère "fonctions" : l'évaluation est dite "dynamique", dans la mesure où elle devient "un instrument de pilotage de l'action"

1.3. le critère "destinataires" : une évaluation "endoformative"

1.4. quelques remarques pour nuancer

1.4.1. recours à la méthode historique

1.4.2. dans le même temps "récapitulative"

1.4.3. l'évaluateur occupe une position médiane

1.5. le plus de la recherche-action de type stratégique : l'implication du chercheur, à tel point que le chercheur est en même temps acteur

2. Recherche-action et théorie de la connaissance

2.1. la citation et son commentaire

2.2. la citation et son contexte

2.2.1. cet ouvrage est en fait...

2.2.2. dans la note d'où provient le texte cité, ...

2.3. prière de situer

2.3.1. situer les expériences

2.3.2. permettre une mesure aussi précise que possible de l'impli- cation du chercheur dans l'action

2.3.3. des expressions contemporaines de la praxis marxiste/ post- marxiste ; le dilemme du savant et du politique de Max Weber

2.4. faisons un détour par l'histoire

2.4.1. la méthode historique : la question de l'objectivité, la ques- tion de la vérité

2.4.2. typologie des situations du chercheur-acteur

1) l'espace idéologique

2) l'espace de pouvoir

3) l'espace d'action

4) le temps de l'action

2.5. praxis et utopie pédagogique

3. Recherche-action et pratique de la démocratie

3.1. la garantie d'indépendance

3.1.1. comprendre l'indépendance dans la relation entre évaluateur et acteur

3.1.2. comprendre l'indépendance dans la relation entre évaluateur et prescripteur

3.2. la garantie de compétence et de rigueur

3.3. la garantie de transparence

3.4. la garantie de pluralisme

3.4.1. l'"acteur collectif" est-il garantie de pluralisme ?

3.4.2. comment l'espace critique fonctionne-t-il ?

3.4.3. l'espace critique est-il hors de l'acteur collectif ?

__ambroise_monod__1992__e_____________________________________

[*] Cette constitution est le projet de la thèse de Marie-Renée Verspieren, Recherche-action de type stratégique et science(s) de l'éducation, Bruxelles/Paris, Coédition Contradictions/L'harmattan, 1990 (396 p.). Sans cet ouvrage, les réflexions dont je vous fais part ici n'auraient pu s'approfondir. C'est à lui et aux différents Cahiers d'Études du CUEEP (les numéros 1, 3, 9, 11, et 15, notamment) que je dois l'essentiel de ma connaissance de la recherche-action, et de la recherche-action de type stratégique en particulier. L'ensemble de ces ouvrages constitue le corpus sur lequel s'appuie mon analyse.

____________________________________

afp120Ce texte a été publié sous une forme légèrement différente et sous un titre non moins légèrement différent (« Recherche-action de type stratégique : typologie de l'évaluation et implication du chercheur ») dans Actualité de la Formation Permanente, n°120, Septembre-Octobre 1992, p. 103-119. Les dessins sont d'Ambroise Monod, rédacteur en chef de la revue. La notice du service documentation du Centre Inffo propose le résumé suivant : L'article situe dans un premier temps, la recherche-action comme méthode d'évaluation et propose une typologie de l'évaluation. Puis rappelle les fondements théoriques de la connaissance sur lesquels s'appuient les chercheurs qui pratiquent la recherche-action de type stratégique. Enfin, la question de la relation d'un tel type de recherche avec la démocratie est posée. L'auteur fait référence tout au long de son article aux travaux de Patrick Viveret.


23 septembre 2005

Les suites du sous-texte...

Lecteur attentif,

tu auras sans doute remarqué que, depuis un certain temps, la suite du message intitulé Le sous-texte (1) a été supprimée. Cette suite qui comptait sept épisodes a en effet été (auto-)censurée, dans un souci d'apaisement de la guerre civile qui menaçait...

Dans cette série de texte, entraîné pas ma lecture du superbe livre de Duvignaud, je réfléchissais tout haut sur un certain nombre de sujets, notamment la situation de l'organisation où je travaille depuis plus d'un quart de siècle. Forcément, j'ai été amené, fidèle à Jean Duvignaud en quelque sorte, mais aussi à François Brune, a tenté une explicitation des non-dits qui peuplent ou plutôt qui polluent l'atmosphère - et qui, en tous cas, donnent du sens à ce qui se passe là où je bosse.

Qu'est-ce que je disais ?
Je disais que le CUEEP allait mal et que son existence était menacée. Ça, tout le monde le sait dans le monde régional de la formation continue - pas de quoi crier au scandale de la mise sur la place publique d'une confidence ! Mon analyse, c'était que cette menace vient essentiellement du contexte ultralibéral qui nous entoure aujourd'hui, contexte qui dénature les missions historiques de l'Institut, en les contraignant de se situer sur le "marché" - Saint Marché priez pour nous !
En passant, je tentais de comprendre pourquoi le CUEEP n'arrivait pas à se défendre de cette promesse de mort comme il le faudrait. Et d'égrener quelques raisons, dont celle de la non solidarité interne, notamment du fait de la multiplicité des statuts - et là je pensais très concrètement, mais entre autres, à mes collègues, qui, grâce au CUEEP, sont aujourd'hui installés dans la partie haute de l'institution universitaire et ne jouent plus vraiment, à mon sens à moi, le jeu collectif qui peut-être consisterait à parler haut et fort des missions historiques du CUEEP au lieu d'accepter comme une fatalité, voire comme un progrès, la disparition d'un organisme universitaire qui se voulait "au service des hommes et des femmes de la région".

En fait, quand je dis que la guerre civile menaçait, ce sont plutôt certains de mes collègues qui (me) menaçaient... Pas contents d'être mis en cause, ils sont allés en délégation, un certain jeudi de la mi-septembre, rencontrer les autorités pour dénoncer mes propos, comme un groupe de bons élèves qui, provoqués par un sale gosse coutumier du pied de nez à la maréchaussée, allait se plaindre à la maîtresse de la classe ou au directeur de l'école pour faire punir le vilain petit canard... mais sans adresser la parole au dit-canard, malgré mon invitation au dialogue sur blog. Tout de même, on ne mélange pas les torchons et les serviettes comme disait ma grand'mère !

Donc censure et autocensure.
Le sous-texte restera publiquement et pudiquement en dessous, caché sous le boisseau.

Tant pis.
Mais il faudra qu'un jour j'analyse la notion d'"intouchables". Il me suffira de réagir à l'actualité politique au moment opportun... qui ne saurait tarder !


 

20 septembre 2005

Validation des Acquis de l'Expérience & Illettrisme

inffoflashAu tout début de l'année dernière, Inffo Flash (629, 15-30 janvier 2004) publiait un entretien avec Hugues Lenoir, maître de conférence à Paris X et intéressé par deux binomes thématiques : Illettrisme & Validation des Acquis de l'Expérience et Éthique & Formation. Hugues Lenoir venait d'achever une recherche exploratoire auprès d'acteurs de la VAE engagés dans des expérimentations en entreprise pour des travailleurs en situation d'illettrisme. Elle l'avait conduit à inviter les formateurs à chercher « les moyens de travailler avec l'oral de manière à ce que celui-ci fasse preuve, au même titre que l'écrit », pour reconnaître les savoir-faire de ces personnes et assurer ainsi davantage d'équité...

c2rpCe matin, le C2RP a invité Hugues Lenoir pour animer l'un de ses petits déjeuners autour de la thématique VAE et Illettrisme. Pas étonnant que l'un des organismes phares de la formation continue du Nord-Pas de Calais propose un tel menu matutinal : la VAE et la lutte contre l'illettrisme sont deux thèmes majeurs de la politique régionale.
Je figurais parmi les convives. Voici mes bribes de notes et mes impressions fugaces et fondamentales en même temps. Je vous les livre pour ce qu'elles sont : partielles, personnelles et forcément engagées. Hugues Lenoir m'a permis de les publier ici, mais ne les a pas relues. Elles n'engagent donc que moi, qui

  1. pour avoir participer en tant que professionnel de l'information et de la documentation à des jurys VAE (pour un diplôme de niveau III délivré par l'Université de Lille III), ai été "chamboulé" par la charge existentielle qui pèse sur l'impétrant qui faisait face au jury autant que par la charge éthique qui pèse sur le co-évaluateur que j'étais ;

  2. pour avoir autour de moi des personnes faisant projet de sou- mettre un dossier VAE, suis témoin du décalage communicationnel entre elles et les "valideurs" ;

  3. pour travailler depuis plus de vingt-cinq ans dans un organisme viscéralement attaché à la promotion des personnes de faible niveau de qualification, rêve d'un système social où l'on aiderait avec respect ces personnes à prouver leurs compétences et à enclencher les processus de formation au bout desquels s'éclair- cirait l'horizon du développement personnel et de la reconnais- sance intellectuelle.

____________________

Tout d'abord une mise en garde :
le fonctionnement du binome "VAE & personnes en situations d'illettrisme" n'implique aucune dégradation des diplômes ou des certifications, prévient Hugues Lenoir. D'ailleurs, la validation des acquis n'est pas née de la dernière pluie : elle fonctionne depuis avant le Front Populaire pour le diplôme d'ingénieur - diplôme qui se porte toujours très bien...

Ensuite un paradoxe :
Hugues Lenoir soutient dans le même temps que :

  • il n'est pas utile de recourir à l'écrit pour les personnes en situations d'illettrisme ;

  • il est nécessaire de mobiliser l'écrit dans la procédure VAE.

En effet, il n'est pas utile de recourir à l'écrit pour les personnes en situations d'illettrisme, mais il est nécessaire de mobiliser l'écrit dans la procédure VAE ne serait-ce que pour relancer la dynamique d'apprentis- sage des savoirs de base, savoirs socialement indispensables quoi qu'il arrive.

Enfin, une distinction entre deux logiques de validation :

  1. la validation sur reconstitution écrite (secteur Éducation nationale, secteur Santé Social, ...), comme si on savait toujours et fatalement ce que l'on fait ;

  2. la validation sur mise en situation d'expérience (Ministère du travail), comme si on savait parce qu'on fait.

____________________

Commençant le compte-rendu rapide de son étude VAE et situations d'illettrisme (2004), Hugues Lenoir évoque la figure tutélaire de ce bon vieux Socrate dont on ne connaît aucun écrit, à se demander s'il a même su écrire, et qui, pourtant, a produit bien du savoir...
Et de proposer un syllogisme sur le mode du célèbre

Tout homme est mortel.
Or
Socrate est un homme.
Donc Socrate est mortel.

L'expérience produit de la compétence et du savoir.
Or les personnes en situations d'illettrisme sont riches d'expériences.
Donc les  personnes en situations d'illettrisme ont de la compétence et du savoir.

La question n'est donc pas tant d'avoir la certitude que les personnes en situations d'illettrisme ont du savoir et de la compétence. On a cette certitude, et depuis belle lurette ! La question, cruciale, est de savoir comment permettre la reconnaissance de ces savoirs et compétences. Rôle important, primordial de l'ACCOMPAGNEMENT.
Une distinction entre deux types de reconnaissance :

  1. la reconnaissance pour soi (renforcement narcissique) où l'accompagnement pointe diplômes et certifications ;

  2. la reconnaissance pour le travail, où l'accompagnement prend en compte le marché local de l'emploi, etc.

Puis vient un paradoxe, encore, mais sous forme de question : si on maintient le recours à l'écrit, quid des personnes en situations d'illettrisme, sachant que la loi de 2002 a été pensée pour les bas niveaux de qualification ?

____________________

Qulques questions à la volée concernant l'écrit

Que mesure-t-on dans la procédure VAE : de la connaissance ou de la compétence ? Dans le second cas, c'est l'action qui donnera le contexte de la mesure. Dans le premier cas, l'écrit tient une place importante, mais adossé à l'oral comme moyen de montrer (Cf. Françoise Waquet, Parler comme un livre).

D'autre part, quid de la nature et du niveau de l'écrit ? Hugues Lenoir attire notre attention ici sur la dérive type "promotion sociale", que j'ai pu connaître dans le fonctionnement des jurys CAPUC dans les années quatre-vingt. Cette dérive consiste à être bien plus exigeant qu'il ne le faudrait : là où un candidat au CAP en formation initiale obtienait son diplôme avec une note de 10/20 et en ayant éventuellement fait quelques impasses dans le "programme", un candidat en formation continue devait justifier d'une note satisfaisante dans chaque partie du programme sans exception aucune. Et au final, certains employeurs, je m'en souviens très bien, avaient conscience de cte différence et disaient préférer une personne avec un CAPUC obtenu en formation continue à un diplômé de la formation initiale...

Encore une question importante : quel est l'étalon pour construire et évaluer l'écrit en question, l'étalon académique (écrit théorique) ou l'étalon professionnel (écrit d'usage) ?

Enfin, question du niveau de formalisation, à l'écrit comme à l'oral - question qui s'appuie qur la problématique de la preuve.

____________________

Des pistes ...

Pêle-mêle, Hugues Lenoir lance des idées, comme autant de pistes pour réfléchir et pour agir autrement.

  • Les « chefs-d'œuvres » des compagnons du Tour de France considérés comme preuves matérielles, mais aussi comme indice de la place sociale, dans le travail...
  • Production d'audio-visuel sur son activité, avec oralisation...
  • Schématisation de processus complexes, avec oralisation...
  • Appel à un tiers scripteur qui se tiendrait dans une position de "neutralité" à définir...

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Conclusion ?

La VAE, comme ruse pédagogique (au sens de Jean-Jacques Rousseau), avec support écrit pourrait permettre de passer de l'écriture domestique à une écriture socialement validée, tout en restant une écriture pour soi.

Car enfin, même si on milite pour la possibilité d'une VAE sans écrit, il faut bien admettre que l'écriture/lecture est partout, dans tous les emplois...

Ceci dit, il y aurait un effet pervers collatéral de la VAE : mettre au chômage ceux qui, bien que compétents, ne sauraient prouver leurs compétences...

De là à penser qu'il faut maintenir des emplois non qualifiés...

Ce qui irait à l'encontre de la logique de la certification qui tend - hélas! - à s'imposer.


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