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BRICH59
1 avril 2006

Cadre supérieur

cadresup


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25 février 2006

Les gorilles, eux aussi, connaissent la diversité culturelle !

"La richesse culturelle des gorilles",

scnouvelobsc'est ainsi que s'intitule le message de sciences. nouvelobs.com publié le 21 février, évoquant une étude menée sur plus de 350 gorilles vivant en captivité dans les zoos aux Etats-Unis, étude qui vient étayer l’hypothèse d’une transmission culturelle chez les grands singes.

D’autres travaux sur les grands singes, notamment les chimpanzés, peut-on lire ensuite, ont montré que dans la nature certains groupes développent des outils spécifiques. Le chercheur suisse Carel van Schaik a ainsi observé chez deux groupes d’orangs-outans sauvages séparés par une rivière deux méthodes différentes pour enlever les pépins d’un fruit.

La bonne question, impertinente, est maintenant de savoir si les gorilles pratiques la méthode de la caricature, ou encore de se demander quel écart il y a, culturellement, entre l'épépinage des fruits et cette réalité éminemment culturelle qu'est la caricature (comme constituant de la satire - pamphlet, discours, écrit ou dessin qui attaque les vices et les ridicules de son temps ; forme d'humour cinglant, au scalpel, afin de mettre en évidence un défaut ou de dénoncer une injustice [cf. le glossaire pour rire de l'aleph]).

pince_lingeEt puis, l'épépinage des fruits, ça me rappelle im- manquablement cette chanson des Quatre Barbus, écrite, sur la cinquième de Beethoven "arrangée" par Jacques Tritsch, avec des paroles tordantes de Francis Blanche et Pierre Dac réunis, "la pince à linge", où l'on comprend bien que l'épépinage des fruits est une activité éminemment culturelle... C'était en 1949 ! Voici les paroles :

La pinc' à linge, La pinc' à linge,
La pinc' à ling', La pinc' à ling'
La pinc' à linge, la pin, la pin, la pin, la pin
La pinc' à linge, La pinc' à ling', La pinc' à ling'
La pinc' à linge, la pin, La pinc' à ling'
La pinc' à linge fût inventée en dix-huit cent quatre vingt sept,
Quatr' et trois, par un nommé Jérémie Victor Opdebec, cinq et deux,
Fils de son père et de sa mère
Neveu d'son oncle et de sa tante et petit fils de son grand-pèr'
Frèr' de sa sœur et frèr' de lait d'un marchand d'beurre

La belle histoire déjà quand il était enfant il montrait à tous les passants
Son curieux esprit compétent, Il inventait des appareils
Pour épépiner les groseilles, des muselières pour les fourmis
Et bien qu'il fût encor petit, c'était un mec, Opdebec
C'était un mec, un drôle de mec, un fameux mec
Et de Lu beck jusqu'à la Mecque il n'y avait un si chouette mec,
Jérémie Victor Opdebec.

Dans les champs, près de chez son père,
Le linge blanc dans la brise légère
Semblait lui dire avec le vent "pinc' à linge" "pinc' à linge"
Il faut au linge fin et trop léger
Une pince pour le pincer, pour le pincer, pour le pincer, le pincer
Et dès lors dans sa tête l'obsession qui l'inquiète
"Le pincer", "le pincer", puis un jour, Euréka ! Il avait trouvé.

Prenez deux petits morceaux de bois
Que vous assemblez en croix
Avec un p'tit bout de fil de fer faites un ressort en travers
Vous saississez cet instrument entre votre pouce et votre index
Vous le serrez en appuyant afin qu'il soit bien circonflexe
Enfin vous l'approchez du linge, du linge à faire sécher et vous lachez.

C'est ainsi que Jérémie Victor Opdebec, Opdebec,
Dans un éclair de son génie à su doter
Les lavandières, les blanchisseuses du monde entier
D'un' pinc' à ling', qui protègera la liberté à l'humanité
Pinc' à ling', pinc' à linge, grâce à toi maintenant,
Nos chemisettes, nos chaussettes résistent au vent,
Et nos cal'çons dorénavant répondront présent.

Et l'ouragan peut tonner, l'orage se déchaîner
Nous, grâce à la pince à ling' on est protégé, paré, sauvegardé,
On aura toujours de quoi espérer.
Amis, amis chantons en chœur, la louange et l'honneur
De notre bienfaiteur : Jérémie Victor Opdebec
Jérémie Victor Opdebec,Jérémie Victor Opdebec bec, bec
Bec, bec, bec, bec, bec, bec, bec, bec,
Bec, bec, bec, bec, bec, bec, bec, bec.


16 février 2006

"La dernière heure" de Johnny

Terrible nouvelle pour Johnny, fils de belge !

Tous les journaux gratuits s'en font l'écho.

20 minutes est très distant :

20_060216p25

LillePlus nous fait un peu rire.

Mais le coup de la frite quand ça fume belge, c'est réchauffé !

lilleplus060216p4

Quant à Métro, je trouve qu'ils sont bons : je ne sais pas s'ils l'ont voulu, mais la mise en page est excellente ! Dans la série "les rapprochements terribles " :

m_tro060216p2

No comment !


31 décembre 2005

Meilleurs voeux !

bonne_ann_e_2006


13 octobre 2005

Pédalant de bon matin...

peugeot_veloCe matin, vers 7h., quand j'étais sur mon vélo, plein d'idées m'ont assailli.
J'ai dû utiliser la dynamo : ça fait belle lurette que le soleil, à cette heure-là, n'illumine plus la région lilloise ; et les lumières de la ville ne sont pas systématiquement là pour éclairer ma route.

deuleLa première lumière publique qui attira mon attention vint après que j'ai eu enjambé la Deûle en escaladant la passerelle du Colisée. Suprême effort de quinquagénaire endormi, cette montée de la passerelle ! Suprême et périlleux délice de gamin, cette descente en schuss pour atteindre la rive d'en face... totoroMais ce matin la grosse lumière calée sous la vaste et hospitalière ramure du grand marronnier situé en contrebas de la passerelle côté lillois a attiré mon attention. J'ai tout de suite pensé à ces images de Totoro, dans le beau film de Miyazaki, ces images où la lumière semble venir de dessous la ramure des arbres magnifiques...heron_cendre
Empli de ces images paisibles, j'ai longé la Deûle sans voir aucun de ces oiseaux qui d'habitude stationnent au bord de l'eau. Notamment ce héron gris, immobile, que je croisais ainsi tous les matins ouvrés de l'été. Peut-être ont-ils migrés. Peut-être la luminosité est-elle trop faible pour que je les distingue. Problème philosophique : entre l'objet et le regard qu'on porte sur lui...
j_c_malgoireDans cette sérénité, je repensais au concert de mardi dernier au Théâtre municipal de Tour- coing... Jean-Claude Malgoire - et non Malgloire comme semble toujours dire une célèbre présen- tatrice d'émissions de télévision consacrées à la musique - nous offrait Rinaldo de Hændel, en version de concert. Ce tourbillon baroque où la fougue et la majesté s'entremêlent ! Quel délice pour l'oreille et pour l'esprit ! Une superbe distribution, même si le jeune contre-ténor (Philippe Jaroussky) était encore un peu malade et qu'un autre, ancien (Dominique Visse) a dû lui prêter sa voix, qu'il a fort différente...

rhinocerosPassant à hauteur du zoo, je me dis, comme tous les matins à cette heure, que les rhinocéros ont encore oublié de tirer la chasse ! Humant l'air matutinal et odorant, je donne un coup de pédale plus allant... Parvenu au bout du chemin qui longe le canal, je dois mettre pied à terre. Une voiture bouche le seule passage... Damned ! Les voitures mal garées, c'est d'un pénible pour les cyclistes !
Je descends (ou je monte : Lille est une ville très plate - excellente pour les cyclistes !) le boulevard de la Liberté en empruntant le couloir réservé aux bus, aux taxis et aux vélos. Belle idée que ces pistes vélos dans la ville ! Dommage que les voitures-qui-puent-et-qui-polluent gâchent le plaisir et la sécurité des cyclistes... Passons !

synagoguelilleArrivé à cinquante mètres du boulot, une série de barrières empêchent de passer. Ou plutôt empêchent les voitures et les camions de passer : entre chaque barriè- re, un vélo peut largement continuer de rouler... C'est assez courant, de telles pratiques de la maréchaussée dans ce coin-là. Les cérémonies programmées à la synagogue qui jouxte la vieille fac (où habite le CUEEP) justifie peut-être tout ce remue-ménages.
Bref, je passe entre deux barrières. Mal m'en a pris ! Un jeune homme en uniforme sort aussitôt de son véhicule garé là et m'invective sèchement du style : templelille1"Vous avez vu ça (il me montre les barrières) ! À quoi ça sert d'après vous ?". Je lui réponds que je travaille là. Rien n'y fait. Crayant qu'il ne sorte son Taser, je ne demande pas mon reste. Je râle et enfourche mon biclou pour contourner le Temple protestant afin d'éviter de passer dans la rue interdite. Interdite ? Pourquoi donc en fait ? Sait pas ! Le jeune  homme en uniforme ne m'a pas dit...
Il est un peu plus de 7h...


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3 octobre 2005

Pourquoi je blogue

Je ne sais pas si le verbe 'bloguer' est très correct, mais je l'emploie. Il dit bien ce qu'il veut dire. Bloguer, c'est, peut-être tout simplement, tenir un journal sur le web.

3205Le mercredi 28 septembre, Éric delcroix m'avait invité à la manifestation Blogs en Nord, qu'il organisait avec Lille3 (merci Éric pour cet après-midi là). La veille, j'écrivais dans cette colonne :
« Ce soir, je sais à quoi ça sert un blog : ça sert à râler, à râler en écriture, c'est-à-dire à râler structuré, si je peux me permettre cette drôle d'expression. Ce soir, malgré la fatigue, je râle ! ». Alors j'ai râlé contre des comportements ministériels pour le moins douteux voire scabreux... Après coup, j'ai vu que d'autres que moi avaient râlé de la sorte. Certains avec beaucoup plus de pertinence et d'humour que moi, d'ailleurs.

Bref, un blog, ça peut servir à râler en public... Mais il n'y a heureusement pas que ça. De nombreux blogs sont en fait nés de la volonté de partager une passion, un goût, un désir. Et sous cet aspect-là, les blogs d'aujourd'hui sont un peu comme les pages personnelles d'hier. La différence immédiatement visible, c'est que le blog est forcément d'abord structuré chronologiquement... d'où ce côté "journal". Je passerais volontiers des heures à fouiller, à visiter, à contempler tous ces temples des passions ordinaires... passions des gens, d'untel et d'untel...

Ce blog est bien un BLOG PERSO. Derrière chaque blog, disait Thierry Klein le 28 septembre à Pont de Bois, "il y a une question d'ego". Certes. Et s'il n'est pas un "journal intime exhibé" - ce à quoi on voudrait trop souvent assimiler les blogs -, mon blog se comprend sur le fonds de ma personnalité, sur le cours de mon histoire. D'où l'intérêt pour le lecteur de savoir qui je suis. Le 28 septembre, dans un bel amphi de Pont de Bois, je me suis présenté comme :

  • Conseiller en Formation continue depuis vingt cinq ans dans le secteur Formation permanente au CUEEP (mots-clés : USTL, bas niveau de qualification, approche territoriale de la formation)

  • Conseiller en Ingénierie de l'Information-Documentation (au CUEEP et à l'ADBS)

  • Formateur en techniques documentaires (mon dada = thésaurus & indexation + travail de l'écriture en documentation - que du ringard quoi !)

  • Musicien amateur (chanteur dans un ensemble vocal, éditeur de partitions, philologue du dimanche pour les textes chantés par l'ensemble [cf. La Bataille de Marignan de Janequin])

  • Citoyen non inféodé, mais sensible à l'importance du respect des droits de l'humain, quels que soient leurs formes et leurs lieux...

Chaque message que je laisse sur le blog s'appuie sur l'une de ces identités-là, quelquefois sur deux ou plusieurs à la fois.
canalblog250Avec l'idée aussi que cette surface éditoriale qui m'est offerte par Canalblog  merci Canalblog ! me permets de donner une seconde vie à des contributions, déjà publiées ou inédites, dont j'ai la faiblesse de penser qu'elles peuvent intéresser des étudiants (en documentation, en sciences de l'information ou en sciences de l'éducation), des professionnels de l'information-documentation ou de l'éducation, des musiciens ou tout simplement des gens curieux de toutes ces choses-là. Il peut alors s'agir de textes déjà publiés ou des textes inédits.

Le caractère perso du blog peut inciter certains de ceux qui ne sont pas en accord avec ce que je dis et qui se sentent viser par ce que j'écris à croire que je "règle mes comptes". Comme si régler ses comptes était infamant et discréditait automatiquement la validité de ce qui est écrit... D'ailleurs, ce que je trouve de très très intéressant avec le format blog, c'est que le lecteur peut "commenter", c'est-à-dire, le cas échéant, contester, approuver, demander etc. Pour l'heure, depuis un an et demi (j'ai ouvert ce blog le lundi 17 mai 2004), je ai eu de l'approbation (un peu, notamment après mon message du mercredi 20 avril, Pensée du travail et Liberté de penser) et surtout de la demande (de partitions). De contestation, aucune. Et c'est bien dommage, car mes propos souvent provocateurs appellent au débat... qui ne vient pas. Peut-être faudrait-il changer de style ? Mais je vous ai dit que ce blog était perso. Et le style, c'est perso, non ?

afp1201Réglement de compte ! Comme si toute notre vie n'était pas un vaste régle- ment de compte, avec nous-même et les autres, avec nos phantasmes et nos obsessions... J'en connais des enseignants-chercheurs qui sont deve- nus ce qu'ils sont pour précisément régler leurs comptes avec leur famille, leur entourage, leur vie d'avant. J'en connais qui ont fait une thèse juste pour prouver qu'ils avaient l'âge d'en faire une, malgré les apparence de l'état civil. Oui, mon travail sur la recherche-action de type stratégique comme méthode d'évaluation a été existentiellement motivé par le senti- ment d'être victime de notables universitaires qui, sous scientificité en trompe l'œil (le professeur Louis Marmoz était plus dur que moi, qui parlait de "recherche interlope" [in Les Sciences de l'Éducation, 1992, 3/4, p.143-150]), ont arrangé leurs petites affaires à trop bon compte (et ce compte-là, ce trop facile arrangement, ce trop bon compte, il faut le régler, c'est sûr !) ! Oui, peut-être bien que, si mon institution n'avait pas couvert les mésactions du trompe-l'œil, cautionnant ainsi la malversation scientifique, je n'aurais jamais écrit cet article... Oui, peut-être bien que si...

Sauf que le travail est là, la réflexion s'est construite en écriture, et l'écriture a été validée par un éditeur. Sauf que, n'en déplaise à quelques notables du savoir étriqués dans leur peau de notables embourgeoisés après avoir tenu haut les banderolles évoquant Mao ou Trotsky (mais c'était il y a longtemps !), je revendique une qualité d'analyse et d'écriture dans cet article publié en 1992 par la très sérieuse revue qui s'adresse aux professionnels du secteur de la formation continue, Actualité de la Formation Permanente, n°120. Qu'on se rassure ! Ce périodique ne prétend pas publier de la recherche, pas plus qu'il n'est pris en compte pour le calcul scientométrique en sciences de l'éducation.

Mon problème essentiel, avec ce blog, c'est que je ne sais pas baudelaire_par_nadarfaire court. Toujours ce besoin de justifier par des arguments... Question de perfectionnisme mal placé peut-être. Je ne peux m'empêcher de relire pour correction, de rajouter des précisions par correction... Question de compétence d'écriture aussi : Charles Baudelaire ne disait-il pas - je ne sais plus où - que le plus difficile, c'était de faire court ?


15 août 2005

Le sous-texte (1)

9782742754373tnJean Duvignaud, Le sous-texte
Actes Sud (Un endroit où aller)

2005, 168p. (paru le 10 mars 2005)

Le sous-texte. Déjà, ce titre m'attire, quand je le lis dans une librairie de la vieille ville de Montluçon. Il évoque d'emblée ces réseaux de sens qui circulent en dessous du discours, évoquant Nietzsche, Foucault et les autres, rappelant mon projet d'herméneutique documentaire d'il y a quelques années !

Et puis DUVIGNAUD, Jean Duvignaud, celui de la revue Arguments, celui de Cause commune, le sociologue de l'art, le romancier, penseur ouvert et généreux, esprit nomade toujours en marche, en quête à peine cachée de l'innommable, comme en écho à Samuel Beckett, en chasse continue du dyspensé [le pensé de travers, pensé avec le mauvais regard, les mauvais mots mais aussi le difficile à penser parce qu'en lisière, à la marge, aux marches du langage], en questionnement systématique de l'évident, de ce qui se déclare comme allant de soi... Bref, un philosophe un vrai !

Ce livre, écrit à La Rochelle en 2004, s'avère une grandiose fontaine de jouvence ! Livre fécond, germinatif : lisant Duvignaud, j'ai le sentiment de devenir plus intelligent, et sens que mon esprit s'aiguise en s'excitant de cette lecture ; lisant Duvignaud, je me souviens de tout ce que je n'ai pas écrit et que j'ai sur le bout des doigts.

Ce livre, né de Sagesse et de Nomadisme, invite au voyage spirituel, à la pérégrination intellectuelle. De la naissance en 1921 (« N'être... ») à la vieillesse d'aujourd'hui (« La suite... - De quoi ? - Le rien »), on parcourt, à vol de pensée, toute une vie d'intelligence et de rencontre, se laissant guider par quelques plis géosophiques de l'auteur, qui nous livre ici un fond de pensée tout en posture, tout en écoute, tout en questionnement - une forme contemporaine de l'ancienne ironie, en quelque sorte. Mais un fond de pensée à la Montaigne, ce que Jean Duvignaud appelle, précisément, le sous-texte de son existence déjà très riche, c'est-à-dire la tentative de dévoiler le non-dit (ensemble d'hypo-thèses dynamiques) de ce qui est arrivé au cours de cette existence nomade sous plus d'un aspect et, Dieu merci !, non close à ce jour.

Sociologue, Jean Duvignaud tente d'élucider la question du nous - famille, groupe, collectif, société - mais en philosophe. Pourquoi pas en sociologue ? Tout simplement parce que la sociologie dédaigne souverainement « cette région de l'être où s'enchevêtrent les rencontres, les affinités, les attentes communes, les plaisirs partagés, les utopies, les erreurs - le sous-texte de l'existence journalière » (p.9).

Le mot "sous-texte", Jean Duvignaud semble l'avoir rencontré en lisant Constantin Stanislavski, grand homme de théâtre russe (1863-1938), notamment metteur en scène de réputation mondiale, qui parle du sous-texte, après Tchékhov (1860-1904), pour désigner ce qui, dans le dire théâtral, n'est pas réductible à ce qui est dit. Mais notre auteur en élargit considérablement la portée, ne l'inscrivant plus seulement dans un espace spécifique déterminé : théâtral (Tchékov-Stanislavski), voire cinématographique (comme on le fait souvent aujourd'hui, par simple transposition à partir de l'emploi originel) ou encore philologique, littéraire, etc., non sans pratiquer parfois un sorte d'amalgame, où se mêlent trop souvent texte, sous-texte proprement dit, intertexte, paratexte... Ici, le sous-texte, proprement dit, est inscrit - c'est-à-dire prend racine et signification - dans l'espace biographique tout entier.

duvignauPhilosophe, Jean Duvignaud nous éclaire, par exemple et comme en passant mais tout au long du voyage, sur la relation si tendue et mouvante entre l'espace et le temps, le premier s'instituant instrument de maîtrise du second, indomptable par essence et pour nous, antique et pur adamas. (Pardon lecteur, mais je ne peux pas ne pas rapprocher cette vision de Duvignaud d'avec l'eschatologie platonicienne, du moins telle qu'elle est imagée dans le mythe d'Er le Pamphylien, à la fin de la République, où se joue aussi l'articulation entre espace et temps.) Sociologue de l'art et de l'artiste, Jean Duvignaud nous place dans un angle de vue d'où l'acte créateur se dénude en sa richesse absolue et son décalage relatif.

Romancier, Jean Duvignaud nous donne à lire une écriture qui ne sacrifie jamais le travail du sens sur l'autel du travail de la langue, comme aurait dit Roland Barthes. Bien au contraire, il en utilise tous les ressorts pour emmener le plus loin possible dans son voyage, à la rencontre des gens et des pensées. Sous chaque mot, derrière chaque expression, se profilent des perspectives, en appui sur des lignes de fuite attestées. Pas un mot de trop, pas une expression gratuite. Ici la belle écriture est totalement maîtrisée. Duvignaud me fait penser à Josquin Despréz dont Martin Luther disait qu'il était le Maître des notes, car il en faisait ce qu'il voulait, alors que les autres faisaient ce que les notes voulaient (Josquin […] ist der noten meister, die habens müssen machen, wie er wolt ; die anderen Sangmeister müssen machen, wie es die noten haben wöllen). Ainsi Duvignaud est Maître des mots et ne se laisse pas facilement prendre dans les rets du langage, comme aurait dit Nietzsche. D'autres souvent se font ainsi prendre dans les filets du langage, dans les pièges que l'idéologie nous tend continuellement...

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Pages 64-74, un chapitre intitulé simplement « Progrès », des pages comme j'aime en lire car elles font réfléchir, parsemant le texte de questions, reliant le thème à l'ensemble d'une réflexion large et profonde... Voici l'ouverture :

« Tout est calme... transformation graduelle du moins bien vers le mieux, et demain sera plus heureux qu'hier. Nous sommes en marche vers... vers quoi ? La réconciliation de l'homme et de la nature ? Le bonheur pour tous ? Le bonheur et la paix universelle ? Qu'importe ! Un incoercible mouvement nous emporte qui surmonte une multitude d'obstacles. »

Suivent une dizaine de pages qui invitent à une authentique réflexion, libérée des carcans dont les scholastiques - l'ancienne comme la moderne - ont balisé les voies, stérilisant au passage - mais n'était-ce vraiment qu'un effet collatéral ? - les voix de l'imaginaire et de la trouvaille intellectuelle. Peu importe qui est convoqué au long de ces pages - il y a du monde ! Ce qui compte ici, c'est le cheminement d'une pensée questionnante, mûre et sûre.

Je ne résumerai pas ici ce cheminement. À toi de lire, lecteur assoiffé, en quête d'une fontaine distribuant sans compter une eau germinale et fécondante ! Juste une confidence cependant : incidemment, évoquant l'impossible rencontre londonienne entre Darwin et Marx - impossible parce que le premier ne voulut pas recevoir le second -, Duvignaud note ceci :

« On eût aimé savoir ce que pouvaient se dire ces deux grands barbus sur les déambulations des formes de la vie dans l'histoire - et sur le progrès...

« N'étaient-ils pas l'un et l'autre engoncés dans la certitude d'un engendrement de toute novation, de tout événement, dans le temps? d'une causalité interminable dont chaque étape est une conquête, une amélioration? Ainsi désigne-t-on la découverte des instruments mobilisateurs du progrès et les lieux d'où partiraient ces mutations, voire les groupes, - les "races" - qui en seraient les inventeurs pour l'un, les parties soumises et travailleuses d'un peuple pour le second? Et tous les deux saisis par l'évidence que ces moments prépareraient l'irruption d'un nouveau - eschatologie où l'on renifle l'odeur des mirages théologiques. »

Ces deux alinéas pointent une part du sous-texte idéologique que j'ai toujours intuitivement subodorée : cette "odeur" théologique, comme dit si bien Duvignaud, derrière les masques de la science, et notamment des sciences dites humaines...

brune« De l'idéologie aujourd'hui... », c'est le titre de l'article que François BRUNE, philosophe personnaliste, publia en août 1996 dans Le Monde diplomatique. C'est devenu depuis celui d'un ouvrage paru au mois de mars 2004 aux éditions de L'Aventurine. L'ouvrage s'ouvre sur une nouvelle version de l'article en question. Suivent d'autres contributions. Objectif de l'ensemble : débusquer l'idéologie là où elle prétend précisément n'être pas... Bref, remettre les pendules à l'heure. Salutairement. Des pages comme j'aime en conseiller à lire car elles éclairent l'emploi du langage quotidien...

Le progrès apparaît dans ce texte comme un mot d'ordre incantatoire, relevant d'une mythologie imposée :

« Le progrès est, certes, une réalité ; il est aussi une idéologie. Le simple proverbe "on n'arrête pas le progrès" est un principe de soumission cent fois répété ; c'est aussi une prescription quotidienne : chacun doit progresser, changer, évoluer. Voici par exemple la question que pose un journaliste à un animateur de radio : "Vous faites aujourd'hui trois millions d'auditeurs, comment comptez-vous progresser ?" Mais pourquoi faudrait-il faire davantage d'auditeurs ? C'est que, le progrès devant être mesuré, il est le plus souvent d'ordre quantitatif. Cette obsession est sans doute à l'origine de la savoureuse expression "croissance négative" ; un recul de la production économique étant impensable, on a voulu n'y voir qu'une forme subtile de croissance. Il faut croître.

« En corrélation, la grande angoisse est d'être en retard : en retard d'une invention, en retard d'un pourcentage, en retard d'une consommation ! Ecoutez ces nouvelles alarmantes : "Par rapport aux autres nations industrielles, les ménages français sont en retard en matière d'équipement micro-informatique !", "La France est en retard en matière de publicité, si l'on considère la part du PIB que nous y consacrons par tête d'habitant !" Les médias adorent cultiver le chantage du retard, forme inversée, de l'idéologie du progrès.

« Proches du "progrès", les mots "évolution" ou "changement" bénéficient d'un a priori positif. Le changement est une réalité : c'est aussi une idéologie. "Français, comme vous avez changé !", titre un hebdomadaire pour accrocher les lecteurs [L'Express, 2 janvier 1996] : c'est forcément un progrès puisque c'est un changement. En quoi le Français a-t-il changé ? En ce qu'il serait devenu plus proche de l'"être" que du "paraître" ! Ce type d'analyse, issu de sondages artificiels, est l'exemple même du faux événement sociologique : il faut du changement, il faut que notre société "bouge", il faut de l'évolution, qui est immanquablement amélioration. C'est cela, notre époque. »

On notera quelques similitudes entre François Brune et Jean Duvignaud, notamment la capacité à mettre en question ce qui semble acquis, ce qui est réputé aller de soi ; notamment aussi cette exigence d'une sociologie authentique...

Placé dans son contexte, le mythe du progrès n'est que l'un de ces "complexes idéologiques" dont la vocation semble consister à brouiller l'esprit d'analyse sociopolitique des citoyens. Voici le condensé (au sens documentaire du mot) de l'article :

Il n'y a plus d'idéologie, dit-on. Il n'y a même plus à penser : le réel s'impose, tel le fait de la globalisation ou celui de la mondialisation ! Quatre grands « complexes idéologiques » fonctionnent ainsi dans le discours ambiant. Le mythe du progrès, tout d'abord, (avec son corrélat nécessaire, la peur du retard) cultive une fausse sociologie du changement. Le primat du technique, ensuite, détournant des questions fondamentales, en occultant le pourquoi par le comment, donne aux technocrates un poids tout dictatorial. C'est ainsi que l'idée d'autoroute s'impose, que l'image de la vitesse envahit tous les discours. Puis le dogme de la communication qui véhicule de nombreux mots à forte charge idéologique et que la télévision entretient pour mieux faire illusion. La religion de l'époque, enfin, qui sacrifie tout à la « modernité », dans une mise en scène d'autant plus efficace qu'elle est artificielle. C'est ainsi que la publicité envahit notre vie et que la « société de consommation » prospère toujours davantage. Quand, au gré d'une explosion sociale, l'un de ces complexes défaille, les autres viennent à la rescousse, pour mieux brouiller l'analyse critique que le citoyen pourrait entreprendre des « réalités » qu'on lui impose. Bafouant l'expérience la plus commune, ce brouillage oblige à une double pensée, au risque d'une schizophrénie collective.

Cette tentative d'imposer une schizophrénie collective, je l'ai déjà rencontrée en d'autres lieux et sous d'autres situations. Il s'agit de la thématique de l'analyse des besoins de formation, des besoins dits "objectifs" de formation, et de l'un de ses avatars, je veux parler de la doctrine de l'incitation - doctrine de l'accrochage, comme on dit outre Quiévrain - en Action Collective de Formation.

Il y aurait, dit-on, le niveau subjectif des besoins de formation, et il y aurait leur niveau objectif. J'ai toujours été prudent dans la manipulation de cette dichotomie objectif/subjectif, qui semble pouvoir être ici superposée à une autre dichotomie importante, celle qui distingue besoin et demande.

L'idée est simple et forte dans sa simplicité même : les gens qui ont le plus besoin de formation ne perçoivent pas ce dont ils ont besoin, parce que leur conditions matérielles de vie les en empêchent.

Prenons l'exemple des femmes de mineurs du bassin minier lensois où j'ai travaillé dix années (Action Collective de Formation de Sallaumines-Noyelles-sous-Lens, 1978-1988). Ces femmes souhaitent majoritairement apprendre à confectionner et réparer des vêtements, plutôt que suivre des formations en expression écrite et orale, en langues étrangères, en "monde actuel", en sociologie, etc. La motivation de ces femmes à suivre des cours de coupe et couture semblent relever à la fois de la sociabilité (entre nous, femmes de mineurs) et de l'économie domestique (faire avec art plutôt qu'acheter tout fait, voire mal fait)... Sauf que les "autorités politico-scientifiques" ne l'entendent pas de cette oreille : ces femmes se trompent et il convient de les mettre dans le bon chemin. Elles ne se trompent pas parce qu'elles sont mauvaises ou bêtes, elles se trompent parce qu'elles ne voient pas leur propre intérêt de classe, elles ne perçoivent pas ce dont elles ont objectivement besoin pour s'émanciper du rôle que la "société bourgeoise" leur a assigné une fois pour toutes ; bref, elles se trompent parce qu'elles n'ont pas conscience du sens de l'histoire de notre société de classe, qu’elles n’ont pas conscience de la fatalité de leur propre progrès. Et cette erreur repose sur la confusion entre demande et besoin, entre deux niveaux du besoin de formation, le niveau subjectif (ce qu'exprime ma conscience immédiate comme besoin de formation) et niveau objectif (ce que détermine l'analyse scientifique de l'histoire de la société comme besoin de formation)... Qu'à cela ne tienne, conscientisons-les, proposent les autorités politico-scientifiques ! Las, ces femmes ne sont pas forcément prêtes à entendre le discours conscientisateur. Qu'à cela ne tienne, incitons-les, accrochons-les pour les conscientiser malgré elles, proposent les mêmes autorités ! L'idée est la suivante : vous offrez une formation qui réponde au besoin subjectif de formation et glissez dans cette réponse des éléments qui satisfassent le besoin objectif de formation et incitent ces femmes à reconnaître ce besoin-là, c'est-à-dire ce besoin qu'elles ne reconnaissent pas comme leur en ce moment et qui est objectivement leur vrai besoin. 

Ce qui m'intéresse, ici, ce n'est pas de juger de la pertinence ou de la validité scientifique d'une telle démarche. Laissons ses promoteurs mettre en avant leurs arguments. Il vous suffira de lire la production de quelqu'un comme Paul Demunter et de ses étudiants ou épigones. Peut-être un jour vous proposerai-je un exposé de ces arguments, une présentation claire de leur bien-fondé et les objections qu'on peut leur opposer... Non ce qui m'intéresse dans cette histoire, c'est la structure de la manipulation sociale, qui consiste à dire aux gens que ce qu'ils voient n'est pas la réalité et que la réalité n'est visible que par des initiés. Chez Platon, l'initié est le philosophe (la fameuse allégorie de la caverne) ; chez Saint Paul, c'est le croyant ; chez Demunter, le travailleur social lui-même conscientisé ; etc. L'archétype de ce type de manœuvre - que l'on trouve donc tout à la fois dans la philosophie grecque ancienne, dans l'un de ses avatars que constitue la doctrine paulinienne de l'Église chrétienne, et dans la théorie de la conscientisation salvatrice -, on doit pouvoir le trouver ailleurs, en des régions de l'humaine pensée habilitées elles aussi à entretenir cet archétype, dont Platon, Saint Paul, Demunter ne sont que dépositaires remarquables.

N'y a-t-il pas dans ce type de manœuvre une formidable violence symbolique ?
Quand la violence n'est plus symbolique mais directement économique, cela donne tous ces produits de la technique du marketing et de la publicité commerciale. Quand la violence n'est plus symbolique mais psychologique et physique, cela donne, par exemple, L'aveu de Costa Gavras...

Ce qui me pousse à parler de tout ça à la suite de l'évocation de François Brune, c'est que, tout comme le travail du mythe-idéologie que Brune met à nu, le travail de l'idéologie de l'incitation en ACF tel que je le décris produit de la schizophrénie collective... C'est peut-être aussi que rien de ce qui concerne l'Action Collective de Formation, et plus globalement le CUEEP, ne m'est indifférent ; et que le CUEEP traverse ces temps-ci de fortes turbulences qui menacent son existence, sinon son âme et son identité.

À suivre


7 août 2005

Quand j'étais jeune...

satieVers 1916, en plein première guerre mondiale,
Satie
aurait dit ou écrit :

Quand j'étais jeune, on me disait :
Vous verrez quand vous aurez cinquante ans.
- J'ai cinquante ans, et je n'ai rien vu.

Et moi, qui viens de dépasser la quarantaine,
moi qui suis né en l'An X après Hiroshima-Nagasaki,
qu'ai-je vu ?


29 mars 2005

Ils croyaient dire le réel...

    

Ils croyaient dire le réel.
Ils ne faisaient qu'asséner des jugements de valeur.
Mieux, ils colportaient des rumeurs qui les arrangeaient bien.

Je ne sais plus où j'ai lu quelque chose comme ça... Quelqu'un aurait-il une idée ? Merci de me dire...



 

16 mars 2005

Un événement artistique autour du travail, à Roubaix

    
Communiqué de presse
Roubaix, le15 Mars 2005
2ème Festival du 1er Mai à l’église Saint-Joseph de Roubaix :
un événement artistique autour du travail

Forte du succès du premier Festival du travail en 2004, l’association des Compagnons de l’Eglise St Joseph de Roubaix récidive le 1er mai 2005. Un jour tout indiqué pour cet événement sur le thème du travail. Dans le cadre exceptionnel de l’église classée aux monuments historiques, musiciens, chanteurs, calligraphes, potiers, artisans vitrail… se prêteront à de nombreuses animations. Un moment de découverte et d’échange unique, qui prend sa place sur la métropole lilloise.

A l’initiative de l’association des Compagnons de l’Eglise St Joseph de Roubaix, en partenariat avec l’équipe de la paroisse, l’architecture et le décor de cette église remarquable à Roubaix, seront à nouveau le 1er mai prochain le théâtre d’une rencontre singulière entre artistes, associations et acteurs du monde du travail.

Dans ce lieu remarquable qui porte l’empreinte d’artistes de renom depuis 1876, des musiciens, chanteurs, calligraphes, potiers, artisans vitrail… et animateurs associatifs joueront les passeurs de traditions artistiques, parfois méconnues, et les témoins du monde du travail actuel.

Le programme de ce Festival 2005 prévoit une première partie à partir de 14h30 avec spectacles et concerts :
Une pièce de marionnettes, réalisée en collaboration avec le Théâtre Louis Richard, mettra en scène le marché des « noirtes femmes » où des figures du quartier de l’Alma réagiront à une rumeur de fermeture du marché… Un temps fort du Festival. Nicolas Daquin chantera Roubaix accompagné par Myriam Chouit à l’accordéon. Un concert gospel mettra à l’honneur la grande tradition vocale et musicale des esclaves noirs américains.

La deuxième partie à partir de 16h00 proposera plusieurs expositions et animations tous publics :
Démonstrations et initiations aux métiers d’art (vitrail, calligraphie, sculpture sur clou, poterie) et autour du tissu (exposition de créations cap-verdiennes, ukrainiennes…). Invitation à échanger sur le travail « autrement » avec l’association Elis et l’épicerie solidaire, et sur la santé au travail.

Le Festival verra l’aboutissement d’ateliers de pratique artistique proposés aux Roubaisiens : le vitrail et le théâtre.

Le 1er mai à Saint Joseph poursuit ainsi sa vocation d’échanges humains, culturels et artistiques, saluée par près de  1.000 visiteurs venus à sa première édition en 2004.

Festival du 1er mai à Saint Joseph [1ermai.pdf]
Où ? Eglise St Joseph - 125, rue de France à Roubaix (accès par voie rapide : sortie Mercure)
Quand ? Le 1er mai 2005 à partir de 14h30.
Concerts et spectacles : 5€ la place (en vente sur place)
Expositions et animations : en accès libre

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L’Église Saint Joseph en quelques dates
1876 :  première pierre
1878 : consécration de l’église
1889 : vitrail nord du rosaire, médaille d’Or
à l’exposition universelle de Paris
1993 : classement aux monuments historiques
2003 : création de l’association de sauvegarde.

Contact presse :
Véronique Lenglet
Tél : 06 68 60 39 79



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