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BRICH59
24 septembre 2008

les oxymores sont de retour !

Mais ont-ils jamais disparus ? En tous cas, ça va fort ces temps-ci : les oxymores sont cachés, mais on les voit très bien si on creuse un peu.

Titre des Échos.fr de ce 24 septembre 2008 :
Crise : Sarkozy appelle à punir les responsables du «désastre»
· Le chef de l'Etat demande la tenue d'un sommet du G8 élargi d'ici à la fin de l'année et insiste pour « reconstruire un capitalisme régulé » ·

Punir les responsables du désastre ! La belle affaire ! De l'auto-flagellation publique du libéralisme ! On se marre : c'est pour de rire bien sûr...

Car enfin, si l'on est libéral, voire ultralibéral comme notre bon roi d'Maubeuge, ils ont fait quoi les "fautifs" ? Ils ont juste cherché à gagner du flouze sur le dos de ceux qui n'en ont pas. Pas de quoi fouetter un chat ! Juste de quoi les sermonner pour leur rappeler que la règle veut qu'on ne se fasse pas prendre ! Non ? Sinon business is business. Pourquoi vouloir à tout prix moraliser tout ça ? Il n'y a que quelques philosophes perdus dans les allées du patronat et/ou de la politique bling-bling pour vouloir prouver la moralité du capitalisme, voire pour l'exempter, en tout bien tout honneur cela va de soi, de l'obligation morale (le capitalisme serait au niveau de la technique - la seule technique économique possible -, donc hors d'atteinte de la pensée morale ! Cher Comte-Sponville, qui fut nommé en mars dernier, par le président Nicolas Sarkozy, membre du Comité consultatif national d'éthique !).

Kirkcaldy_High_Street_Adam_Smith_PlaqueMoi, qui ne suis pas libéral, juste épris de liberté (de la liberté-avec les autres et pas de la liberté-contre les autres), je demande une seule chose : mais où est donc passé l'invisible main d'Adam Smith ? Faut-il que notre roi d'Maubeuge intervienne en clameurs pour qu'elle se manifeste ? Faut-il que l'ultra-ultra-libéral Bush nationalise pour qu'elle s'exprime ? Etc. Vous avouerez qu'il y a de quoi frémir !

C'est là où est l'oxymore, un oxymore de fait : notre roi ultralibéral veut réguler, voire moraliser le fonctionnement du capitalisme. C'est bien sûr du pipeau de la plus belle espèce. Quand on cause bien, on appelle ça de la rhétorique politique : les véritables enjeux de ce discours relèvent d'autre chose que de ce que dit ce discours - dont l'efficacité se mesurera par exemple à la nouvelle considération dont jouira notre bon roi d'Maubeuge sur le plan international, ou encore à la mise hors de cause du capitalisme en tant que tel dans cette affaire, etc.

Bush, lui, est clair : il faut sauver le capitalisme financier. L'État, que le capitalisme ultralibéral ne veut pas voir intervenir dans ses affaires, tend une main secourable au capitalisme ultralibéral en train de se moyer... Bush n'a pas bouger il y a plus d'un an, quand des milliers de familles américaines se sont retrouvées spoliées par les banques, jetées dans la rue et la misère. Maintenant que ce sont les banques qui se noyent, le libéralisme US, grand frère de tous les libéralismes, intervient.

Bref, la main invisible du marché est comme une divinité qui se manifeste comme elle veut et quand elle veut, notre roi d'Maubeuge qui causait hier, Bush qui nationalise l'autre jour, etc. Ah elle est belle, la main invisible ! Et puis elle est forte ! Elle contraint les ultralibéraux à faire des choses qu'ils n'avaient pas vraiment prévues. Comme disait Adam, l’individu est conduit par une main invisible à remplir une fin qui n’entre nullement dans ses intentions (Richesse des nations, IV.2) !

Le même Adam - qui commença sa carrière comme professeur de logique - disait aussi, parlant des étoiles et autres corps célestes comme on disait à l'époque, que la philosophie, en exposant les chaînes invisibles qui lient tous ces objets isolés, s’efforce de mettre l’ordre dans ce chaos d’apparences discordantes, d’apaiser le tumulte de l’imagination, et de lui rendre, en s’occupant des grandes révolutions de l’univers, ce calme et cette tranquillité qui lui plaisent et qui sont assortis à sa nature (dans son Histoire de l’Astronomie).
Ne devrait-on pas transposer cette apologie de la philosophie à la politique et ses objets rhétoriques ? Le chaos y est trop visible et fait tourner la tête des électeurs ! Non ?


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