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BRICH59
20 janvier 2006

De l'esprit d'entreprise (5)

suite de ...

Plusieurs remarques (très personnelles) s'imposent.


Stratégie européenne pour l'emploi

La stratégie institue une coordination permanente des politiques de l'emploi des États membres par les lignes directrices pour l'emploi, qui sont rassemblées en quatre thèmes communs ou piliers:

  • Aptitude à l'emploi - Aider aussi bien les travailleurs que les sans-emploi à développer les compétences adéquates.

  • Esprit d'entreprise - Faciliter le démarrage et la gestion d'une entreprise, et permettre d'y employer plus facilement du personnel.

  • Adaptabilité - Élaborer de nouvelles compétences et façons de travailler dans un monde en mutation rapide.

  • Égalité des chances - Égalité d'accès à l'emploi pour chacun, aider à concilier vie professionnelle et familiale

Le cycle annuel de mise en oeuvre et de suivi des politiques nationales de l'emploi a été baptisé "processus de Luxembourg", car c'est au sommet sur l'emploi de Luxembourg en 1997 que les procédures ont été adoptées.


La panoplie des compétences clés a pour fonction de systématiser, de recentrer des énumérations de compétences existantes ici ou là, de redire, de façon plus serrée, à un endroit topique (quelque chose comme une base universelle et incontestable de discussion) ce qui se dit déjà dans l'éparpillement d'ailleurs identifiés...
Le tout sur un ton hyper-prescriptif : cf. "La recommandation proposée définit les compétences clés nécessaires à tous les citoyens dans l'économie et la société basées sur la connaissance. Elle reconnaît qu'il est préférable que les dispositions d'application soient prises au niveau national, régional et/ou local. Elle appelle les États membres à veiller à ce que tous les élèves aient acquis les compétences clés au terme de la période obligatoire d’enseignement et de formation et les encourage, à la lumière des critères de référence européens, à lutter contre les inégalités dans l’éducation. S'agissant des adultes, la recommandation appelle à la création d'importantes infrastructures en collaboration avec toutes les parties prenantes."


L'intégration de l'apprendre à apprendre montrerait qu'on parle en fait des compétences qui font l'autonomie de la personne... mais cf. ce qui suit au sujet de l'esprit d'entreprise.


Quand la commission ajoute à la panoplie l'esprit d'entreprise (ajout datant du Conseil de Lisbonne), il est légitime d'y voir une percée du discours libéral [esprit d'entreprise -> liberté d'entreprendre -> libéralisme], qui tente par tous les moyens de faire porter aux individus exclus ou en difficultés sociales la responsabilité de leur exclusion ou de leurs difficultés... Ce qui n'empêche pas (ou d'autant plus) que les gens de la Commission reconnaissent que "les personnes faiblement qualifiées sont moins susceptibles de participer à des formations" et qu'il est "donc plus difficile d'aider ceux qui en ont le plus besoin".


Il y aurait à gloser sur l'idée que l'esprit d'entreprise serait une "nouvelle compétence nécessaire dans une société de la connaissance"... ; souvenons-nous d'une certaine phrase de premier ministre français d'il y a trente ans !


Plus sérieusement, cf. les textes de Christian Laval, auteur de L’école n’est pas une entreprise (La Découverte, Paris, 2003) notamment, mais aussi d'une contribution dans Le Monde Diplomatique...


Les compétences clés se comprennent bien - même si cela n'est pas toujours explicite - en termes de "besoins professionnels", besoins pour le (bon) fonctionnement de l'économie européenne, l'éducation devant travailler (prioritairement ?) à la satisfaction de ces besoins. Vieux débats...


En termes de modèle socio-anthropologique, on est encore dans un humanisme à la Bertrand Schwartz, d'une part par le parti pris affiché de maintenir la globalité (cf. par exemple lorsque la Commission affirme que les inégalités dans l’éducation résultent souvent de la conjonction de circonstances personnelles, sociales, culturelles et économiques, et doivent être abordées en collaboration avec d'autres secteurs), d'autre part par la mise en avant de la finalité citoyenne et autonomisante de l'éducation.


Côté réalisation formation, un chantier pédagogique et d'ingénierie sur la base d'un tel échaffaudage conceptuel (pas forcément stable intrinsèquement) appelle une pratique serrée de large partenariat régional au sens large (y compris transfrontalier - cf. dynamique type EQUAL), mais aussi intersectoriel (formation continue + formation initiale + travail social + SPE + etc.).


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