Je ne sais pas si le verbe 'bloguer'
est très correct, mais je l'emploie. Il dit bien ce qu'il veut dire.
Bloguer, c'est, peut-être tout simplement, tenir un journal sur le web.
Le mercredi 28 septembre, Éric delcroix m'avait invité à la manifestation Blogs en Nord, qu'il organisait avec Lille3 (merci Éric pour cet après-midi là). La veille, j'écrivais dans cette colonne :
« Ce soir, je sais à
quoi ça sert un blog : ça sert à râler, à râler en écriture, c'est-à-dire à râler structuré,
si je peux me permettre cette drôle d'expression. Ce soir, malgré la
fatigue, je râle ! ». Alors j'ai râlé contre des comportements
ministériels pour le moins douteux voire scabreux... Après coup, j'ai
vu que d'autres que moi avaient râlé de la sorte. Certains avec beaucoup
plus de pertinence et d'humour que moi, d'ailleurs.
Bref, un blog,
ça peut servir à râler en public... Mais il n'y a heureusement pas que
ça. De nombreux blogs sont en fait nés de la volonté de partager une
passion, un goût, un désir. Et sous cet aspect-là, les blogs
d'aujourd'hui sont un peu comme les pages personnelles d'hier. La
différence immédiatement visible, c'est que le blog est forcément
d'abord structuré chronologiquement... d'où ce côté "journal". Je
passerais volontiers des heures à fouiller, à visiter, à contempler
tous ces temples des passions ordinaires... passions des gens, d'untel
et d'untel...
Ce blog est bien un BLOG PERSO. Derrière chaque blog, disait Thierry Klein le 28 septembre à Pont de Bois, "il y a une question d'ego". Certes. Et s'il
n'est pas un "journal intime exhibé" - ce à quoi on voudrait
trop souvent assimiler les blogs -, mon blog se comprend sur le fonds de ma personnalité, sur le cours de mon
histoire. D'où
l'intérêt pour le lecteur de savoir qui je suis. Le 28 septembre, dans
un bel amphi de Pont de Bois, je me suis présenté comme :
Conseiller en Formation continue
depuis vingt cinq ans dans le secteur Formation permanente au CUEEP
(mots-clés : USTL, bas niveau de qualification, approche territoriale
de la formation)
Conseiller en Ingénierie de l'Information-Documentation (au CUEEP et à l'ADBS)
Formateur en techniques documentaires (mon dada = thésaurus & indexation + travail de l'écriture en documentation - que du ringard quoi !)
Musicien amateur (chanteur dans un ensemble vocal, éditeur de partitions, philologue du dimanche pour les textes chantés par l'ensemble [cf. La Bataille de Marignan de Janequin])
Citoyen non inféodé, mais sensible à l'importance du respect des droits de l'humain, quels que soient leurs formes et leurs lieux...
Chaque message que je laisse sur le blog s'appuie sur l'une de ces identités-là, quelquefois sur deux ou plusieurs à la fois.
Avec
l'idée aussi que cette surface éditoriale qui m'est offerte par
Canalblog merci Canalblog ! me permets de donner une seconde vie à
des contributions, déjà publiées ou inédites, dont j'ai la faiblesse de
penser qu'elles peuvent intéresser des
étudiants (en documentation, en sciences de l'information ou en sciences de l'éducation), des
professionnels de l'information-documentation ou de l'éducation, des musiciens ou
tout simplement des gens curieux de toutes ces choses-là. Il
peut alors s'agir de textes déjà publiés ou des textes inédits.
Le caractère
perso du blog peut inciter certains de ceux qui ne sont pas en accord
avec ce que je dis et qui se sentent viser par ce que j'écris à croire
que je "règle mes comptes". Comme si régler ses
comptes était infamant et discréditait automatiquement la validité de
ce qui est écrit... D'ailleurs, ce que je trouve de très très
intéressant avec le format blog, c'est que le lecteur peut "commenter",
c'est-à-dire, le cas échéant, contester, approuver, demander etc. Pour
l'heure, depuis un an et demi (j'ai ouvert ce blog le lundi 17 mai
2004), je ai eu de l'approbation (un peu, notamment après mon
message du mercredi 20 avril, Pensée du travail et Liberté de penser)
et surtout de la demande (de partitions). De contestation, aucune. Et
c'est bien dommage, car mes propos souvent provocateurs appellent au
débat... qui ne vient pas. Peut-être faudrait-il changer de style ?
Mais je vous ai dit que ce blog était perso. Et le style, c'est perso,
non ?
Réglement de compte ! Comme si toute
notre vie n'était pas un
vaste régle- ment de compte, avec nous-même et les autres, avec nos
phantasmes et nos obsessions... J'en connais des enseignants-chercheurs
qui sont deve- nus ce qu'ils sont pour précisément régler leurs comptes
avec leur famille, leur entourage, leur vie d'avant. J'en connais qui
ont fait une thèse juste pour prouver qu'ils avaient l'âge d'en faire une,
malgré les apparence de l'état civil. Oui,
mon travail sur la recherche-action de type stratégique comme méthode
d'évaluation a été existentiellement motivé par le senti- ment d'être
victime de notables universitaires qui, sous scientificité en trompe l'œil (le professeur Louis Marmoz était plus dur que moi, qui parlait de "recherche interlope" [in Les Sciences de l'Éducation, 1992, 3/4, p.143-150]),
ont arrangé leurs petites affaires à trop bon compte (et ce compte-là,
ce trop facile arrangement, ce trop bon compte, il faut le régler,
c'est sûr !) ! Oui, peut-être
bien que, si mon institution n'avait pas couvert les mésactions du
trompe-l'œil, cautionnant ainsi la malversation scientifique, je n'aurais jamais écrit cet
article... Oui, peut-être bien que si...
Sauf que le travail est là, la
réflexion s'est construite en écriture,
et l'écriture a été validée par un éditeur. Sauf que, n'en déplaise à
quelques notables du savoir étriqués dans leur peau de notables
embourgeoisés après avoir tenu haut les banderolles évoquant Mao ou
Trotsky (mais c'était il y a longtemps !), je
revendique une
qualité d'analyse et d'écriture dans cet article publié en 1992 par la
très sérieuse revue qui s'adresse aux professionnels du secteur de la
formation continue, Actualité de la Formation Permanente,
n°120. Qu'on se rassure ! Ce périodique ne prétend pas publier de la
recherche, pas plus qu'il n'est pris en compte pour le calcul
scientométrique en sciences de l'éducation.
Mon problème essentiel, avec ce blog, c'est que je ne sais pas faire
court. Toujours ce besoin de justifier par des arguments... Question de
perfectionnisme mal placé peut-être. Je ne peux m'empêcher de relire
pour correction, de rajouter des précisions par correction... Question
de
compétence d'écriture aussi : Charles Baudelaire ne disait-il pas - je ne sais plus où - que le plus
difficile, c'était de faire court ?