Le Nouvel Observateur de ce jour titre sur Les diplômes qui donnent du travail, comme si le diplôme donnait du travail, la formation récompensée par un diplôme pouvait donner quoi que ce soit en matière de travail, hormis les emplois d'enseignants et autres boulots liés au fonctionnement même de la formation !
Non aucun diplôme ne donne du travail !
Tout juste le diplôme aide-t-il son détenteur à se mieux placer dans la file d'attente de la recherche d'emploi (la lutte des places, comme disait l'autre, est ici à l'œuvre). C'est bien l'emploi qui donne du travail. Tout simplement. C'est-à-dire que ce sont les patrons qui, offrant des emplois, donnent du travail. Après, en dernière instance, ce sont les propriétaires des outils de production qui décident des emplois à offrir et à supprimer. Fonds de pensions et autres funestes capitalisteries...
Pourquoi donc les journalistes, de quelque bord idéologique qu'ils s'affichent, perpétuent-ils cette vaste illusion que la formation et/ou le diplôme donne du travail, si ce n'est pour culpabiliser les chômeurs, pour les contraindre à internaliser la responsabilité du chômage - ce que le petit moyen grand capital s'évertue à faire depuis des lustres voire des siècles. C'est pour moi la seule explication possible. L'autre hypothèse consisterait à voir dans les journalistes des gens de peu de réflexion - ce que je ne veux pas imaginer un seul instant !
Le diplôme comme atout pour ramasser le premier la miette d'emploi que le capital jette trop généreusement dans la mêlée où, très concrètement, se disputent les demandeurs d'emploi - dispute qui les occupe et les empêche de revendiquer la simple justice sociale etc.
La lutte des places a ceci de capitalistiquement vertueux qu'elle hypothèque l'hypothèse même de lutte de classes : les gueux se battent entre eux ; les non-gueux sont peinards !
Est-ce vraiment là le souhait de l'équipe rédactionnelle du Nouvel Observateur ?