Évaluer ou prescrire, il faut choisir !
Une évaluation ne peut être conduite par ceux qui font en même temps de la prescription, a proclamé Vincent Peillon installant le CNESCO (Conseil national d'évaluation du système scolaire) hier, mardi 28 janvier 2014, à Paris. Cette instance sera indépendante, là où la DEPP (Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance) était un service du Ministère de l'Éducation nationale...
Si tant est que le CNESCO a des chances de rester authentiquement indépendant, on ne peut que saluer l'initiative du ministre. Qui a oublié l'usage désastreux, dégoulinant de communication politicarde, que le précédent ministre faisait de la DEPP et de l'inspection générale ? Rapports planqués sous le tapis quand aucun "élément de langage" de pouvait les tordre dans le sens du poil sarkozien etc.
Ceci dit, cette pratique chatelo-sarkozienne de l'évaluateur-prescripteur n'est pas l'apanage de la droite réactionnaire. J'ai connu, il y a certes longtemps, de tels agissements commis par la gauche d'avant-garde. C'était au début des années quatre-vingt-dix et ça s'appelait recherche-action de type stratégique. La stratégie n'était en l'occurrence possible que grâce à une confusion des rôles en règle, où le prescripteur de l'action évaluée, le prescripteur de l'évaluation et l'évaluateur étaient, en dernière analyse, concentrés dans la même instance. Rien que ça ! Tellement gros que j'en avais publié un article dans Actualité de la formation permanente (n°120, Septembre-Octobre 1992 (p.103-119) - qui en a malgré tout surpris plus d'un !