Ci-devant citoyen Machin
Ci-devant citoyen Machin,
Holà ! Cessez de geindre !
A la machine qui tranche
Nous irons gaiement
Tous ensemble,
A la machine qui tranche
Le cou !
Ci-devant citoyen Machin,
Holà ! Cessez de geindre !
A la machine qui tranche
Nous irons gaiement
Tous ensemble,
A la machine qui tranche
Le cou !
Pourquoi ta vie serait-elle
Redistribuable à l'infini ?
Ignorer la mort serait-il
Si doux à ton sort ?
Croire au néant
Immonde et vide
Limitera tes déboires,
Lorsque l'amour
Arraisonnera ton espoir.
Si jamais la vie devait
Ignorer et l'âge et le temps,
Mon fils, tu pourrais
Oublier et ton père et ta mère,
Nonobstant ta propre vie.
Falbala l'avait dit :
A qui trop prétend,
Bien lui faut !
Innocent que je suis,
Ensorcelé par moi-même,
Nigaud de première,
Niais de la dernière,
Enfant quinquagénaire.
Fatalement nécessaire,
Aimablement dérisoire,
Brise mon cœur,
Inocule ton venin !
Et passe ton chemin,
Navigante au long court,
N'aimant rien moins que moi,
Emmène mon âme. Amen.
Faubourienne infréquentable,
Abris de mes langueurs,
Bienfaisante madone,
Indéfinissable étoile,
Es-tu sourde ?
N'entends-tu pas gémir,
Ne vois-tu pas ce cœur trop vieux
Et trop bien fané ?
Fantastiquement éblouissante
Amoureusement naïf
Benoîtement nerveux
Incommensurablement extrême
Extrêmement incommensurable
Nerveusement benoît
Naïvement amoureux
Eblouissamment fantastique
Fatigué de n'avoir jamais pu
Approcher ton âme, je m'use
Bêtement au sentiment râpeux,
Inconscient de l'éminent danger
Embusqué là,
Niant le risque,
Niant la chance,
Embarqué malgré moi.
Coller à la vie comme la vie
A la mort.
Revoir la peur en
Invitant la mort.
Nier la vie
En vivant la mort.