Rhétorique abusive
Ce matin, le Canard enchaîné a décerné une noix d'honneur à Jean-François COPÉ pour ce qu'il a dit sur France-Info avant-hier : "La baisse de la dette, vous le savez sans doute, depuis maintenant trois ans, elle baisse de manière très importante."
La noix d'honneur est ici décernée parce que le sous-ministre mentirait effrontément : loin d'avoir baissée, la dette a monté, de 55% à 66% du PIB !
Que Monsieur le Sous-Ministre mérite une noix d'honneur, cela ne fait pas l'ombre d'un doute. Mais sa noix d'honneur, il la doit à l'usage abusif - c'est-à-dire destiné à tromper l'autre - de la rhétorique !
Décortiquons un peu ça.
Si on remplace le pronom personnel 'elle', par ce que, en toute correction formelle de langage, il représente, cela donne : "La baisse de la dette [...] baisse de manière très importante."
Ce qui signifie que la dette monte. La baisse d'une baisse, c'est le contraire d'une baisse, non ?
Bref, Monsieur le Sous-Ministre dit donc bien la vérité, mais avec des mots et une syntaxe qui laisseraient volontiers penser qu'il dit le contraire de ce qu'il dit, à savoir que la dette baisserait.
Rebref, si Monsieur le Sous-Ministre mérite la noix d'honneur que lui décerne volontiers le Canard, c'est plus parce que le Canard s'est fait prendre dans la rhétorique sous-ministérielle, que parce que Monsieur le Sous-Ministre a menti...
À moins que Monsieur le Sous-Ministre ait commis une erreur de langage, erreur de syntaxe... Dans ce cas, le Canard a raison (comme souvent !) et notre Sous-Ministre mérite une double noix d'honneur !
Décidément nos politiques de tous poils ont bien des misères avec le langage !