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BRICH59

29 mars 2020

Quand Louis Couturat scrutait les mythes platoniciens...

 À propos du mythe d'Er, 3
(épisode précédent)

 

Louis-CouturatC'était au temps où l'on proposait l'une de ses thèses dans la langue de Cicéron. C'était il y a plus de cent-vingt ans. Louis Couturat, qui échangea beaucoup avec Bertrand Russell, partageant avec lui le courant "logiciste", soutint ses thèses en 1894 (il a 26 ans). La grande thèse était consacrée à l'infini mathématique, la petite aux mythes platoniciens. Les deux thèses donneront deux années plus tard lieu à publication chez Felix Alcan, éditeur spécialisé en sciences et en philosophie. La thèse de philosophie des mathématiques est aujourd'hui disponible sur Archive.org, le De Platonicis mythis : thesim Facultati litterarum Parisiensi proponebat Ludovicus Couturat... l'est sur Gallica. C'est donc en latin, mais un de ses latins de cuisine auxquels l'apprentissage de la langue de Cicéron ne nous a jamais préparés ! Tentons l'aventure tout de même.

C'était au temps où l'on opérait une distinction entre le Platon philosophe et le Platon poète (p.56), où l'on ne parvenait pas à comprendre l'unité organique de la pensée platonicienne, forçant Platon à une schizophrénie intellectuelle. Notre "mythe d'Er", notamment "la description du fuseau de Nécessité, les paroles de Lachésis et le tirage au sort des vies que les âmes doivent choisir", y est compris comme "mythico et poetico colore" ainsi que comme une remobilisation ludique habile des personnages de la tradition poétique (p.26). Ceci dit, tout cela n'est pas philosophiquement très sérieux : "La recension de ces mythes [les mythes eschatologiques] confirmait donc notre interprétation, et en fait montrait que Platon n'avait produit aucune doctrine sérieuse ni constante au sujet de la vie future" (p.111). Mieux, "aucun de ces quatre mythes ne s'accordent avec les autres, et cela prouve que ces présentations ne sont pas trop sérieuses de la part de Platon [Itaque ex his quatuor mythis nullus alii consentit, quod probat, eos parum serio a Platone prolatos esse]" (p.112). D'où l'objectif que G.Rodier assignait à l'ouvrage de Couturat : "M. Couturat a voulu atteindre le même but [i.e. donner une vision cohérente du platonisme] en distinguant à la rigueur ce qui, dans les  dialogues, doit être considéré comme mythique de ce qu'il faut prendre à la lettre" (Études critiques de "Travaux récents sur la philosophie platonicienne", Revue de Métaphysique et de Morale, T. 5, No. 6, Novembre 1897, p.725).

Prétendre qu'"aucun de ces quatre mythes ne s'accordent avec les autres", comme fait Couturat, ne laisse pas de questionner le lecteur de Platon.

Primo, il y a une évolution de la pensée platonicienne, du Gorgias au Phèdre. Les quatre textes de Platon concernés sont en effet issu du Gorgias 523a1-527c7, de la République X, 6 et du Phèdre 246a3-249b6 - auxquels il faut ajouter le Phédon 107d5-115a3. Chronologiquement (chronologie toute relative), ce dernier dialogue se situe entre le Gorgias et la République. Force est de dire aujourd'hui que celui qui ne voit pas la cohérence globale de la théorie eschatologique de Platon ne veut pas la voir. Il suffit de mettre à plat chaque narration pour constater que les quatre histoires s'imbriquent très bien. Aussi tenterons-nous dans un prochain épisode de reconstituer cette eschatologie.

Deuxio, une telle posture est étonnante de la part de Couturat lorsque l'on sait que, par ailleurs, il prônait une lecture diachronique du texte platonicien et qu'il accusait Platon de n'avoir "produit aucune doctrine sérieuse ni constante au sujet de la vie future." Son souci historien aurait dû le mettre sur la piste d'une belle évolution concernant par exemple la question des incurables. On ne saurait attendre une constance de doctrine et, dans le même temps, chercher l'évolution...
Et, de fait, il est une question sur laquelle Platon a évolué sur fond de constance doctrinale globale. Il s'agit de la question des incurables des incurables : quel sort doit-on réserver aux âmes si pétries d'injustice qu'elles en sont incurables ? Le Gorgias est d’accord avec le Phédon pour infliger aux incurables une peine éternelle, mais il ajoute qu’ils ne gagnent rien à leur propre châtiment : "ceux qui y gagnent, ce sont les autres [les "curables"], ceux qui les voient subir pour l’éternité, à cause de leurs grandes fautes, les peines les plus grandes, les plus douloureuses et les plus effrayantes, grossièrement suspendus, comme exemples [...], spectacles et avertissements à l’adresse des injustes qui toujours arrivent" (Gorg. 525c3-8). La République parle encore des incurables, mais ceux-ci sont associés à ceux qui n’ont pas suffisamment expié (Rép.X, 615e2-3). Le type de l’incurable est Ardiée. Ardiée est un tyran ; mieux il est le type du tyran. Si nous n’avions qu’un mot, dans la logique platonicienne, pour définir le tyran en général, nous pourrions dire qu’il est parricide. Mais ce n’est pas là la seule souillure qu’Ardiée porte en son âme : il a aussi tué son frère aîné – crime qui se tient dans le même sillage que le parricide. Ce double crime est le sommet d’une vie qui n’est faite que d’impiétés. Bref, Ardiée représente l’impur maximum,  personnage extrême qui se tient à la limite du pensable, personnage quasi-impossible... Le traitement infligé à Ardiée et ses acolytes a, ici aussi, valeur d’exemple (Rép.X, 616a3-4). Mais le fait que les incurables soient associés à ceux qui n’ont pas suffisamment expié, semble donner raison à L.ROBIN lorsqu’il notait que l’eschatologie de la République ne refuse pas à ces grands coupables la palingénésie, mais seulement "le droit au recommencement millénaire" (L.ROBIN, éd. et trad. du Phèdre, coll.Budé, p.XCI n.1) ; en d’autres termes, Ardiée et ses acolytes doivent effectuer plusieurs voyages d'outre-tombe de mille années, avant de pouvoir revenir à la vie terrestre. Le Phèdre, dernier terme de l’évolution de la doctrine de Platon sur ce point, ne parle plus des incurables. Cette évolution dans la docrine platonicienne de l'incurabilité permet de comprendre comment le calcul de la République selon lequel ce que nous pourrions appeler une "vie eschatologique" (une vie terrestre + un voyage d'outre-tombe) dure 1100 ans, entre bien dans le cadre du Phèdre, car, en dix mille années, une âme aura la possibilité de parcourir les neuf degrés de vies (Phdr 248c8-e3) et de remonter ainsi du tyran au philosophe. C’est pour permettre cette ascension qu ’il n’y a plus d’incurables (comme dans le Phédon) ni d’âmes qui doivent effectuer plusieurs voyages d'outre-tombe de mille années avant de se réincarner (comme dans la République) : même l’âme que la première eschatologie a faite tyrannique pourra juste avant de recouvrer ses ailes, devenir une âme-philosophe qui saura, une fois ailée, suivre et imiter les âmes divines. Enfin, c'est pour que toute âme puisse gravir les échelons qui vont de l'âme-tyran à l'âme-philosophe que Platon précise (en Rép.X, 618b3) que la nouvelle vie que choisissent les âmes est "nécessairement" différente de leur vie précédente. Cette nécessité nie l’impossibilité, pour une âme, de parcourir (dans un mouvement ascensionnel) les neuf degrés de vie du Phèdre.

Que Couturat n'ait pas vu cette évolution topique de la doctrine morale platonicienne est étonnant, lui qui s'attacha à comprendre "l’évolution historique du système de Platon", du moins si l'on en croit sa contribution au premier Congrès international de philosophie s’est tenu à Paris du 1er au 5 août 1900, contribution qui sera publiée dans la Bibliothèque du congrès international de philosophie. IV. Histoire de la philosophie, Paris, 1902, p.129-162. Cette contribution s'appuyait sur l'étude "stylométrique" (ou stylistique quantitative) réalisée peu avant par le philosophe philologue polonais W.Lutoslavski. Peut-être Couturat eût-il mieux fait de s'attacher à lire le texte platonicien, plutôt que d'examiner à la loupe le travail des autres... Il aurait sûrement éviter un faux sens lourd de conséquences quant à la doctrine que l'on prête à Platon. En effet, p.67 de sa petite thèse, Couturat traduit le θεὸς ἀναίτιος de Rép.X, 617e5, par dei incerti, dieu indéterminé, incertain (?), alors qu'il faut traduire ἀναίτιος, littéralement, par "hors de cause", voire "innocent" : la divinité n'est pas responsable du choix que font les âmes de leur prochaine incarnation, de leur prochaine vie terrestre. La liberté des âmes est ici totale (même si un certain déterminisme affleure). Cette erreur de traduction de Couturat est d'autant plus étonnante qu'il comprend bien que les âmes "choisissent librement leur destin futur" (p.112).

À trop vouloir séparer le Platon philosophe du Platon poète, comme le bon grain de l'ivraie, Couturat finit par se prendre les pieds dans le tapis. L'écart entre le philosophique et le mythique, voire le passage du mythique au philosophique ont d'abord été pensés pour dire l'avénement de la philosophie à partir de la poésie conteuse de mythes, le passage des poèmes homériques et hésiodiques à l'écriture philosophique ionienne puis grecque en général. Appliquer ce distinguo à l'intérieur de l'oeuvre platonicienne est dangeureux. On change d'échelle. Chez Platon, on a certes à la fois une écriture strictement philosophique - ce qui n'interdit pas les métaphores poétiques ! - et des passages qualifiés de "mythes" par la critique philosophico-philologique. Reste que l'écart entre ces deux modalités discursives n'est pas de l'ordre de la séparation, de l'opposition, mais bien de l'articulation vivante et constructive. Chez Platon, les mythes ne disent pas n'importe quoi, au gré des fantaisies du poète. Je suis convaincu que ces textes qualifiés de mythes ont une fonction liée à la compréhension philosophique. Dans Les mythes platoniciens, Brigitte Boudon écrit très justement : "Chez Platon, la dialectique n’exclut pas le mythe. Certains interprètes de Platon ont voulu rejeter le mythe de la philosophie de Platon comme étranger à l'essence de son système. Ce serait le fameux passage irréversible de la philosophie grecque du muthos au logos, du mythe à la raison. Mais la philosophie de Platon est plus complexe et subtile. Elle est un tout à l'intérieur duquel on ne peut pas choisir. Platon a recours au mythe car il est la seule façon de suggérer l'inexprimable et prolonge le raisonnement par un appel à l’imaginaire. Le mythe est pour l'homme, dans l'esprit platonicien, la façon de rendre l'invisible intelligible et sinon visible, du moins perceptible. Grâce au mythe, l'indicible se raconte. Grâce à lui, la distance qui nous sépare de ce lieu où réside le Bien se trouve en partie supprimée." Dans son texte, Brigitte Boudon se contente de mentionner la fin de La République, la qualifiant de texte à lire concernant les châtiments/récompenses des âmes dans l'au-delà... Nous reviendrons sur cette contribution de Brigitte Boudon, notamment pour comprendre comment "grâce au mythe, l'indicible se raconte", et comment l'épisode d'Ardiée (Rép.X, 615c5-616a7) pourrait être dans cette optique la quintessence mythique du mythe d'Er.

Mais revenons à Louis Couturat. Si sa grande thèse fut consacrée à l'infini mathématique, la petite s'est intéressée aux mythes platoniciens, c'est-à-dire - à en croire Couturat lui-même - à une sorte d'infini poétique borné par le dialogue philosophique. Bel oxymore. Ou plutôt bel acharnement à embrasser la totalité du monde - ce qui fut aussi la belle obsession de Paul Otlet, né comme lui en 1868. Une des déclinaisons de cette obsession fut l'utopie d'une langue universelle, utopie qu'ils eurent en commun. Le belge cite le philosophe dans son Traité de documentation de 1934 (fin du §223.7, note 1 de la page 92). Globalement, ils avaient tout pour se rencontrer. Comme disait W. Boyd Rayward en 2014, "Couturat was a committed pacifist and wrote in defence of the idea of “the progress of civilization towards a peaceful world state.”" (International exhibitions, Paul Otlet, Henri La Fontaine and the paradox of the belle époque. 1-22.)

(épisode suivant)


 

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5 février 2020

Extrême droite française

Depuis 2011, La Horde publie une cartographie de l’extrême droite française, présentée dans toute sa diversité. Depuis plus d'un mois, la dixième version [hiver 2019-2020] est disponible. La voici :

Schema-ED-LaHorde-hiver2020-2


 

21 janvier 2020

Songs & Anthems, un concert de musique vocale à Lille

concert

L'ensemble Sul Fiato vous propose un voyage musical en compagnie de Henry Purcell, Thomas Tallis, Williams Byrd et Thomas Morley, samedi 8 février à 20h. en l'église anglicane de Lille (rue Lydéric)

Les chanteurs seront accompagnés par Françoise Weeger (viole de gambe), Olivier Labé (théorbe) et Benjamin Straehli (orgue).

Direction : Frédéric Loquet.

Au plaisir de vous y retrouver.

7 octobre 2019

Bel antiphonaire grégorien, daté de 1759

aDSC07428Bel antiphonaire* grégorien du XVIIIème siècle, imprimé dans la région de Sens (France) et précisément daté de 1759.

aDSC07430r

 



L'ouvrage est complet.

Il mesure 54cm x 36cm x 13cm

et compte 654 + CCLXXIIJ pages.

 

Bon état.

 



En vente à 500€.

 

aDSC07433

* Livre liturgique catholique rassemblant les partitions grégoriennes des parties chantées de l'office, notées en notation neumatique.


 

8 septembre 2019

Delengaigne, troisième !

Il y a plus de 7 ans, je présentais la première édition de l'ouvrage de Xavier Delengaigne, Organiser sa veille sur Internet. Au-delà de Google... Outils et astuces pour le professionnel (Paris : Eyrolles, 320 pages). Deux années plus tard, c'était la seconde édition, sous le même titre, que je présentais à côté de l'ouvrage de Corinne Dupin (Guide pratique de la veille, aux belles éditions Klog). Ces présentations avaient été rédigées pour l'ADBS, qui les publiait dans sa revue et sur son site. Mais l'association a changé de fond en comble sa vitrine toilesque et les liens indiqués à l'époque tombent maintenant dans le vide. Il faudra donc aller sur Cairn pour lire en pdf la note de 2012 et celle de 2014. L'accès à la revue Documentaliste-Sciences de l'Information sur Cairn est libre, après embargo de deux années (à ce jour, sont ainsi accessibles les années 2001 [vol.38] à 2016 [vol.53] incluses). Je m'autorise à y renvoyer le lecteur, histoire de ne pas trop ressasser...

éd3Me promenant "sérenpiditairement" sur la toile, je suis tombé sur la page de GoogleBooks consacrée à cette troisième édition (lecture très partielle possible), mais surtout sur la page de Calaméo qui offre gratuitement une lecture intégrale de la seconde édition de l'ouvrage de Xavier Delengaigne. Mais alors, pourquoi acquérir la troisième édition ? Pour trois raisons.

La première et sûrement la plus immédiatement importante est que cette troisième édition met à jour la boîte à outils que propose l'ouvrage. C'est ce que j'appelais il y a cinq ans la Veille², veille au carré, veille sur [la pratique, les outils, etc. de] la veille. Cinq années, en ces temps de prolifération technologique, c'est un siècle ! L'Internet est en perpétuel mouvement et les outils qui y pullulent peuvent disparaître comme ils ont émergé. Et de ce que l'on pourrait considérer comme l'édition zéro de l'ouvrage [Organiser sa veille avec des logiciels libres, Territorial éditions (coll.Dossier d'experts), 2007, 116p. au format 29,2 x 20,6] jusqu'à la présente troisième édition, le cimetière des applications s'est bien rempli (quel veilleur n'a pas pleuré la mort de Yahoo!Pipes ?) en même temps que de nombreux nouveaux-nés ont pointé leur nez - sans parler de cette folie incantatoire de l'innovation qui fait rhabiller le vieux pour exhiber du soi-disant neuf... Xavier Delengaigne ne se laisse pas abuser et l'évolution que ces éditions successives montre est réelle et intéressante.

Les index sont, de ce point de vue, parlant. De la seconde à la troisième édition, le nombre d'entrées a été divisé par près de 4. On passe de 362 entrées en 2014 à 96 en 2019. Est-ce à dire qu'on a atténué ce pointillisme instrumental qui pouvait caractériser les anciennes éditions ? En tous cas, toutes les entrées d'index de cette troisième édition étaient déjà présentes dans la précédente. Peut-être certains éléments ont-ils tellement pénétré nos pratiques qu'il n'est plus besoin d'en faire un point remarquable, une entrée d'index, voire une entrée développée (par exemple 'Facebook' perd quatre sous-entrées, 'Twitter' six, 'Google' huit et 'moteur de recherche' pas moins de treize).

La seconde raison de s'intéresser à cette troisième édition relève de la structuration de l'ouvrage, déjà manifeste dans la table des matières. Là où l'auteur fonctionnait plutôt par injonctions, là où il avait tendance à asséner des actions à entreprendre, avec des infinitifs quasi impératifs, nous trouvons du questionnement, avec ce "comment" qui ouvre chaque "fiche". On est dans l'interrogation pratique, celle qui s'impose à l'étudiant, au professionnel non documentaliste qui souhaite en apprendre, mais à partir des problèmes qu'il rencontre. En réponse à chaque "comment", se déroule une structure simple : "présentation" du problème, "bénéfice" qu'on trouvera à répondre, "méthodologie", "outils" (et parfois "pour aller plus loin"). Trop souvent, dans ce genre de littérature et dans de trop nombreux programmes de formation, l'outil avec son mode d'emploi pose son diktat et la raison pratique ne vient qu'en éventuel second rideau. Ici, c'est le "pourquoi" qui conduit au "comment", c'est la raison pratique qui enclenche le raisonnement instrumental. Et quand un outil est immédiatement associé au questionnement initial (fiche 71 : Comment automatiser la publication de sa veille avec IFTTT ?), c'est que cet outil est jugé incontournable pour répondre au "comment" en question, voire même pour que la question du "comment" se pose. Bref, l'auteur cherche à développer notre intelligence pratique et pas seulement notre habileté instrumentale. Nous lui en savons gré.

Enfin, troisième raison de s'intéresser vivement à cet ouvrage, il propose une vue vraiment complète de la veille.
J'ai coutume d'expliquer à mes stagiaires et étudiants que la pratique de la veille parcourt l'ensemble de la fameuse chaîne documentaire que Jacques Chaumier a si bien mis en avant dès la fin des années 60, à la suite du rapport Weinberg (The responsabilities of the technical community and government in the transfer of information, 1963) et peut-être plus largement des travaux de Paul Otlet et Suzanne Briet. Chaque maillon de cette chaîne est mobilisé dans la pratique de la veille, sachant que le travail sur les sources y prend une importance plus que capitale.
Xavier Delengaigne nous offre un panorama de la veille sans omettre une seule étape. Ça commence avec la détermination des besoins informationnels pour finir avec la diffusion de la veille. Comme il l'écrit, "de nombreux veilleurs en herbe se cantonnent à [la recherche / collecte de l'information] sans aller plus loin, à savoir sans véritablement analyser leurs trouvailles" (p.VIII). Du coup trois parties de l'ouvrage travaillent l'analyse, l'évaluation et le traitement de l'information, puis la capitalisation des informations, enfin le partage de l'information. Enfin, parce que la veille est forcément sectorielle, une dernière partie offre au lecteur quelques recommandations pour "adapter la veille au secteur d'activité"
.

Le seul bémol que j'apporterai n'est pas propre à cette troisième édition et n'invalide aucunement les bonnes raisons de l'acquérir. À vrai dire, ce bémol dépasse le travail particulier de Xavier Delengaigne : à l'heure des Qwant, Ecosia et autres Duckduckgo, pourquoi cette mise en avant, cette quasi exclusivité de Google, ce quasi monopole de Google dans l'activité du veilleur ? L'index ne pointe que Google comme moteur de recherche : pas moins de 11 entrées, alors qu'aucun autre moteur n'est mentionné à l'index. Certes, l'auteur parle d'une alternative à Google, mentionnant Exalead (fiche18). Certes l'auteur présente des moteurs spécialisés comme Isidore (fiche20). Certes, il nous parle aussi de "moteurs de recherche écoresponsables" (fiche20), ainsi que des "moteurs de recherche respectueux de la vie privée" (fiche24). Etc. 
Mais, quand bien même le fait, pour un outil, d'être américain peut être considéré comme un défaut (cf. la question "Quelles sont les limites de Twitter pour la veille", p.330), c'est Google qui surnage. Quand bien même l'auteur nous mène "au-delà de Google", comme dit le titre, Google est là, omniprésent.
Et c'est bien l'un des paradoxes de cette affaire : il conviendrait, pour de multiples et différentes raisons, de trouver des alternatives à Google, sauf que Google est comme la base de tout, le point de départ obligé (de fait, en droit ?). Paradoxe bien visible s'agissant de ces (méta)moteurs respectueux de la vie privée qui utilisent Google...

Note de lecture déposée sur le site de l'ADBS


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22 août 2019

Créditez, il en restera toujours quelque chose...

Il y a maintenant une quinzaine d'années, j'ai publié une introduction, un glossaire et une partition concernant La Guerre (La Janequinbataille de Marignan) de Clément Janequin. La partition, je l'avais confectionnée avec le logiciel Encore (Passeport) ; le temps du xml et notamment du génial et gratuit MuseScore n'était pas encore arrivé ! La partition est donc ici, et c'est pour l'introduction et le glossaire.
Bien m'en avait pris : ces pages sont très consultées et répondent donc à un vrai et grand besoin. Le français net'ment, Site du monde francophone de l'e-éducation ! est même allé jusqu'à dupliquer mon travail sur son site ! Quant au site Musique Renaissance de l'Université de Toulouse 2, il renvoie à mon glossaire quand il donne le texte de Janequin... Il est très gratifiant de constater que sa production est utile aux autres, même si son nom n'est pas cité (ça, c'est pour les chercheurs professionnels ! ; de mon côté, la seule indication qui pourrait faire penser à du © pointe l'association pour laquelle j'avais engagé ce travail*).

Ce travail éditorial avait en effet été motivé par l'activité de l'ensemble vocal dont je fais partie encore aujourd'hui, Coeli et Terra, de l'association La Chapelle des Flandres, qui avait mis à son programme cette pièce sonnante et truculente de Janequin. Les éditions disponibles étant en fa ou en la, et le chef souhaitant donner cette pièce en sol, je me suis donc fendu d'une gravure...

L'introduction et le glossaire furent illustrés. Mais j'avais oublié de noter mes sources d'illustrations et donc de créditer convenablement celles-ci. Le comble pour un professionnel de l'information et de la documentation ! Passons !

Il était temps de réparer ! Du moins d'essayer : je n'ai pas retrouvé toutes les sources ! Si, cher lecteur, tu peux m'aider sur ce coup, ce sera avec grand plaisir.

Voici ce que j'ai trouvé pour l'instant :

La Guerre (La Bataille de Marignan) de Clément JANEQUIN : Crédit illustrations
  https://www.tard-bourrichon.fr/musique+JANEQUIN+Bataille.html

  1. http://www.tard-bourrichon.fr/images/marignan.gif
    François Ier, Marignano,
    XVIe siècle
    https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Francis-1515-Marignano.jpg

  2. http://www.tard-bourrichon.fr/images/marignan2.gif
    Urs GRAF,
    Horreurs de la guerre, dessin à la plume, 1521
    https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Urs_Graf_Schrecken_des_Kriegs_1521.jpg

  3. http://www.tard-bourrichon.fr/images/marignan_Bayard.jpg
    Paul LEHUGEUR,
    François 1er adoubé par Bayard, XIX° siècle
    http://www.histoire-fr.com/images/francois_I_adoube_par_bayard_paul_lehugeur.gif

  4. http://www.tard-bourrichon.fr/images/Fran%E7ois1er.jpg
    François CLOUET,
    Portrait de François Ier, roi de France, vers 1540
    http://eman-archives.org/FLIM/items/show/6097

  5. http://www.tard-bourrichon.fr/images/tabour.jpg
    Kempe playing a pipe and tabour. From the Roxburghe Ballads (1847). The original is in Kempe's
    Nine Days Wonder (1600). University of Victoria Library.
    https://internetshakespeare.uvic.ca/Library/SLT/stage/acting/kempe.html

  6. http://www.tard-bourrichon.fr/images/Fran%E7ois1er%282%29.jpg  ??

  7. http://www.tard-bourrichon.fr/images/soldat.jpg  ??

  8. http://www.tard-bourrichon.fr/images/bombarde1562.jpg  ??

  9. http://www.tard-bourrichon.fr/images/Rozier.gif  ??

  10. http://www.tard-bourrichon.fr/images/infanterie.jpg  ??

  11. http://www.tard-bourrichon.fr/images/tabour_et_phiffre.jpg  ??

  12. http://www.tard-bourrichon.fr/images/arbeau.jpg
    Jehan TABOUROT (=Thoinot Arbeau), in
    Orchesographie (montage à partir des pages 22r et 24r), 1589
    https://files.musopen.org/media/cf969f08-03b4-4a93-abfd-3674ccbfe756.pdf?filename=Orch%C3%A9sographie%20-%20Complete%20Book%20%28Langres%3A%20Iehan%20des%20Preyz%2C%201596.%29.pdf

* Il y a d'ailleurs bien d'autres partitions élaborées dans ce cadre ; elle sont à la page Musique de Tard-bourrichon.fr.


 

23 juillet 2019

L’itinéraire eschatologique d’Er le pamphylien dans la République de Platon (2)

À propos du mythe d'Er, 2

(épisode précédent)

 

Paris4Lors de la soutenance, le Professeur Aubenque a commencé par me dire que le travail que je lui avais soumis dépassait le cadre d'une maîtrise, puis m'a demandé abruptement comment l'apprenti philosophe que j'étais se situait par rapport à cette histoire de récompenses / châtiments dans l'au-délà, de réincarnation et de choix de vie, etc. Aucune remarque, aucune demande d'éclaircissement sur le travail lui-même, c’est-à-dire sur le travail engagé sur le texte lui-même. L’entretien avec le Professeur était fatalement axé sur les possibilités de discussion sur les thèses proposées par Platon ! Il a de fait tourné court !

Et il y avait deux raisons à mon mutisme relatif.

  1. Très concrètement, je me voyais mal en droit, voire en capacité de discuter les thèses platoniciennes, moi, petit apprenti philosophe que j’étais.
  2. L’objectif de mon travail était clair et affiché, écrit noir sur blanc en introduction au mémoire, et ne relevait que d’un travail sur le texte et sa situation dans l’ensemble du corpus (=ensemble de textes) platonicien.

Cette seconde raison pouvait conduire mon mentor à me questionner sur ce point. J’avais un point de vue, peut-être mineur, mais suffisamment tranché sur la place, le rôle du mythe d’Er, c’est-à-dire du texte qui court des lignes 614b2 à 621d2 de l’édition d’Henri Estienne (Genève, 1578) pour qu’une discussion puisse s’engager entre le maître et l’apprenti philosophe. Eh bien non ! Du coup, la discussion a tourné court. 

Sur le coup, fort de la positivité autocentrée qui devait me caractériser à l’époque, j’ai retenu de tout ça que mon travail dépassait le cadre d’un maîtrise - ce que j’ai immédiatement interprété comme valant plus, valant mieux qu’une maîtrise !

Mais aucun échange sur ce qui m’intéressait dans cette affaire, c’est-à-dire de montrer que ce texte de Platon n’est pas seulement une belle et poétique cerise sur le gâteau nommé République, ni seulement une espèce de synthèse d’emprunts aux traditions éléates, orphiques, pythagoriciennes, ... - ce à quoi on l’a trop facilement réduit, trop souvent rabaissé. Je soutenais que le mythe d’Er est un texte éminemment politique et il m’a semblé que mon interlocuteur ne l’a pas compris… Il faut dire que le “suivi” du maître n’avait pas eu lieu en cours d’année. Peut-être le mandarin mandarinait-il trop ?

 

Quelques années plus tard, dans un couloir de la fac de Pont de Bois, un enseignant rencontré lors de mon DEA lillois, "disciple" de Jean Bollack et Heinz Wismann, me signale qu’il voudrait que nous parlions de ce mémoire de maîtrise - que je lui avais donné à lire auparavant. Trop heureux qu’enfin quelqu’un s’intéresse à ce travail, un spécialiste de la philologie et de la philosophie grecque de surcroît, j’attendais avec impatience la proposition de rendez-vous. Peut-être allait-on enfin prendre au sérieux mon hypothèse… C’était il y a près de quarante ans. Le souhait de cet enseignant devenu “professeur” de philologie grecque un peu après est tombé à l’eau.

Décidément, pas d’chance ! 

Après Alain de Benoist qui écrivit dans un ouvrage publié en 1975  qu’une “lecture politique” du mythe d’Er ne pouvait qu’induire “à un sens pertinent” et que l’auteur promettait de s’efforcer “de faire cette lecture” afin de trouver, dans notre mythe, “les linéaments d’une problématique politique” et ne tint pas sa promesse (à ma connaissance du moins), c’était au tour d’un enseignant avec lequel j’avais travaillé en DEA à Lille de me faire une promesse qu’il ne tint pas. Autant l’oubli du représentant de la “Nouvelle droite” française (pour ne pas dire franchouillarde) des années 70 ne m’a jamais ému, autant celui du philologue me hante aujourd’hui encore, même s'il est bien tard.

 

Ce que je retiendrai de mon aventure de maîtrise, c’est - à relire le mémoire produit - cette folle énergie intellectuelle que l’étudiant y a mise. C’est pour honorer cette énergie-là que je décide de mettre ce travail en ligne, ayant la faiblesse de penser que quelqu’un qui s’intéresse à ce mythe d’Er, à ce court texte qui clôt La République de Platon, y trouvera de quoi réfléchir, de quoi avancer dans la compréhension de cette perle philosophique. L’énergie ne serait pas perdu pour tout le monde et ce mémoire sortirait ainsi des limbes de l’Université où trop de travaux intéressants restent hélas confinés.

C'est pour le même ordre de raison que je vais très prochaînement faire don à l'Université de Lille de mon fonds de littérature ancienne. Comme je disais récemment à mon ami et ancien collègue bibliothécaire, la retraite, progressivement, tourne certaines pages de la vie estudiantine et professionnelle. Il en est ainsi de ma bibliothèque de lettres anciennes (quelques centaines de volumes !)...

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21 juillet 2019

L’itinéraire eschatologique d’Er le pamphylien dans la République de Platon (1)

À propos du mythe d'Er, 1

Paris4Quarante deux ans après en avoir terminé l'écriture et l'avoir "soutenu" devant un éminent professeur de la Sorbonne, je livre le mémoire de maîtrise de philosophie que j'avais consacré au mythe d'Er le Pamphylien qui se trouve à la fin de la République de Platon.
Quelle idée ! Pourquoi publier ainsi un travail d’étudiant qui aurait bien pu rester dans les limbes de l’Université, comme c’est la règle. J’ai même des amis qui ne savent plus ce qu’ils avaient traités comme sujet de maîtrise, qui ne savent plus le titre de leur mémoire d’il y a une quarantaine d’année. Pourtant la maîtrise donnait l’occasion de travailler à fond un sujet, histoire de montrer qu’on maîtrisait (précisément) les outils de la recherche ainsi que le patrimoine accumulé de la science.
mémoirePour ma part, cette année de maîtrise fut très importante, non seulement pour l’apprentissage de la philosophie mais peut-être surtout pour le travail que j’y ai fourni, hors contrôles liés aux “certificats”. Mon parcours était délibérément tourné vers la philosophie ancienne.
Ma rencontre avec Pierre Aubenque, m’a donné l’occasion de produire ce mémoire mais aussi une traduction des Catégories d’Aristote - dont le maître était un spécialiste. Pas rien que cette traduction qui m’a permis d’entrer dans les entrailles de la pensée aristotélicienne !
Autre rencontre qui aura son importance, celle d’Heinz Wismann dont j’ai suivi les cours d’”allemand philosophique” dès la deuxième année de mon DEUG. Nous y lisions, sous sa houlette savante, des textes de philosophes allemands (Kant, Hegel, Nietzsche et Freud). C’est peut-être avec Heinz Wismann que j’ai appris à porter mon attention aux textes, aux mots de la philosophie…
Deux ans après avoir obtenu ma maîtrise de Paris IV comme on disait à l’époque et service militaire accompli, débarquant dans le Nord-Pas de Calais, je hante les couloirs de l’Université de Lille3, pour tenter d’y poursuivre mes études en philosophie grecque. J’y croise aussitôt Heinz Wismann qui me conseille alors de prendre contact avec le Centre de Recherche Philologique de Lille, fondé par Jean Bollack quelques années plus tôt. L’année de DEA fut consacré à la doxographie d’Héraclite. C’est là que j’ai croisé Fabienne Blaise (en DEA comme moi), André Laks (assistant à l’époque, et qui avait soutenu sa maîtrise avec Pierre Aubenque six ans avant moi !) ...
Un projet de thèse sera déposé sur le symbolisme animal chez Platon, projet hélas abandonné quelques années après pour cause de paternité et de vie familial. Me restent quelques cartons emplis de fiches de travail préparatoire... L’idée de cette thèse était que, quand Platon évoque un animal, il n’est pas en train de “fleurir” une démonstration trop sérieuse, avec une image, un cliché etc., histoire de détendre l’atmosphère. L’animal n’est pas choisi comme ça par hasard, juste pour agrémenter un développement trop ardu ou pour le plaisir passager du lecteur. Chaque mot sémantiquement chargé a sa raison d’être philosophique, s’agissant d’un texte philosophique.

Dans mon travail sur le mythe d’Er, l’hypothèse méthodologique était la même : le mythe n’est pas là pour faire joli à la fin d’un ouvrage très sérieux sur le Justice, sur la Cité. La République étant un ouvrage de philosophie politique, le mythe d’Er devait, à mon sens, avoir une signification politique et apporter à la réflexion de l’ensemble de l’ouvrage. Lisant les commentaires existant sur ce texte, j’étais effaré du peu de cas qu’on faisait de ce qui y est écrit, et, en tous cas, de la quasi absence de commentaire politique.  En effectuant ma recherche dont le mémoire retrace le cheminement parfois tortueux, j’avais deux intentions. La première : ausculter le texte du mythe d’Er, prêter l’oreille à sa respiration, suivre le souffle qui discourt derrière et dans les mots qui le supportent. La deuxième : exhiber le caractère politique du mythe. Il s’est trouvé que ces deux intentions ont convergé ; il s’est avéré que le texte ausculté a bien une respiration politique. J’avais, me semblait-il, pratiquer cet “art de bien lire” que promeut Nietzsche dans L’Antéchrist ("Die große, die unvergleichliche Kunst, gut zu lesen", Der Antechrist, §59). Le titre complet du mémoire est L’itinéraire eschatologique d’Er le pamphylien dans la République de Platon.

L'adresse raccourcie est https://tinyurl.com/memoireER-html, le téléchargement du pdf est à https://tinyurl.com/memoireER-pdf.

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29 juin 2019

Er le pamphylien, vous connaissez ?

3 mai 2019

Col Canto : demandez le programme !

L’amour de moi, je ne l’ose dire… est un programme construit autour de la chanson médiévale Une jeune fillette, telle que publiée par Chardavoine en 1576. La chanson est ici restituée dans l’intégralité de son texte (sept couplets), sur des musiques des maîtres français des périodes Renaissance et Baroque. Eustache Du Caurroy, Marc-Antoine Charpentier, André Raison, Michel Richard Delalande, Pierre Dandrieu ont en effet écrit des pièces instrumentales sur cette mélodie, ici transposées et restituées pour choeur mixte. Cette chanson donne ainsi lieu à une suite musicale originale où l’ensemble vocal, parfois soutenu par des instruments, alterne avec un ensemble instrumental. Ce dernier donnera diverses variations auxquelles le thème a donné lieu à l’époque.

 

 

Cette suite musicale Une jeune fillette est entourée de deux séries de pièces de compositeurs de la fin XVème siècle et du XVIème siècle, de Josquin Desprez à Jean de Castro. La première série comprend 9 pièces tendres voire mélancoliques, dont deux versions de L'amour de moi et de Mille regrets. La seconde série est plus enjouée, commençant par Changeons propos et finissant par le Vignon, vignon de Claudin de Sermisy (7 pièces).

 

 

Sous la direction artistique de Bruno Richardot, l’ensemble vocal Col Canto sera accompagné par un ensemble instrumental, constitué de deux flûtes anciennes, un luth, une guitare, une viole et des percussions.

Ce programme devrait être donné dans la métropole lilloise début avril 2020.

Col_Canto, demandez_le_programme !


 

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