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BRICH59
30 août 2009

double traçage

Selon les termes d'Alex Türk (entretien in Hermès, 53, 2009, p.153sqq.), nous avons aujourd'hui affaire à un double traçage :

  • Hermes_53un traçage dans l'espace (carte bancaire, GSM, etc.) qui met à mal la LIBERTÉ DE CIRCULATION,

  • un traçage dans le temps (moteurs de recherche, réseaux, etc.), ce qui revient à la privation du droit à l'oubli (ce qui est différent du droit à l'irresponsabilité, mais se rapprocherait plutôt d'un droit à l'erreur, droit à l'évolution, droit à l'auto-contradiction...), qui met à mal la  LIBERTÉ D'EXPRESSION.

Les techniques de l'information et de la communication
comme facteurs de déperdition,
de perte lente,
de diminution progressive
de(s) liberté(s)
?


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28 août 2009

Impressions de lecture estivale - 3

Quel bonheur que de lire en clair ce que l'on ruminait au tréfonds de soi !
Encore que, quand je dis 'tréfonds', je pousse un peu : ce blog a déjà fait résonner ce que je pensais de toute cette rhétorique qui tient lieu de politique...
Encore que, quand je dis 'bonheur', j'exagère carrément : cette clarté qui vient après la rumination n'exhibe rien de très gai !

Meheust2009Il s'agit du dernier ouvrage de Bertrand Méheust, La politique de l’oxymore, publié cette année chez La Découverte (Les empêcheurs de penser en rond).

Déjà le titre ! Je ne pouvais pas ne pas y accrocher mon attention, moi qui, depuis la campagne électorale pour la dernière élection présidentielle, ne cesse d'être interloqué par le culot rhétorique de celui qui allait devenir le roi d'Maubeuge, notamment par sa capacité à manier l'oxymore et à brouiller les repères que la raison commune se doit de respecter. Je ne suis bien sûr pas le seul à pointer cette pratique : l'équation 'sarkozy oxymore' proposée à un moteur de recherche est fructueuse. Par exemple avec Exalead ou avec Google. La cour de ce roi fourmille de faiseurs d'oxymores... car l'oxymore est la figure rhétorique en vogue à la cour. Ou plutôt elle est la figure rhétorique imposée lorsque la cour et son roi s'adressent à la population, les médias s'empressant, tels de vils courtisans, de répéter à l'envi tous ces si beaux discours, tous ces si bons mots.

Bref, Bertrand Méheust, avec sa La politique de l’oxymore, nous offre l'occasion de réfléchir à tout cela et bien plus encore : il reconstruit sous nos yeux la mécanique qui produit cette rhétorique fallacieuse. Le cas de figure auquel s'attache l'auteur est celui de la politique écologique, ou plutôt celui du discours sur les préoccupations de l'écologie. Je ne vais pas présenter ici plus avant l'ouvrage. Il suffit de le lire. Ce qui n'est que plaisir tant il est d'une belle écriture rigoureuse et coulée cependant...

En poésie, plus globalement en littérature, l'oxymore consiste en une dissonance sémantique. La poésie est contrainte de pratiquer l'oxymore pour  échapper à la logique aristotélicienne du "discours raisonnable" qui bannit la contradiction et interdit l'indicible. Ne pourrait-on prétendre que, sans l'oxymore, les peintres italiens de la Renaissance n'auraient jamais pratiquer le clair-obscur ? L'écriture de Rimbaud est pleine d'oxymores, et c'est  ce qui fait sa puissance. Etc.
En poésie, l'oxymore permet la nuance. En politique il permet l'entourloupe et la manipulation des consciences. Il s'agit alors, comme disait François Brune, de "tromper les bonnes âmes en affectant de concilier l’inconciliable"...


27 août 2009

Recherche experte sur Internet

adbsLa délégation Nord-Picardie propose une session du stage 511-09 - Recherche experte sur Internet du 14 au 16 septembre prochain à Lille. Il sera animé par Bruno-Bernard Simon (BBS CONSULTANT - Consultant indépendant).

IL RESTE ENCORE QUELQUES PLACES !

Si vous êtes intéressé(e), contactez sans attendre le service formation de l'ADBS ou son correspondant régional.


25 août 2009

Impressions de lecture estivale - 2

MaxJacob_Esth_tiqueEn 1949, René Guy Cadou compila les meilleurs extraits des lettres que Max Jacob lui avait adressées entre 1937 et 1944. Seghers publia l'ensemble en 1956 sous le titre Esthétique de Max Jacob. En 2001, les éditions Joca Seria (Nantes) proposent une nouvelle édition (postface d'Olivier Brossard), sous le titre Esthétique. Lettres à René Guy Cadou. C'est ce dernier volume que j'ai lu entre Nantes et Bordeaux.

Je pourrais relever les jugements esthétiques et globaux que le poète assène avec grâce et sarcasme quelques fois sur les poètes d'autrefois, de jadis et de son temps. Ce serait fastidieux. Juste ce passage :

J'ai eu une révélation, j'ai connu Alice au pays des merveilles. On m'avait dit : « C'est la bibliothèque rose des petits Américains ! ». « Dans toutes les familles à côté de la Bible, etc. ». Oh ! mais c'est bien mieux que ça ! bien mieux et même très bien. Ça a tout l'air du chef-d'œuvre et surtout l'universalité. Il y a là-dedans une caricature de la classe à l'école(p.82)

Je préfère évoquer l'impression poétologique que me laisse la lecture de l'ouvrage : au cœur du langage, il y a l'humain de l'homme.

Quelques extraits :

  • p.28 : La force du folklore est dans la surprise que la candeur nous occasionne aujourd'hui et d'autre part dans le fait du style humain qui l'a porté au travers des siècles (car cela seul qui est humain dure).

  • p.35 : Ne pas oublier d'être humain (c'est-à-dire le contraire de réaliste) humain c'est-à-dire tous les sentiments complets alors que le réalisme c'est l'absence de sentiments, mais surtout la sensiblerie courante et l'impersonnalité bébête de tous les jours.

  • p.37sq. : La poésie de Reverdy est un témoignage qu'on peut être à la fois un homme et un poète. Il y a l'Homme-poète, c'est même à cela qu'il faut tendre ; il faut humaniser la poésie, et poétiser l'homme en soi... [...] Et cet homme-là [l'Homme-Poète] a les qualités de l'homme : sentiment, sensibilité, intelligence, énergie. Et il a plus : invention, imagination...

A la lumière d'aujourd'hui, il est facile de constater la détérioration du langage produite par les experts en communication (politique, commerciale, peu importe) dans le courant du siècle dernier et jusqu'à aujourd'hui. Comme dit le postfacier, évoquant la question foncière de l'ouvrage, "il ne s'agit pas tant de savoir ce qu'est le beau que de savoir comment la poésie peut nous permettre de regagner confiance dans le langage". Pointer cette question-là est nécessaire, car "l'indifférence des hommes au langage, notre abandon des mots, notre ingratitude peut-être, sont la porte ouverte à tous les dangers" (p.93-94).

Je n'insiste pas, cher et assidu lecteur. Tu reconnais là mon obsession maladive du parler juste et ma haine viscérale des deux grandes rhétoriques de notre temps : la rhétorique politique et la rhétorique mercatique. Aux propos de Max Jacob et d'Olivier Brossard, je me donc permettrai d'ajouter l'idée que le documentaliste peut (doit) être la sentinelle langagière, vigile politique, vigie du grand bateau de la démocratie, alertant sur les manipulations rhétoriques qui soufflent dans l'air du temps et autorisent que les gens, les gens "d'en bas", se choisissent un "d'en haut" qui les malmène... Nous quittons ainsi, il est vrai, les rives de la poésie et de l'esthétique en général, mais nous sommes bien toujours au cœur du langage, c'est-à-dire de l'humain de l'homme.


22 août 2009

Impressions de lecture estivale - 1

Formes_et_contenu___Une_introduction___la_pens_e_philosophiqueLecture commencée avant les vacances d'été, un cycle de trois conférences prononcées en 1932 par Moritz Schlick, traduit par Delphine Chapuis-Schmitz et publié sous le titre Formes et contenu : Une introduction à la pensée philosophique chez Agone, en 2003, dans la collection Banc d'essai dirigée par Jean-Jacques Rosat qui cosigne avec la traductrice une préface très éclairante (p.7-35).

Pour une approche philosophique sérieuse de l'ouvrage et plus globalement de la pensée du pilier du Cercle de Vienne, on lira avec profit le travail de Jacques Bouveresse (L'empirisme logique à la limite - Schlick, le langage et l'expérience, CNRS, 2006).

Je voulais juste évoquer l'impression documentologique que me laisse la lecture de cet ouvrage, terminée dans le calme des vacances : on peut prétendre qu'un langage documentaire est un outil (et une "preuve") de l'unification de la connaissance. Reste à relier cette prétention avec ce qu'Otlet appelait le problème de la documentation. Travail à effectuer. Plus tard.

Pour décrire le monde, dit aussi Schlick, nous devons être capables de parler de tous les faits possibles, y compris les faits qui n'existent pas, car le langage doit être capable de nier leur existence (p.45 ; lire la suite immédiate ; cf.aussi p.155 et tout le § III,6). Et quand il dit 'langage', je comprends aussi 'langage documentaire' : un thésaurus, par exemple, devra pointer ce qui est et ce qui n'est pas, l'être et le non-être. Glissement du faire à l'être, de l'action à la chose, et fenêtre sur le néant... Vertige !


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22 août 2009

Échanges

Je reçois ceci :

Bonjour,
Je suis votre blog assez régulièrement et je voudrai votre adresse mail pour mieux échanger avec vous.
Bien cordialement.
Amadou depuis le Sénégal

contact

Est-ce du pishing ou une authentique invitation au dialogue ? Sais pas !
Ce qui est sûr, c'est que pour communiquer, pour échanger avec l'auteur d'un blog, il y a un hyperlien dédié situé dans le haut de la colonne de droite, repris ici à gauche...


11 août 2009

Paul Otlet a sa page !

Étonnant ! Paul Otlet a sa page FaceBook !

Au-delà du fait qu'on pourrait très légitimement se poser la question de la légitimité à faire parler ainsi les morts, il y a là une utilisation des réseaux qui pourrait bien s'avérer très utile pour les fans du "belge fou". Je m'y suis inscrit par grande curiosité...

facebookOTLET


9 août 2009

Apprendre à lire à l'âge adulte

un article de Sophie Guesné paru dans Nord Éclair, lundi 20 juillet 2009

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Giovanni et Bernard réapprennent les règles d'orthographe,
de conjugaison et de grammaire, en utilisant les nouvelles technologies.

Ne pas savoir lire, écrire ou compter, que l'on soit français ou étranger, représente un réel handicap au quotidien. Un handicap qui touche plus de 15,5 % des personnes de la région.

"Quand je veux retirer de l'argent au distributeur, je suis obligé de demander de l'aide au guichet. Quand je fais des courses, je n'arrive pas à déchiffrer les étiquettes. Je ne sais pas non plus lire les courriers que m'envoie l'ANPE..." Des exemples comme ça, Daniel, 49 ans, en a des tonnes. Il pourrait nous en parler durant des heures. Il y a six mois, il a décidé que ça ne pouvait plus durer : il a choisi d'apprendre à lire. Pourtant, Daniel est né en France, et a été scolarisé.
Comme lui, ils sont 350 000 dans la région à avoir des difficultés pour lire, écrire et compter. 350 000 illettrés. Qui ont oublié, ou qui n'ont jamais vraiment appris. À leurs côtés : des personnes d'origine étrangère, qui vivent en France, qui ont appris à parler, mais pas à lire ni à écrire le français. Tous se heurtent aux mêmes difficultés quotidiennes. Et professionnelles.

Le système D
À l'époque où il travaillait dans le vin, Daniel avait mis au point une stratégie : "Je ne savais pas lire les étiquettes, mais je me repérais grâce aux couleurs des cartons." Ahmed est arrivé d'Algérie en 1978. Lui aussi a rencontré des complications sur son lieu de travail : "Avant on me demandait juste du travail manuel, je n'avais pas de problèmes. Mais aujourd'hui, on nous demande de remplir des formulaires, d'envoyer des courriers..." Même constat chez Bernard qui a perdu son emploi faute de savoir faire des recherches sur un ordinateur.
Pour les aider, un certain nombre d'associations et structures proposent des cours, ou du soutien. Plusieurs formules coexistent. À l'ADEP, à Roubaix, on propose des cours du soir, deux fois par semaine. "Mais la majorité des "auditeurs" aimeraient en avoir davantage. Ils sont vraiment motivés !" , avance Sabrina, la formatrice de Ahmed. Et de la motivation, il en faut pour s'imposer deux heures de cours après une journée de travail. Au CUEEP de Tourcoing, les cours ont lieu la journée. Bernard et Giovanni, tous deux scolarisés durant leur enfance, s'y rendent plus de 10 heures par semaine.
Un véritable retour à l'école avec exercices de grammaire et d'orthographe. "C'est sûr qu'au début ça fait bizarre, mais l'ambiance est bonne, et on ne joue plus aux billes" plaisante Giovanni. Daniel, lui, est suivi individuellement, grâce à une association aulnaysienne.
Et avec un peu d'assiduité et d'efforts, les progrès peuvent être remarquables, comme chez Nassera : "Quand je suis arrivée en France il y a neuf ans, je n'osais même pas ouvrir la porte quand on sonnait : je n'aurais pas pu comprendre, ni parler. C'est pareil pour la lecture et l'écriture.
Aujourd'hui, je sais remplir un dossier."

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8 août 2009

Combien de fois devrai-je me le dire

Combien de fois devrai-je me le dire :
La mort n'est rien, la mort est rien !
Elle est partie, répétant le geste maternel,
Ombrageant à jamais l'avenir de ses amours.


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