Après, mais avec, la rhétorique de l'envers, voici la rhétorique du retournement. Notre petit homme hargneux et tendu est décidément très fort, côté rhétorique !
De quoi s'agit-il ?
En fait, tout vient du constat que la meilleure façon de ne pas être accusé de commettre les forfaits qu'on commet, c'est d'en accuser l'autre. Cela, je l'ai constaté à mes dépens lors du mon divorce dans les années quatre-vingt. C'est diaboliquement efficace. Un truc d'avocat, quoi !
Tu piques une orange sur l'étalage d'un épicier et tu en accuses un autre. Le temps que la marée-chaussée se rende compte que ce n'est pas lui, tu as pu tranquillement dégusté l'orange... Si l'autre a la peau mate, c'est encore plus efficace... mais c'est une autre question.
Voyez ce petit homme hargneux et tendu qui accuse les autres de le diaboliser, de colporter de gros vilains pas beaux mensonges "à son endroit", alors que lui, dit-il, n'est que dans le respect de l'autre, n'attaque pas les gens mais juste les idées, etc. Moi je trouve ça très fort de dire cela, et de le répéter à qui veut l'entendre et même aux autres, de la part de quelqu'un qui affiche une suffisance, un dédain, un mépris comme je n'ai jamais vu à l'endroit d'adversaires politiques. Souvenez-vous juste de sa façon d'évoquer le débat de samedi matin sur BFMtv et RMC ! Le dessin de Plantu dans Le Monde de ce week-end est très évocateur. Encore une fois, merci Plantu !
Tiens, d'ailleurs, Plantu n'est pas très apprécié par notre petit homme hargneux et tendu. Ce dernier s'est même plaint très explicitement du traitement que lui imposait notre caricaturiste chevronné. Page 14 de la même édition, la médiatrice du journal nous raconte une fort belle histoire : Monsieur Sarkozy en personne (d'habitude il fait donner ses sarkoboys, mais là!) pour dénoncer une
certaine mouche... qui a le gros défaut de déplaire à notre petit homme hargneux et tendu. Et Plantu de rigoler de tout ça, remarquant - le perfide !- que, de tous les détails significatifs dont il a affublé le petit homme, il en est un que ce dernier semble reconnaître comme non-déplaisant... Je cite (fin de l'article) : « Le plus drôle, note le caricaturiste, est que Nicolas Sarkozy, qui lui reproche, pêle-mêle, brassard, mouches et petit chien, oublie un autre déguisement, pourtant récurrent : celui d'Iznogoud, le vizir félon qui veut être calife à la place du calife. "Il ne me reproche pas de le dessiner en traître. C'est curieux..."». Moi, je ne trouve pas ça très étonnant ! On constate également, dans cette histoire, comment le responsable du parti politique dénommé UMP utilise les services du ministre n°2 du gouvernement pour faire savoir ce qu'il pense de tout ça au dessinateur ! Encore le principe de collusion systématique, principe congénital de notre petit homme...
Bref, notre petit homme est bel et bien intervenu pour que Plantu arrête de le malmener de son coup de crayon... Pourtant notre petit homme jure ses grands dieux qu'il n'intervient jamais auprès des médias. Mais c'est bien sûr un mensonge : il n'est que de lire l'article de Libé de ce week-end qui parle de La haute main de Sarkozy sur les médias... Rhétorique de l'envers : quand le petit homme hargneux et tendu affirme qu'il n'intervient jamais auprès des médias, il y a fort à parier qu'il intervient auprès des médias. Là où on passe à la rhétorique du retournement, c'est quand l'accusation de faire pression sur les médias est dirigée contre les adversaires du petit homme (via le président de l'APQR, par exemple...).