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BRICH59
education permanente
9 août 2009

Apprendre à lire à l'âge adulte

un article de Sophie Guesné paru dans Nord Éclair, lundi 20 juillet 2009

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Giovanni et Bernard réapprennent les règles d'orthographe,
de conjugaison et de grammaire, en utilisant les nouvelles technologies.

Ne pas savoir lire, écrire ou compter, que l'on soit français ou étranger, représente un réel handicap au quotidien. Un handicap qui touche plus de 15,5 % des personnes de la région.

"Quand je veux retirer de l'argent au distributeur, je suis obligé de demander de l'aide au guichet. Quand je fais des courses, je n'arrive pas à déchiffrer les étiquettes. Je ne sais pas non plus lire les courriers que m'envoie l'ANPE..." Des exemples comme ça, Daniel, 49 ans, en a des tonnes. Il pourrait nous en parler durant des heures. Il y a six mois, il a décidé que ça ne pouvait plus durer : il a choisi d'apprendre à lire. Pourtant, Daniel est né en France, et a été scolarisé.
Comme lui, ils sont 350 000 dans la région à avoir des difficultés pour lire, écrire et compter. 350 000 illettrés. Qui ont oublié, ou qui n'ont jamais vraiment appris. À leurs côtés : des personnes d'origine étrangère, qui vivent en France, qui ont appris à parler, mais pas à lire ni à écrire le français. Tous se heurtent aux mêmes difficultés quotidiennes. Et professionnelles.

Le système D
À l'époque où il travaillait dans le vin, Daniel avait mis au point une stratégie : "Je ne savais pas lire les étiquettes, mais je me repérais grâce aux couleurs des cartons." Ahmed est arrivé d'Algérie en 1978. Lui aussi a rencontré des complications sur son lieu de travail : "Avant on me demandait juste du travail manuel, je n'avais pas de problèmes. Mais aujourd'hui, on nous demande de remplir des formulaires, d'envoyer des courriers..." Même constat chez Bernard qui a perdu son emploi faute de savoir faire des recherches sur un ordinateur.
Pour les aider, un certain nombre d'associations et structures proposent des cours, ou du soutien. Plusieurs formules coexistent. À l'ADEP, à Roubaix, on propose des cours du soir, deux fois par semaine. "Mais la majorité des "auditeurs" aimeraient en avoir davantage. Ils sont vraiment motivés !" , avance Sabrina, la formatrice de Ahmed. Et de la motivation, il en faut pour s'imposer deux heures de cours après une journée de travail. Au CUEEP de Tourcoing, les cours ont lieu la journée. Bernard et Giovanni, tous deux scolarisés durant leur enfance, s'y rendent plus de 10 heures par semaine.
Un véritable retour à l'école avec exercices de grammaire et d'orthographe. "C'est sûr qu'au début ça fait bizarre, mais l'ambiance est bonne, et on ne joue plus aux billes" plaisante Giovanni. Daniel, lui, est suivi individuellement, grâce à une association aulnaysienne.
Et avec un peu d'assiduité et d'efforts, les progrès peuvent être remarquables, comme chez Nassera : "Quand je suis arrivée en France il y a neuf ans, je n'osais même pas ouvrir la porte quand on sonnait : je n'aurais pas pu comprendre, ni parler. C'est pareil pour la lecture et l'écriture.
Aujourd'hui, je sais remplir un dossier."

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21 juillet 2009

Forum régional 2008 du réseau Lire

Lire1Ça y est ! Les actes du forum régional du réseau Lire qui s'est tenu le 4 décembre 2008  à Bouvines sont disponibles au C2RP. Pas encore en téléchargement sur le site. Espérons que ce sera pour bientôt ;-)

La journée avait été riche. Voyez le programme :

Lire2

Voici le sommaire des actes :

sommaire

J'y avais participé en tant que "rapporteur" de l'atelier animé par ma collègue Véronique Chabot qui avait introduit le travail en ces termes :

Il s’agira à partir de quatre expériences de terrain de s’interroger sur la problématique suivante.
Aujourd’hui, l’introduction d’actions culturelles dans les offres de formation s’appuyant sur des objectifs et des contenus de formation, est acquise. Quasiment tous les organismes de formation de la Région (notamment du réseau Lire) agissent dans ce sens. Ces activités sont reconnus par tous, notamment les institutions (État, Région) comme étant des leviers facilitant (l'accès) à la formation, comme étant sources d’apprentissages notamment sur la lecture et l’écriture ainsi que dans le domaine de la citoyenneté, tout en permettant le développement de certaines des compétences-clés prônées par l’Europe (sensibilisation culturelle et citoyenneté).
Mais, il semble que des différences, des écarts existent dans l’organisation et la qualité de ces actions selon les territoires, notamment autour des questions de la professionnalisation des intervenants, mais pas seulement...
Les questions que nous tenterons d’aborder dans cet atelier viseront à essayer de répondre aux points suivants :

  • Comment améliorer la professionnalisation des intervenants des actions culturelles de formation ?
  • Comment favoriser leur ancrage local sur les territoires ?
  • Comment permettre des transferts d’expériences d’un territoire à l’autre ?

Il s’agira aussi de souligner les éléments pertinents concernant l’impact de telles actions sur les publics et les territoires (sur la lisibilité, valorisation, maillage), de relever les freins et leviers à la conception, la mise en place, l’animation et l’évaluation de ces actions.
Nous espérons qu’à la suite de cet atelier et du forum, des échanges de pratique pourront émerger, de la curiosité, des transferts d’expériences ainsi que des projets de formation de formateurs.

Les échanges avaient été passionnants et j'avais tenté d'en rendre compte "à chaud" sur ce blog. La publication du C2RP vient clore ce travail, souhaitant que les paroles qui s'y sont échangées sèment des projets de développement d'actions culturelles pour des publics en formations de base sur nos territoires...
En attendant que ces actes soient téléchargeables, voici le scan (pdf en N&B) des pages de compte-rendu de l'atelier dont je fus le rapporteur.


21 juillet 2009

Informer sur l'offre de formation

Normes descriptives et lisibilité de l’offre de formation.  Guide de correspondance entre les normes MLO, LHEO et CDM-fr est document élaboré sous le pilotage de la DGEFP par un groupe de travail interministériel. Pourquoi ce guide de correspondance ? Les auteurs s'en expliquent :

Le projet de loi, actuellement discuté au Parlement, sur l’orientation et la formation professionnelle tout au long de la vie jette les bases d’une mission d'intérêt général d’information et d’orientation professionnelle ouverte à toute personne quel que soit son âge ou son statut. Il s’agit notamment de permettre à tout citoyen de disposer d’informations sur les dispositifs de formation et leur qualité de celle-ci. Il prévoit ainsi de rendre accessible a l’ensemble des financeurs publics, aux entreprises et aux particuliers la liste des organismes référencés.
Dans  cette  perspective,  il  est  fondamental  que  les  concepteurs,  les  financeurs,  les  bénéficiaires  de  la  formation  puissent  disposer  d’une information  compréhensible,  lisible.  La  multiplication  des  terminologies  et  modalités  de  présentation  de  l’offre  ne  pourrait  que  renforcer  un sentiment d’opacité et nuirait gravement à une communication claire entre les différents acteurs de la formation professionnelle.
Au-delà  des  enjeux  nationaux,  nous  devons  nous  situer  dans  le  contexte  plus  large  de  la  mobilité  en  Europe  et  donner  à  l’ensemble  des citoyens  européens  des  clefs  de  lecture  communes.  L’élaboration  de  ce  guide  répond  à  ces  enjeux  de  partage  d’informations  sur  l’offre  de formation  en  mettant  en  évidence  les  correspondances  entre  deux  langages  particulièrement  développés  en  France  pour  décrire  l’offre  de formation continue (LHEO et CDM-fr), en les situant dans le contexte européen de création à moyen terme d’une norme descriptive.
Il s’adresse particulièrement aux médiateurs, documentalistes, notamment au sein des CARIFS et des services universitaires,   en  charge de moissonner  l’information  et  de  l’exporter  aux  différents  réseaux  professionnels  intervenant  auprès  des  publics.  Plus  largement  le  souci d’harmonisation entre les 2 normes françaises et la future norme européenne MLO répond à plusieurs enjeux:
•  répondre aux interrogations de certains financeurs (conseils régionaux, OPCA et OPACIFS) et prestataires de formation qui craignent d’être contraints à utiliser des standards différents pour toute publication ou réponse à un appel d’offres au niveau national, européen ou international avec un risque de double saisie;
•  faciliter l’accès à l’information du public sur l’offre de formation, quelle que soit sa provenance, grâce à une présentation standardisée et unifiée;
•  influer  sur  les  critères  à  prendre  en  compte  au  niveau  européen  pour  l’élaboration  de  la  norme  MLO  (Metadata  for  Learning Opportunities), afin d’aboutir à des formats d’échange et de description compatibles et interopérables entre les standards français et européens. Les critères communs seront pris en compte par L’AFNOR pour le référencement d’une norme nationale.


22 juin 2009

Mathématiques à la carte pour adultes, MACPAD

Je viens de recevoir un mot de Timothée :

Bonjour,
Je souhaite me procurer le cd Macpad Maths à la carte pour adultes.
Pouvez vous m' indiquer comment je peux me le procurer ?
J'en ai besoin pour réviser les bases en maths avant de reprendre des études en sciences .
Par avance, merci

MACPAD, c'est un outillage pédagogique dont j'ai présenté l'histoire il y a quelques années (il y a 4 ans très exactement !) et qui est enfin sorti de la confidentialité. L'ANLCI avait mis en ligne ma présentation. Ceci dit, c'est un outillage pour le formateur, pas pour l'apprenant directement... Donc pas pour Timothée. Toutes les informations sont à prendre auprès de la mission illettrisme du C2RP.

Quant à Timothée, il ferait bien de s'adresser aux organismes publics de formation continue (GRETA, Universités, etc.)...


14 juin 2009

Côté liens, Cath Mum est partageuse

Voilà un blog qui intéressera plus d'un formateur et plus d'un stagiaire de la formation continue ! C'est Cath Mum, le blog tenu par une collègue du CUEEP de Tourcoing. On y trouve toute une série de messages pointant des ressources pédagogiques mobilisables dans la formation des adultes. Les tags sont les suivants : Bureautique, Culture, Divers, Droit et justice, Emploi, Enfants, Enseignants divers, Enseignants français, Enseignants T.I.C., Formation, Français, Français Langue Étrangère, Histoire Géographie, Images, Jeux, Langues, Mathématiques, Nord, photos, Physique, Pratique, sciences et santé, T.I.C divers, Tutoriel Bureautique, Vie Sociale.

CathMumOn y trouve par exemple, pour prendre un message récent (5 juin), le lien vers un document sur FaceBook, qui complètera utilement l'excellent ouvrage d'Éric et Alban. L'auteur en est Valérie Dudart, la publication (pdf) est chez Momi Clic et date de mai 2009. Cath Mum présente ce document ainsi :

guidefacebookCe dossier présente (sans juger) avantages et inconvénients de Facebook avant d’offrir une présentation du réseau social dans son utilisation (de la création du profil à la confidentialité de vos données en passant par la recherche d’amis et la création de listes). Enfin, une revue de Presse très sélective montre les aspects positifs et négatifs. Bien qu’initialement destiné aux enseignants, enfants et adolescents, ce guide Facebook est aussi conçu pour tout internaute souhaitant utiliser ce réseau social en connaissance de cause ou s’informer avec précision sur des para­métrages permettant de préserver sa vie privée.

Puis Cath Mum donne sa source : http://www.epn-ressources.be/guide-facebook-gratuit-et-complet-par-momiclic. qui conduit vers le pdf de Valérie Dudart. Que demander de plus !


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7 janvier 2009

Accord conclu !

Avant même que de le lire et de l'analyser, je te donne, impatient et pertinent lecteur, le texte de l'Accord national interprofessionnel sur le développement de la formation tout au long de la vie professionnelle, la professionnalisation et la sécurisation des parcours professionnels adopté par les partenaires sociaux ce mercredi 7 janvier 2009. Monsieur Sarkozy le voulait pour Noël. Il l'a pour l'Épiphanie. Il a dû attendre un peu. C'est sûrement bon pour son éducation ...


14 octobre 2008

Réforme ? Vous avez dit réforme ?

circeJ'ai assisté cet après-midi à un séminaire organisé par le cabinet Circé Consultants (sous la houlette de J.-M. Luttringer) consacré à la réforme en cours de la formation. Pierre Ferracci présentait le travail du groupe dit multipartite qu'il a animé, suivi de Philippe Dole qui présenta le rapport de l'IGAS sur les missions des OPCA.

 

Intéressant ! De nombreux représentants de collecteurs de fonds pour la formation étaient présents et la discussion fut riche.

De tout cela, et de la lecture des divers documents produits à l'occasion de ce travail de réforme, je ne tire pour ma part qu'une seule question ce soir : plus nous avançons dans le temps (plus nous nous éloignons de 1970/1971), et plus l'instrumentalisation de la formation continue par la politique de l'emploi se fait prégnante. La formation est de plus en plus exclusivement conçue comme une variable du marché du travail : adieu l'utopie du développement des individus par la formation et bonjour la relégation socio-professionnelle des personnes dites de "bas niveaux" de formation.

Malgré les dénégations des partenaires sociaux (cf. par exemple le point II,1 du rapport Ferracci), l'éducation permanente a bel et bien disparue de l'horizon contemporain. L'idée même de promotion sociale, si chère aux promoteurs de la loi fondatrice, est carrément  liquidée sous nos yeux. L'une des lignes directrices qui ressortent du fonctionnement du groupe multipartite se formule ainsi : "la  formation  professionnelle  est  un  instrument  de  la  conciliation  entre  la  compétitivité  des entreprises,  la  sécurisation  des  parcours  individuels  et  le  maintien  d'un  objectif  de  promotion sociale, conforme aux intentions initiales de la loi de 1971".
Fort bien, sauf qu'il y a un problème : ce triangle ne peut fonctionner.  Comment concilier en effet un assemblage aussi hétéroclite ? Il me fait penser au fameux attelage que Platon dépeint dans le Phèdre pour figurer ce qu'est l'âme humaine : un truc qui part dans tous les sens en même temps. Car chacun des pôles de ce triptyque fonctionne selon une logique différente et incompatible avec la logique d'au moins l'un des autres pôles.
Il y a même un pôle qui n'existe pas : la compétitivité de l'entreprise n'est absolument (=dans l'absolu) rien. Elle n'existe qu'à l'issue d'un décompte entre les compétiteurs. Par ailleurs, à quoi se mesure la compétitivité ? Aux parts de marché ? Aux bénéfices engrangés par les propriétaires de l'outil de production ? Au bien-être de ceux qui y travaillent ? Je ne sais si l'on a un étalon correct et si partagé que cela de la compétitivité des entreprises !
À côté de cela, nous aurions la sécurisation des parcours individuels, qui, à bien regarder, n'est qu'une "tension vers", pas un état qualifiable une fois pour toutes. C'est, comme l'insertion professionnelle, quelque chose qui n'est jamais acquis une fois pour toutes, quelque chose qui est perpétuellement passible d'une remise en cause, par exemple sous les coups de la compétitivité des entreprises...
La promotion sociale, là dedans, fait figure d'utopie belle et impossible. Elle n'existe pas. Juste comme objectif, très clairement.  À l'heure de l'appauvrissement des pauvres et de l'enrichissement des riches, à l'heure où le seul fonctionnement socio-économique existant de fait produit fatalement le creusement de cet écart, il faut une belle inconscience, ou un sacré culot, pour mettre en avant l'objectif de la promotion sociale...
Bref, le triptyque proposé par les membres du groupe multipartite est une figure de rhétorique dont on a du mal à comprendre en quoi elle a pu faire l'objet d'un consensus. Peut-être parce qu'elle n'est que figure rhétorique ?

Ceci dit, ça fait belle lurette que l'idée d'éducation permanente a été sortie du jeu ! Cela fait un bail que la formation n'est plus qu'un instrument des politiques de l'emploi. Ce qui pose la question des paramètres utilisés pour évaluer la qualité de la formation. S'agissant des demandeurs d'emploi, on va évaluer la qualité de la formation qu'ils ont suivie à leur insertion professionnelle, le cas échéant au type de situation par rapport à l'emploi (CDD, interim, CDI, etc.). Comme si la formation créait des emplois ! On sait bien que la formation ne crée pas d'emploi (excepté les emplois de formateur de plus en plus précaires d'ailleurs). On sait bien que la formation permet juste de faire attendre les demandeurs d'emploi et de rebattre les cartes dans le jeu de l'accès à l'emploi. Il y a une vingtaine d'années, quelqu'un écrivait que la formation permettait de redistribuer autrement la file d'attente à l'ANPE. C'est toujours vrai. Sauf qu'aujourd'hui, la pression est montée d'un cran : ceux qui se retrouvent à la fin de la file d'attente sont stigmatisés comme des bons à rien, des gens qui n'ont pas voulu maintenir voire augmenter leur "employabilité", des "assistés" vivant de l'argent public etc. Dans la mesure où 1) tout le monde ne peut bénéficier de formation et où 2) il n'y a de toutes façons pas d'emploi pour tout le monde, la politique publique de formation produit, lorsqu'elle n'est qu'un des outils de la politique publique de l'emploi, la relégation sociale et professionnelle de personnes dites de bas niveaux. Et cette relégation, la "morale" libérale leur en attribue généreusement la responsabilité... Pas de pitié pour les gueux !


13 mars 2008

Éducation tout au long de la vie...

L’éducation tout au long de la vie est un thème d’actualité et une des priorités de l'Union européenne. Fondamentale pour la mise en œuvre de la société de la connaissance, elle fait partie intégrante de la stratégie de Lisbonne et du processus de Bologne.

Ainsi commence le communiqué de presse de l'UE publié hier à l'occasion de la tenue de la conférence intitulée Les universités et l’éducation tout au long de la vie...

On notera, dans le discours d'ouverture (Mme Mojca Kucler Dolinar, ministre slovène de l'enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la technologie), cette affirmation : savoir apprendre ne suffit plus, il faut ne jamais cesser d’apprendre. Il apparaît ainsi que la fonction "fourniture de main d'œuvre aux entreprises" reprend du poil de la bête, l'autonomisation cognitive étant remisée sinon au placard, du moins à l'accessoire...

Intéressant alors que vient d'être publié le travail de Sylvie Monchatre, L'approche par les compétences, technologie de rationalisation pédagogique où, à l'occasion de l'étude de la formation professionnelle et technique au Québec, le concept de 'compétence' est analysé dans toute sa faiblesse conceptuelle et toute sa force pratique d'interface entre l'éducatif et l'économique...


30 janvier 2008

Des adultes en formation échangent autour de romans...

TOURCOING
Un jeu de questions-réponses a ponctué, à l'hospice d'Havré, le festival du premier roman


Dans le cadre du festival du premier roman de Chambéry, qui se déroule tous les ans au mois de mai, l'hospice d'Havré (partenaire de l'événement depuis trois ans), a opposé ce vendredi Dominique Kopp et Élisabeth Brami, deux des lauréats sélectionnés par la bibliothèque de Mouscron, à une quinzaine d'adultes en formation au CUEEP pour un échange autour de leurs romans.
"Moi, lorsque je lis un livre, j'ai besoin de rencontrer l'auteur pour lui poser des questions, comprendre le pourquoi du roman. J'en ai déjà rencontré une centaine!", confie José, une bibliophile très engagée dans une passion à ce point dévorante que cette Neuvilloise s'était déjà déplacée, en mai, jusqu'à Chambéry pour suivre les lauréats de ce festival.
Ces derniers (au nombre de 16) sont en fait les auteurs de premiers romans parus en 2006, soigneusement sélectionnés par des comités de lecture. José était présente lors des six rencontres organisées du 22 au 26 janvier dans le secteur Tourcoing-Vallée de la Lys! Investie, son amie roncquoise, Marie-Claude, emmenée dans son sillage livresque, le confirme.

De beaux échanges
D'autres, peut-être moins passionnés mais sûrement autant voyageurs, se sont eux aussi laissés embarquer dans l'aventure que leur avait proposée le CUEEP (Centre université-économie d'éducation permanente). Ces derniers participaient à l'un des ateliers culturels du centre intitulé "À la rencontre des livres", qui ont eu pour objectif de les réconcilier avec la lecture.
Ils ont eu aussi, à l'hospice, tout loisir de transmettre leurs impressions et leurs interrogations aux deux écrivains. Des questions qui, bien souvent, ont fusé à la fin d'une lecture, et qui cette fois-ci ne sont pas tombées aux oubliettes... Après un timide premier échange, les lecteurs se sont délivrés des questions qui les tenaillaient. "Votre roman s'adresse-t-il plus particulièrement à un public féminin?". "Si vous deviez récrire le livre, referiez-vous la même chose?", demandait Stéphane à Élisabeth Brami, auteur de Je vous écris comme je vous aime (Ed. Calmann-Lévy). "Quelles sont les circonstances dans lesquelles vous avez écrit?", "Pourquoi l'histoire est-elle aussi sombre?". Ou encore: "Avez-vous écrit pour vous défouler?", se sont interrogés les autres participants, à propos de L'ordre des choses (Ed. Les Allusifs) de Dominique Kopp.
Autant dire que les deux écrivains, par ailleurs très impliqués dans la littérature de jeunesse, ont été mis sur le gril. Les lecteurs ont eu ainsi des éclairages à la fois précis et exhaustifs sur les textes et leur sens. Plus largement, ils ont même eu droit à une explication sur le parcours et l'expérience de l'écrivain, de son écriture, avec tout ce que cela comporte de regrets, de doutes et de folie "dont il faut profiter lorsqu'elle se pointe"... a fait remarquer Élisabeth Brami en conclusion d'un débat animé.

voixdunordsigné E.S.
La Voix du Nord

[Reprise du site de la ville de Tourcoing]


28 janvier 2008

L’illettrisme touche aussi les salariés

La Voix du Nord  -  édition du samedi 26 janvier 2008

VdN080126L’illettrisme touche aussi les salariés

SOCIÉTÉ  - Le Nord - Pas-de-Calais compte 15,5 % de personnes qui ne possèdent pas les savoirs de base en terme de lecture ou d’écriture. Une séance de travail au CUEEP de Lille.

C’est une salle de cours comme les autres, imprégnée d’une ambiance studieuse que vient simplement perturber le ronflement des ordinateurs. Nous sommes dans les locaux du CUEEP de Lille. Ici, c’est le public qui est un peu hors normes. Tous des salariés, en train de se remettre à niveau.

On croise par exemple Noël, un habitant de Tourcoing âgé de 44 ans, salarié d’une entreprise de ramassage des déchets, concentré sur son écran. «  Il s’agit d’un exercice où je dois répondre à des questions liées à l’informatique. » Comprendre la question et y répondre en utilisant l’outil informatique... D’une pierre deux coups évidemment. « Quand j’étais enfant, je n’ai jamais trop aimé l’école, ajoute Noël, pour justifier sa présence ici. Les profs ne s’occupaient pas de moi. Ils me disaient : "T’avais qu’à écouter !" Alors j’ai quitté l’école. J’ai travaillé comme maçon, puis dans le textile ».

Voilà donc comment les choses se passent, et comment on vient garnir les statistiques de ce qu’il faut bien appeler l’illettrisme : un acquis pas bien solide au départ, qui n’est ensuite pas entretenu. « Pour remplir des documents, quand j’avais une lacune, je demandais à ma sœur. » Le coup du sort intervient voici deux ans, lorsque le quadragénaire est embauché chez son actuel employeur, signant un contrat qui l’incite à suivre une formation. « Ça aurait été bête de ne pas le faire. »

« Un groupe motivé »

De fait, il semble motivé. À l’instar des quinze autres stagiaires âgés de 20 à 55 ans de cette singulière classe qui trouve son financement dans les entreprises et au conseil régional. « On a ici un groupe motivé, confirme Christine Duhamel, formatrice. Ils sont curieux, ils posent des questions. » La jeune femme a contribué à créer l’outil sur lequel travaillent ses élèves, un « ensemble multimédia pour l’individualisation en lecture et écriture » (EMILE). « Il renferme 1 200 exercices qui nécessitent écoute, lecture, compréhension, grammaire... Surtout, il permet un gros travail en autonomie. » L’autonomie... Finalement, c’est ce que vient chercher la Lambersartoise Cathy, jeune introvertie de 36 ans qui cherche en permanence à se cacher derrière son timide sourire. « Ma mère ne sera pas toujours là, murmure-t-elle. Et faire les papiers administratifs, ça posait problème. »  Alors depuis octobre, elle se prend en main. Deux fois par semaine, jusqu’en juin. « Le premier jour, c’était dur. Mais je veux aller jusqu’au bout. J’écris sur mon cahier. Je relis chez moi. » Son objectif: passer le permis. « Et, pourquoi pas, passer des concours... » Histoire d’oublier qu’elle a quitté l’école au niveau seconde et d’échapper à son quotidien d’agent de nettoyage.

Alain, lui, avait 16 ans quand il a quitté le système scolaire pour se lancer dans la mécanique. « Dans les mains, j’avais de la graisse plutôt qu’un stylo », résume-t-il. Il parvient quand même à rentrer dans la fonction publique territoriale, dans l’agglomération lilloise. «  Je savais qu’il y avait des possibilités de formation. » L’idée de progresser par le biais des concours le titille. Il se lance, à 42 ans. «  Faut se remettre dans le bain. Tenez, vous par exemple. Vous écrivez vite. Ça va tout seul. Moi, je suis obligé de réfléchir. Les conjugaisons, tout ça... Il faut se remettre dans le bain. » Des moments de découragement? « Oui, ça arrive. C’est dur à vivre. On se sent parfois isolé. On n’en parle pas. Mais on se rend bien compte qu’il est indispensable de savoir lire et écrire. » Christine, la formatrice, annonce la pause café. Certains stagiaires préfèrent rester plongés dans leur écran. « Le plus difficile, c’est de passer la porte. Une fois à l’intérieur, ça va. Ici, ils trouvent de l’ouverture vers les autres, de l’estime de soi. Et surtout, la reprise de confiance ... »

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CHRISTOPHE CARON [region@lavoixdunord.fr]


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