Sarkozus, collusionis rex, collusionarum collusio
Vous je ne sais pas, mais moi je suis
extrêmement choqué par les déboires des gens qui ont comparé le
programme sarkosien et le programme frontiste...La lecture d'un récent article de Catherine Corol- ler publié dans Libération de ce 30 décembre
a ré- activé dans mon cerveau secoué (par ladite lecture bien sûr !) la profondeur
contemporaine du mot 'collusion'. Et comme je doute toujours (en
général - posture philosophique - et en particulier - j'ai la mémoire
qui flanche...), j'ai ouvert mon Littré, qui dit ceci :
collusion, s. f.
(kol-lu-zion. Lat. collusio)
Intelligence de deux parties qui plaident,
mais qui ne laissent pas de s'entendre pour tromper un tiers. Dans le
langage général, entente secrète entre deux ou plusieurs parties, pour
faire préjudice ou simplement pour tromper.Magie des
dictionnaires qui fonctionnent hors du temps, hors des tempora- lités
contingentes : Littré est bien vieux déjà et ce qu'il dit s.v.
collusion m'éclaire sur le compor- tement de celui qui monte dans la
politique française !
En effet, voilà un homme - un petit peu plus jeune que moi,
ce qui me donne une petite avance sur lui en matière d'expérience
de vie ! -, qui est tout à la fois second du gouvernement de la
République française, premier du principal parti politique français et
candidat au poste de premier de la République française... J'en passe,
ne retenant que ses principales attributions qui sont en même temps les
plus visibles.
Et ce qui saute aux yeux à la lecture
de l'article de Libé, c'est qu'on a ici un système de collusion
permanente entre les trois fonctions. Quand une des fonctions est mise
en cause, voire mise à mal, l'une des autres fonctions vient à la
rescousse pour sauver la mise... Dans le cas qui nous intéresse
aujourd'hui, le candidat et le premier du premier parti politique sont
malmenés par voie d'affiches placardées sur les murs franciliens, et
c'est le second du gouvernement qui intervient, comme si dire ce qu'on
pense du candidat-président constituait une atteinte caractérisée à
l'ordre publique - dont le second du gouvernement est garant...
On aurait même ici une sorte de
collusion au carré ! Littré dit que la collusion est une entente entre
deux personnes qui veulent, ensemble, rouler un troisième... Ici les
deux personnes ne sont que deux visages d'une même personne !
J'ai déjà dénoncé ce type de confusion volontaire, de collusion systématique dans le milieu de la recherche en sciences de l'éducation et de la politique formation
(souvenez-vous : c'était à propos d'une méthode se drapant dans les
critères de la scientificité et baptisée "recherche-action de type
stratégique"). Je vois que c'est une façon de faire profondément ancrée dans
la pratique
politique... et qu'à chaque fois cela a un goût amer de totalitarisme.
Montesquieu reviens, ils sont toujours aussi fous !
Bonne année ! quand même !
En 2006 soyons plus vigilants que jamais!