... les yeux pour pleurer ?
Plus de la moitié des électeurs qui ont voté hier à Perpignan ont porté au pouvoir une équipe, dont l'élection en mars 2008 avait été invalidée par le conseil d'État après l'affaire de la "fraude à la chaussette"... consolidant la droite au pouvoir, même quand elle a été convaincue d'immoralité politique.
Plus du tiers des électeurs qui ont voté hier à Hénin-Beaumont ont choisi le parti de la haine, au nom d'une espèce d'improbable "hygi-hainisme socio-politique"... donnant à la droite au pouvoir l'occasion de proférer une leçon de morale à la classe politique, de fustiger une gauche socialiste mal en point, d'aller jusqu'à se gausser qu'elle ne soit pas monolythique comme l'est la droite, c'est-à-dire que son fonctionnement interne soit démocratique - ce que n'est pas celui des partis politiques de droite (UMP, FN notamment).
L'État militarise la fonction publique, bâillonnant ses salariés quand ils risquent d'exhiber les mésactions de leur employeur, interdisant aux fonctionnaires de parler en public de leur relation avec l'État, même si, bien sûr, le secret défense ou l'intégrité nationale n'est pas en jeu : selon les termes d'une dépêche de L-AEF, Bastien Cazals, directeur de l'école maternelle Louise-Michel à Saint-Jean-de-Védas (Hérault) et "résistant pédagogique" depuis le mois de novembre 2008 "a reçu un courrier de l'inspecteur d'académie de l'Hérault, daté du 23 juin, lui intimant l'ordre de ne plus communiquer avec aucun media pour tout sujet ayant rapport avec ses fonctions", annonce dans un communiqué le réseau des enseignants en "Résistance pédagogique". Comme dit le représentant de l'État dans cette affaire, "l'honneur de la fonction publique est d'obéir aux instructions". Vous remplacez 'instruction' par 'ordre' - ce que le principe de la synonymie autorise -, et vous avez la fonction militaire... La droite au pouvoir, celle qui au nom de Chirac supprima la conscription militaire, entend faire aujourd'hui de l'ensemble des salariés de l'État une cohorte obéissante de soldats muets. Au nom de Sarkozy.
À ce train-là, du Nord au Sud de la France, la droite au pouvoir n'a pas de souci à se faire quant à sa longévité politique.
Et moi, il ne me restera bientôt plus que les yeux pour pleurer.
S'il est encore permis de pleurer.