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BRICH59

9 janvier 2006

L'habitude nous joue des tours, nous qui pensions...

cassationMe vient souvent en tête cette chanson de Maxime Leforestier de quand j'étais jeune... Belle chanson, mélancolique à souhait et si juste dans son propos (La rouille, paroles de Jean-Pierre Kernoa). Et puis la musique et la voix de Maxime Leforestier !
Bref. Ce n'est pas pour ça que je prend la souris et le clavier ce matin.

Voilà ce qu'on pouvait lire dans Le Monde de ce week-end :
lemonde060108_p8« Le premier ministre n'a pas apprécié de découvrir, vendredi 6 janvier en début d'après-midi, dans Le Monde (daté du samedi 7 janvier), le discours que le premier président de la Cour de cassation, Guy Canivet, devait prononcer, en sa présence, un peu plus tard dans la journée, à l'occasion de la rentrée solennelle de l'institution. Un geste d'"inélégance" que, dès son arrivée, Dominique de Villepin a reproché en privé à M. Canivet, en lui annonçant, d'une part, que, contrairement aux usages, il prendrait la parole à l'ouverture de l'audience et en lui demandant, d'autre part, d'écourter la lecture de sa propre intervention.»

Traditionnellement invité à l'audience solennelle de rentrée de la Cour de cassation, le chef du gouvernement ne s'y exprime normalement pas. Usage unilatéralement rompu ce vendredi. Pour justifier son entorse à cette coutume républicaine, "Monsieur de" a avancé cet argumentaire : « Je ne suis pas un homme d'habitudes. Nous ne sommes pas dans un temps d'habitudes. Nous sommes dans un temps de grand changement ».
Ça y est, nous y voilà ! Encore cette incantation vide et creuse du progrès, du changement...
esprLecteur fidèle, souviens-toi de ce que peuvent dire des gens comme jean Duvignaud ou François Brune de ce genre d'incantation... L'argument de la nouveauté, de l'innovation, du changement, du progrès etc. est une litanie qui demande le blanc-seing universel, le chèque en blanc totalitaire. Ce n'est tout simplement pas un argument. Juste un coup de force, un "diktat" aveugle.
Montesquieu, reviens ils sont toujours aussi fous !
Je crois sincèrement que les hommes politiques nous prennent pour des cons. J'en suis convaincu depuis fort longtemps, depuis que j'ai compris que toute rhétorique politique demande à être validée par le marketing. Ce qu'Hitler avait bien compris... Si je vais au bout de mon idée, l'acclamation politique des dictateurs n'est possible que parce que nous sommes des cons ? Des cons manipulés par la technique de la manipulation dont l'objectif est de les rendre encore plus cons... c'est-à-dire politiquement toujours plus dociles et démographiquement toujours plus nombreux. J'ai l'impression de faire du Brassens !

brassensLe temps ne fait rien à l'affaire
Quand on est con, on est con
Qu'on ait vingt ans, qu'on soit grand-père
Quand on est con, on est con
Entre vous, plus de controverses
Cons caducs ou cons débutants
Petits cons d'la dernière averse
Vieux cons des neiges d'antan

Vous connaissez la chanson, alors j'arrête.

L'épisode de vendredi a suscité la protestation immédiate du Syndicat de la magistrature - qui voit là un « événement sans précédent symptomatique de la volonté de mainmise du pouvoir exécutif sur la magistrature ». Le président de l'Union syndicale des magistrats, Dominique Barella, s'est autorisé, lui, à ironiser sur « une tempête dans un verre d'eau » et une « petite révolution de palais de justice ». C'est du moins ce que rapporte LCI=TF1.
Si ce n'est que ça, les dictateurs peuvent dormir tranquilles ! LCI=TF1 les préviendra quand il y aura péril en leur demeure.

Tant qu'il y aura des cons... 


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4 janvier 2006

Histoires de richesse-s

canard_enchaine1Aujourd'hui mercredi, c'est le jour du Canard. Page 3, je lis que les patrons ont réalisé des grosses plus-values en jouant à la Bourse (stock-options...), que, de ce point de vue, 2005 est une exceptionnelle année... Cabu illustre ça avec une patron jouflu qu'on gave comme une oie, mais avec des billets et se réjouis de n'être "même pas malade"... Ceci corrobore une partie de la plainte de Jean-Jacques Dupeyroux dont je parlais ce matin (tiens ! Le Monde en a parlé cet après-midi...).

anlciTout à l'heure au boulot, j'ai reçu les actes de la rencontre internationa- le francophone organi- sée par l'ANLCI - Agence Nationale de Lutte Contre l'Illettrisme (organisme mis à mal par les réactions politicardes de courte vue du gouvernement aux "violences" des banlieues d'avant les fêtes !) - début avril dernier. Des actes sympathiques avec un CD-Rom contenant les textes qui font actes et un DVD qui propose de la vidéo filmée lors de la rencontre...

Aussitôt rentrée chez moi, je glisse le DVD dans mon lecteur de salon et écoute religieusement Nelly OLIN, Ministre déléguée à l’intégration, à l’égalité des chances et à la lutte contre l’exclusion. Ce que j'ai visionné est exactement ce que les participants à la rencontre ont visionné début avril : Madame la Ministre n'avait pas pu se déplacer et avait donc enregistré son message aux acteurs de la lutte contre l'illettrisme.

Alors que je suis encore tout imprégné de ma lecture du Canard et de ce que je vous ai écrit ce matin, mes neurones font un bond quand j'entends Madame la Ministre dire que

la richesse d’un pays,
ce sont avant tout les hommes et les femmes
qui le composent
!

Bon ! À un autre endroit des actes, mes neurones s'entrechoquent carrément quand je lis qu'Azouz BEGAG (simple écrivain et chercheur au CNRS, à l'époque) prétendait, lui, que

la richesse ne s’exprime pas dans un compte en banque,
mais dans l’accès à la bibliothèque
et au monde des livres pour les tout-petits
.

begagNous y voilà donc ! Pour quelqu'un qui se plaindra quelques mois plus tard, quand il sera ministre délégué à la Promotion de l'égalité des chances, de la "sémantique guerrière" de son collègue deuxième ministre, je trouve qu'il y va un peu fort côté rhétorique ! La polysémie recherchée du terme 'richesse', et exhibée par Monsieur Begag, a ici quelque chose d'inconvenant, quand on connaît le déclin du niveau de vie des français d'en bas ! On se croirait dans un conte style prince et bergère ! Ce serait bien que les ministres cessent de nous raconter n'importe quoi et de nous prendre pour des gens sans jugement ! À les écouter, il y aurait, en gros, plusieurs richesses : celle des riches, celle du Pays, celle des pauvres... Comme ça tout le monde est riche, même les pauvres, et les riches sont contents !

riches_contre_pauvres1

Dessin emprunté à http://perso.wanadoo.fr/barnnibal/Autres%20dessins.htm


4 janvier 2006

Un nouveau droit du travail et de l'emploi

"Un nouveau droit du travail et de l'emploi", numéro spécial (décembre 2005) de la revue Droit social, dirigée par Jean-Jacques Dupeyroux, directeur de la revue, qui note en introduction :

revue_droit_socialÀ l'heure où les actionnaires sont les maîtres du jeu, au moins dans les grandes entreprises, et où ceux qu'ils placent à la tête de ces entreprises sont les gérants dociles de leurs seuls intérêts financiers, le monde du travail, dont le chômage, la précarité, le sous-emploi défont la capacité de résistance, risque d'enregistrer défaite sur défaite. Avec au bout la situation américaine avec ses working poor (travailleurs pauvres) : ils ont un emploi mais couchent dans la rue... L'horizon est noir.

Déjà, dans la livraison de mars dernier, cette revue avait publié une contribution de Jacques Rigaudiat : "À propos d'un fait social majeur : la montée des précarités et des insécurités sociales économiques"... dont rendait compte Laurent Mauduit dans l'édition du 07 avril 2005 du Monde, avec un papier intitulé "Les nouvelles métamorphoses de la question sociale"...

Mais tout ça, c'était avant les vœux de monsieur Chirac !


2 janvier 2006

Bonne année 2006 pour la musique !

À La Chapelle des Flandres, l'année 2005 aura été musicalement fructueuse. 2006 s'annonce productrice de nouveautés - et pas seulement musicales.

Si l'on s'adonne au jeu classique du rétroviseur annuel, on voit que 2005 aura été gouverné par deux volontés fortes, toutes deux centrées sur la restitution musicale : travailler encore et toujours Josquin des Prés et travailler la forme même du concert. 2005 aura été aussi l'année de naissance de Biscantor!, chœur régional de jeunes, visant à restituer dans son fonctionnement les chapelles franco-flamandes du XV° siècle. 

  • Travailler JOSQUIN
    comme on travaille une pâte riche en levain

voeux2006_01_1024_1Cela fait un bon nombre d'années que l'association La Chapelle des Flan- dres, avec ses deux ensembles Métamorpho- ses et Cœli et Terra, travaille à restituer ce joyau de la musique franco-flamande que constitue l'œuvre du très fameux "Maître des notes" comme disait Luther. Ces messes notamment font ainsi l'objet d'un soin tout particulier. pho1_183569Cette musique partage avec celle de JS Bach la caractéristique d'être à chaque fois un système architectural. Le dialogue des voix (contrepoint) est y immédiatement spatial et chaque nouvel argument de l'une des voix fait évoluer la construction dans son ensemble. Écoutez un des Motets de Bach les yeux fermés... et vous verrez les voix discuter entre elles. Écoutez tel Agnus de Josquin... il en sera de même.

superius_et_le_contratenor__encadrant_le_cantus_firmus2Mais il y a aussi l'homme Josquin, dans son temps, temps de renaissance comme disent les historiens, temps d'innovation aussi. 1440-1521 : Josquin aura vécu plus de quatre-vingts années de cette période riche en invention - dont celle de l'imprimerie, et de l'imprimerie musicale - mais aussi période riche en guerres et autres œuvres de mort. La première victoire du jeune roi François 1er, la première année de son règne, la trop fameuse Bataille de Marignan - présente dans l'imaginaire historique collectif des Français [1515 !] -, n'a-t-elle pas été acquise à un terrible prix : 16.000 morts en quelques heures (du jamais vu !) ?   À la fin de sa vie, le Maître a-t-il entendu l'appel d'Érasme de Rotterdam pour la paix (Querela pacis undique gentium ejectae profligataeque) ? Période contrastée donc, où il était passionnant de situer Josquin, non seulement sur le plan musical, mais aussi sur le plan dramatique: c'est l'enjeu de Nymphes des Bois, théâtre musical, création de Maurice Bourbon et Philippe Jacquier, réunissant musiques franco-flamandes et du XXI° siècle, qui sera donnée en 2006 dans notre région.

  • Travailler la forme même du concert

voeux2006_02_1024_1Avec Josquin ou Bach, on touche fatalement la question des rapports entre espace, temps et matière. Ces trois éléments - que la théorie de la relativité a articulés il y a un siècle - sont la matière première des musiciens depuis la nuit des temps...

L'idée est simple : la musique est un art qui fonctionne sur la répétition (sujet/contre-sujet, thème/variations, cellules rythmiques, reprises, etc.), mais un art qui n'existe que "concrétisé" dans une "re-présentation", toujours la même et toujours différente... Cette re-présentation, cette concrétude inscrivent la temporalité de la répétition - qu'on peut concevoir in abstracto - dans l'espace hic et nunc de la représentation. L'organiste par exemple, interprétant telle toccata de JS Bach, devra "composer" non seulement avec la qualité de l'instrument qu'il a sous les doigts (choix des jeux, notamment), mais aussi avec l'espace où le son va se déployer (choix de l'articulation des doigts, notamment).

L'ensemble vocal est un instrument certes et le chef de chœur est comme l'organiste. Mais un ensemble vocal, ça bouge, c'est un groupe de personnes qui ont de la voix, mais qui sont sur leurs jambes...

condition_publiqueCœli et Terra a expérimenté cette réalité pour la première fois en septembre dernier, lors des journées du patrimoine. C'était à Roubaix, à la Condition Publique. Souvenez-vous : l'ensemble vocal se déplaçait de la scène vers l'allée centrale, pour finir dans la grande salle, jouant des résonances des lieux, jouant même du mouvement des spectateurs...

Et, pour remplacer la continuité statique du groupe sans autres mouvements que celui des lèvres et celui des yeux, le directeur artistique de La Chapelle des Flandres, Maurice Bourbon, a imaginé d'instituer un fil vocal continu... Le concert s'entend alors dans un souffle ininterrompu où chatoient les sons concrètement déterminés, où s'entrecroisent les mélodies diaprées et où savent renaître les accords au bout de la respiration.

lille__11L'intervention de l'ensemble Cœli et Terra le 22 décembre au Palais des Beaux-Arts de Lille a été de ce point de vue très significative. Et le public a été transporté par cette succession d'histoires racontées en chantant, par ces accords mou- vants qui soudain habitaient l'atrium du musée, par toute cette musique enfin aérienne et emplissant l'espace comme en dansant.

Une musicalité qui restitue des chefs-d'œuvres des anciens et nouveaux maîtres de musique, mais qui restitue, dans le même mouvement, les reliefs sonores de l'architecture des lieux où elle se déploye aujourd'hui.

  • Une projection pour 2006

Dans la droite ligne de la tradition musicale franco-flamande, la rumeur prête à Cœli et Terra et à Biscantor! deux créations de messes, dont l'une sur un thème populaire, et à Métamorphoses l'enregistrement d'un CD Josquin. Mais chut...

Bonne année musicale !


31 décembre 2005

Meilleurs voeux !

bonne_ann_e_2006


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31 décembre 2005

Sarkozus, collusionis rex, collusionarum collusio

Vous je ne sais pas, mais moi je suis extrêmement choqué par les déboires des gens qui ont comparé le programme sarkosien et le programme frontiste...
sarkozy030209La lecture d'un récent article de Catherine Corol- ler publié dans Libération de ce 30 décembre a ré- activé dans mon cerveau secoué (par ladite lecture bien sûr !) la profondeur contemporaine du mot 'collusion'. Et comme je doute toujours (en général - posture philosophique - et en particulier - j'ai la mémoire qui flanche...), j'ai ouvert mon Littré, qui dit ceci :
collusion,  s. f.
(kol-lu-zion. Lat. collusio)
Intelligence de deux parties qui plaident, mais qui ne laissent pas de s'entendre pour tromper un tiers. Dans le langage général, entente secrète entre deux ou plusieurs parties, pour faire préjudice ou simplement pour tromper
.
lib_30d_cMagie des dictionnaires qui fonctionnent hors du temps, hors des tempora- lités contingentes : Littré est bien vieux déjà et ce qu'il dit s.v. collusion m'éclaire sur le compor- tement de celui qui monte dans la politique française !
sarkozy_afp040225En effet, voilà un homme - un petit peu plus jeune que moi, ce qui me donne une petite avance sur lui en matière d'expérience de vie ! -, qui est tout à la fois second du gouvernement de la République française, premier du principal parti politique français et candidat au poste de premier de la République française... J'en passe, ne retenant que ses principales attributions qui sont en même temps les plus visibles.

sarkozy_guignolsEt ce qui saute aux yeux à la lecture de l'article de Libé, c'est qu'on a ici un système de collusion permanente entre les trois fonctions. Quand une des fonctions est mise en cause, voire mise à mal, l'une des autres fonctions vient à la rescousse pour sauver la mise... Dans le cas qui nous intéresse aujourd'hui, le candidat et le premier du premier parti politique sont malmenés par voie d'affiches placardées sur les murs franciliens, et c'est le second du gouvernement qui intervient, comme si dire ce qu'on pense du candidat-président constituait une atteinte caractérisée à l'ordre publique - dont le second du gouvernement est garant...

sarkozy_salutOn aurait même ici une sorte de collusion au carré ! Littré dit que la collusion est une entente entre deux personnes qui veulent, ensemble, rouler un troisième... Ici les deux personnes ne sont que deux visages d'une même personne !

esprit_des_loisJ'ai déjà dénoncé ce type de confusion volontaire, de collusion systématique dans le milieu de la recherche en sciences de l'éducation et de la politique formation (souvenez-vous : c'était à propos d'une méthode se drapant dans les critères de la scientificité et baptisée "recherche-action de type stratégique"). Je vois que c'est une façon de faire profondément ancrée dans la pratique politique... et qu'à chaque fois cela a un goût amer de totalitarisme.

Montesquieu reviens, ils sont toujours aussi fous !

Bonne année ! quand même !
En 2006 soyons plus vigilants que jamais!


26 décembre 2005

La galère du migrant (un article de Nord-Matin, éd.du 14déc.)

Le MRAP toujours sur la brèche à la Cité administrative...
« La galère du migrant »

nordmatin051214clich__4_
Le MRAP proposait hier
[mardi 13 décembre 2005] un petit-déjeuner de réconfort aux étrangers qui campent, parfois dès 4 h du matin, devant la Cité administrative pour l’obtention d’un titre de séjour. Histoire de mettre le doigt là où ça fait (encore) mal... En mai, l’accueil se fera rue de l’Hôpital Militaire.


« On a voulu mettre l’accent là-dessus, parce que le problème est loin d’être réglé », explique Louisette Fareniaux, responsable du comité lillois du MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples).

Dès potron-minet. c’est-à-dire dès 7 h du matin, des militants ont ap- porté un gobelet de café et une louche de réconfort aux « étrangers » qui font la queue au bas de la Cité administrative de Lille. parfois depuis des heures, souvent dans le froid, toujours dans l’obscurité...
Les grilles ne s’ouvrent qu’à 8 h 30 : il s’agit de prendre un ticket de rendez-vous pour le dépôt d’une première demande de titre de séjour, ou son renouvellement. Mais l’affluence est telle qu’il faut parfois revenir l’après-midi (à 13 h 30), voire un autre jour. D’où l’intérêt d’arriver parmi les premiers...

« Il y a des gens qui viennent de Douai. Qui prennent le train et passent leur nui ici, dehors », s’insurge Kateryna. Cette Ukrainienne aux beaux yeux bleus est venue de Lomme avec son mari, Damien. Ils attendent depuis 6 h du matin : une heure très raisonnable. Elle est arrivée en France en 2003, elle est déjà venue plusieurs fois à la Cité pour des demandes d’un an. Cette fois, il s’agit d’obtenir un titre de séjour de 10 ans. Ensuite, Kateryna demandera la nationalité française, ce qu’elle a toutes les chances d’obtenir, puisqu’elle est mariée depuis deux ans avec un Français. « J’ai vu attendre ici de vieilles religieuses de 80 ans... Et des femmes qui venaient avec de petits enfants enveloppés dans des couvertures », raconte Kateryna. « C’est inhumain. Il faudrait au moins établir des priorités ».

A la MEP, un colloque aujourd’hui [mercredi 14 décembre 2005] 

Inhumain ? C’était pire avant décembre 2002. À cette date seulement, le service d’accueil a pris ses aises dans l’ancien restaurant de la Cité. Et, il y a un an, on a construit un auvent, à l’extérieur: pour que la file d’attente, à défaut d’être protégée du froid et des courants d’air, soit au moins à l’abri de la pluie !

Chaque mois, le service accueille environ 4 000 « étrangers », venus de tout le département. Shiui, elle, veut passer les fêtes en Espagne : cette Chinoise à grosses lunettes étudie depuis quatre ans les mathématiques appliquées à Lille3. Chaque année, sa demande de titre de séjour transite par la Maison de l’Etudiant et ne pose pas de difficulté. Ce matin, elle vient chercher un « titre de voyage » qui lui permettra de regagner ses pénates lillois, après le séjour espagnol.

C’est à contre-courant que semble naviguer l’Algérien Samir: « Quand on vient de son plein gré dans un pays étranger, il faut se plier aux règles », estime-t-il. Ces heures d’attente, dans des conditions souvent difficiles, ne lui sont donc pas insupportables. Médecin diplômé en Algérie, il s’est inscrit à Lille2 pour se spécialiser en pneumologie...

Mais, quoi qu’il en soit, l’accueil des étrangers à la Cité administrative ne sera bientôt plus qu’un souvenir. En mai prochain, les services de la préfecture de Lille seront regroupés rue de l’Hôpital Militaire. dans l’ancien hôpital Scrive.. Une nouvelle organisation, apprend-on, sera mise en place pour l’accueil des étrangers, avec un système de rendez-vous...

Pour autant, les associatifs n’entendent pas faire retomber la pression. Un collectif (MRAP, LDH, CIMADE, Amnesty International...) veut organiser chaque mois un temps fort à la Cité administrative.

Aujourd’hui, le MRAP propose une série de conférences et de témoignages à la Maison de I’Education Permanente (MEP) de Lille, de 17 à 22 h, sur la « galère du migrant ». « Il y a une suspicion automatique à l’égard des étrangers. Et ça va être pire avec la nouvelle législation », constate Marie-Hélène Rigaud, membre d’Amnesty International. Restriction sur les visas, sur les ménages mixtes (avec une mise à l’épreuve de deux ans), sur le regroupement familial : les associations ne voient pas d’un bon oeil le durcissement de la législation, qui doit se poursuivre avec un tri plus sévère des étudiants candidats à l’exil et un contrôle des ménages, effectué dans les consulats des pays d’origine.

A.P.
article paru dans
Nord-Matin
,
le 14/12/05


24 décembre 2005

Joyeux NOËL !

Ainsi l'industrie musicale n'est pas contente !
Les députés ont adopté, mercredi 21 décembre, deux amendements permettant la légalisation des échanges de fichiers sur Internet. Du coup, ceux qui font leur beurre sur la tartine de l'industrie musicale râlent...

J'ai deux questions :

  • qu'est-ce que ça fait, en fait, que les députés aient adopté ces deux amendements ?

  • c'est quoi l'industrie musicale ?

trombonneOui, qu'est-ce que ça fait, en fait, que les députés aient adopté ces deux amendements ? Trois remarques, ici. Tout d'abord, ça fait longtemps que je ne crois plus au Père Noël et pourtant j'aime voir les enfants recevoir leurs cadeaux de Noël... Je ne crois plus à la sympathie des grands industriels et de leurs laquets politiques et pourtant je me réjouis du vote du 21 décembre ! Ne nous faisons pas d'illusion béate : le gouvernement va reprendre sa copie de plus belle et les députés gaudillots vont tous être là le jour J pour établir le droit de cuissage de l'industrie sur la création et l'expression artistiques...

Certes, il y aura la difficulté de la preuve. Quand la CNIL dit qu'il sera difficile de prouver que l'auteur de la contrefaçon est également le titulaire de l'abonnement à internet, je crois qu'il faut l'entendre et s'attendre, du coup, à du répressif hyper-musclé. Quand le droit n'est pas clair, la force vient souvent cacher l'obscur !

Et puis, enfin, on pourrait se dire que le gouvernement et son ministre de la Culture feraient mieux de prendre correctement en main le dossier de l'indemnisation des intermittents ! Car la version provisoire du nouveau protocole d'indemnisation, reprennant en grande partie celui de 2003, n'est vraiment pas du tout satisfaisant pour les artistes et du monde culturel en général. Là l'industrie musicale ne s'émeut pas !

Mais c'est quoi l'industrie musicale ?

distributionJe me souviens de l'article qu'Edgar Morin avait publié dans Le Monde à l'époque de Salut Les Copains pour montrer comment se mettait en place une industrie culturelle naissante... L'intérêt de cet article est certainement de nous ouvrir les yeux sur la réalité de la Culture dans le monde libéral, capitaliste et industriel... Relisez-le ! Ou alors allez au cinéma et, attendant la projection de Narnia, visionnant la bande annonce de Bambi2 ... et les publicités MacDo ou Kellogg's qui suivent, ayez le courage de poser la question : on fête quoi, là ? Un nouveau grand dessin animé réalisé à partir d'une œuvre de la littérature pour la jeunesse, une œuvre d'art qui propose de reprendre le fil de superbe dessin animé de Bambi - qui nous a tous charmé un jour - ou bien les hamburgers de l'horrible MacDonald et les céréales américaines ? On fête quoi ? des œuvres culturelles ou des "produits dérivés" ?

D'autre part, il semble que se mène ici un combat de sourds : il n'y a aucune corrélation entre la copie et la vente des CD... S'il y en a une, elle va dans le sens opposé de ce que craignent les magnats de l'industrie (les gens qui écoutent de la musique sur le Net, on envie d'acheter) ! Alors c'est quoi le problème ? On nous dit qu'une trentaine d'artistes (Vincent Delerm, Corneille, Johnny Hallyday, etc.) ont signé un texte commun pour préciser que le fait qu'ils se soient "opposés aux sanctions prises contre les internautes ayant téléchargé illégalement de la musique sur Internet"  ne signifiait "en aucun cas" qu'ils étaient "favorables à un système de licence globale". "Au contraire, nous estimons qu'elle menace la création et la liberté des artistes", précisent-ils dans un communiqué.

Ils sont où les artistes ?

Parce que, ceux que je connais, moi, c'est pas Delerm ou Johnny. Ceux que je connais, moi, ils ont un talent et un professionnalisme fous et pourtant l'industrie culturelle les ignore ! Ces artistes que je connais et que je vois créer et interpéter, ils font du spectacle vivant, pas de la mise en boîte de musique comme on mettrait en boîte des sardines à l'huile. Et que je sache, le problème de la contrefaçon ne se pose pas dans le spectacle vivant - sauf à se rendre compte, lors d'un concert, que le succès industriel de tel ou tel artiste est usurpé et ne correspond pas à ce qu'on attend d'un artiste, précisément...

L'art et la culture n'habitent pas primordialement l'industrie culturelle ! En tout cas, ils n'en sont pas l'apanage !

Alors qu'on nous lâche les basques avec ces histoires de copies contrefaçons piratages... Et qu'on ne nous dise pas encore et encore que la lutte contre la copie est finalisée par la volonté déterminée à faire respecter le droit d'auteur, "conquête de la Révolution française". Rien n'aurait-il changé en de deux siècles ? Et puis, d'autre part, Virgin aurait-il si bruyamment, si effrontément, si scandaleusement manifesté dans le lieu sacré de la République si le but ultime et principal de cette affaire était le droit des auteurs ?

Les vrais pirates, les authentiques spolieurs ne sont pas ceux qu'on dit !

Par rapport à la culture (vivante, humaine, réelle, etc.), l'industrie culturelle est de l'ordre de l'épiphénomène. Le problème est que, dans notre monde capitalistico-libéral, l'épiphénoménal, quand il est d'ordre économique, finit par dicter sa propre loi au réel, à l'humain... !
J'ai lu un jour quelque part que vivre pour obéir aux impératifs économiques n'était que survivre. Alors

J O Y E U X    N O Ë L
et bonne survie !

Pauvres de nous ! ! ! ! !


21 décembre 2005

Formation : on connaît la chanson !

lemonde21d_c05Mozart en tête de gondole ! Formidable ! Formidable mais à quel prix ! Non, pas combien ça coûtera à la personne qui veut acquérir l'intégral Mozart dans sa grande surface chérie ! Non ! Je demande combien ça coûte à la musique, à l'art, à Mozart !
Dans Le Monde daté du 21 décembre, Patrick Zelnik et Louis Bricard, renvoyant à un article du Monde daté du 12 novembre 2005 ("Tout Mozart pour 99 euros"),  avancent un problème important : celui de l'abolition des distinctions dans le marché économique de l'esprit. À force de traiter toutes les marchandises de la même façon, le capitalisme assèche tous les ruisseaux de la création humaine.
Sous prétexte que "quelque chose" peut être reproduit à l'infini , sa rareté diminue et son "prix" fond comme neige au soleil.
argentQu'on se rassure, il y aura tout de même des gens pour en tirer un profit sonnant et trébuchant ! Y a une justice quand même ! D'ailleurs, c'est à se demander si tous ces fameux pirates kazaamaniaks ne sont pas de fait du même acabit que ces vendeurs d'intégrales en tête de gondole, mais en mieux, en plus morale puisque, ce faisant, ils n'emplissent a priori pas leur coffre-fort. On dit de ces gens qu'ils sont pirates, voleurs, qu'ils spolient les créateurs... Erreur, ils ne spolient que les vendeurs, qui, eux, en règle générale, spolient bel et bien les créateurs et les interprètes... Ces vendeurs qui ont le culot d'intervenir en séance parlementaire pour "promouvoir" LEUR façon de faire, LEUR façon de SE faire du blé sur le dos des créateurs et interprètes ! Si ! Ils l'ont fait hier, avec des badges parfaitement officiels offerts par le Ministre de la Culture ! Ils ont offerts aux députés des cartes promotionnelles pré- payées pour leur permettre de télécharger des morceaux de musique ! Formidable et scandaleux : de la corruption d'élus en plein jour et dans le sanctuaire de la République et avec la bénédiction du gouvernement ! Je ne vous dis pas ce qui a dû se passer sous les tables ...
Saint Marché priez pour nous, nous sommes perdus !
De toutes façons, avec ou sans la complicité de Monsieur le Ministre, je pense qu'ils vont être exaucés, puisqu'ils détiennent l'arme suprême : ils embauchent des gens, ils maîtrisent l'emploi ! Le voilà le chantage absolu du capitalisme ! Je crée des emplois, je maintiens des emplois, etc., alors laissez-moi faire ce que bon me semble, y compris licencier ou mal rétribuer le travail fourni, etc., sinon je licencie et je reprends mon blé.

Moi qui travaille dans le secteur de la formation continue, je peux vous dire que la dégradation de la qualité de vie et de production pour raison économique n'est hélas pas le privilège de la culture : la mise sur le marché de l'activité pédagogique conduit trop souvent et insidieusement à un type de pratique où le moins disant financier est considéré comme mieux disant et où le renouvellement des marges de créativité et d'innovation est largement compromis par un fonctionnement économique qui donne fatalement raison à ceux qui détiennent les capitaux. Il y a quelque dix vingt ans, on avançait, avec un air de triomphe, l'idée d'une industrialisation de la formation, rendue possible par la maîtrise du multimedia et son usage en production pédagogique... Malheur de nous ! Le doigt était déjà dans l'engrenage et le tocsin sonnait déjà pour qui voulait bien y prêter attention.
affiche_oeufsEn fait, tout vient de ceci que

l'argent est roi en ce monde

et que

l'argent n'aurait pas d'odeur

- ce qui permet de conclure que l'argent pour lutter contre l'illettrisme est le même que l'argent pour faire du profit en tête de gondole. Saint Marché, pardonnez-moi ! Mais je pense que l'argent a une odeur : il peut puer le truand ou fleurer bon l'humain. L'argent investi par un vendeur d'armes (vous avez vu que la France se défend plutôt bien sur ce registre-là, derrière les américains et les anglais ! C'est quand même un pays formidable, la France !) n'a pas du tout la même odeur que l'argent investi par un Conseil Régional pour développer la création pédagogique qui permettra de toujours mieux lutter contre les situations d'illettrisme qui parsèment le territoire français !
Et quand on voit le marché de la formation se couvrir d'atours langagiers qui n'ont rien à envier au marché des aliments pour animaux, on peut craindre le pire... On en vient aujourd'hui à parler de "qualification durable". On voit le tableau. On devine le panneau publicitaire de dans quelques années :

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Renseignez-vous
chez votre concessionnaire le plus proche
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Profitez-en !

Et Joyeux Noël !


20 décembre 2005

La (vieille) chouette et le chat

L'autre jour, un groupe d'adolescents a assisté à une scène étrange et choquante.

twistUn jeune faisait la manche dans le courant d'air froid des rues glaciales de Lille, un chat sur les genoux... Une vieille dame passe. Elle s'approche du gamin pour lui tendre une pièce et lui dire haut et fort que cette pièce n'est pas pour lui mais pour le chat... L'enfant est resté impassible, acceptant la pièce sans mot dire, sans maudire cette vieille chouette à l'esprit tordu et au coeur humainement sec. Il a agi en professionnel, me rappelant des scènes d'un autre temps, d'un autre âge (relisez Oliver Twist !).

On dit que la sagesse vient avec l'âge. On dit même qu'elle serait le privilège de l'âge ! La consonnance entre 'âge' et 'sage' y invite, il est vrai, portant le (faux) message d'une belle connivence entre âge et sagesse... Mais les adolescents ne s'y sont pas trompés, qui ont gourmandé haut et fort  la vieille dame en termes choisis et avec toute l'impertinence qui convenait !
oliver_twistBravo les petits !

La vieille dame avait dû entendre ce bon Nicolas (non pas le Saint Nicolas ami des enfants sans distinction !) qui ne cessait hier sur France Inter d'opposer ceux qui travaillent aux autres, sans dire positivement de qui il s'agit d'ailleurs : handicapés dans l'incapacité de tra- vailler, travailleurs mis au chômage pour satisfaire les boursicoteurs, retraités au pouvoir d'achat peau de chagrin, enfants aux mains de gangs à la Oliver Twist, etc.
Il oppose "la France qui travaille" à ...
Gare à nous, le Maréchal-nous-voilà n'est pas loin !

Joyeux Noël ?


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