Joyeux NOËL !
Ainsi l'industrie musicale n'est pas contente !
Les
députés ont adopté, mercredi 21 décembre, deux amendements permettant
la légalisation des échanges de fichiers sur Internet. Du coup, ceux qui
font leur beurre sur la tartine de l'industrie musicale râlent...
J'ai deux questions :
qu'est-ce que ça fait, en fait, que les députés aient adopté ces deux amendements ?
- c'est quoi l'industrie musicale ?
Oui, qu'est-ce que ça fait, en fait, que les députés aient adopté ces deux amendements ? Trois remarques, ici. Tout d'abord, ça fait longtemps que je ne crois plus au Père Noël et pourtant j'aime voir les enfants recevoir leurs cadeaux de Noël... Je ne crois plus à la sympathie des grands industriels et de leurs laquets politiques et pourtant je me réjouis du vote du 21 décembre ! Ne nous faisons pas d'illusion béate : le gouvernement va reprendre sa copie de plus belle et les députés gaudillots vont tous être là le jour J pour établir le droit de cuissage de l'industrie sur la création et l'expression artistiques...
Certes, il y aura la difficulté de la preuve. Quand la CNIL dit qu'il sera difficile de prouver que l'auteur de la contrefaçon est également le titulaire de l'abonnement à internet, je crois qu'il faut l'entendre et s'attendre, du coup, à du répressif hyper-musclé. Quand le droit n'est pas clair, la force vient souvent cacher l'obscur !
Et puis, enfin, on pourrait se dire que le gouvernement et son ministre de la Culture feraient mieux de prendre correctement en main le dossier de l'indemnisation des intermittents ! Car la version provisoire du nouveau protocole d'indemnisation, reprennant en grande partie celui de 2003, n'est vraiment pas du tout satisfaisant pour les artistes et du monde culturel en général. Là l'industrie musicale ne s'émeut pas !
Mais c'est quoi l'industrie musicale ?
Je me souviens de l'article qu'Edgar Morin avait publié dans Le Monde à l'époque de Salut Les Copains pour montrer comment se mettait en place une industrie culturelle naissante... L'intérêt de cet article est certainement de nous ouvrir les yeux sur la réalité de la Culture dans le monde libéral, capitaliste et industriel... Relisez-le ! Ou alors allez au cinéma et, attendant la projection de Narnia, visionnant la bande annonce de Bambi2 ... et les publicités MacDo ou Kellogg's qui suivent, ayez le courage de poser la question : on fête quoi, là ? Un nouveau grand dessin animé réalisé à partir d'une œuvre de la littérature pour la jeunesse, une œuvre d'art qui propose de reprendre le fil de superbe dessin animé de Bambi - qui nous a tous charmé un jour - ou bien les hamburgers de l'horrible MacDonald et les céréales américaines ? On fête quoi ? des œuvres culturelles ou des "produits dérivés" ?
D'autre part, il semble que se mène ici un combat de sourds : il n'y a aucune corrélation entre la copie et la vente des CD... S'il y en a une, elle va dans le sens opposé de ce que craignent les magnats de l'industrie (les gens qui écoutent de la musique sur le Net, on envie d'acheter) ! Alors c'est quoi le problème ? On nous dit qu'une trentaine d'artistes (Vincent Delerm, Corneille, Johnny Hallyday, etc.) ont signé un texte commun pour préciser que le fait qu'ils se soient "opposés aux sanctions prises contre les internautes ayant téléchargé illégalement de la musique sur Internet" ne signifiait "en aucun cas" qu'ils étaient "favorables à un système de licence globale". "Au contraire, nous estimons qu'elle menace la création et la liberté des artistes", précisent-ils dans un communiqué.
Ils sont où les artistes ?
Parce que, ceux que je connais, moi, c'est pas Delerm ou Johnny. Ceux que je connais, moi, ils ont un talent et un professionnalisme fous et pourtant l'industrie culturelle les ignore ! Ces artistes que je connais et que je vois créer et interpéter, ils font du spectacle vivant, pas de la mise en boîte de musique comme on mettrait en boîte des sardines à l'huile. Et que je sache, le problème de la contrefaçon ne se pose pas dans le spectacle vivant - sauf à se rendre compte, lors d'un concert, que le succès industriel de tel ou tel artiste est usurpé et ne correspond pas à ce qu'on attend d'un artiste, précisément...
L'art et la culture n'habitent pas primordialement l'industrie culturelle ! En tout cas, ils n'en sont pas l'apanage !
Alors qu'on nous lâche les basques avec ces histoires de copies contrefaçons piratages... Et qu'on ne nous dise pas encore et encore que la lutte contre la copie est finalisée par la volonté déterminée à faire respecter le droit d'auteur, "conquête de la Révolution française". Rien n'aurait-il changé en de deux siècles ? Et puis, d'autre part, Virgin aurait-il si bruyamment, si effrontément, si scandaleusement manifesté dans le lieu sacré de la République si le but ultime et principal de cette affaire était le droit des auteurs ?
Les vrais pirates, les authentiques spolieurs ne sont pas ceux qu'on dit !
Par rapport à la culture (vivante, humaine, réelle, etc.),
l'industrie culturelle est de l'ordre de l'épiphénomène. Le problème
est que, dans notre monde capitalistico-libéral, l'épiphénoménal, quand
il est d'ordre économique, finit par dicter sa propre loi au réel, à
l'humain... !
J'ai lu un jour quelque part que vivre pour obéir aux impératifs économiques n'était que survivre. Alors
J O Y E U X N O Ë L
et bonne survie !
Pauvres de nous ! ! ! ! !