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BRICH59
3 novembre 2005

Où est le problème ?

lib_J'ai eu le temps de lire Libération version papier et in extenso pour une fois ce jeudi 3 novembre : je suis en villégiature parisienne et, dans le métro, je savoure d'avoir le temps de lire...). Lisant, quelque chose m'a chiffonné : les heurts banlieusards sont en début de journal, avec les commentaires politiques des jeux entre amis de longtemps au sein du gouvernement et de la majorité parlementaire. La Une y est consacrée, puis la totalité des pages 6, 7 et 8.

C'est seulement en arrivant page 18, rubrique Société, que l'on apprend que l'alcoolisme fait des ravages dans la police, avec ce petit article (moins de 350 mots !) intitulé « Ils étaient alcoolisés, comme à chaque fois ». Qui a frappé Nourredine lors de sa garde à vue à Toulouse ? La police des polices enquête...

Où est le problème ?


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28 octobre 2005

Tchétchénie, brisons le silence !

ai_crirecontrel_oubli

manifestation régionale
contre les violations des droits humains
en T c h é t c h é n i e
Samedi 5 novembre 2005, de 14h à 18h
place du Théâtre à Lille

4nov2004_pybrunaud_pour_ai

Apportez un objet sonore,
ensemble nous briserons le silence
autour de la Tchétchénie

petit point documentaire
sur la
Tchétchénie
à la fin du message
du 12 octobre


26 octobre 2005

Il y a cinquante ans, Rosa Parks

rosa_parksMon ami Grégoire a envoyé un mot a pas mal de gens pour signaler la mort, avant-hier, de Rosa Parks, celle par qui Martin Luther King est arrivé. Elle avait quatre-vingt- douze ans. Voici ce qu'on peut lire sur le blog Grioo.com (je me permets de reproduire, à quelques retouches près).



Une date, une personne:
Rosa Parks, 1er Décembre 1955

Par Hervé Mbougue

Le 1er Décembre 1955
Il s’agissait d’une journée de travail comme Rosa Parks en avait vécu des centaines dans sa vie, puisqu’elle était âgée de 42 ans déjà. Elle monte dans le bus, paie sa place. A cette époque, la règle était tragiquement simple. Les bus étaient divisés en trois parties :

  • L’avant était réservé aux blancs. Les noirs n’avaient même pas le droit de rester debout dans l’allée correspondante.

  • L’arrière était réservé aux noirs. Il n’y avait pas toujours de places assises

  • Une aile « charnière » était accessible aux blancs et aux noirs, mais un noir devait se lever dès qu’un blanc en avait besoin.

Pour rentrer dans le bus, les noirs payaient d’abord, descendaient, et remontaient par l’arrière. Il n’était pas rare que le chauffeur n’en ait cure et redémarre avant qu’ils ne soient tous montés, les laissant sur place.

Ce 1er Décembre 1955, Rosa Parks était assise dans l’aile « charnière », et contrairement aux autres passagers, elle a refusé de se lever quand des blancs ont eu besoin de s’asseoir. Elle était « fatiguée ». Mais contrairement à ce que dit la légende, elle n’était pas physiquement fatiguée, disons pas plus qu’un jour de travail ordinaire. Elle était fatiguée de subir ces traitements depuis des décennies, et a estimé qu’il y en avait assez. A cette époque, elle militait déjà dans des associations de défense des droits civiques.

Le chauffeur, qui l’avait déjà faite descendre d’un bus 12 ans plus tôt lui a renouvelé l’ordre de céder sa place. Elle a refusé. Il est devenu rouge de rage, est descendu, puis est revenu avec un policier qui a arrêté Rosa Parks.

Sans le savoir, il venait de donner une impulsion décisive au mouvement des droits civiques qui allait révéler au monde un nouveau leader pacifique…

Le procès et le boycott
Comme c’était la coutume à l’époque, Rosa Parks a été jugée coupable, et elle a été condamnée à payer une amende de 15 dollars.
Ce que la police n’avait pas prévu, c’est qu’un mouvement très fort se créerait autour d’elle. Très rapidement, il fut décidé de boycotter la compagnie de bus, jusqu’à ce qu’elle arrête ses pratiques ségrégationnistes.
Un jeune pasteur populaire fut choisi pour diriger la campagne de boycott, il s’agissait de Martin Luther King jr, qui n’était pas encore un leader mondialement connu.

La communauté noire, qui représentait 75% des clients de la compagnie de bus, s’est organisée de façon très solidaire. Certains n’ont pas hésité à marcher. Des taxis ont fait leur apparition, qui transportaient les gens pour 10 cents, prix pratiqué par la compagnie de bus.
Le boycott n’a pas été sans mal, puisque Martin Luther King et d’autres se sont fait molester alors qu’ils ne faisaient que se poster dans les rues pour voir les effets du boycott.
La maison de Martin Luther King a même été victime d’un attentat à la bombe, alors que sa femme Coretta Scott King et leur bébé de deux mois étaient à l’intérieur.

En apôtre de la non-violence, Martin Luther King a demandé à ses sympathisants de ne pas réagir violemment, et à continuer à se montrer pacifiques.

Pendant ce temps, la Cour Suprême a été interrogée sur la validité constitutionnelle de la condamnation de Rosa Parks, et Martin Luther King a continué à défendre les revendications de la communauté à la compagnie de bus :

  • Que les blancs et les noirs puissent s’asseoir de façon indifférente dans les bus

  • Les chauffeurs doivent être courtois à l’égard de tous les passagers

  • Des chauffeurs noirs doivent être engagés.             

La compagnie a refusé, même si elle n’a pas tardé à ressentir les effets du boycott, puisqu’elle a été contrainte d'augmenter ses tarifs de 10 à 15 cents, ainsi qu’à diminuer le nombre de bus en circulation.
Le 13 Novembre 1956, la Cour Suprême a rendu son verdict : les lois ségrégationnistes de Montgoméry ont été déclarées illégales.
Après 382 jours de boycott, la communauté noire avait gagné son pari, et obtenu le droit à un traitement équitable dans les bus.
Ces événements auront permis au monde de découvrir Martin Luther King jr...

Une vie tournée vers les droits civiques

La victoire fut amère pour Rosa Parks qui a dû déménager vers Détroit dans le Michigan compte tenu des menaces qui pesaient sur elle.

Elle a naturellement participé à la marche de Washington de 1963 et à celle de Montgoméry en 1965.

Rosa Parks aura eu une vie tournée vers la défense des droits civiques. Elle fut toujours membre du NAACP, ou National Association for the Advancement Of Colored People, dont elle faisait déjà partie en 1955 quand elle s’est faite arrêter.

Elle consacra énormément de temps à l’association Rosa and Raymond Parks Institute for Self Development (Raymond étant son défunt mari) qui offre à des jeunes des voyages en bus à travers les Etats-Unis afin qu’ils puissent découvrir l’histoire de leur pays, ainsi que l’histoire du mouvement pour les droits civiques.

Un film sur la vie de Rosa Parks a naturellement été tourné avec la talentueuse Angela Basset dans le rôle de Rosa Parks.

En 1999 elle a reçu des mains de Bill Clinton la médaille du congrès américain. Il s'agit de la plus haute distinction pouvant être décernée par le gouvernement américain.

Bill Clinton a notamment déclaré « de bien des façons, Rosa Parks a permis à l’Amérique de redevenir ce que nos pères-fondateurs avaient rêvé ».

Elle avait déjà reçu en 1996 la « Presidential Medail for Freedom »



Le web regorge de ressources sur Rosa Parks. On pourra en particulier consulter :

  • http://www.rosaparks.org/ le site officiel de l’association Rosa and Raymond Parks Institute for Self Development

  • une biographie sur l'excellent grioo.com cité dans ce message (que dis-je ! littéralement "pompé" !)

  • une biographie de Rosa Parks se terminant par une longue interview de celle-ci.

  • une interview en anglais donnée par Rosa Parks, où elle parle de sa vie, son enfance, et de son combat pour les droits civiques.

  • http://www.naacp.org le site officiel de la National Association for the Advancement Of Colored People, dans laquelle Rosa Parks militait déjà avant son arrestation en 1955.


19 octobre 2005

Plainte de la paix

erasmec0Hier, j'ai cité Érasme, l'humaniste de Rotterdam - qui refusa l'invitation de François 1er le belliqueux de 1515 -, pour sa Querela pacis undique gentium ejectae profligataeque de 1516.
Je suis en train de relire ce texte. Je l'ai déjà lu, mais il y a très longtemps, trop longtemps. Je n'avais pas été sensible, à l'époque, à la force à la fois sereine et inquiète de ces pages.
Participant en ce moment à un travail artistique autour de l'idée de guerre au début XVIème, je redécouvre ces pages d'une étrange modernité. Je découvre aussi cet homme, européen comme l'étaient en cette fin du Moyen-Âge/début de la Renaissance tous les gens d'esprit, mais avant tout un homme conscient de ce qu'est l'humanité et de ce qu'elle pourrait être...

La Bibliothèque Nationale de France nous offre une édition des années 1530 (cote: NUMM-93753). bnf_gallicaLe livre compte quarante-quatre pages scannées avec précision par (et/ou pour ?) nos bibliothécaires nationaux, il y a déjà bien longtemps. Merci à eux. Je vous ai montré la couverture hier. Vous pouvez, en cliquant dessus télécharger l'ouvrage en pdf ou en tiff (attention, près de 2 méga et demi à chaque fois !). Génial.

Si vous voulez consulter le texte latin de la Querela pacis, nos amis belges ont entrepris le travail qui vous satisfera : la faculté de philosophie et lettres de l'Université Catholique de Louvain propose, avec son uclAgoraClass : L'Agora des Classiques, un site plein de bonnes choses pour les amateurs de langues et de littératures classiques. Bref vous aurez ici le texte brut et le texte avec les liens hypertextes qui en font un objet d'étude accessible au philologue latinisant. Le texte est celui qu'a établi Werner Welzig (Erasmus von Rotterdam. Ausgewählte Schriften. t.7, Darmstadt, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, 1972).

Si vous voulez lire une traduction française contemporaine, il vous faudra acquérir ou emprunter le travail de Chantal Labre :9782869596894 Érasme, Plaidoyer pour la paix, Paris, Éd. Arléa, 2002, 90 p., pour un prix très modique.
Dans le titre Querela pacis, que Chantal Labre rend par Plaidoyer pour la paix, 'querela' pourrait être rendu aussi bien par Appel, Réclamation, Plainte, voire Lamentation (Chantal Labre suggérerait bien Lamento)... Une main que je ne saurais dater a écrit au revers de la page titre de l'exemplaire conservé à la BNF des mots qui, aujourd'hui encore, nous parlent avec force :

page2

La main généreuse a écrit aussi en anglais, à moins que ce ne soit aussi en américain...


18 octobre 2005

Tension en métaphore

de_civeHomo homini lupus, écrivait Hobbes (1588-1679), par une métaphore bien connue, reprise de l'Asinaria de Plaute : l'homme est un loup pour l'homme (dans son De cive, Epistola dedicatoria, en 1642).

Sauf que, écrivait Érasme (1467 [ou 69?]-1536) en 1516 dans sa Querela Pacis - querelapacisc'est-à-dire quelques mois après l'horrible bataille de Marignan - la concorde des loups est prover- biale (luporum concordiam etiam prouerbia nobilita- runt), déjà mise en avant par Aristote (dans l'Éthique à Nicomaque) et Horace (septième des Épodes).

Hobbes se serait donc trompé ? Pas du tout !

Disant que l'homme est comme un loup pour l'homme, le philosophe anglais veut seulement, mais sans le dire, loupinsister sur la différence entre la communauté des hommes et celle des loups. Dans la première règne la discorde, dans la seconde la concorde. Le loup affamé est dangereux pour l'homme, peut-être, mais jamais pour le loup. L'homme, affamé ou non d'ailleurs, est dangereux pour l'homme...

La métaphore est une tension où,

sous le ruissellement d'une ressemblance,

coule une différence.


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17 octobre 2005

Anniversaire

5 octobre 1961, communiqué du Préfet de Police Maurice Papon

17octobrDans le but de mettre un terme sans délai aux agissements criminels des terroristes, des me- sures nouvelles viennent d'être décidées par la préfecture de police. En vue d'en faciliter l'exé- cution, il est conseillé de la façon la plus pres- sante aux travailleurs algériens de s'abstenir de circuler la nuit dans les rues de Paris et de la banlieue parisienne, et plus particulièrement de 20h30 à 5h30 du matin. [...]

17octobreD'autre part, il a été constaté que les attentats sont la plupart du temps le fait de groupes de trois ou quatre hommes. En conséquence, il est très vivement recommandé aux Français musul- mans de circuler isolément, les petits groupes risquant de paraître suspects aux rondes et patrouilles de police. Enfin, le préfet de police a décidé que les débits de boissons tenus et fréquentés par les Français musulmans d'Algérie doivent fermer chaque jour à 19 heures.

Pour la suite,

voyez http://17octobre1961.free.fr/,

le site contre l'oubli

logobdic2002où vous pourrez voir notamment quelques unes des photos prises le 17 octobre 1961 par Elie Kagan (1928-1999) et conservées par la BDIC de Nanterre.


17 octobre 2005

Impertinence et réenchantement...

medef_univ_t_1Il y a quelques semaines, Madame Parisot du MEDEF disait vouloir réenchanter le monde. C'était lors de son Université d'été à Jouy-en-Josas. Et nous nous devons d'y attacher de l'importance, car, disait la dame en ouverture, "l’Université d’été du MEDEF crée un métissage des genres et un brassage des idées unique en France. Elle traduit ainsi l’intérêt et l’implication des entrepreneurs dans les enjeux de notre société, leur soif de comprendre, leur ambition de faire évoluer les choses." Soit.

Le devoir du MEDEF, dit-elle ensuite, est "aussi de s’ouvrir toujours plus à la société civile et de dialoguer avec tous ses acteurs sans esprit partisan, sans parti pris ni défiance, sans autre idéologie que celle de l’action et de la réussite. La réconciliation de la France et de l’entreprise est notre espoir et notre but, l’art de convaincre en sera le moyen."

Là, juste deux remarques impertinentes, pour vérifier si j'ai bien compris et questionner plus avant :

  1. société civile ? Tiens ! Je croyais que les entreprises et leurs chefs faisaient partie de la société civile ? Étonnant, non ! Pour moi, dans ma petite tête, 'civil', ça s'oppose à 'militaire' d'abord, puis plus récemment à 'politique' au sens de celui qui fait une "carrière politique". Or, dans la mesure où, sauf par artifice de type littéraire ou religieux, on ne peut "s'ouvrir" qu'à ce qui est hors de soi, comment le MEDEF pourrait-il s'ouvrir à ce dont il fait partie ? Cela voudrait-il dire que le MEDEF se considère comme une partie à part de la société civile ? Question : en quoi le MEDEF est-il à part de la société civile dont pourtant il fait partie de droit ?

  2. sans esprit partisan, sans parti pris ni défiance, sans autre idéologie que celle de l’action et de la réussite ? Ah ! Ainsi donc , si j'en crois Madame Parisot, le MEDEF, c'est-à-dire les employeurs réunis, n'aurait pas de point de vue sur le monde, sur le monde économique, sur le monde du travail ! Pour moi, dans ma petite tête, le partisan, c'est celui qui manifeste son appui à une équipe sportive par exemple, ou alors quelqu'un qui roule pour une idée (partisan du libéralisme, par exemple) ; parti-pris, ajoute l'idée que le partisan a une pensée qui fonctionne exclusivement sur des a priori, c'est-à-dire sans aucune prise en compte de l'expérience des choses, sans possibilité de mise en question des a priori, une pensée de partisan refermée sur elle-même, sur ces certitudes (l'acception comptable de 'parti-pris' va plus loin : le parti-pris produit de la falsification) ; sans défiance, je le cromprends comme une insistance : la défiance serait ce qui caractérise le comportement du partisan qui a du parti-pris systématique et se méfie de tout le reste - que de toutes façons il ne veut pas prendre en compte sauf que le reste s'impose à la vue etc. (par ailleurs, je me demande pourquoi Madame Parisot dit ici 'défiance' alors qu'on attendrait plutôt, en français commun, 'méfiance' ; peut-être pour la consonance avec 'défi', mot qui relève d'une idéologie du battant et de la battante ?)   
    Bon ! jusque-là, rien que d'habituel dans le discours de ceux qui ont le pouvoir réel (à distinguer du pouvoir nominal, qui serait celui du corps politique [?]) mais font comme s'ils étaient ouverts à la discussion même si, en dernier ressort, c'est eux qui décident. Après vient le problème de
    sans autre idéologie que celle de l’action et de la réussite : ça, c'est le genre de bout de phrase qui me fait bondir, pour la mauvaise foi et le jésuitisme qui s'y déploient en douce !   
    Première question bête : alors ça veut dire que les autres (ceux qui ne font pas partie de la corporation des employeurs réunis) prôneraient une idéologie de l'inaction et de l'échec ? Bon !   
    Passons à la seconde question : ça veut dire quoi exactement "idéologie de l'action et de la réussite" ? J'attends les explications de Madame Parisot, et on en reparle (j'ai déjà plein de choses à dire mais je préfère attendre d'être bien renseigné !)...

Mais revenons pour l'heure au réenchantement du monde.
J'ai juste un petit problème de compréhension : comment la "patronne des patron(ne)s", comment la porte-parole de la corporation des employeurs réunis peut-elle, sans pouffer rire, dire qu'elle veut réenchanter le monde alors qu'elle et ses ressortissants font tout ce qui est en leur pouvoir réel pour payer le moins possible l'heure travaillée par les autres qu'eux ? Je suspecte là comme une impertinence (au sens où il n'y a pas de pertinence, dans un premier temps) dans les propos de Madame Parisot. Car ne peut-on penser que si les salaires étaient plus dignes, la pauvreté ne serait pas ce qu'elle est et le monde serait un peu moins désenchanté ? Et comme je ne crois pas que la porte-parole de la corporation des employeurs réunis manque de logique à ce point, je pose la question autrement : n'y aurait-il pas dans les propos du MEDEF une réelle impertinence, mais, cette fois-ci, au sens où le MEDEF se moque de nous ?

Ce lundi 17 octobre, journée du refus de la misère, je crois qu'il était utile de rappeler ces propos du MEDEF, qui n'en prennent que plus de relief et ... d' impertinence !


14 octobre 2005

Développement ou compétitivité ?

ciadtLe Journal officiel (n°239 du 13 octobre 2005) a publié un décret qui transforme le Comité inter- ministériel d'aménagement et de développement du territoire - CIADT - en Comité interministériel d'aménagement et de compétitivité des terri- toires - CIACT. Ce décret du ministère de l'Intérieur et de l'Aménagement du Territoire stipule que "ce comité se prononce sur les objectifs de la politique nationale d'attractivité, de compétitivité et de cohésion des territoires". Une réunion du nouveau CIACT s'est tenue hier en fin de matinée à l'Hôtel Matignon. Le Moniteur, par exemple, en rendait compte dès hier dans une dépêche.
datar Par ailleurs, comme l'avait indiqué Dominique de Villepin dès le 27 juillet, la DATAR devrait également changer de nom et un décret en faire état prochainement. La DATAR (Délégation à l'aménagement du territoire et à l'action régio- nale), organe technique au cœur de la politique d'aménagement, deviendra la DIACT (Délégation interministérielle à l'aménagement et à la compétitivité des territoires).
Grâce à ces changements d'appellation, qui nous font passer du développement à la compétitivité, le gouvernement veut laisser entendre qu'il compte renforcer ses capacités d'anticipation et, paraît-il, mettre "solidarité et compétitivité au cœur de la politique industrielle".


rapport_sur_la_comp_titivit__mondiale2005_2006Côté compétitivité, on est assez bien renseigné. Tiens ! Prenons le Forum économique mondial, qui  a publié le 28 septembre dernier à Genève son Rapport annuel sur la compétitivité mondiale. Tout est sur la page du World Economic Forum, dit WEForum. Allez-y voir !
Dans le "Country Rankings 2005-2006", on lit que notre chère patrie est moins compétitive que l'an dernier et n'est que 30ème, reculant de trois places, au rang des pays compétiteurs... Bref, on compte les points : il y a les gagnants, il y a les perdants. Ceux qui stagnent, restant à la même place dans le "Ranking", sont a priori perdant, paraît-il... En fait, les gagnants ont fait perdre les perdants, et les stagnants attendent leur tour pour être perdus, c'est-à-dire perdants la prochaine fois qu'on fera le décompte...

Côté solidarité, on est aussi assez bien renseigné. Les ouvriers de Gdansk, l'abbé Pierre, Coluche, mon voisin Totoro, etc. Et puis les dictionnaires sont relativement unanimes sur le sujet. Voici ce que donne Mediadico :

  • solidarité (nom féminin)
  1. Responsabilité, dépendance mutuelles, état des personnes solidaires.

  2. Sentiment d'entraide, entraide.

  3. Se dit de l'obligation pour chacun d'acquitter la totalité d'une dette commune en cas de défaut d'un des débiteurs.

Bon ! On voit bien. Mais, ce que je ne comprend pas, c'est comment on peut allier, sans pouffer rire, les termes 'compétitivité' et 'solidarité', comme fait notre Premier Ministre, par ailleurs littérateur à ses heures...


Mais, avant de poser une question à Monsieur le Premier Ministre, revenons un instant au glissement qui vient d'être opéré avec ostentation par le Gouvernement, changeant le D de CIADT (D pour "développement") en C de CIACT (C pour "compétitivité"), et qui justifie, semble-t-il, l'alliage peu banal de la compétitivité et de la solidarité.

Les mots n'ont pas tous ni toujours la même physionomie. Je veux parler tout à la fois de l'air qu'ils ont et de ce qu'ils signifient comme malgré eux ou plutôt malgré l'usage que celui qui les énonce veut en faire. Je vais une fois encore vous emmener dans le monde du sous-texte...

  • 'Développement', c'est un mot vecteur, un mot directionnel, un mot ouvert au sens où on ne sait où ça va... Un peu comme 'progrès' ou 'modernisation' ou tout simplement 'mieux' ("mieux disant", etc.). Regardez l'étymologie du mot : elle indique bien un mouvement (voloper, en ancien français) à partir d'un point de départ (de) ; 'envelopper' indiquerait un mouvement inverse, qui enferme, enserre... Bref, avec le développement on ne sait pas où on va, on sait seulement d'où l'on part. Du coup, quand le discours affiche ce mot comme devant donner la finalité des choses, il faut s'attendre à ce que tout soit permis (jusqu'à la théologie cachée : souvenez-vous de cette "odeur" théologique dont parlait si bien Jean Duvignaud, derrière les masques de la science, et notamment les sciences dites humaines)... 'Développement' est de ces mots interlopes utilisés pour attraper les couillons, les innocents du langage. Sauf si - complément d'information - le but visé par ce mouvement est  affiché en tant que tel.

  • 'Compétitivité' est plus franc, comme mot. C'est ce qu'on a vu tout à l'heure en parcourant le Country Rankings 2005-2006 du WEForum. Il y a compétition entre les pays, comme il y a compétition entre les concurrents. Quand les places sont chères, concurrence et compétition peuvent conduirent au meurtre. On a déjà vu ça. Et puis, par différence avec 'développement', 'compétition' indique qu'il y a du collectif, de l'ensemble (le cum latin) et qu'il y a désir, demande, appétit, etc. Comme s'il n'y avait qu'un gâteau, et que plein de gens voudrait le manger, et en manger la plus grosse part - quitte à laisser tous les autres sur leur faim... Ou alors, restons simple et parlons de pain plutôt que de gâteau, parlons d'une nourriture quotidienne et nécessaire plutôt que d'un dessert superflu : les compagnons partagent le pain dans une relation de commensalité (déjà au XVIe, voyez chez Nicot [1606] : "Est celuy qui a hantise ordinaire et compagnie à un autre, et est terme correlatif à luy mesmes, le Picard dit Compaing, comme l'Italien Compagno, et compagnon par diminutif. Le mesme Picard, dit paignon en diminutif de pain, pour un petit pain : qui fait qu'aucuns estiment compagnon estre dit à cause de la commensalité qui est entre deux qui s'entrefont compagnie."), les compétiteurs sont dans une relation de rivalité, prêts à s'entretuer pour en avoir chacun la plus grosse part. Le Ranking rend compte de l'issue de la lutte sans pitié, de la concurrence à la mort, etc. Certes le droit va tenter une régulation de cette relation, mais là encore à la façon interlope et de toutes façons sans trop de force...


Alors, je pose la question :

Monsieur le Premier Ministre, s'il vous plaît, que prétendez-vous nous faire comprendre quand vous prétendez mettre "solidarité et compétitivité au cœur de la politique industrielle" ?

Si vous avez du mal à me répondre - ce que je comprendrai aisément : je tiens parfois des propos incompréhensibles ! -, je veux bien vous aider un peu. Avec une question de relance, par exemple :

Monsieur le Premier Ministre, s'il vous plaît, quand vous parlez de solidarité "au cœur de la politique industrielle", vous parlez de solidarité entre qui et qui ?

Dans l'attente de votre réponse en commentaire du présent message, je vous prie d'agréer, Monsieur le Premier Ministre, l'expression de mes sentiments citoyens

Brich59


12 octobre 2005

Refuser la misère

À l'occasion de la Journée mondiale du refus de la misère, lundi 17 octobre, ATD Quart Monde publie, avec la contribution d'Amnesty International et du Secours Catholique,

Résistances, le journal du refus de la misère.

couv_resistances2Ce numéro unique de 16 pages s’adresse à :

  • Tous ceux qui ont envie d’agir mais ne savent pas comment.

  • Tous ceux qui estiment que rien n’est possible face à l’extrême pauvreté.

  • Tous ceux qui n’ont pas conscience que la misère est une violation des droits de l’homme.

  • Tous ceux qui ne comprennent pas que les personnes en situation d’exclusion sociale vivent une profonde injustice et sont les premières à résister aux conditions extrêmes qu’elles subissent.

  • Tous ceux qui voient leur engagement comme une goutte d’eau dans l’océan.

Rédigé par des journalistes issus de la presse nationale et régionale, Résistances se fait l’écho des gens qui, là où ils sont, agissent contre la misère et l’exclusion : dans leur entreprise, leur commune, leur école, etc.

Vous pouvez télécharger ce journal en cliquant ici.


12 octobre 2005

La Tchétchénie aujourd'hui

CONFÉRENCE – DÉBAT

Vendredi 21 octobre à 20 heures

Salle des fêtes d’Outtersteene*

LA TCHÉTCHÉNIE AUJOURD’HUI

grozny1Film documentaire :

« Grozny, chronique d’une disparition »

de Manon Loizeau


Débat :

« La situation actuelle en Tchétchénie,

les enjeux, les perspectives »

Animé par un spécialiste du Caucase

Soirée organisée, avec  le concours de la ville de Bailleul, par les associations :

Femmes Actives au foyer – Bailleul – Région Flandre
et Nord-Tchétchénie

Cette conférence-débat coïncide avec la fin de deux expositions proposées dans le hall de l'hôtel de ville de Bailleul, depuis le 7 octobre :

*A25 sortie 10. Après la traversée de Bailleul, suivre la direction Vieux-Berquin au niveau du monument anglais. À 5 km environ, la salle des fêtes sera à gauche dans la rue principale d'Outersteene...


le bonus du web-documentaliste
sur la question tchétchène

  • la revue de presse d'actualité de Google

  • les informations d'Amnesty International (en français)

  • la bibliographie du Comité Tchétchénie
  • les articles du Monde Diplomatique (à ce jour : "Labyrinthe caucasien" par Ignacio Ramonet - octobre 2004 ; "Ces conflits mal éteints qui ébranlent le Caucase" par Jean Radvanyi - octobre 2004 ; "Douze ans de conflit" - juin 2003 ; "Une opération de politique intérieure russe" par Musa Yusupov - juin 2003 et "Guerre et normalisation en Tchétchénie" par Gwenn Roche - juin 2003.) et les infos des Amis du Monde Diplo

  • l'article de Wikipédia, à contester, à compléter...
  • le dossier des copains de rezo.net

  • dossier (revue de presse, news, video, photos) de ebabylone.com

  • la bibliothèque sonore : Tchétchénie : le cri silencieux



  • La Tchétchénie et l’Europe, bref document de synthèse proposé par Julie Le Mazier & Florent de Bodman, lors de la séance du 4 mai 2005 du séminaire de l'Association Pollens, à l'École Normale Supérieure (téléchargeable en pdf). Concernant l'attitude française, les étudiants notent : "La position actuelle de la France sur la question tchétchène consiste à la traiter comme  secondaire. La France de Jacques Chirac répète régulièrement son souhait d’une solution politique en Tchétchénie, mais avant tout son attache- ment au respect de la souveraineté russe ; elle formule peu ou pas de critiques envers la politique russe en Tchétchénie. Cette politique n’a pas conduit à une modification de la politique de la Russie en Tchétchénie, et n’a pas permis d’améliorations de la situation" (p.13). Sur le comportement politique de l'Europe, on lira avec profit quelques articles parus dans Politis, par exemple : "Tchétchénie, les silences de l’Europe" (21 novembre 2002), "Silence tragique sur la Tchétchénie" (12 juin 2003), "Bush-Poutine: même logique, même impasse" (9 septembre 2004), "Sales affaires avec Poutine. L’Europe sacrifie les Tchétchènes à ses projets industriels" (24 mars 2005).

  • Sur la condamnation de la Russie par la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH), voyez, par exemple, le communiqué de la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l'Homme du 25 février 2005. Le Monde du 30 septembre dernier affirmait que, condamnées en février par la CEDH à verser des compensations financières pour des violations de ces droits commises en Tché- tchénie, les autorités russes se sont exécutées (le 15 septem- bre). Amnesty International, dans son rapport annuel (publié en mai 2005), avait dénoncé les graves atteintes aux droits de l'Homme commises par les forces russes, qui jouissent "d'une impunité presque totale", en Tchétchénie. Le conflit a continué "de donner lieu à de graves atteintes aux droits humains, ce qui contredisait la thèse officielle d'une normalisation", soulignait l'organisation de défense des droits de l'Homme... Mais si, une nouvelle fois encore, la situation en Tchétchénie occupe l'essen- tiel du chapitre du rapport consacré à la Russie, AI dénonçait également la violence policière et l'arbitraire de la justice dans l'ensemble du pays : persistance des crimes racistes, tortures et mauvais traitements dans les postes de police et les prisons, ainsi que harcèlement et intimidation de citoyens désireux de saisir la Cour européenne des droits de l'Homme...

  • [ajout du 3 avril 2006]
    -récente présentation (en anglais) de Tchétchénie: une affaire intérieure? Russes et Tchétchènes dans l’étau de la guerre (Anne Le Huérou, Aude Merlin, Amandine Regamey & Silvia Serrano, Paris: Editions Autrement, 2005) ; a déjà fait l'objet d'une courte présentation par le Comité Tchétchénie ;
    -"L'Occident face à la crise tchétchène : un rendez-vous man- qué_?" de Nadège Ragaru (in Cemoti, n°21) ;
    -enfin, un colloque s'est tenu à Lille2, organisé par le CERAPS, et intitulé Face aux crises extêmes, les 21 et 22 octobre 2004. Ce colloque avait pour objet les réponses aux crises extrêmes, entendues comme des situations où est mise en danger l'existence d'un groupe humain, qu'il s'agisse de massacres, d'épidémies ou de famines. En raison des actes, des événements, des politiques caractéristiques des crises extrêmes, en raison de la gravité des conséquences qu'elles ont pour les sociétés où elles adviennent, les réalités de ces crises font l'objet de multiples contestations, mises en question et mises en doute passionnées, de « manipulations ». En même temps, elles sont traitées par de nombreux récits et rapports d'enquête, qui visent à l'établissement de vérités, à l'analyse, et parfois aux deux. La multiplicité et la diversité politique des intervenants, lors des situations de désastre humain, sont parmi les facteurs qui produisent l'incertitude publique caractéristique des crises extrêmes, incertitude qui souvent se prolonge longtemps après la fin de celles-ci. C'est le propre en effet de ces événements critiques de devenir « une histoire qui ne passe pas » et de susciter beaucoup d'histoires, de révisions, de négations, de pronostics, de prises de paroles passionnées et de recherches de vérité. Ce constat de l'incertitude publique liée aux crises extrêmes sera l'objet central d'analyse de ce colloque.
    Lors de la seconde après-midi de cette rencontre scientifique, Aurélie Campana (GSPE - IEP de Strasbourg) est intervenue pour présenter une communication intitulée « Opération antiterroriste vs génocide programmé en Tchétchénie. Sémantique d'une guerre oubliée ».


ce point web-bibliographique peut être
bien sûr complété en commentaires...
alors, n'hésitez surtout pas !


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