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BRICH59
25 janvier 2006

Réalisme démocratique

coverNotre premier ministre se fait le chantre d'un nouveau "réalisme démocratique"... dans l'entretien qu'il accorde au Nouvel Observateur publié demain 26 janvier. D'ailleurs, dans ce texte la démocratie est partout. Mais surtout le réalisme et plein de mots en isme : à peine a-t-il proféré trois mot qu'apparaissent dans sa bouche "volontarisme" et "pragmatisme". Formidable non ?


Puis, deuxième phrase : "Nous sommes à un moment de l'histoire de notre pays où il faut éviter d'opposer des exigences qui, loin d'être contradictoires, sont souvent complémentaires : la liberté et la solidarité, le dynamisme économique et le progrès social, l'innovation et la fidélité à la tradition française."

Intéressante cette liste de "complémentaires" :

liberté / solidarité
dynamisme économique / progrès social
innovation / fidélité à la tradition française

Des complémentaires dont certains, nous dit M.De, voudraient faire des contraires... Cette liste est assez bien ordonnée, bien rangée. Pour bien comprendre la signification profonde du propos, il faut juste traduire le premier terme de chaque couple : liberté = liberté d'entreprendre (libéralisme), dynamisme économique = enrichissement des riches (capitalisme), innovation = dérégulation du droit (totalitarisme) - ce qui donne :

liberté d'entreprendre / solidarité
enrichissement des riches / progrès social
dérégulation du droit / fidélité à la tradition française

Cela donne du coup toute leur force aux seconds termes des couples...


Dans ce texte la démocratie est partout. Ça me fait penser à l'inflation verbale pour exprimer l'intérêt des enfants dans les divorces : on n'en parle jamais tant que lorsqu'on le bafoue... À parler autant de démocratie, que veut cacher notre M.De ?


Il y a une théorie américaine récente, appelée, "réalisme démocratique", qui veut que les USA ne doivent imposer la démocratie, en quelque sorte, que là où ça leur est utile... C'est l'un des "penseurs" de la droite américaine, Charles Krauthammer, qui défend cette théorie, qui repose sur une belle image des USA : "Les Etats-Unis (seraient) une république athénienne... plus républicaine et infiniment plus démocratique qu’Athènes". Ce Monsieur fut éditorialiste au Washington Post, prix Pulitzer 1987, main des discours politiques du vice-président Walter Mondale (1980) et l’un des principaux conseillers scientifiques de Jimmy Carter à la Maison Blanche. Cf. Will Marshall, "Democratic Realism: the Third Way", Blueprint Magazine, 1er janvier 2000. Cf; aussi ce texte de notre américain publié sur la toile.
On voit, dans cette déclinaison américaine du "réalisme démocratique", ce qu'apporte le sens de la réalité à l'idée de démocratie...


Il est une autre déclinaison du "réalisme démocratique", africaine cette fois : il s'agit d'un calcul des intérêts politiques et géopolitiques, largement défavorable aux hommes ou aux partis potentiellement vainqueurs des compétitions électorales. Intéressant non ? J'ai lu ça dans un forum camerounais (cameroon-info.net).


Et notre M.De de poursuivre :
"J'ai été profondément marqué par le 21 avril 2002, qui a été un vrai choc pour notre pays et le signe d'un profond scepticisme politique. Si nous voulons éviter que cela ne se reproduise en 2007, nous devons faire preuve de réalisme démocratique : être lucide, ne jamais perdre de vue la vérité des choses." Car, c'est bien connu, la "vérité des choses", ça se voit et il ne faut pas la "perdre de vue" ! Damned, moi qui croyait que la vérité était, tout comme la réalité et sûrement plus d'ailleurs, une construction de l'esprit ! C'est ce que mon prof de philo m'avait expliqué. C'est ce que ce bon Montaigne avait écrit. Et tant d'autres à sa suite...

À moins que la politique, ça se construise à coup de révélation : un premier ministre, ça rencontre la "vérité des choses", comme Paul Claudel avait rencontré Dieu derrière un pilier de Notre-Dame, ou Paul l'apôtre romain sur le chemin de Damas... Mais alors ce n'est plus de la politique, c'est de la religion ! D'ailleurs, regardez cet entretien, M.De n'arrête pas de dire "je crois" : "je crois en l'action", "Je crois profondément aux vertus du dialogue et de l'écoute", "je crois profondément au modèle social français", "je crois [...] à la dynamique de l'activité", "je crois nécessaire de dépasser les clivages partisans". Et il veut "que les Français croient à nouveau en l'action politique"...


Non mais, rassure-toi, lecteur fidèle et attentif, c'est pour rire ! C'est juste une façon de parler. De la rhétorique, quoi ! D'ailleurs, c'est comme ça tout du long, entre les mots interlopes et les non-dits...

Mais restons-en aux quatre premières phrases !

Ce sera meilleur pour le moral !


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19 janvier 2006

Modernité et lisibilité sont les deux mamelles de la logorrhée politique

dominique_villepinAvez-vous écoutez Monsieur De et Madame Medef ? ou simplement lu la transcription de leurs propos publics ?
Moi oui !
Le premier en appelle à la modernité ! Il s'agit de rien moins que de « faire entrer le marché du travail français dans la modernité », c'est-à-dire d'intégrer dans le droit du travail, pour lutter contre le chômage des jeunes, le « contrat premier licenciement », comme dit si bien Le Canard enchaîné d'hier...
h_4_ill_669469_gamma_789155_3311La seconde en appelle à la lisibilité, c'est-à-dire - curieux raccourci, n'est-il pas ? - à la nécessité de « mettre en cause le concept de durée légale du travail ».
D'ailleurs, pratiquant une synthèse bienvenue ici, n'avait-elle pas affirmé, en d'autres temps, que « la modernité et la liberté de penser s'arrêtent là où commence le droit du travail » (cf. un ancien billet sur ce blog) ?

nathalie_croiset__le_reve_de_l_escalier_Faut-il vraiment que je développe ?
Pour dire qu'il est des mots qui ne veulent rien dire.
Pour dire qu'il est des mots qu'on utilise à contre-sens.
Pour dire qu'il est des mots qu'on utilise pour manipuler l'intelligence des citoyens et brouiller leur clairvoyance.

Photo ci-contre : Le rêve de l'escalier,
             sculpture de Nathalie Croiset


11 janvier 2006

Racaille ?

05/01/06
Le TGI de Paris condamne l’usage du terme « racaille » sur internet

sosfrance_2_agrandissementLe mot « racaille » n’est pas un terme neutre qui peut impunément être employé sur internet. Dans un jugement très motivé du 24 novembre 2005, la 17ème chambre du TGI de Paris vient, à nouveau, de rappeler que la liberté d’expression connaît des limites. Il a condamné le directeur de publication du site « sosfrance.com » pour diffamation, injure publique et provocation à la discrimination nationale, raciale et religieuse. Bien que le responsable éditorial ne soit pas l’auteur intellectuel des textes en question piochés sur internet, le tribunal rappelle « qu’il a pris la responsabilité d’une nouvelle diffusion en les mettant en ligne, selon une présentation de son choix, sur son propre site ».
Il lui était notamment reproché d’avoir publié des textes dont certains passages prêtaient aux musulmans « un dessein criminel de nettoyage ethnique ou religieux dans le pays de leurs hôtes ». Il a également été sanctionné pour avoir diffusé sur la page d’accueil du site plusieurs slogans dont le fameux « Assez de racailles. Résistance ». Pour caractériser l’utilisation de cette invective de délit d’injure, le tribunal s’est appuyé sur les définitions des dictionnaires Littré et Robert du terme « racaille ». Il en a conclu qu’il était « performatif » et que son seul emploi créait « la proscription ». Le tribunal a également pris en considération l’environ- nement dans lequel il était placé. « Inséré dans la bannière d’accueil d’un site tout entier consacré à l’islam et aux musulmans et associé à une photographie représentant deux jeunes femmes voilées, il désigne, offense et outrage les musulmans en tant que tels, et porte une atteinte indistincte aux personnes, non pour ce qu’elles seraient, individuellement prises, mais à raison de leur religion ».
Le responsable de publication condamné n’a pas fait appel du jugement qui devient donc définitif. Il a été condamné à trois mois de prison avec sursis et à verser deux mille euros à la Ligue des droits de l’homme au titre des dommages et intérêts et de l’article 475-1 du code de procédure pénale pour les frais de justice engagés.

reprise [sans commentaire mais c'est moi qui souligne] de http://www.legalis.net/


11 janvier 2006

L'ActIonaute de Janvier

l'ActIonaute ©Amnesty International               Janvier2006

 mensuel d'information et d'action du site Internet d'Amnesty-France

est paru. Si vous n'y êtes pas abonné, vous pouvez le lire à

http://v2.lkmgr.com/1136800002331307/1136887968478474


10 janvier 2006

Marché du travail ou Marché de la norme et de la précarité ?

observin_galit_sMalgré une amélioration du marché du travail depuis plusieurs mois, le nombre d’allocataires du RMI est en augmentation de 6 % sur un an en métropole. Si on inclut les DOM, ce sont quelques 1.243.000 allocataires (+5,2% en un an) qui bénéficient de ce minimum social. Cette évolution semble s’expliquer principalement par la croissan- ce du nombre de chômeurs non indemnisés, notamment du fait de la réduction du taux de couverture de l’indemnisation chômage. C'est ce que note l'Observatoire des inégalités... dont on ne recommandera jamais assez la fréquentation
(voyez dans la colonne de droite de cette page).

Sauver l'emploi en précarisant l'emploi,
voilà donc ce que notre bon libéralisme
a trouvé comme solution
aux problèmes de notre société.

desbrussesDans une société où le manque de travail est un fléau, comment faire entendre qu’on en a un et qu’on est malheureux comme les pierres, sans être accusé d’indécence ou de douilletterie? C’est pourtant ce que réussit Louise Desbrusses, dans un roman poignant, rempli de vitalité et d’ironie, L’argent, l’urgence : l’histoire d’une jeune travailleuse indépendante habituée à la solitude bienheureuse de son atelier, mais qui, étranglée par les dettes, accepte un emploi, et découvre avec horreur la non-vie qui, pour la majorité de ses semblables, constitue la norme de l’existence. Dans une écriture au style singulier, elle décrit la détresse déchirante qui s’empare d’elle, puis sa bataille pour récupérer la jouissance d’elle-même, en surmontant le chantage, les normes et les injonctions plus ou moins subtiles que lui opposent son entourage et la société entière. C'est ainsi que Mona Chollet présente le livre de Louise Desbrusses dans Périphéries dont je ne recommanderai jamais assez la fréquentation.

Survivre en se moulant,
survivre en s'oubliant,
voilà donc ce à quoi notre bon libéralisme
contraint les personnes qui ne veulent pas mourir.

Pauvres de nous !


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9 janvier 2006

L'habitude nous joue des tours, nous qui pensions...

cassationMe vient souvent en tête cette chanson de Maxime Leforestier de quand j'étais jeune... Belle chanson, mélancolique à souhait et si juste dans son propos (La rouille, paroles de Jean-Pierre Kernoa). Et puis la musique et la voix de Maxime Leforestier !
Bref. Ce n'est pas pour ça que je prend la souris et le clavier ce matin.

Voilà ce qu'on pouvait lire dans Le Monde de ce week-end :
lemonde060108_p8« Le premier ministre n'a pas apprécié de découvrir, vendredi 6 janvier en début d'après-midi, dans Le Monde (daté du samedi 7 janvier), le discours que le premier président de la Cour de cassation, Guy Canivet, devait prononcer, en sa présence, un peu plus tard dans la journée, à l'occasion de la rentrée solennelle de l'institution. Un geste d'"inélégance" que, dès son arrivée, Dominique de Villepin a reproché en privé à M. Canivet, en lui annonçant, d'une part, que, contrairement aux usages, il prendrait la parole à l'ouverture de l'audience et en lui demandant, d'autre part, d'écourter la lecture de sa propre intervention.»

Traditionnellement invité à l'audience solennelle de rentrée de la Cour de cassation, le chef du gouvernement ne s'y exprime normalement pas. Usage unilatéralement rompu ce vendredi. Pour justifier son entorse à cette coutume républicaine, "Monsieur de" a avancé cet argumentaire : « Je ne suis pas un homme d'habitudes. Nous ne sommes pas dans un temps d'habitudes. Nous sommes dans un temps de grand changement ».
Ça y est, nous y voilà ! Encore cette incantation vide et creuse du progrès, du changement...
esprLecteur fidèle, souviens-toi de ce que peuvent dire des gens comme jean Duvignaud ou François Brune de ce genre d'incantation... L'argument de la nouveauté, de l'innovation, du changement, du progrès etc. est une litanie qui demande le blanc-seing universel, le chèque en blanc totalitaire. Ce n'est tout simplement pas un argument. Juste un coup de force, un "diktat" aveugle.
Montesquieu, reviens ils sont toujours aussi fous !
Je crois sincèrement que les hommes politiques nous prennent pour des cons. J'en suis convaincu depuis fort longtemps, depuis que j'ai compris que toute rhétorique politique demande à être validée par le marketing. Ce qu'Hitler avait bien compris... Si je vais au bout de mon idée, l'acclamation politique des dictateurs n'est possible que parce que nous sommes des cons ? Des cons manipulés par la technique de la manipulation dont l'objectif est de les rendre encore plus cons... c'est-à-dire politiquement toujours plus dociles et démographiquement toujours plus nombreux. J'ai l'impression de faire du Brassens !

brassensLe temps ne fait rien à l'affaire
Quand on est con, on est con
Qu'on ait vingt ans, qu'on soit grand-père
Quand on est con, on est con
Entre vous, plus de controverses
Cons caducs ou cons débutants
Petits cons d'la dernière averse
Vieux cons des neiges d'antan

Vous connaissez la chanson, alors j'arrête.

L'épisode de vendredi a suscité la protestation immédiate du Syndicat de la magistrature - qui voit là un « événement sans précédent symptomatique de la volonté de mainmise du pouvoir exécutif sur la magistrature ». Le président de l'Union syndicale des magistrats, Dominique Barella, s'est autorisé, lui, à ironiser sur « une tempête dans un verre d'eau » et une « petite révolution de palais de justice ». C'est du moins ce que rapporte LCI=TF1.
Si ce n'est que ça, les dictateurs peuvent dormir tranquilles ! LCI=TF1 les préviendra quand il y aura péril en leur demeure.

Tant qu'il y aura des cons... 


4 janvier 2006

Histoires de richesse-s

canard_enchaine1Aujourd'hui mercredi, c'est le jour du Canard. Page 3, je lis que les patrons ont réalisé des grosses plus-values en jouant à la Bourse (stock-options...), que, de ce point de vue, 2005 est une exceptionnelle année... Cabu illustre ça avec une patron jouflu qu'on gave comme une oie, mais avec des billets et se réjouis de n'être "même pas malade"... Ceci corrobore une partie de la plainte de Jean-Jacques Dupeyroux dont je parlais ce matin (tiens ! Le Monde en a parlé cet après-midi...).

anlciTout à l'heure au boulot, j'ai reçu les actes de la rencontre internationa- le francophone organi- sée par l'ANLCI - Agence Nationale de Lutte Contre l'Illettrisme (organisme mis à mal par les réactions politicardes de courte vue du gouvernement aux "violences" des banlieues d'avant les fêtes !) - début avril dernier. Des actes sympathiques avec un CD-Rom contenant les textes qui font actes et un DVD qui propose de la vidéo filmée lors de la rencontre...

Aussitôt rentrée chez moi, je glisse le DVD dans mon lecteur de salon et écoute religieusement Nelly OLIN, Ministre déléguée à l’intégration, à l’égalité des chances et à la lutte contre l’exclusion. Ce que j'ai visionné est exactement ce que les participants à la rencontre ont visionné début avril : Madame la Ministre n'avait pas pu se déplacer et avait donc enregistré son message aux acteurs de la lutte contre l'illettrisme.

Alors que je suis encore tout imprégné de ma lecture du Canard et de ce que je vous ai écrit ce matin, mes neurones font un bond quand j'entends Madame la Ministre dire que

la richesse d’un pays,
ce sont avant tout les hommes et les femmes
qui le composent
!

Bon ! À un autre endroit des actes, mes neurones s'entrechoquent carrément quand je lis qu'Azouz BEGAG (simple écrivain et chercheur au CNRS, à l'époque) prétendait, lui, que

la richesse ne s’exprime pas dans un compte en banque,
mais dans l’accès à la bibliothèque
et au monde des livres pour les tout-petits
.

begagNous y voilà donc ! Pour quelqu'un qui se plaindra quelques mois plus tard, quand il sera ministre délégué à la Promotion de l'égalité des chances, de la "sémantique guerrière" de son collègue deuxième ministre, je trouve qu'il y va un peu fort côté rhétorique ! La polysémie recherchée du terme 'richesse', et exhibée par Monsieur Begag, a ici quelque chose d'inconvenant, quand on connaît le déclin du niveau de vie des français d'en bas ! On se croirait dans un conte style prince et bergère ! Ce serait bien que les ministres cessent de nous raconter n'importe quoi et de nous prendre pour des gens sans jugement ! À les écouter, il y aurait, en gros, plusieurs richesses : celle des riches, celle du Pays, celle des pauvres... Comme ça tout le monde est riche, même les pauvres, et les riches sont contents !

riches_contre_pauvres1

Dessin emprunté à http://perso.wanadoo.fr/barnnibal/Autres%20dessins.htm


4 janvier 2006

Un nouveau droit du travail et de l'emploi

"Un nouveau droit du travail et de l'emploi", numéro spécial (décembre 2005) de la revue Droit social, dirigée par Jean-Jacques Dupeyroux, directeur de la revue, qui note en introduction :

revue_droit_socialÀ l'heure où les actionnaires sont les maîtres du jeu, au moins dans les grandes entreprises, et où ceux qu'ils placent à la tête de ces entreprises sont les gérants dociles de leurs seuls intérêts financiers, le monde du travail, dont le chômage, la précarité, le sous-emploi défont la capacité de résistance, risque d'enregistrer défaite sur défaite. Avec au bout la situation américaine avec ses working poor (travailleurs pauvres) : ils ont un emploi mais couchent dans la rue... L'horizon est noir.

Déjà, dans la livraison de mars dernier, cette revue avait publié une contribution de Jacques Rigaudiat : "À propos d'un fait social majeur : la montée des précarités et des insécurités sociales économiques"... dont rendait compte Laurent Mauduit dans l'édition du 07 avril 2005 du Monde, avec un papier intitulé "Les nouvelles métamorphoses de la question sociale"...

Mais tout ça, c'était avant les vœux de monsieur Chirac !


31 décembre 2005

Sarkozus, collusionis rex, collusionarum collusio

Vous je ne sais pas, mais moi je suis extrêmement choqué par les déboires des gens qui ont comparé le programme sarkosien et le programme frontiste...
sarkozy030209La lecture d'un récent article de Catherine Corol- ler publié dans Libération de ce 30 décembre a ré- activé dans mon cerveau secoué (par ladite lecture bien sûr !) la profondeur contemporaine du mot 'collusion'. Et comme je doute toujours (en général - posture philosophique - et en particulier - j'ai la mémoire qui flanche...), j'ai ouvert mon Littré, qui dit ceci :
collusion,  s. f.
(kol-lu-zion. Lat. collusio)
Intelligence de deux parties qui plaident, mais qui ne laissent pas de s'entendre pour tromper un tiers. Dans le langage général, entente secrète entre deux ou plusieurs parties, pour faire préjudice ou simplement pour tromper
.
lib_30d_cMagie des dictionnaires qui fonctionnent hors du temps, hors des tempora- lités contingentes : Littré est bien vieux déjà et ce qu'il dit s.v. collusion m'éclaire sur le compor- tement de celui qui monte dans la politique française !
sarkozy_afp040225En effet, voilà un homme - un petit peu plus jeune que moi, ce qui me donne une petite avance sur lui en matière d'expérience de vie ! -, qui est tout à la fois second du gouvernement de la République française, premier du principal parti politique français et candidat au poste de premier de la République française... J'en passe, ne retenant que ses principales attributions qui sont en même temps les plus visibles.

sarkozy_guignolsEt ce qui saute aux yeux à la lecture de l'article de Libé, c'est qu'on a ici un système de collusion permanente entre les trois fonctions. Quand une des fonctions est mise en cause, voire mise à mal, l'une des autres fonctions vient à la rescousse pour sauver la mise... Dans le cas qui nous intéresse aujourd'hui, le candidat et le premier du premier parti politique sont malmenés par voie d'affiches placardées sur les murs franciliens, et c'est le second du gouvernement qui intervient, comme si dire ce qu'on pense du candidat-président constituait une atteinte caractérisée à l'ordre publique - dont le second du gouvernement est garant...

sarkozy_salutOn aurait même ici une sorte de collusion au carré ! Littré dit que la collusion est une entente entre deux personnes qui veulent, ensemble, rouler un troisième... Ici les deux personnes ne sont que deux visages d'une même personne !

esprit_des_loisJ'ai déjà dénoncé ce type de confusion volontaire, de collusion systématique dans le milieu de la recherche en sciences de l'éducation et de la politique formation (souvenez-vous : c'était à propos d'une méthode se drapant dans les critères de la scientificité et baptisée "recherche-action de type stratégique"). Je vois que c'est une façon de faire profondément ancrée dans la pratique politique... et qu'à chaque fois cela a un goût amer de totalitarisme.

Montesquieu reviens, ils sont toujours aussi fous !

Bonne année ! quand même !
En 2006 soyons plus vigilants que jamais!


26 décembre 2005

La galère du migrant (un article de Nord-Matin, éd.du 14déc.)

Le MRAP toujours sur la brèche à la Cité administrative...
« La galère du migrant »

nordmatin051214clich__4_
Le MRAP proposait hier
[mardi 13 décembre 2005] un petit-déjeuner de réconfort aux étrangers qui campent, parfois dès 4 h du matin, devant la Cité administrative pour l’obtention d’un titre de séjour. Histoire de mettre le doigt là où ça fait (encore) mal... En mai, l’accueil se fera rue de l’Hôpital Militaire.


« On a voulu mettre l’accent là-dessus, parce que le problème est loin d’être réglé », explique Louisette Fareniaux, responsable du comité lillois du MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples).

Dès potron-minet. c’est-à-dire dès 7 h du matin, des militants ont ap- porté un gobelet de café et une louche de réconfort aux « étrangers » qui font la queue au bas de la Cité administrative de Lille. parfois depuis des heures, souvent dans le froid, toujours dans l’obscurité...
Les grilles ne s’ouvrent qu’à 8 h 30 : il s’agit de prendre un ticket de rendez-vous pour le dépôt d’une première demande de titre de séjour, ou son renouvellement. Mais l’affluence est telle qu’il faut parfois revenir l’après-midi (à 13 h 30), voire un autre jour. D’où l’intérêt d’arriver parmi les premiers...

« Il y a des gens qui viennent de Douai. Qui prennent le train et passent leur nui ici, dehors », s’insurge Kateryna. Cette Ukrainienne aux beaux yeux bleus est venue de Lomme avec son mari, Damien. Ils attendent depuis 6 h du matin : une heure très raisonnable. Elle est arrivée en France en 2003, elle est déjà venue plusieurs fois à la Cité pour des demandes d’un an. Cette fois, il s’agit d’obtenir un titre de séjour de 10 ans. Ensuite, Kateryna demandera la nationalité française, ce qu’elle a toutes les chances d’obtenir, puisqu’elle est mariée depuis deux ans avec un Français. « J’ai vu attendre ici de vieilles religieuses de 80 ans... Et des femmes qui venaient avec de petits enfants enveloppés dans des couvertures », raconte Kateryna. « C’est inhumain. Il faudrait au moins établir des priorités ».

A la MEP, un colloque aujourd’hui [mercredi 14 décembre 2005] 

Inhumain ? C’était pire avant décembre 2002. À cette date seulement, le service d’accueil a pris ses aises dans l’ancien restaurant de la Cité. Et, il y a un an, on a construit un auvent, à l’extérieur: pour que la file d’attente, à défaut d’être protégée du froid et des courants d’air, soit au moins à l’abri de la pluie !

Chaque mois, le service accueille environ 4 000 « étrangers », venus de tout le département. Shiui, elle, veut passer les fêtes en Espagne : cette Chinoise à grosses lunettes étudie depuis quatre ans les mathématiques appliquées à Lille3. Chaque année, sa demande de titre de séjour transite par la Maison de l’Etudiant et ne pose pas de difficulté. Ce matin, elle vient chercher un « titre de voyage » qui lui permettra de regagner ses pénates lillois, après le séjour espagnol.

C’est à contre-courant que semble naviguer l’Algérien Samir: « Quand on vient de son plein gré dans un pays étranger, il faut se plier aux règles », estime-t-il. Ces heures d’attente, dans des conditions souvent difficiles, ne lui sont donc pas insupportables. Médecin diplômé en Algérie, il s’est inscrit à Lille2 pour se spécialiser en pneumologie...

Mais, quoi qu’il en soit, l’accueil des étrangers à la Cité administrative ne sera bientôt plus qu’un souvenir. En mai prochain, les services de la préfecture de Lille seront regroupés rue de l’Hôpital Militaire. dans l’ancien hôpital Scrive.. Une nouvelle organisation, apprend-on, sera mise en place pour l’accueil des étrangers, avec un système de rendez-vous...

Pour autant, les associatifs n’entendent pas faire retomber la pression. Un collectif (MRAP, LDH, CIMADE, Amnesty International...) veut organiser chaque mois un temps fort à la Cité administrative.

Aujourd’hui, le MRAP propose une série de conférences et de témoignages à la Maison de I’Education Permanente (MEP) de Lille, de 17 à 22 h, sur la « galère du migrant ». « Il y a une suspicion automatique à l’égard des étrangers. Et ça va être pire avec la nouvelle législation », constate Marie-Hélène Rigaud, membre d’Amnesty International. Restriction sur les visas, sur les ménages mixtes (avec une mise à l’épreuve de deux ans), sur le regroupement familial : les associations ne voient pas d’un bon oeil le durcissement de la législation, qui doit se poursuivre avec un tri plus sévère des étudiants candidats à l’exil et un contrôle des ménages, effectué dans les consulats des pays d’origine.

A.P.
article paru dans
Nord-Matin
,
le 14/12/05


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