L'autre jour, jeudi 13 avril, notre Nicolas Collusionis Rex est venu dans le Nord : Lille, Trith-Saint-Léger, Lambersart, Noyelles-Godault. Nicolas adorerait le Nord ! Pourquoi ? Sais pas. Peut-être juste pour emmerder les socialistes du Nord-Pas de Calais... Car Nicolas est un fin politique.
En tout cas, il doit se sentir drôlement à l'aise quand il vient dans le Nord, Nicolas : l'autre jour, Lille était en état de siège !
Les lillois et tous ceux qui viennent bosser à Lille se demandaient si un coup d'État n'était pas en train de se dérouler ! De la maréchaussée partout ! Mais vraiment partout ! De quoi foutre les jetons aux passants honnêtes ! Comme si la crise des banlieues avait resurgit tout à coup dans notre bonne métropole lilloise ! Même le Président du Conseil Général a dû obtempérer et bouger sa voiture pour plaire à sa Majesté Nicolas Collusionis Rex, c'est vous dire ! Faut dire qu'il est socialo, le président élu des élus du Nord...
Nicolas est allé dans les territoires ouvriers prôner le dialogue : "Que les ouvriers n'hésitent pas à venir. Je veux parler à des gens", aurait-il appelé du haut de l'estrade, à Trith-Saint-Léger. Sa Majesté Nicolas Collusionis Rex est vraiment trop bonne !
Et puis il y a le fameux : "Je me suis toujours engagé et donc, je me sens de la famille de ceux qui s'engagent dans un syndicat, dans une entreprise". Formidable ! Enfin un politique de haut vol qui s'engage dans la société civile, comme toi et moi ! Sa Majesté Nicolas Collusionis Rex est vraiment trop sensas !
J'ai toujours admiré (et crains !) cette capacité de Nicolas question rhétorique !
On parle ici souvent de "populisme". Mais c'est encore pire que ça : être capable de dire ce qu'on pense tout en ayant l'air de dire autre chose et du coup d'être d'accord avec tout le monde. De la haute compétence, je te dis ! Un peu comme LePen dans les années quatre-vingt, quand les politiciens n'osaient pas l'affronter devant les micros, quand même un Tapie se retrouvait au tapis en moins de temps qu'il ne faut pour se prendre les pieds dedans !
Reste qu'il suffit de décortiquer le discours pour montrer ce que ça veut vraiment dire. Mais qui fait ça ? Trop peu de gens, et de toutes façons, des gens qu'on écoute pas, des gens qui ne sont pas médiatisé aux heures de grande écoute.
En tout cas, moi qui suis documentaliste et qui, à ce titre, cherche toujours à distinguer entre ce qu'on dit et ce dont on parle, je vous dis que ce Nicolas Collusionis Rex est un cas d'étude très très intéressant. Après, quand on cherche à comprendre pourquoi il dit ce qu'il dit, on déchante. Ce n'est plus un cas d'école : c'est une raison de militer haut et fort ! Encore après, quand on tente un tantinet d'anticipation sociopolitique et que ce Nicolas est dans le paysage, ce n'est plus seulement une raison de militer, c'est une invitation au voyage, loin - comme disait Yannick !
Bref, revenons à la visite de Sa Majesté Nicolas Collusionis Rex dans le Nord. "Il faut libérer les entreprises de la peur d'embaucher car, pour le salarié, c'est la meilleure garantie : s'il perd son travail, il pourra en retrouver un autre".
Tu remarqueras avant toute chose, fidèle et patient lecteur, que Sa Majesté Nicolas Collusionis Rex est un libérateur ! En fait, notre homme est atteint du complexe de Zorro, ici le Zorro des entreprises... et, comme je le faisais remarquer l'autre jour, il faut toujours avoir en tête que les dictateurs se présentent toujours d'abord comme des Zorros ! Je n'invente pas : c'est dans les programmes scolaires d'histoire.
Seconde remarque : l'ultralibéralisme, c'est comme les OGM, ça contamine, ça ne peut vivre qu'en contaminant alentour ! Regardons l'agrumentation de Nicolas (dont le non-dit est restauré) :
constat du chômage
DONC
nécessité de "libérer" l'embauche
DONC
droit de licencier
Habile non ? Avec la liberté au milieu du sophisme, tout va bien, ça peut se dire. Mais si on voit bien qu'il ne s'agit que de la liberté du chef d'entreprise et que concrètement cette liberté n'est que l'avatar contemporain de l'esclavagisme, ça ne devrait plus pouvoir se dire si facilement. Et puis, restons simple, allons de la prémisse - sur laquelle nous sommes tous d'accord - à la conclusion :
constat du chômage
DONC
droit de licencier
Je trouve que ça a une autre gueule ! Et ce sera encore mieux, si on restaure le cran intermédiaire qui convient dans le monde libéral qui ose appeler un chat un chat :
constat du chômage
ET
recherche du profit
DONC
droit de licencier
Donc si tu veux du boulot, camarade, tu dois accepter que notre monde ne soit orienté que par la recherche du profit de quelques uns...
Bref, si on raccourcit tout ça donc, ça donne une formule d'une logique imparable :
la meilleure garantie
contre le chômage,
c'est le chômage.
Fallait y penser ! Fallait oser le dire ! Nicolas n'a vraiment peur de rien. Madame Parisot est une enfant de chœur ! En tout cas, c'est tellement gros, que ça en devient crédible. C'est comme ces gosses qui baratinent leurs parents avec l'argument que ça ne s'invente pas, alors que précisément ils l'ont inventé, le bobard !
Rebref, revenons à la visite de Sa Majesté Nicolas Collusionis Rex dans le Nord. Lambersart, fief de M.-P. Daubresse : Sa Majesté est bonne avec sa cour !
Mais, en retour, rien n'est trop bon pour Sa Majesté Nicolas Collusionis Rex.
Quand Sa Majesté est passée dans la bonne ville de Lambersart - qui a la réputation d'être un peu comme le Neuilly lillois -, tout s'est arrêté pour fêter ça. Même que les enfants des écoles primaires ont dû descendre de l'autobus qui les conduisait, comme tous les midis des jours scolaires, au lieu de restauration collective. Les bambins ont dû poursuivre à pieds ! Sinon pas de bouffe, pas de dessert ? Il est vrai que Sa Majesté "préfère un pâtissier heureux à un sociologue au chômage"... parce qu'on ne parle pas la bouche pleine alors qu'un sociologue au chômage, ça ne bouffe pas des religieuses, ça a tout le temps de chercher à comprendre pourquoi il est au chômage et de l'expliquer autour de lui ! Et ça c'est quand même très subversif.