Indignons-nous jusqu'au bout, Monsieur le Ministre !
À l'adresse des députés français, le 2 août dernier, le ministre Dupond-Moretti s'écrie : "S'en prendre à un Juif, c'est s'en prendre à toute la République". Au passage, il aligne l'interdiction du boycott sur la lutte contre l’antisémitisme, confondant ainsi l'ensemble des personnes se réclamant de la religion juive (ce que certains appellent le "Peuple Juif") et l'État d'Israël. Une telle confusion entre Juif et Israélien est gravissime et répand insidieusement une fausse information : selon le bureau central des statistiques (CBS) israélien, la population juive vivant en Israël ne représente pas la moitié de l'ensemble de la population juive mondiale. L'équation Juif = Israélien ne tient pas et relève d'un parti-pris pour l'État d'Israël dans sa guerre colonisatrice contre les Arabes de Palestine. L'équation antisionisme (désaccord avec l'État d'Israël) = antisémistisme (racisme visant la population juive) ne tient donc pas davantage... Mais bon, restons-en là car je crois qu'il y a un dialogue de sourds sur cette question, dialogue de sourds gagné par ceux qui crient le plus fort. Par contre, rien ne nous interdit de pousser d'un cran l'indignation légitime du ministre Dupond-Moretti et écrions-nous, à l'adresse de la communauté internationale (dont l'État d'Israël, créé par cette communauté, fait partie) : "S'en prendre à un Palestinien en Israël, à un Ouïgour en Chine, à un Rohinga au Myanmar, s'en prendre à un réfugié en Europe, etc., c'est s'en prendre à toute l'Humanité".