L'occasion de se taire
Extrait d'un article du quotidien Le Monde.
"Je pense qu'ils devraient s'aider mutuellement (...) en payant tous leurs impôts", a-t-elle dit dans une interview publiée ce week-end par le Guardian, en évoquant "tous ces gens qui tentent en permanence d'échapper à l'impôt". "Je pense davantage à ces petits enfants d'une école d'un petit village du Niger qui n'ont que deux heures de cours par jour, qui partagent une chaise pour trois et qui cherchent passionnément à avoir accès à l'éducation", poursuit-elle. "Je pense à eux en permanence, parce que je pense qu'ils ont davantage besoin d'aide que la population d'Athènes."
Vous pouvez lire comment Le Figaro présente ça, mais ATTENTION certaines tournures peuvent choquer !
Classique de chez classique ! C'est comme quand le chômage, c'est à cause de la faute - pardon : de la très grande faute - des chômeurs. Laurent Cordonnier nous l'avait décrit minutieusement dans son bouquin sorti en octobre 2000 aux éditions Raisons d'agir, Pas de pitié pour les gueux. Sur les théories économiques du chômage. J'en avais rendu compte : la dévictimisation accusatrice est l'une des principales armes morales de l'etabishment capitalistique mondial contre les masses laborieuses. Et l'etablishment en question trouvera toujours des Kapos dans la population des victimes pour que la chaîne de commandement fonctionne au mieux, c'est-à-dire pour que le plan d'exploitation des masses laborieuses ait l'air aussi "naturel" que possible (cf. le travail d'Alain Accardo, Le petit-bourgeois gentilhomme. La moyennisation de la société, publié par les Éditions Labor et les Éditions Espace de liberté, à Bruxelles en 2003 - cf. ici).
Le tour de force du propos de la cheftaine du FMI, c'est qu'à la population d'Athènes rendue responsable des manquements de l'etabishment elle oppose d'autres vicimes de ce dernier, à savoir les enfants du Niger - qui, les pauvres petits, sont vraiment trop petits pour être responsables de quoi que ce soit. Elle veut faire pleurer nos bonnes âmes chrétiennes et charitables et se repentir les familles grecques SDF d'être si bien lôties, elle qui dirige l'institution mondiale sensée aider ceux qui ont besoin d'aide ... c'est-à-dire ... l'etabishment. Bon ! Mais du moment que Madame du FMI pense en premanence aux "petits enfants d'une école d'un petit village du Niger qui n'ont que deux heures de cours par jour, qui partagent une chaise pour trois et qui cherchent passionnément à avoir accès à l'éducation", tout va bien du côté de l'etablishment et la morale est sauve.
Écœurant, non ?