Désintoxiquez-vous !
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À Lille1, dans la matinée du 28 mars, s'est tenue une manifestation autour de la problématique de l'évaluation en éducation.
Reportage vidéo en trois séquences :
Les enjeux actuels de l'évaluation en éducation.
Intervention d’Elisabeth CHATEL, maître de conférences HDR, ENS Cachan
L’évaluation est une recherche-action ? Regards critiques sur l’évaluation en formation d’adultes et propositions.
Interventions de Thérèse LEVENE et Marie-Renée VERSPIEREN, Maîtres de conférences en sciences de l’éducation, Université de Lille 1.
Table ronde : Les retombées sur le terrain des nouvelles donnes de l’évaluation
avec l'intervention de Stéphanie DEFFAUX, (doctorante Lille 1 et responsable prévention au Conseil Général du Val d'Oise), Christiane CATTIAUX, (directrice de l'institut de formation en soins infirmiers d'Arras) et Maurice MONOKY (reponsable de l'AFP2i d'Arras).
Je vais écouter toutes ces interventions ce WE, histoire de voir si mon analyse de 1992, Recherche-action de type stratégique. Problèmes taxinomiques, épistémologiques et politiques de l'évaluation ou De l'évaluation des politiques et des actions publiques à la recherche-action de type stratégique et retour (eh oui ! vingt ans déjà !) tient encore la route...
Il y a trois ans, j'avais discrètement mis en ligne un schéma documentaire interactif du travail préparatoire à la loi de novembre 2009 (depuis 2003 jusqu'à la publication de la loi). C'est maintenant de la préhistoire... Plus récemment, le Centre Inffo a publié une vidéo pour expliquer les grands titres de la loi de novembre 2009. Plus récemment encore, le CESE a rendu un avis sur l'évolution de la formation professionnelle continue, d'où il ressort plusieurs caractérisations (plutôt négatives) de l'état actuel (2011) de l'offre de formation :
La réforme signée par la loi du 24 novembre 2009 assigne deux finalités principales au dispositif OPCA et prévoit la création d'un fonds. Globalement, on assiste à un élargissement notoire des missions des OPCA dans le cadre de frais de gestion maîtrisés :
Par ailleurs, est créé le FPSPP en lieu et place du FUP (qui assurait une péréquation financière entre les OPCA sur les actions de formation de professionnalisation) pour former davantage de personnes (+500.000 salariés et +200.000 D.E.). Ce fonds est financé par les excédents des OPCA et par un prélèvement de 5 % à 13 % sur les contributions obligatoires des employeurs à la formation professionnelle.
Le paysage des Opca s’est donc restructuré, la loi imposant aux organismes collecteurs :
Du coup, 20 organismes seulement (en lieu et place des 42 organismes existant jusqu'à 31/12/2011), répartis en 18 organismes nationaux professionnels, 2 Opca interprofessionnels et interbranches - avec un champ d'action agrandi (regroupement pour cause de surface financière et dans une logique de branche ou d'interpro) et avec des missions en plus (davantage de proximité : conseil, etc. ?) .
Ceci dit, on note depuis plusieurs années que les entreprises de 10 salariés ou plus confient aux OPCA une part toujours croissante de leur contribution au plan de formation, notamment du fait de l’intérêt qu'elles y trouvent pour externaliser la gestion des conventions avec les organismes de formation. De fait cela engage des montants dépassant leurs obligations légales :
- 2 Opca interprofessionnels et interbranches :
- OPCALIA qui absorbe GDFPE, Auvicom, FAF propreté, Forthac, Opca EFP et Opcad [coopératives de consommateurs]
- AGEFOS-PME qui absorbe Agefomat, FAF PCM, Opca CGM et Opcad [commerce de détail des fruits et légumes et produits laitiers]
- 18 organismes nationaux professionnels ou "de branche"
- certains "accueillent" d’autres branches et secteurs d’activités, comme l’AFDAS (qui absorbe la presse écrite), UNIFORMATION (qui absorbe Habitat-Formation et le FAF Sécurité sociale) ou l’OPCA-PL (qui absorbe l’hospitalisation privée)
- d'autres sont créés comme Constructys, OPCA de la construction (né de la fusion du Faf Sab, de l’Opca TP et de l’Opca Bâtiment), de l'OPCALIM (issu du rapprochement d'Agefaforia, d'Opca 2 et d'Opcad [poissonnerie]), de l'OPCABAIA (qui réunit l’Opca de la banque et celui des assurances), de l'OPCA DÉFI (fusion de Plastifaf et de l’Opca C2P) ainsi que de l'OPCA3+ (réunissant Formapap et Forcemat).
- des organismes collecteurs comme FAF-TT, Fafih, Fafiec, Forco, Intergros, Opca Transports, Unifaf, Anfa, Fafsea ou Opcaim continuent d'exister sans rapprochement ni fusion.
Par ailleurs, vingt-huit organismes collectent les contributions des "congés individuels de formation" :
L'une des conditions d'agrément des OPCA était "l'aptitude à assurer des services de proximité à destination des PME-TPE".
Et de fait, depuis plusieurs années, les organismes collecteurs et notamment les OPCA interprofessionnels, tendent à accroître leurs ressources en proposant de nouveaux services aux entreprises en matière d’ingénierie de la formation. L'ANI de 2009 précise, par ailleurs, que les OPCA doivent aider les TPE/PME "à l’élaboration de cahier des charges pour la mise en œuvre des actions de formation des salariés et le cas échéant, à l’identification des organismes de formation". D'où la nécessité de travailler à la définition des besoins de formation le plus en amont possible.
Mais quel est l'impact du changement que constitue la restructuration du paysage OPCA ?
En termes d'impacts sur les pratiques professionnelles :
On réorganise donc, ce qui implique qu'on "restructure" - et cette "restructuration" généralisée (notamment dévolution des OPCA disparus et sureffectifs) engendre des degâts collatéraux comme on dit :
Maintenant, quelles incidences sur l’offre de formation ?
Allons-nous vers une meilleure régulation de l'offre de formation - ce qui ne serait pas forcément un mal vu le triste état de cette offre jusque là - ? En fait il semble qu'on doive bientôt constater une tension entre deux pôles : le niveau national avec effet "centrale d'achat" et le niveau régional avec effet "proximité territoriale".
Passons sur l'effet "centrale d'achat" qui risque de standardiser l'offre de formation et de tirer toujours davantage les prix.
L'effet "proximité territoriale" promet d'intéresser notamment les petites et très petites entreprises (surtout les moins de 10 salariés). Celles-ci devraient en effet bénéficier d'un renforcement de l'attention des OPCA : régionalisation de l'offre de services, de l'accueil à la formation, en passant par le conseil et l'ingénierie. Du coup, on voit apparaître, via les OPCA, une clientèle que les organismes de formation ne touchaient pas forcément auparavant.
Du point de vue de la politique de formation, cet effet souhaité de "proximité territoriale" devra, dans un souci d'optimisation des moyens, entrer en résonance avec la politique régionale de formation permanente - ce qui n'est pas forcément gagné : les OPCA ont ici en quelque sorte la lourde tâche d'améliorer l'accord national interprofessionnel et la loi - où l'approche régionale fait figure de "parent pauvre" (cf. les réactions de l'ARF).
De fait, la nouveauté, c'est peut-être qu'une interface va s'interposer entre les entreprises et les organismes de formation. Les OPCA se positionnent clairement (et légitimement) en interface entre les entreprises et les organismes de formation, en :
Seconde nouveauté de taille, les organismes de formation vont devoir être capables de mêler des publics en formation. En effet, les OPCA ont pour mission explicite aujourd'hui d'optimiser les financements de Pôle Emploi et du FPSPP pour des publics caractérisés comme prioritaire par la politique emploi. Ce qui signifie, pour les organismes de formation, qu'ils devront être capables de mêler salariés et demandeurs d'emploi...
Mais tout cela ne va-t-il pas faire apparaître des points de frictions ? Pour ma part, j'en devine deux : entre OPCA et Organisme de Formation d'une part, entre OPCA et Responsable Formation d'autre part.
Un point de friction entre OPCA et organismes de formation risque en effet d'apparaître. Question de partage de compétences : jusqu'où un OPCA (qui n'est clairement pas un organisme de formation) pourra-t-il aller sans empiéter sur les activités de l'organisme de formation ? Et poussons le bouchon, juste un peu : imaginons au hasard un OPCA de mèche avec un "cabinet" de formation sous-traitant... Ensuite, le positionnement nouveau de l'OPCA ne risque-t-il pas de casser des dynamiques créées de longue date et entretenues avec ingéniosité entre organisme de formation et entreprise le cas échéant ?
Autre point de friction possible : entre OPCA et responsable de formation en entreprise (cf. les réticences du GARF). Ces derniers souhaitent être invités dans les instances de pilotage de leurs OPCA, afin que les orientations OPCA et leurs propres préoccupations ne se mettent pas en dissonance. Ensuite, les responsables de formation craignent de perdre leur autonomie dans la relation qu'ils ont éventuellement construite avec tel ou tel organisme de formation.
Reste que, pour ce point de friction là, l'enjeu est moindre dans la mesure où les entreprises qui ont en leur sein un responsable formation ne sont pas la cible prioritaire des OPCA selon les termes de la réforme engagée.
La délégation Nord-Picardie tiendra son assemblée annuelle mardi 10 avril 2012 matin à Lille, dans les locaux de l'ADU-LM, Agence de développement et d'urbanisme - Lille Métropole (Espace International, 299 boulevard de Leeds).
Vous pouvez voter pour les nouveaux candidats au bureau à cette adresse (6 candidats) :
http://www.adbs.fr/election-du-bureau-nord-picardie-adbs-114627.htm
Et vous inscrire à la matinée dédiée au droit de l’information ( échanges entre un chercheur (Cédric Manara), une avocate (Blandine Poidevin) et la chargée de mission Droit de l'information à l'ADBS (Michèle Battisti)):
http://www.adbs.fr/l-adbs-nord-picardie-fait-son-ag-sur-le-droit-de-l-information-114785.htm
A bientôt pour ce temps de rencontre conviviale !
Le premier de chaque mois, Brich59 propose un extrait de la discographie de La Chapelle des Flandres (source : YouTube). Sympa, non ?