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BRICH59
14 novembre 2008

Il veut être traité comme tout le monde...

Pauvre roi d'Maubeuge ! Il n'a pas apprécié le jeu qui consiste à enfoncer des épingles dans une poupée style vaudou à son effigie ! Les juges avaient pourtant statué que ledit jeu restait "dans les limites autorisées de la liberté d'expression et du droit à l'humour". Mais le Roi fait appel parce que, dit son avocat, il ne veut être traité "ni mieux, ni moins bien qu'un autre"...

Voilà donc l'argument béton !

Mais je vous dis, moi, petit sujet de la France, que le roi d'Maubeuge n'est pas comme tout le monde. Il a donné son être entier à sa fonction, à la France ! Il est le premier d'entre nous, hélas ! Mais il l'est par la grâce de la démocratie. Ceux qui, comme moi - et nous fûmes tout de même très très nombreux -, n'ont pas souhaité qu'il soit élu doivent faire avec. En contrepartie, l'élu doit faire avec, lui aussi. Il doit, en tant que dépositaire de la suprême fonction, il se doit d'être irréprochable dans son comportement - sans quoi il porte lui-même atteinte à la dignité de son poste. C'est pour cela qu'il est scandaleux qu'il ait pu parler grossièrement (le fameux "casse-toi pauv'con", par exemple) à l'un ou l'autre de ses sujets. C'est pour cela qu'on pourrait dire qu'il n'est pas respectable, ni comme homme ni comme premier élu.

Et ce poids de la fonction élective n'est pas que pour le premier élu. Il est aussi sur les épaules de tout élu. C'est pour cela qu'il est scandaleux qu'un représentant du peuple, et à ce titre "investi d'une parcelle de la souveraineté nationale" (je cite l'avocat de M.Vanneste qui justifie ainsi le pourvoi en cassation du jugement en appel qui condamnait son client), puisse tenir des propos à la moralité plus que douteuse au nom de la "liberté d'expression" (là je cite la cour de cassation) ! L'élu assure que son "blanchiment" lui procure "un très grand bonheur. Cela prouve que nous sommes en France, la patrie de Voltaire, où on peut exprimer ses idées sans avoir sur le dos un lobby harcelant et une justice mal informée". Pauvre Voltaire ! Pauvre justice !

Non content de son pied de nez à la morale la plus élémentaire, l'élu en remet une louche : traitant les homosexuels de ..., "je n'établis pas de hiérarchie entre les gens. Je suis professeur de philosophie, j'exprime un point de vue philosophique". Pauvre philosophie !

Et de traiter de fascistes ceux qui voulaient qu'il soit puni pour sa parole à la moralité douteuse. Tour de rhétorique classique qui consiste à traiter celui qui vous conteste de malade, de fasciste... Les nazis aussi ont déjà fait cela, par exemple en qualifiant les homosexuels de malades, de sous-hommes, et les tuant...

Bref, comme écrit si bien Geneviève Fraisse, une philosophe une vraie, dans le Libération d'hier, ce qu'on attend d'un élu investi d'une parcelle de la souveraineté nationale, c'est bien d'honorer sa charge, pas de proclamer, avec la force que lui confère cette charge, sa propre "subjectivité" - qui en tant que telle peut avoir "le droit" d'être moralement douteuse.
Bref de bref, l'expression d'un dépositaire de la souveraineté nationale n'est pas libre : ce n'est pas parce qu'on est élu du peuple qu'on peut dire n'importe quoi. Bien au contraire.

Souhaitons seulement que les gens inquiétés par l'avocat de notre roi d'Maubeuge bénéficieront au moins de la même "liberté d'expression" que Monsieur Vanneste.


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