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BRICH59
31 octobre 2008

Histoires de brouillages... (encore ?)

Depuis qu'il a été élu Président de la France mais déjà pendant sa campagne électorale, notre roi d'Maubeuge nous embobine à coups de brouillages de frontières mâtinés de pseudo-bon-sens-commun : brouillages sémantiques, brouillages politiciens, brouillages sociaux, brouillages stratégiques, brouillages idéologiques... Que ne brouille-t-il pas au nom du pragmatisme ? Que ne brouille-t-il pas pour se maintenir au pouvoir, pour ne rien perdre de son pouvoir actuel, pour prendre tout le pouvoir. En effet, la prise de pouvoir passe par l'inhibition de la faculté de pensée de l'autre et le brouillage systématique fait partie des modes d'une telle inhibition.

Le goût du pouvoir ? Certes. Mais pas seulement ! En se rasant le matin, avant même d'être candidat à la « fonction suprême », il pensait à cette ultime marche qu'il comptait gravir pour couronner sa carrière politique. En se rasant le matin, maintenant qu'il a gravi cette marche, il pense à la stratégie qu'il faut mettre en œuvre pour toujours mieux enrichir les riches c'est-à-dire appauvrir les pauvres, pour permettre à ses amis de la finances, de l'industrie et des médias, ceux-là même qui l'ont grandement aidé à gravir la marche en question, d'accomplir toujours mieux leur destin de prise de pouvoir économique et politique (l'homme politique comme marionnette active non seulement consentante mais intéressée manipulée par les potentats économiques).

Il est un front où tout le monde (partis politiques, syndicats patronaux et syndicats de salariés, tout le beau monde quoi !) semble d'accord, où personne ne remet en cause ce qui n'est pourtant qu'un postulat idéologique. Je veux parler du statut et du rôle de la formation. Je veux parler de l'instrumentalisation de la formation, de son enfermement dans la politique de l'emploi, de sa réduction à un outil d'ajustement économique, bref de sa soumission ancillaire au service de l'économique. Notre beau pays fut pourtant pionnier il y a bientôt quarante ans, lorsqu'il grava la formation continue dans le marbre de la loi, l'inscrivant comme une obligation nationale. C'était en 1971 (Loi no 71-575 du 16 juillet 1971). La formation professionnelle continue y était organisée dans le cadre de l’éducation permanente - ce qu'on appelle aujourd'hui formation tout au long de la vie. L'objectif qu'on lui assignait alors était de permettre l’adaptation des travailleurs au changement des techniques et des conditions de travail, de favoriser leur promotion sociale par l’accès aux différents niveaux de la culture et de la qualification professionnelle et leur contribution au développement culturel, économique et social. De ces deux objectifs, n'en subsiste qu'un seul : l’adaptation des travailleurs au changement technologique et/ou organisationnel. Exit la promotion sociale des travailleurs, que ce soit par l’accès aux différents niveaux de la culture et de la qualification professionnelle, comme dit le texte de 1971, ou par un autre biais : il y a belle lurette que le fameux « ascenseur social » est en panne ! Quant à la contribution des travailleurs au développement culturel, économique et social, c’est TF1 qui s'en charge ! La formation est devenue un outil de la politique de l’emploi, un outil pour calmer les foules : certes, mon brave, ton boss t’as jeté, mais moi, gentil samaritain, je t’offre un stage, et comme ça tu seras enfin « employable » !
Regardez ce qui vient de se négocier chez Renault Sandouville : des actions de formation sont mises en place pour répondre au chômage partiel. La belle affaire : la mise en formation des salariés privés de travail va résoudre le problème de leur mise au chômage partiel ! On croit rêver. La formation-placebo existe donc ! Chouette ! Au passage, on admirera la réactivité de ce bon gouvernement qui, décidément, s'occupe bien des malheurs des petites gens, comme on dit à l'UMP : discussion le 29 octobre, mise en œuvre des décisions du 29 octobre le 3 novembre ! Au passage, on a pu voir que le plan de formation de l'entreprise n'était pas du tout au point...
Mais, comme dit le DG de l'UNESCO, la formation est une dimension centrale de la vie adulte. Qu'il est doux et réconfortant d'entendre de telles paroles ! Elles ont été proférées ce 29 octobre, pendant que Laurent Wauquiez discutait avec les organisations syndicale set la direction de Renault Sandouville. Un peu plus loin dans son allocution, Koïchiro Matsuura (c'est lui le DG de l'Unesco) affirme que rallonger d'un an la formation peut accroître de 6% le PIB d'un pays. On ne s'en sortira donc jamais. Pour la simple raison que le système économico-politique qui gouverne le monde est globalement appauvrissant et que, du coup, tout geste social ou politique n'est compréhensible que dans l'urgence du traitement des plaies causées par ce système. Écoutez donc Jan Figel, le commissaire européen chargé de l'éducation, de la formation, de la culture et de la jeunesse. Là où, avec les organisations syndicales, Pompidou et Chaban pensaient (mais étaient-ils vraiment sincères ?) promotion sociale, Jan Figel soumet la formation à l'impératif de l'accès à l'emploi : l'initiative « new skills for new jobs » a été lancée afin d'offrir un meilleur accès à l'emploi, affirme-t-il...
Quant à la dimension culturelle et sociale de la formation permanente, la droite libérale ne lui accorde aucun crédit, dans les deux sens du terme : elle relève de la décision individuelle et n'a donc pas à être prise en charge par la collectivité etc. L'affiliation religieuse est d'ordre individuel ; notre chanoine de Latran en fait une affaire d'État. La culture est d'ordre collectif ; l'ami des grands patrons en fait une affaire privée. Mais on oublie aussi de dire qu'elle peut également être subversive ?

M'est idée que l'ensemble de cette stratégie du brouillage - et pas seulement pour ce qui concerne la formation - n'a qu'une seule finalité : camoufler, tant qu'on peut, les failles du système capitaliste actuel. Non, décidément, Marx n'est pas mort ! Il n'est que d'observer avec quel soin l'équipe présidentielle éteint toutes les dissensions que l'on risquerait d'observer au sein de la majorité. C'est dans ses dissensions que l'on tient le début d'une analyse partielle des contradictions internes de notre système politique. Regardez, par exemple, ce qui se dit à l'UMP au sujet de la décision présidentielle de mettre en place nombre d'emplois aidés : il ne s'agit pas seulement d'une opposition entre un libéralisme soi-disant social et une droite dure. Il s'agit bien d'une seule et même droite française dont le roi d'Maubeuge soi-même, grand chef de cette faction politique, disait que la caricature - c'est-à-dire l'identité remarquable, ce à quoi on la reconnaît - était d'être injuste et insensible aux inégalités sociales ! Bref, les emplois aidés, ce n'est pas pour sauver la vie des petites gens, comme on dit à l'UMP, c'est d'abord pour pallier les ravages causés par le capitalisme libéralissime triomphant et amoindrir la dégradation de l'image qu'on pourrait avoir de lui.

À suivre donc...


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