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BRICH59
29 septembre 2008

Peut-on devenir documentaliste sans formation spécifique ?

Lu ce week-end sur une liste de discussion :


QU: Peut-on devenir documentaliste sans formation spécifique?

Bonjour,
je cherche à travailler notamment dans le milieu de la documentation. Pour l'instant, toutes les réponses sont négatives dans ce domaine. Malgré un Master d'Histoire et un mémoire (qui n'est rien d'autre qu'une veille documentaire), deux ans d'expériences en Bibliothèque de catégorie C. La formation en documentation est-elle nécessaire? Des profils différents mais parallèles ne sont-ils pas possibles? Question sans doute qui amène à une réponse évidente. Mais je la pose quand même.


Intéressant, non ?

Cette question, apparemment naïve, fait surgir contre les parois molles de mon cervelet le spectre du péché originel de la documentation dans les systèmes éducatifs : le recyclage des enseignants qui ne supportent plus la relation pédagogique. Comme si la documentation n'était pas un métier de service et de relation (parfois pédagogique) ! Suffit-il d'être "organisé(e) dans sa tête" pour faire un(e) bon(ne) documentaliste ? Condition nécessaire ; pas suffisante !
Il est vrai, par ailleurs et si j'ai bien compris, que la fonction documentaire dans les entreprises est née comme une excroissance de la fonction administrative (secrétariat) au début du siècle dernier, quand les entreprises ont vu leur documentation endogène et exogène croître de façon démesurée, notamment grâce au développement des techniques de production/reproduction documentaire. Il est également vrai que, du coup, des formations passerelles entre les deux fonctions ont été rapidement mises en place et fonctionnent toujours, par exemple à l'ADBS avec le fameux stage "fonction documentaire : première approche" (prochaine session à Lille !), certains autres organismes n'hésitant pas à afficher des slogans du style "Organiser l'information en entreprise sans être documentaliste". Au moins y a-t-il là des formations spécifiques, l'ADBS ayant l'honnêteté de préciser que "ce stage ne peut, en aucun cas, se substituer à une formation professionnelle en documentation"...

Ici le cas est différent : il s'agit d'un(e) étudiant(e) qui, fort(e) de son diplôme de sciences humaines (master) et d'une expérience sur un poste de catégorie C, imagine maîtriser suffisamment les techniques documentaires au point d'être dispensé(e) d'une quelconque formation pour occuper un poste de documentaliste.

Premier cran de ma réponse : je reprends les termes du message.

Concernant le master, force est de constater que notre étudiant(e) ne sait pas ce qu'est la "veille documentaire" ( un mémoire de M2 peut-il "être" une veille documentaire ?). Il est vrai cependant que la pratique historienne donne une place de choix au document et à son exploitation. Pour autant, les techniques documentaires émargent-elles à la technicité historienne ou les techniques historiennes à l'historicité documentaire ? Rien n'est moins sûr. Un de mes bons amis, historien de formation et diplômé en gestion des systèmes d'information aime à répéter qu'il n'est pas documentaliste...

Concernant l'expérience sur un poste de catégorie C en bibliothèque, deux choses.
Tout d'abord bibliothèque n'est pas centre de documentation, même si les professionnels de la bibliothèque, de la documentation et des archives s'accordent très régulièrement sur les points de convergence de leurs métiers.
Ensuite, et ceci découle de cela, dans l'ordre des catégories de postes des fonctions publiques, que je sache, la documentation n'apparaît qu'avec les niveau B et surtout A. Notre étudiant
(e) ne semble pas connaître les métiers et les filières de la documentation.

Bref, notre jeune historien(ne) ferait bien d'approcher une association de professionnels de la documentation, comme l'ADBS, pour en connaître davantage sur les métiers de l'information-documentation. C'est le premier conseil que je lui donne. Et si je ne pouvais donner qu'un seul conseil, ce serait bien celui-là.

Second cran qui reprend l'idée de parallélisme émise par notre étudiant(e) : c'est la fameuse question de la double compétence qui est soulevée par le message de notre étudiant(e).
Je souviens qu'il y a une bonne dizaine d'années, un de mes collègues professeur en sciences de l'éducation m'avait demandé comment son épouse, pharmaco-chimiste de formation (ingénieur), pouvait s'y prendre pour devenir documentaliste dans le secteur de la pharmaco-chimie. Je lui ai répondu : cherche du boulot comme documentaliste en mettant en avant son diplôme d'ingénieur. Elle a trouvé du boulot quasi immédiatement... Elle s'est formée ensuite aux techniques documentaires et à la culture professionnelle propre à la documentation, notamment grâce au réseau que constitue une association professionnelle ... comme l'ADBS, avec ses formations, ses groupes sectoriels, etc.

L'ADBS, on y revient toujours quand il s'agit de documentation ! C'est terrible non ?


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26 septembre 2008

Et deux oxymores, deux !

Je crois qu'Élie Wiesel n'a pas tout vu !

oxymore

Son pote Brice était de la fête ? Pas les gens qui vivent reclus dans la jungle de Calais !


Lendemain (en fait le truc pour l'humanitaire, c'était le 22 septembre au soir malgré la légende de la photo ci-dessus !), lors d'un dîner de gala organisé pour la remise du prix de l'homme d'État de l'année de la fondation américaine "Appeal of conscience" (Appel de la conscience), le roi d'Maubeuge lance à sa reine : Moi, Carla, je n'ai jamais été de gauche, mais j'aime la justice. Ce qui est un autre oxymore, si l'on en croit ce qu'il a dit fin août.


25 septembre 2008

Leçons de Ténèbres de Couperin « le Grand »

Fran_ois_CouperinLes Leçons de Ténèbres (1714) de
François Couperin (1668/1733)

par
    Juliette De Massy, soprane
    Audrey Escots, soprane,
    Rodolphe Dumoulin, orgue,
    Françoise Weger, viole de gambe.

Musique magnifique, sublime, gigantesque plainte pour mettre en musique les Lamentations de Jérémie devant la destruction de Jérusalem...

C'est à la collégiale de Seclin,
dimanche 28 septembre à 18h.

L'entrée est libre. Aucune raison de s'en priver donc !

collegialebandeau


24 septembre 2008

les oxymores sont de retour !

Mais ont-ils jamais disparus ? En tous cas, ça va fort ces temps-ci : les oxymores sont cachés, mais on les voit très bien si on creuse un peu.

Titre des Échos.fr de ce 24 septembre 2008 :
Crise : Sarkozy appelle à punir les responsables du «désastre»
· Le chef de l'Etat demande la tenue d'un sommet du G8 élargi d'ici à la fin de l'année et insiste pour « reconstruire un capitalisme régulé » ·

Punir les responsables du désastre ! La belle affaire ! De l'auto-flagellation publique du libéralisme ! On se marre : c'est pour de rire bien sûr...

Car enfin, si l'on est libéral, voire ultralibéral comme notre bon roi d'Maubeuge, ils ont fait quoi les "fautifs" ? Ils ont juste cherché à gagner du flouze sur le dos de ceux qui n'en ont pas. Pas de quoi fouetter un chat ! Juste de quoi les sermonner pour leur rappeler que la règle veut qu'on ne se fasse pas prendre ! Non ? Sinon business is business. Pourquoi vouloir à tout prix moraliser tout ça ? Il n'y a que quelques philosophes perdus dans les allées du patronat et/ou de la politique bling-bling pour vouloir prouver la moralité du capitalisme, voire pour l'exempter, en tout bien tout honneur cela va de soi, de l'obligation morale (le capitalisme serait au niveau de la technique - la seule technique économique possible -, donc hors d'atteinte de la pensée morale ! Cher Comte-Sponville, qui fut nommé en mars dernier, par le président Nicolas Sarkozy, membre du Comité consultatif national d'éthique !).

Kirkcaldy_High_Street_Adam_Smith_PlaqueMoi, qui ne suis pas libéral, juste épris de liberté (de la liberté-avec les autres et pas de la liberté-contre les autres), je demande une seule chose : mais où est donc passé l'invisible main d'Adam Smith ? Faut-il que notre roi d'Maubeuge intervienne en clameurs pour qu'elle se manifeste ? Faut-il que l'ultra-ultra-libéral Bush nationalise pour qu'elle s'exprime ? Etc. Vous avouerez qu'il y a de quoi frémir !

C'est là où est l'oxymore, un oxymore de fait : notre roi ultralibéral veut réguler, voire moraliser le fonctionnement du capitalisme. C'est bien sûr du pipeau de la plus belle espèce. Quand on cause bien, on appelle ça de la rhétorique politique : les véritables enjeux de ce discours relèvent d'autre chose que de ce que dit ce discours - dont l'efficacité se mesurera par exemple à la nouvelle considération dont jouira notre bon roi d'Maubeuge sur le plan international, ou encore à la mise hors de cause du capitalisme en tant que tel dans cette affaire, etc.

Bush, lui, est clair : il faut sauver le capitalisme financier. L'État, que le capitalisme ultralibéral ne veut pas voir intervenir dans ses affaires, tend une main secourable au capitalisme ultralibéral en train de se moyer... Bush n'a pas bouger il y a plus d'un an, quand des milliers de familles américaines se sont retrouvées spoliées par les banques, jetées dans la rue et la misère. Maintenant que ce sont les banques qui se noyent, le libéralisme US, grand frère de tous les libéralismes, intervient.

Bref, la main invisible du marché est comme une divinité qui se manifeste comme elle veut et quand elle veut, notre roi d'Maubeuge qui causait hier, Bush qui nationalise l'autre jour, etc. Ah elle est belle, la main invisible ! Et puis elle est forte ! Elle contraint les ultralibéraux à faire des choses qu'ils n'avaient pas vraiment prévues. Comme disait Adam, l’individu est conduit par une main invisible à remplir une fin qui n’entre nullement dans ses intentions (Richesse des nations, IV.2) !

Le même Adam - qui commença sa carrière comme professeur de logique - disait aussi, parlant des étoiles et autres corps célestes comme on disait à l'époque, que la philosophie, en exposant les chaînes invisibles qui lient tous ces objets isolés, s’efforce de mettre l’ordre dans ce chaos d’apparences discordantes, d’apaiser le tumulte de l’imagination, et de lui rendre, en s’occupant des grandes révolutions de l’univers, ce calme et cette tranquillité qui lui plaisent et qui sont assortis à sa nature (dans son Histoire de l’Astronomie).
Ne devrait-on pas transposer cette apologie de la philosophie à la politique et ses objets rhétoriques ? Le chaos y est trop visible et fait tourner la tête des électeurs ! Non ?


22 septembre 2008

Réponse à Bérénice

Chère Bérénice,

ce que vous dites [cf. en fin de message] est partiellement mais proprement inacceptable !

Tout d'abord la nuance entre secte et religion peut être effectivement ce que vous dites. Sauf que c'est éventuellement (c'est-à-dire quand on refuse de se cantonner à des simplifications qui dénaturent la problématique) plus complexe que cela ! Je vous renvoie au début de l'article "Secte" de fr.wikipedia. Vous y verrez qu'en peu de lignes on peut jouer la nuance, la vraie.

Ensuite, que la scientologie n'ait pas le monopole du prosélytisme, c'est là aussi d'accord : les trois religions qui, hélas, gouvernent le monde ont ceci aussi en commun. C'est bien le problème, d'ailleurs, autorisant toutes ces guerres dites de religion qui balafrent l'humanité depuis des siècles, et parfois de façon cachée, par exemple sous le voile de  la lutte contre le terrorisme - ce dernier étant déjà du prosélytisme armé. Mais là aussi il faut se méfier des amalgames trop commodes : la religion juive, la religion chrétienne, la religion islamique ont chacune leur façon d'exercer le prosélytisme ; tout se joue en fait sur trois tableaux (les mixages étant bien sûr de rigueur : ce sont les dosages qui permettront de caractériser chaque religion à chaque époque), à savoir le militaire, l'économique, le psychologique, chacun usant de son "argument" favori (le sang, la faim, la crédulité)...

Vient ensuite la cupidité. Là vous commencez à généraliser vraiment abusivement. Là encore il conviendrait de nuancer le propos, en posant les questions qui permettraient de distinguer... Même moi qui suis un parfait mécréant, je ne vois pas vraiment de rapport entre le fameux denier du culte des paroisses catholiques et le système de spoliation mis en place par quelques sectes bien connues !

Concernant les "livres sacrés", je crois que vous déraisonnez complètement. Vous qui êtes abonnée à Biblio-fr, vous devez savoir ce qu'est la critique philologique, qui permet, considérant les livres sacrés comme des livres précisément, c'est-à-dire comme des productions humaines, d'en relativiser la portée "magique" - qu'on faisait gober aux paysans de l'Europe catholique jusqu'au XIXème siècle inclus (la Bible comme support d'apprentissage de la lecture, par exemple, ça ne vous dit rien ?). Nous n'en sommes, Dieu merci comme dirait l'autre, plus là ! Même si des relents nauséabonds de bondieuserie polluent l'air politique ces temps-ci... Les professionnels de l'information - documentation et des bibliothèques ne seraient-ils pas là justement, entre autres, pour empêcher que ces relents n'embrouillassent les consciences ? Voilà une bonne question ! En tout cas, ce n'est pas en faisant vos amalgames que les consciences européennes se débarrasseront des fantômes de la superstition que la crédulité nécessaire à toute croyance religieuse (bon d'accord, là je dérape un peu, je vais finir excommunié ! On pourrait dire ça de façon plus conciliante pour les autorités religieuses et les croyants) aide à faire apparaître !
Pourquoi ne pas en revenir, tout simplement, à cette pensée du philosophe allemand qui vécut aussi à Paris puis surtout à Londres dans la seconde moitié du XIXème siècle, vous aurez reconnu Karl Marx, qui écrivit, avec son copain Engels, Zur Kritik der Hegelschen Rechtsphilosophie (= Critique de “La philosophie du droit” de Hegel) où l'on peut lire que la religion est destinée à endormir et à mystifier les foules (le fameux opium du peuple). Kant avait posé des jalons (si on pousse la réflexion comme il conviendrait de le faire). Feuerbach tient à peu près le même langage. Nietzsche, Freud et tant d'autres ne diront pas autre chose...
Les professionnels du livre d'aujourd'hui ne pourraient-ils valoriser, à côté des livres dits sacrés - qui, qu'on les considèrent comme effectivement sacrés ou pas, font partie du patrimoine mondial -, ne pourraient-ils valoriser cette littérature critique qui permettra aux gens de réfléchir à ces question-là ? Les bibliothèques n'ont-elles pas un rôle énorme à jouer en terme d'autoformation (c'est-à-dire de formation de soi par soi, grâce à des outils librement choisis) de ceux qui les fréquentent ? Les bibliothèques ne sont-elles pas de magnifiques boîtes à outils pour l'autoformation, c'est-à-dire in fine pour la liberté politique, liberté d'apprendre, liberté de penser ? De la stature politique des politiques d'acquisition et de valorisation des collections...


Moderateur BIBLIO-FR a écrit :
> De : Berenice BARANGER <BBARANGER@agglo-valdefrance.fr>
> Date : Thu, 11 Sep 2008 12:25:54 +0200
> Objet : RE: Re : église de scientologie (5 messages)
>
>
> Bonjour.
> J'aimerais juste rappeler qu'une secte n'est qu'une religion qui n'est pas
> encore devenue majoritaire ni donc respectable, et que la scientologie n'a
> le monopole ni du prosélytisme ni de la cupidité. N'avons-nous pas en rayon
> Bible, Coran et autres livres sacrés, vérités pour les uns, poison pour les
> autres ? Pourquoi ne pas cesser d'être politiquement corrects et bien
> pensants ? N'est-ce pas l'un des facteurs qui nous coupent du public ?
> E I
> B Baranger, Sarcelles.


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18 septembre 2008

Hiérarchies éducatives

Notre bon ministre de l'Instruction publique l'Éducation nationale a peut-être provoqué une polémique qu'il ne souhaitait pas... va savoir ! En tout cas, son spitch ressorti par je ne sais plus qui montre au moins deux choses, hors toute polémique.

Tout d'abord, le ministre de l'Instruction publique l'Éducation nationale ne connaît pas le travail effectué par les enseignants de maternelle - ce que les syndicats enseignants ont eu vite fait de clamer.

Ensuite, il véhicule inconsciemment - comme un postulat idéologiquement irréfutable car jamais remis en cause - l'idée que la compétence pédagogique nécessaire de l'enseignant est directement proportionnelle au niveau de savoir à acquérir par l'apprenant. Ce postulat fonctionne depuis des lustres, voire des siècles. Est-ce une raison suffisante pour ne pas le remettre en cause ? J'y vois au contraire une raison nécessaire de le mettre à la question !

De quoi s'agit-il ?
De rien moins que de la qualification enseignante : pour enseigner à des petits enfants auxquels il faut apprendre à se repérer dans l'espace, dans le temps, dans la société, il suffirait d'enseignants bac+2 ou 3 (et encore ! notre ministre ne nous a pas précisé ce détail), alors que pour animer un groupe d'étudiants tout juste bacheliers, il faudrait des enseignants bac+5 et davantage.
On a ici une filiarisation hiérarchisée de niveau de savoirs, que l'on décalque - sans se demander si cela est pertinent - sur la compétence pédagogique. Comme si l'acte pédagogique se réduisait à une espèce de transport le plus transparent possible de savoirs de la tête enseignante vers les têtes apprenantes. Voire, comme si ce transport-là était aussi direct et simple que n'importe quel transport, électrique par exemple. Mais un enfant n'apprend pas comme une lampe qui claire dès que l'on branche la prise sur le réseau électrique ! Je sais bien que notre monde des affaires veut industrialiser la formation (depuis les années 1990), mais ce n'est pas une raison de rester béât et de ne pas lutter contre cet appauvrissement de l'apprendre dont le seul intérêt incontestable est d'engraisser des industriels...

Non ! Il ne suffit pas de savoir pour savoir enseigner ! On a là deux sphères distinctes qui n'ont que peu de points communs ! Et si l'on devait absolument établir un système de correspondance entre ces deux sphères de savoir, je proposerais bien que, à rebours du postulat centenaire, on décrète que, plus le niveau de ce qu'il y a à apprendre est réputé "bas", plus l'enseignant doit être pédagogiquement compétent ! Mais cela remettrait en chantier toute l'organisation du système éducatif français qui impose aux débutants les groupes de "bas niveau" et les classes "difficiles" (on met tout ça dans le même panier, c'est tellement plus commode !) et ne conçoit la promotion enseignante que comme une chance de s'éloigner de ces groupes de "bas niveau" et de ces classes "difficiles". En gros, plus l'enseignant est expérimenté, plus il a accru sa compétence pédagogique, plus on a tendance à lui donner un boulot plus facile... Logique, non ?

Moi qui ai fréquenté de nombreux formateurs dans le domaine de la lutte contre l'illettrisme, je peux vous certifier qu'il faut être drôlement bon pédagogue pour enseigner sa propre langue maternelle, celle qu'on n'a quasiment pas apprise, celle qui nous innerve depuis qu'on est tout petit (innervation qui n'est pas égale pour tous, malheureusement). C'est en tout cas beaucoup plus difficile et exigeant que de présenter le fruit de sa propre recherche universitaire à des étudiants de bon niveau.
Et pourtant, la reconnaissance sociale inverse le rapport ! De ce point de vue, le système éducatif français marche sur la tête !


16 septembre 2008

Ad fugam ... et ... Amici

  • credo_webaffiche_Cambrai_Lille_Cambrai, église St Géry,
    20 septembre, 20h
  • Lille, église de Fives,
    21 septembre, 16h30

Un regard sur
     la messe Ad fugam ...

La messe Ad fugam est manifestement une œuvre de jeunesse, où Josquin montre déjà cependant sa maîtrise. Simple, à trois ou quatre voix, elle est d’une grande cohérence, avec ses prologues de dix mesures, tous identiques – à l’exception des paroles – ouvrant les différentes parties (Kyrie, Gloria, Credo, Sanctus, Agnus), et sa hardiesse de construction, autour d’un gigantesque canon à la quinte, entre superius et tenor, qui traverse presque toute l’œuvre. Les rares disparitions du canon (dans le Et in terra pax, le Patrem omnipotentem, le Et in spiritum, le Benedictus, le Pleni sunt) donnent une grande force dramatique à sa réapparition.

Le choix a été fait d’interpréter la messe Ad fugam avec six chanteurs (un contre-ténor, deux ténors, deux barytons, une basse) et une maîtrise, permettant ainsi une grande variété de couleurs dans une œuvre à quatre voix.

… et sur la messe Amici

La messe Amici a été composée par notre contemporain Régis Campo en 2005, à la demande de La Chapelle des Flandres, autour du Credo Quarti toni de Josquin, fragment conservé au fonds de partitions de Cambrai.

Le Credo, sensiblement de la même époque que la Ad fugam, comme le suggère un emploi presque identique d’un canon à la quinte entre l’altus et le tenor, est peut-être un peu postérieur, comme semble l’attester une maîtrise encore supérieure, et un emploi naissant des lignes architecturales, parfois figuratives, qui fleuriront dans les chefs d’œuvre plus tardifs de Josquin.

Régis Campo a écrit le reste de la messe, Kyrie, Gloria, Sanctus, Agnus, pour une maîtrise et trois voix adultes. Il y a alterné vigueurs rythmiques (Christe, Quoniam, In excelsis), canons (entre l’altus et le tenor au début du Sanctus, entre les deux voix du superius dans l’Agnus Dei), élans mélismatiques (Et in terra pax) et legatos lumineux (débuts du Sanctus et de l’Agnus dei). Et comme Josquin dans ses œuvres magistrales, il a chargé et compliqué progressivement l’harmonie vers la fin de l’œuvre (Sanctus, Agnus) et terminé à 5 voix, revenant à la simplicité harmonique et au calme intérieur dans l’ultime Dona nobis pacem.

Deux œuvres magnifiques, interprétées par la Maîtrise Boréale (direction Michèle Bourdiault) et par l’ensemble Métamorphoses (Frédéric Loquet, contre-ténor ; Vincent Lièvre-Picard, Thierry Bréhu, ténors ; Christophe Gautier, Maurice Bourbon, barytons ; Paul Willenbrock, basse), sous la direction de Maurice Bourbon.

Ces deux œuvres seront enregistrées du 3 au 6 novembre en l’église d’Anfroipret (59).
Une souscription est ouverte, s’adresser à La Chapelle des Flandres.

Maurice Bourbon


Coussemaker1848page11

Note au bas de la page 11 de la Notice sur les collections musicales de la bibliothèque de Cambrai et des autres villes du département du Nord de Charles Edmond Henri de Coussemaker, publié par la Soc. d'émulation, 1843.


16 septembre 2008

Religion pour religion !

Décidément, les temps s'annoncent mauvais ! Et les vents contraires !

  1. Les journalistes de la télévision publique - celle que j'ai tendance à choisir quand je mets la lucarne en vibration - nous disent que le Pape est allé dans la grotte où la Vierge Marie, vous savez la mère toujours vierge, est apparue à la tiote Bernie. Ils auraient pu dire "serait apparue". Ils ont dits "est apparue". Le miracle est un fait avéré par les idéologues de la télévision de l'État sarkozyste : saint Carolis priez pour nous !

  2. La sainte patronne des patrons français se plaint que "d'une certaine façon, la France est la patrie de la nostalgie du communisme" ! Sainte Marie George Buffet, priez pour elle !

Moi qui suis baptisé, mécréant et amateur de belles églises (histoire, patrimoine, architecture, sculpture et acoustique), je ne sais plus à quel saint me vouer !
Peut-être Johann Sebastian Bach... peut-être Josquin des Prés...
Priez pour moi, pauvre pécheur, etc.


13 septembre 2008

Les blogs, la liberté d'expression et le Maroc

724067_868026Depuis son bureau de Londres, Amnesty International appelle à la remise en liberté immédiate et sans condition de Mohamed Erraji, vingt-neuf ans, blogueur, condamné le 8 septembre à deux années d'emprisonnement et à une amende de 5000 dirhams (environ 430€) par le tribunal de première instance d'Agadir pour « manquement au respect dû au roi », lit-on dans un communiqué de presse reçu par eMarrakech Info.
Lire le communiqué d'eMarrakech Info du vendredi 12 Septembre 2008.

Pour suivre l'évolution de cet événement (liberté provisoire etc.), c'est .
Pour comprendre globalement la situation marocaine, c'est ici.


12 septembre 2008

Anniversaire : mémoires et reconnaissances

Hier, 11 septembre 2008, les USA, unis derrière leurs deux candidats à la fonction présidentielle nous serine-t-on, se sont recueillis comme un seul homme en mémoire des victimes d'il y a sept ans à New-York... C'est beau quand la démocratie s'unifie pour dénoncer le terrorisme...

Demain, 13 septembre donc, cela fera exactement trente-cinq ans que les USA ont, en sous-main à peine voilé, terrorisé la démocratie chilienne, installant dans le sang le fascisme très catholique d'un Pinochet. Les états-uniens s'uniront-ils dans la célébration de la mémoire ? Retrouveront-ils ce grand œcuménisme politique volontaire qui fait la grandeur des peuples démocrates ?

Je ne pense pas !
Peut-être tout simplement parce qu'ils devraient alors reconnaître à la face du monde que leur beau pays qui se donne souvent des airs de gendarme garant de la morale (laquelle?) n'a jamais rien eu à apprendre des russes (soviétiques ou poutinesques, peu importe) en matière d'impérialisme colonisateur et de manquement grave aux droits de l'homme les plus fondamentaux. Ils devraient alors reconnaître que leur beau pays avait dans les années 60 un plan diabolique de main mise sur les économies du continent américain dans son ensemble. Cela s'appelait le "plan Condor", si je me souviens bien.

Je ne sais pourquoi, mais quand la presse s'enflamme autour de son marronnier du 11 septembre, moi je me souviens immédiatement du 13 septembre - dont la presse semble avoir oublié la signification historique, politique et morale !
On a la mémoire qu'on peut.
On a la mémoire qu'on veut.


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