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BRICH59
4 juillet 2008

Marché de la santé

Le récent décret qui autorise une sorte d'"accès libre" à toute une série de médicaments dans les pharmacies est intéressant ! Non pour ce qu'il autorise, mais pour ce qu'il révèle du fonctionnement de l'économie de marché aujourd'hui. Notre bon gouvernement est gêné aux entournures en matière de politique santé, car l'application bête et méchante des préceptes de l'économie brute de marché pose de nombreux problèmes de société et de santé publique. Voir les récentes hésitations et autres annonces démenties par la suite...

En fait, l'idée est simple : notre système de santé est intégralement partie prenante de la fameuse économie de marché... mais avec volonté de protéger des monopoles, ici celui de la corporations de la pharmacie. À la limite, pourquoi ne pas laisser les grandes surfaces vendre, à côté des boîtes de petits poids et autres haricots, des médicaments exclus de la couverture sociale et dont la liste s'allonge irrémédiablement ? Cela aurait le mérite d'être clair ! L'argument avancé ("contrôle effectif du pharmacien") ne tient pas : le pharmacien est un marchand spécialisé dans le médicament... Son objectif est de faire du commerce, c'est-à-dire de vendre ce qu'il a acheté plus cher qu'il ne l'a acheté etc. L'idée de contrôle imposerait, pour être crédible, une procédure de contrôle et une possibilité d'intervention correctrice - ce qui n'a pas l'air de se dessiner. D'ailleurs, l'UMP nuance déjà le texte du décret, du contrôle on passe au conseil [extrait tiré du blog de la formation politique de Nicolas Sarkozy : ce libre-accès ne sera pas un libre-service, puisqu’il se fera dans un encadrement strict : les médicaments devront être présentés près du comptoir pour favoriser les échanges et le conseil du pharmacien vers le patient, et dans un espace bien identifié.] !

J'ai toujours imaginé que les pharmaciens, comme les médecins d'ailleurs, étaient (comme) des fonctionnaires payés à l'acte, qui fixent leurs tarifs et peuvent faire autant d'actes qu'ils le souhaitent... Cette image devient, concernant les pharmaciens, caduque : nous nous dirigeons vers une reconnaissance du patient comme consommateur et du pharmacien comme commerçant. Dans la mesure où les Français sont (trop) grands consommateurs de médicaments, l'affaire promet d'être juteuse : ce "libre accès" va permettre aux hypocondriaques de soulager leur phantasmes ... et leur porte-monnaie pour le plus grand bien des pharmaciens. Que le gouvernement, ce faisant, incite à la surconsommation est significatif de la nature des soucis de ceux qui aujourd'hui sont aux commandes de la politique de santé publique.

Bien sûr, les pharmaciens vont me récriminer : ils n'ont de soucis, eux, que la santé publique et le bien-être de leurs "clients". Sauf que, j'ai cru entendre l'autre jour dans la bouche d'un pharmacien qui recevait - devant force caméras TV - la ministre de la santé publique, que grâce à ce décret la concurrence allait enfin jouer (ce qui est faux puisque déjà nombre d'articles de pharmacie sont non fixés) et que les prix allaient forcément baisser pour le plus grand bien ... des consommateurs !


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