Tard bourrichon ?
Bourrichon
[substantif masculin, XIXe
siècle, premières occurrences chez Gustave
Flaubert dans les années 1860]
Dérivé de bourriche.
Populaire : tête.
Surtout dans les locutions Monter
le bourrichon à quelqu'un (l'exciter, lui
donner des illusions) et Se
monter le bourrichonau
sens de "se faire des idées", "se bercer d'illusions", ce
que
je traduirais bien quant à moi par "vivre en
utopie". Mais
aussi seul, au figuré, comme lorsque Flaubert se plaint de
n'avoir pas le moral : Mon
pauvre bourrichon est à bas (Correspondance,
1872, p. 377).
Le
Bourrichon, c'est aussi un fromage franc-comtois, rond, de lait de
vache, pasteurisé, à croûte
lavée, de onze
centimètres de diamètre et de trois
centimètres
d'épaisseur, d'un poids moyen de 250 grammes et à
quarante-cinq pour cent de matière grasse. Pour
être tout
à fait franc, je n'en ai jamais goûté
de ce fromage
! Mais comme j'adore le fromage en général, de la
cancoillote au comté en passant par le camenbert au lait
cru, et
que mes parents, grands-parents, etc. sont francs-comtois
comme le bourrichon...
Le bourrichon, c'était aussi, paraît-il, un panier
grossier employé à la campagne - du moins dans le
pays
natais, si l'on en croit Paul Eudel (Les
Locutions nantaises, 1884). Peut-être
pour y transporter le fromage : fromage franc-comtois dans un panier
nantais !
Mais le Bourrichon est
également présent dans l'histoire de l'art : Le Voyage de la famille
Bourrichon
que Georges Méliès fit voir en 1913 - sans aucun
succès d'ailleurs - reprenait l'argument d'une farce
qu'Eugène Labiche et Édouard Martin avaient
intitulée Le
Voyage de M. Perrichon (1860), une de ces farces
où la bourgeoisie se moque d'elle-même... Plus
près de nous, Le
Bourrichon,
est une comédie écrite, mise en scène
et
interprétée par Joël Jouanneau (Actes
Sud-Papiers,
1989), une comédie "rurale" - ce qui
peut-être nous ramène au fromage dans le panier...
Bon ! Bourrichon, d'accord ! Mais pas jeune bourrichon
: à cinquante ans passés, je n'ai plus l'âge, je ne suis plus "de la bourre" ! Je serais plutôt "à la bourre", disons alors tard bourrichon !
Tard,
parce que mieux vaut tard que jamais,
parce que j'ai récemment décidé de prendre le temps de faire ce qui me plaît,
parce que vient un âge où l'on s'autorise à penser et à parler par soi-même, après qu'on a écouté et lu les pensées des autres, des "autorités" des années durant,
parce que le désir me prend de vouloir exprimer, de vouloir sortir de mon fors intérieur ces pensées, ces images, ces musiques qui trop souvent me prennent le bourrichon,
parce que me hante l'impassible rythme de L'Horloge de Baudelaire - que Julie Potvin avait illustrée d'un superbe flash sur www.perte-de-temps... et qu'il me reste à mettre en musique.
Horloge! Dieu sinistre, effrayant, impassible,
Dont le doigt nous menace et nous dit : "Souviens-toi!
Les vibrantes douleurs dans ton cœur plein d'effroi
Se planteront bientôt comme dans une cible;
Le Plaisir vaporeux fuira vers l'horizon
Ainsi qu'une sylphide au fond de la coulisse;
Chaque instant te dévore un morceau du délice
À chaque homme accordé pour toute sa saison.
Trois mille six cents fois par heure, la Seconde
Chuchote: Souviens-toi! - Rapide, avec sa voix
D'insecte, maintenant dit: je suis Autrefois,
Et j'ai pompé ta vie avec ma trompe immonde!
Remember! Souviens-toi! Prodigue! Esto memor!
(Mon gosier de métal parle toutes les langues.)
Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues
Qu'il ne faut pas lâcher sans en extraire l'or!
Souviens-toi que le Temps est un joueur avide
Qui gagne sans tricher, à tout coup! C'est la loi.
Le jour décroît; la nuit augmente; Souviens-toi!
Le gouffre a toujours soif; la clepsydre se vide.
Tantôt sonnera l'heure où le divin Hasard,
Où l'auguste Vertu, ton épouse encor vierge,
Où le Repentir même (oh! La dernière auberge!),
Où tout te dira: Meurs, vieux lâche! Il est trop tard!"
Je me suis mis
à la
communication toilesque il n'y a pas si longtemps (mai 2004), en
ouvrant ce blog (grand merci à Canalblog
!).
Je n'abandonne pas le blog pour lui substituer un site en bonne et due
forme.
Je voudrais seulement adosser le premier, énergie fluide enserrée dans le couloir du temps, au second, énergie solide ancrée dans le terreau sédimenté de ma propre vie. Comme un journal appuyé contre un livre, pour y puiser de sa force, de son sens profond. Comme un courant d'air dans un paysage stable et mouvant à la fois...
Fatalement les thématiques, d'un support à
l'autre, sont les mêmes :
musique
information-documentation
éducation
permanente et formation
continue
droits de l'humain.
Je
sais bien qu'une telle répétition thématique, ce
n'est pas très beau et que ça pourrait ressembler
à du spamdexing... Je
sais bien aussi qu'un site (c'est vrai aussi pour le blog) qui
accoste à des rivages thématiques si dissemblables, ayant
si peu de concepts en commun, je sais bien qu'un tel site n'est pas
facilement indexable et qu'il en va de son référencement
toilesque, de sa visibilité pour les araignées, de sa
"publicité". Tant pis ! Je n'ai vraiment pas envie de
créer quatre sites, pas envie d'imposer quatre Tard-Bourrichons
à la collectivité !
La répartition thématique et, partant, le "menu" s'étalent tout au long du cadre gauche du site Tard-Bourrichon - encore partiellement en construction.
Et puis quand j'aurai dit
que Tard Bourrichon
est l'anagramme de mes nom-prénom...!